Aménorrhée secondaire, arrêt des règles de plus de 3 mois : quelles causes ?
Publié dans : Règles : retard ou absence (aménorrhée)
07 février 2024
Hormis pendant la grossesse, l'allaitement et à la ménopause, un arrêt des règles de plus de trois mois (ou aménorrhée) nécessite qu'une cause soit recherchée.
La grossesse
L’ (absence de règles) est le premier signe de grossesse.
Dans un premier temps, vous pouvez faire un test de grossesse disponible en pharmacie ou en commerce de grande surface.
Si le test est positif ou si vous avez un doute, même après un test négatif, consultez votre médecin. Dans certains cas, il peut demander un dosage sanguin de Bêta HCG.
L’allaitement
La tétée du bébé entraîne la production d’une hormone chez la mère : la prolactine. Cette hormone bloque l’ et elle est responsable d’une .
La ménopause
La ménopause est la période de la vie d'une femme où les règles (menstruation) s'arrêtent définitivement. Elle survient généralement entre 45 et 55 ans et en général aux alentours de 50 ans, lorsque les interrompent leur sécrétion hormonale et leur production d’ovules. On dit que la ménopause est véritablement installée lorsque les règles sont absentes depuis une année.
Mécanisme de survenue de la ménopause
[Cette animation 3D explique la fin du cycle menstruel des femmes et ses symptômes. Elle est réalisée par Blausen Medical.]
La ménopause est un événement naturel dans le processus du vieillissement de la femme. Elle marque la fin du cycle menstruel des femmes et de leur capacité à procréer.
Pendant les années de fertilité de la femme, des hormones telles que les œstrogènes et la fluctuent dans un cycle continu afin de préparer le corps féminin pour les , la conception et la grossesse.
Lorsque cette libération répétée d'hormones diminue, la ménopause commence. La ménopause survient naturellement, en général autour de 50 ans, ou plus précocement si elle est consécutive à une ablation des .
Les symptômes varient d'une femme à l'autre. Certaines en ont peu, voire aucun, tandis que d'autres en ont divers, d'intensité moyenne à grave. Les symptômes de la ménopause sont notamment l'absence de mensuelles, une sécheresse vaginale, des bouffées de chaleur et des sautes d'humeur.
En raison de la baisse du taux des œstrogènes, les femmes ménopausées ont un facteur de risque accru d'ostéoporose et de maladies cardiaques. Les patientes et leur médecin doivent discuter des risques et des avantages d'un traitement de substitution hormonal.
Sténose cicatricielle du col de l’utérus
Le col de l’utérus est fermé et ne permet plus les écoulements menstruels. Cette fermeture anormale peut survenir dans les suites d’une électrocoagulation de lésions du col ou d’une conisation, pratiquée lors de la découverte de lésions anormales du col.
L’ s’accompagne de douleurs menstruelles dues à la rétention du sang dans la cavité de l’utérus.
Le traitement est chirurgical.
Accolement des parois de la muqueuse utérine ou synéchies utérines
Les parois muqueuses de l’utérus s’accolent et adhèrent l’une à l’autre. Cette complication peut survenir après une IVG ou interruption volontaire de grossesse instrumentale, un curetage utérin, une révision utérine après un accouchement hémorragique.
L' permet de confirmer le diagnostic et de faire le traitement dans le même temps.
Chaque femme naît avec un capital ovarien, c’est-à-dire un nombre d’ prédéfini, constitué lors de la vie in utero. C’est la réserve ovarienne.
Dès la naissance et jusqu'à la ménopause, la réserve ovarienne s'appauvrit progressivement.
En cas de ménopause précoce, le capital ovarien est épuisé prématurément avant 40 ans. L’arrêt des règles s’accompagne fréquemment de troubles semblables à ceux de la ménopause : bouffées de chaleur, sueurs, etc.
Dans certains cas, l’insuffisance ovarienne peut faire suite à :
- une ablation des ;
- une radiothérapie du bassin ;
- une chimiothérapie pour un cancer ;
- une (par exemple thyroïdite d’Hashimoto, diabète auto-immun) ;
- une anomalie génétique comme le syndrome de l’X fragile, dû à une anomalie d’un gène du X.
