Saignements entre les règles ou règles très abondantes, longues : quelles causes ?
Publié dans : Saignements gynécologiques anormaux en dehors de la grossesse
25 janvier 2024
Les saignements gynécologiques anormaux (règles très abondantes, longues ou saignements entre les règles) peuvent provenir de nombreuses causes : déséquilibre hormonal, anomalies liées la coagulation du sang, anomalies du col de l’utérus ou du vagin, etc. Le point sur les possibles origines des saignements.
Les déséquilibres hormonaux sont la cause la plus fréquente de saignements gynécologiques.
Il s’agit :
- des troubles de l’ avec une inconstante et un équilibre hormonal ( et/ou œstrogènes) perturbé. C’est souvent le cas autour de la puberté ou en période de périménopause (période avant la ménopause). Les cycles sont irréguliers (les règles surviennent dans des délais variables, de 21 à 45 jours). Les règles sont anormalement abondantes et durent plus de 6 jours (ménorragies). Ce phénomène se résout spontanément, mais un traitement peut être proposé pour soulager ;
- la prise d’une contraception hormonale œstroprogestative : des hémorragies génitales peuvent survenir entre les règles (métrorragies) en cas d’oubli de pilule ou d’un mauvais équilibre entre les œstrogènes et les progestatifs ;
- la prise d’un traitement ou d’une contraception progestative (pilule, stérilet au progestatif). Les saignements entre les règles (métrorragies) sont souvent modérés (spotting) ;
- en début de ménopause, la prise d’un traitement hormonal substitutif avec déséquilibre entre œstrogènes et provoque des hémorragies gynécologiques.
Maladies avec troubles de la coagulation du sang
Ces anomalies, bien que rares, sont recherchées chez l’adolescente et la femme en âge d’avoir des enfants en raison du risque d’hémorragie du post-partum en cas de grossesse. Les règles sont anormalement abondantes et des saignements peuvent survenir entre les règles.
La maladie de Willebrand
La maladie de Willebrand est due à un déficit en un facteur indispensable de la coagulation appelé Facteur Willebrand. C’est une maladie génétique de transmission autosomique dominante (les hommes et les femmes sont également atteints et le risque de transmission entre parents et enfants est de 1 sur 2).
L'hémophilie
L’hémophilie est une maladie génétique rare caractérisée par des hémorragies spontanées ou des saignements prolongés dus à un déficit en facteur VIII ou IX de la coagulation du sang.
Cette maladie est de transmission récessive liée au X, touchant les sujets de sexe masculin.
Chez la femme, le plus souvent la maladie n’est pas exprimée en raison de la présence de 2 chromosomes X (l’un atteint, le second normal) et elles sont appelées « conductrices » ou « porteuses ». Néanmoins, certaines femmes « porteuses » du gène de l'hémophilie peuvent présenter une forme mineure de la maladie et un risque hémorragique augmenté.
S'informer sur la maladie de Willebrand et l’hémophilie
La maladie de Willebrand et l’hémophilie sont des maladies rares. Si vous souhaitez vous informer sur ces maladies, vous exprimer librement et être écoutée, consultez le site Maladies Rares Info Services et appelez gratuitement au 0800 40 40 43. Une équipe de professionnels répond à toutes vos questions.
Des malformations veineuses utérines
Des malformations veineuses au niveau de l’utérus présentes dès la naissance pouvant entraîner des troubles de la coagulation acquis par des phénomènes complexes de coagulation intravasculaire locale.
Hémorragies génitales dues à la prise d’un traitement anticoagulant
Toute femme prenant un traitement anticoagulant pour une raison médicale précise peut présenter des hémorragies génitales.
Règles anormalement abondantes après la primovaccination Covid-19 : résultats d'étude
Toutes les femmes (4610 femmes) de 15-50 ans ayant eu un diagnostic de saignements menstruels abondants à l’hôpital (hospitalisation de jour ou avec hébergement de nuit) entre le 12 mai 2021 et le 31 août 2022 ont été identifiées dans le Système National des Données de Santé.
