Le traitement du psoriasis

Publié dans : Psoriasis

Le traitement du psoriasis est symptomatique et poursuivi sur une longue durée. Il est, le plus souvent, local par application sur la peau de pommades, crèmes ou lotions à base de dermocorticoïdes ou d’analogues de la vitamine D3 notamment. Un traitement complémentaire est nécessaire dans les formes les plus graves.

Le psoriasis est une maladie chronique pour laquelle il existe des traitements efficaces des poussées, pouvant aboutir à des rémissions ou à une phase d'amélioration. Toutefois, il n'existe pas de traitement permettant de guérir définitivement la maladie.

Le traitement alterne des traitements d'attaque des poussées aiguës de psoriasis et des traitements d'entretien, plus légers.

Il dépend :

  • du type de psoriasis ;
  • de sa localisation et de son étendue (quelle est la surface du corps atteinte ?) ;
  • de l'existence ou non d'un rhumatisme psoriasique associé ;
  • du retentissement de la maladie sur la vie quotidienne tant personnelle que professionnelle ;
  • du retentissement psychologique ;
  • de l’âge et de l’état de santé général du patient.

Il repose le plus souvent sur l'utilisation de traitements locaux dans les formes habituelles. Beaucoup plus rarement, dans les formes sévères, un traitement général (par voie orale ou par injections) peut être prescrit.

Surface du corps chez l'adulte

Schéma représentant la représentativité des surfaces du corps de l’adulte dont 10 % compose la tête, 18 % les bras dont 2 % pour les mains, 36 % les jambes et 36 % le tronc

Dans tous les cas, le traitement du psoriasis est long. Il est donc nécessaire d'établir, dans la durée, une relation de confiance entre patient et médecin.

Dermocorticoïdes et psoriasis

Ces produits luttent contre l'inflammation du psoriasis et sont en général utilisés en une application quotidienne. Leur durée d'utilisation est limitée dans le temps.

On utilise des pommades et des crèmes à base de corticoïdes dits forts sur les zones épaisses de la peau (par exemple : les coudes, les genoux...) et des corticoïdes d'indice plus faible sur le visage.

Les pommades sont surtout utilisées sur les zones sèches alors que les crèmes sont plutôt réservées aux plis ou aux muqueuses.

Une lotion ou un shampoing contenant un dermocorticoïde sont utilisés pour traiter le cuir chevelu atteint de psoriasis.

Produits à base d'analogues de la vitamine D3

Ces produits analogues de la vitamine D3 existent en crèmes, pommades et lotions. Ils luttent contre la multiplication des cellules de la peau. Il ne faut pas dépasser la dose prescrite pour éviter les risques d'hypercalcémie due à la vitamine D absorbée par l’organisme.

Les analogues de la vitamine D peuvent être associés aux . Cette association, sous forme d'une pommade ou d'un gel, est très efficace dans le traitement intensif d'une poussée aiguë du psoriasis (une application quotidienne pendant 4 semaines au maximum). Elle peut être utilisée à moindre dose en traitement d'entretien (une application par semaine).

Autres produits à application locale (topique)

Ce sont :

  • les bains à base d'amidon, de blé ou d'huile, ou les produits hydratants pour nettoyer les lésions, calmer l'inflammation et stopper les démangeaisons du psoriasis ;
  • l'acide salicylique, souvent associé à la vaseline, pour nettoyer les lésions très squameuses du psoriasis ;
  • le tazarotène en cas de psoriasis très localisé. Ce à usage local est contre-indiqué pendant la grossesse.

La photothérapie peut être utilisée pour le corps entier dans les formes de psoriasis étendu, mais aussi localement quand l'atteinte est restreinte à une zone du corps. Le traitement est effectué sur une période d'environ 2 mois.

Deux types de photothérapie sont utilisables pour traiter le psoriasis :

  • la puvathérapie qui utilise les UVA. L'exposition aux UVA, en cabine, a lieu après la prise d’un médicament photosensibilisant (de la famille des psoralènes) ;
  • la photothérapie par UVB (sans prise médicamenteuse préalable).

L'utilisation de la photothérapie est limitée dans le temps en raison de l'accélération du vieillissement de la peau et de l'augmentation du risque de cancer de la peau (mélanome...). En général, elle n'est pas utilisée chez l'enfant de moins de 12 ans.

Contraintes de la puvathérapie

Pendant toute la cure de puvathérapie, il est impératif de :

  • respecter un délai de deux heures entre la prise du médicament photosensibilisant prescrit et la séance ;
  • porter des lunettes-coques opaques (pour protéger les yeux du risque de cataracte) et protéger la région génitale par un vêtement approprié (slip) lors de chaque séance ;
  • porter des lunettes de soleil (filtrant les UVB et les UVA), ne pas s’exposer au soleil naturel ni aux rayons artificiels (lampes de bronzage à visée esthétique) pendant les 12 heures suivant la prise du médicament ;
  • signaler au médecin la prise de tout nouveau médicament, la survenue de toute manifestation cutanée ou générale.

Ce traitement ne concerne que les formes sévères de psoriasis. Il est mis en route et surveillé en milieu spécialisé.

Ce médicament est utilisé dans les formes graves du psoriasis. L’acitrétine commercialisé sous le nom de Soriatane® est un traitement dérivé de la vitamine A administré en prise quotidienne par voie orale. Ce traitement est souvent associé à la puvathérapie.