Le traitement est hormonal et substitutif. Il permet le retour de « règles de privation hormonale », et prévient la survenue d’une ostéoporose.
Dans les situations suivantes, l’ et l’hypothalamus, qui régulent le fonctionnement des , sont intacts mais sont mis temporairement au repos par l’organisme.
Ces anomalies sont réversibles, mais peuvent nécessiter une prise en charge médicale.
L’aménorrhée liée à un évènement traumatisant
Un arrêt des règles peut survenir après un évènement traumatisant : décès, divorce, mésentente, viol…
Le retour des règles survient lors de l’amélioration de l’état psychique.
L’arrêt des règles dans l’anorexie mentale
On parle d’anorexie mentale lorsque la jeune fille présente plusieurs symptômes : restriction alimentaire, perte de poids, hyperactivité physique puis arrêt des règles.
L’ est souvent prolongée sur plusieurs mois, voire des années, en fonction de l’évolution du trouble du comportement alimentaire et de la reprise de poids.
La prise en charge de l’anorexie avec reprise de poids permet le retour des règles.
Si l’ dure, il y a un risque d’ostéoporose : un traitement hormonal (estrogènes-progestatifs) substitutif peut être prescrit.
L’aménorrhée des athlètes de haut niveau ou des femmes à activité physique intense
Chez une jeune très sportive, l’apport nutritionnel par l’alimentation en particulier en lipides (graisses) est souvent insuffisant par rapport à la dépense énergétique. L' s’installe lorsque la du corps diminue de façon importante.
La fréquence de l’ est plus élevée dans les sports d'endurance, dans les sports dits « esthétiques » (patinage artistique, gymnastique) et dans les sports à catégorie de poids (judo, boxe, etc.).
L' de la femme sportive s'accompagne d'une carence en estrogènes induisant une perte osseuse maximale les premières années suivant l'installation de l'.
Si l'aménorrhée survient à l'adolescence à un moment ou le tissu osseux se forme, l'ostéoporose se développe rapidement.
Si l'arrêt des règles survient après 25–30 ans ( secondaire), à un moment où la masse osseuse est bien constituée, la perte osseuse surviendra plus lentement, au même rythme qu'à la ménopause.
Le traitement consiste donc à augmenter les apports alimentaires en calories (apports alimentaires totaux) et en lipides (pourcentage de lipides de la ration alimentaire) pour obtenir un gain de poids (qui est un gain de et non pas de masse musculaire). Le plus souvent une prise de 2 à 3 kg de suffit à obtenir un retour des cycles.
Dans certaines situations, il est impossible d'obtenir un gain de poids car les athlètes refusent cette prise de poids. Dans ce cas, la prise d'estroprogestatifs est nécessaire pour protéger le capital osseux.
L’aménorrhée post pilule
Des hémorragies de privation surviennent régulièrement lors de la prise d'une contraception hormonale. Il est à noter que certaines contraceptions progestatives diminuent les saignements qui, parfois, au bout de quelques mois ou quelques années de prise, peuvent ne plus se produire. Ce phénomène est normal.
Après l’arrêt de la pilule, les cycles menstruels reprennent et les règles surviennent.
Il est possible et normal de ne pas avoir ses règles pendant plusieurs semaines, si la reprise des cycles est lente. Cependant, si cette dure plus de 3 mois, une cause doit être cherchée.
Ces causes sont beaucoup plus rares.
La sécrétion anormale de prolactine par l’hypophyse
La prolactine est l’hormone de la lactation. Une sécrétion élevée peut provoquer un écoulement par les mamelons en dehors de tout allaitement.
La sécrétion anormale de prolactine peut :
- être due à un à prolactine de l’ (tumeur bénigne). La prolactine bloque l’. Un traitement médical par un dérivé de l'ergot de seigle, la bromocriptine, est possible, ramenant le taux de prolactine à la normale. La réapparition de cycles avec et la possibilité de grossesse attestent alors de la guérison. La chirurgie peut également être envisagée ;
- ou faire suite à la prise de certains médicaments : antidépresseurs, neuroleptiques, corticoïdes, etc Dans ce dernier cas, son traitement est simple : les règles réapparaissent quelques semaines après l'arrêt du médicament.