L'étude a mis en évidence un sur-risque de l’ordre de + 20 % de saignements menstruels abondants (ménorragies) ayant mené à une prise en charge à l’hôpital dans les 1 à 3 mois suivant l’administration d’un vaccin à ARNm contre le COVID-19 en primovaccination. En revanche, les résultats ne montrent pas d’augmentation du risque de saignements menstruels abondants au décours des doses de rappel.
Appareil génital féminin
L’appareil génital féminin est composé de cinq organes.
Le vagin, canal musculaire de quelques centimètres qui s’ouvre au niveau du pubis. Le col de l’utérus, couloir étroit qui relie le vagin et l’utérus. L’utérus, en forme de poche triangulaire à laquelle sont attachés des conduits appelés . Et les , deux glandes en forme d’amandes, qui sont situées à l’extrémité des .
Saignements gynécologiques anormaux et anomalies de l'utérus
Anomalies de l’endomètre
La qui tapisse l’intérieur de l’utérus, appelée « endomètre », peut être anormale :
- l’endomètre est très fin et diminué en épaisseur (il est atrophié), ce qui peut être le cas lors de la périménopause. Dans ce cas, les saignements sont plutôt noirâtres et peu abondants entre les règles ;
- l’endomètre est, au contraire, trop épais (on parle d’hyperplasie de l’endomètre) et les saignements sont rouges et abondants lors des règles ou en dehors ;
- l’endomètre est le siège de polypes. Les polypes utérins, fréquents, sont des lésions bénignes de la munie d’un pédicule vasculaire accroché à la utérine, pouvant être responsables de saignements rouges lors des règles ou en dehors ;
- l’endomètre est infecté. On parle d’endométrite : les saignements surviennent dans un contexte d’infection (fièvre) et sont accompagnés de pertes ou leucorrhées (écoulements vaginaux anormaux en rapport avec une infection génitale) ;
- l’endomètre présente une tumeur cancéreuse, éventualité pouvant survenir surtout après la ménopause. Des saignements gynécologiques surviennent alors que la ménopause est bien établie. Devant des images suspectes à l’échographie, des biopsies et des analyses anatomopathologiques sont effectuées pour porter le diagnostic.
Anomalies du muscle de l’utérus ou myomètre
Les anomalies du muscle de l’utérus (myomètre) se manifestent le plus souvent chez les femmes en âge d'avoir des enfants. Il s'agit de :
- fibromes de l’utérus, surtout ceux qui sont situés sous l’endomètre peuvent saigner. Les règles sont abondantes, mais des saignements peuvent survenir entre les règles ;
- adénomyose qui est une localisation de l’endométriose au niveau du muscle de l’utérus,dans ce cas, les saignements sont abondants au moment des règles ;
- tumeurs rares développées aux dépens du muscle de l’utérus.
Anomalies du col de l’utérus
Les saignements sont souvent de faible importance et apparaissent lors des rapports sexuels :
- une infection du col de l’utérus ou cervicite (infection sexuellement transmissible ou IST) se traduisant par des pertes vaginales, des douleurs lors des rapports sexuels et parfois des petits saignements entre les règles (métrorragies) ;
- un du col de l’utérus : tumeur bénigne plus ou moins volumineuse responsable de métrorragies ;
- une localisation au niveau du col d’une endométriose ;
- un cancer du col de l’utérus : les saignements surviennent le plus souvent après des rapports sexuels. Ils sont peu abondants et indolores. Les saignements spontanés en l’absence de rapports sexuels surviennent plus tardivement dans l’évolution de la maladie.
Anomalies du vagin et de la vulve
Un traumatisme, une infection (vaginite), voire une tumeur peuvent être la cause de saignements anormaux.
Règles très abondantes et/ou longues | Saignements entre les règles |
---|---|
Déséquilibre hormonal | Déséquilibre hormonal |
Polypes et fibromes de l'utérus | Infection gynécologique |
Adénomyose () | Polypes et fibromes de l'utérus |
Port d'un stérilet au cuivre | Cancer ou lésion du col de l'utérus |
Anomalies de la coagulation du sang | Cancer de l'endomètre |
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