Des causes rares d'aménorrhée
Lors des examens, des causes rares peuvent être révélées et expliquer l’absence de règles :
- une tumeur cancéreuse (gliome). Le traitement est spécifique à chaque cause (médicaments, chirurgie, radiothérapie) ;
- des séquelles d’irradiation crânienne pour le traitement d’un cancer ;
- une anomalie génétique ;
- une atteinte auto-immune de l’ …
L’ est accompagnée de signes de virilisation due à une sécrétion d’androgènes et particulièrement de la :
- une hyperpilosité, voire un hirsutisme : excès de poils sur le visage (lèvre supérieure, menton), la poitrine, le dos, les fesses ;
- une peau grasse et de l’apparition d’acné chez l’adolescente et qui persiste après l'âge de 20 ans ;
- une chute des cheveux (alopécie) sur le sommet du crâne et au niveau des golfes frontaux.
Ces symptômes d'hyperandrogénie guide le médecin dans la recherche de la cause de l'absence de règles. Plusieurs problèmes de santé peuvent en être à l'origine.
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)
Ce syndrome SOPK est fréquent (5 à 10 % des femmes en âge d’avoir des enfants).
Il associe aux symptômes de virilisation des cycles menstruels irréguliers, qui durent plus de 35 à 40 jours et ce, depuis l’adolescence, voire une absence totale de règles ().
Par ailleurs, certaines femmes atteintes de SOPK ont tendance à prendre beaucoup de poids et rencontrent des difficultés à maigrir.
Pour en savoir plus, lire l’article SOPK : symptômes, diagnostic et évolution du syndrome des ovaires polykystiques
Les tumeurs virilisantes de l’ovaire et de la surrénale
Il s’agit de tumeurs rares qui sécrètent des androgènes responsables de symptômes de virilisation.
L’échographie abdominopelvienne et le scanner confirme le diagnostic. Le traitement de ces tumeurs le plus souvent bénignes est chirurgical.
L’hyperplasie congénitale des surrénales
L' est une maladie endocrinienne héréditaire causée par le déficit enzymatique de la fabrication des stéroïdes.
Elle est caractérisée par une insuffisance de fonctionnement des et divers degrés d'hyperandrogénie (excès d’hormones mâles), selon le type et la sévérité de la maladie.
Les formes sévères sont devenues exceptionnelles grâce au dépistage néonatal systématique en France réalisé au 3e jour de vie, permettant de prendre en charge très rapidement ces enfants.
Les formes tardives de l', moins graves, ne sont pas identifiées par le dépistage néonatal systématique et se traduit par des symptômes apparaissant lors de l'enfance ou à l'âge adulte :
- Les enfants présentent une pilosité pubienne avant 8 ans chez la fille et 9 ans chez le garçon, une accélération de la vitesse de croissance et de la maturation osseuse.
- Les jeunes filles ou les jeunes femmes présentent un hirsutisme, une acné, des troubles des règles (voire une ) et/ou une diminution de la fertilité.
Le diagnostic est confirmé par des dosages hormonaux. Le traitement repose sur l'hydrocortisone (ou cortisol), qui rétablit les règles et l' si un désir de grossesse est exprimé.
- Collège national des gynécologues et obstétriciens (CNGOF) . ECN 2018. 3e édition Elsevier Masson
- Société française d’endocrinologie. . Site internet : Société française d’endocrinologie. Paris ; 2022 [consulté le 23 août 2023]
- Haute Autorité de santé. Syndrome de Turner. PNDS 2021. Site internet : Haute Autorité de santé. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2021 [consulté le 23 août 2023]
- National Health service. Missed or late periods. Site internet : NHS. Londres ; 2022 [consulté le 23 août 2023]
- Duclos M. Spécificité du sport féminin. Médecine du sport 2020. Éditions Elsevier Masson.
- Lansac J. Aménorrhées secondaires. Gynécologie pour le praticien. 2018;(23):343-354. 9e édition Elsevier Masson
Cet article fait partie du dossier : Règles : retard ou absence (aménorrhée)