Le risque tératogène (risque de malformation du fœtus au cours de la grossesse) lors de la prise de ce médicament de la famille des rétinoïdes est important et implique chez toute femme en période d'activité génitale la réalisation d'un test de grossesse avant traitement, et l'utilisation d'une contraception fiable débutée avant la mise en route du traitement, poursuivie pendant le traitement et pendant 3 ans après son arrêt.

Les règles de prescription de Soriatane® aux femmes en âge de procréer

Les règles sont les suivantes :

  • prescription initiale réservée aux dermatologues mais elle peut être renouvelée par tout médecin dans l’année qui suit la prescription du dermatologue ;
  • réalisation d’un test plasmatique de grossesse dans les 3 jours qui précèdent chaque prescription mensuelle, puis dans les 2 mois après l’arrêt du traitement et régulièrement au cours des 2 ans qui suivent cet arrêt ;
  • délivrance de Soriatane® dans la semaine qui suit la prescription ;
  • présentation impérative du carnet-patiente au médecin à chaque consultation et au pharmacien lors de la délivrance du médicament ;
  • absence de toute délivrance par le pharmacien si le résultat négatif du test de grossesse plasmatique n’est pas mentionné dans le carnet-patiente ;
  • interdiction de consommer de l’alcool pendant le traitement et les 2 mois suivant son arrêt.

Le empêche la multiplication des cellules et il peut être utilisé en cas de psoriasis sévère. Il est également utilisé dans le traitement de certains cancers et de certains rhumatismes chroniques dont le rhumatisme psoriasique.

Le est pris une seule fois par semaine soit sous forme de comprimés, soit sous forme d'injections intramusculaires ou sous cutanées. Il nécessite une surveillance régulière du bilan hépatique et des globules blancs sanguins.

Une contraception chez la femme et chez l'homme doit être mise en place pendant la durée du traitement et les 6 mois qui suivent son arrêt.

Un surdosage peut se traduire par un ou plusieurs des symptômes suivants : ecchymoses (bleus) ou saignements inexpliqués, fatigue inhabituelle, fièvre, plaies ou inflammation de la bouche, nausées ou vomissements, diarrhées sévères, selles foncées ou sang rouge dans les selles (rectorragie).

 Afin d’éviter un surdosage en , suivez les conseils suivants :

  • prenez le une fois par semaine seulement ;
  • ne prenez pas d’autres traitements sur ordonnance ou en vente libre (notamment des anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l'ibuprofène, le kétoprofène, l'aspirine, des inhibiteurs de la pompe à protons comme l'oméprazole, pantoprazole,  sans l’avis d’un médecin ou d’un pharmacien ;
  • lisez la carte d’information disponible dans les boîtes. Elle vous rappelle la dose de à prendre et les symptômes de surdosage. Conservez cette carte et présentez-la aux professionnels de santé que vous êtes amené à consulter et/ou à la personne aidante afin de les prévenir de l’utilisation de ce traitement.

En cas d'erreur dans la prise du traitement par

Si vous avez pris plus de comprimés que vous n’auriez dû, contactez immédiatement votre médecin ou un service médical d’urgences (15 ou 112).

Pour toute question ou pour plus d’informations, consultez la notice présente dans la boîte ou contactez votre médecin ou votre pharmacien.

La ciclosporine est un médicament qui est pris quotidiennement par voie orale (durant un ou deux ans maximum) et utilisé dans les formes sévères de psoriasis.

Il nécessite une surveillance régulière de la fonction rénale par prise de sang et de la tension artérielle.

L’apremilast est un médicament qui se prend par voie orale quotidiennement. Il est utilisé en cas d’échec, de contre-indication ou d’intolérance aux autres traitements du psoriasis.

L’aprémilast semble avoir des résultats très inférieurs à ceux des biothérapies, citées ci-dessous.

Des troubles digestifs (diarrhées, nausées) sont possibles en début de traitement.

Il est important de signaler à son médecin l’existence ou l’apparition de troubles dépressifs ou d’insomnie.

Plusieurs types de biothérapie peuvent être utilisées dans le traitement du psoriasis. Ces biomédicaments (médicaments de référence ou biosimilaires) sont prescrits en seconde intention en l’absence de réponse aux autres traitements ou en cas de contre-indication aux thérapeutiques habituelles. Leur utilisation est réservée aux spécialistes hospitaliers.

Les anti TNFα sont administrés sous forme injectable, en perfusion (infliximab) ou par voie sous-cutanée (étanercept, adalimumab, certolizumab). Avec ces traitements, plus de deux tiers des patients obtiennent la rémission de plus de 75 % de leurs symptômes. Les anti TNFα sont également efficace dans le rhumatisme psoriasique.

D’autres biothérapies existent également.Ce sont les anti-interleukines. Elles visent à inhiber certaines molécules impliquées dans l'inflammation. Elles sont administrées par voie sous cutanée : les anti-IL12/IL23 (ustékinumab), les anti-IL17 (secukinumab et ixekizumab) et enfin les anti-IL-23 (risankizumab, guselkumab, tildrakizumab).

Parmi ces traitements, l’adalimumab (anti-TNFα) et l’ustekinumab (anti-IL12 et 23) sont les traitements systémiques biologiques utilisés de première intention. Les autres sont prescrits en cas d'échec de ce traitement.

Une surveillance médicale est nécessaire lorsque ces traitements sont donnés en raison des effets secondaires dont ils peuvent être responsables, en particulier le risque d’infection.

Ce médicament (deucravacitinib), pris par la bouche (voie orale) est réservé au traitement du psoriasis en plaques, modéré à sévère, chez les adultes éligibles à un traitement par voie orale ou injectable en cas d’échec, d’intolérance ou de contre-indication aux médicaments biologiques (anti-TNFα et anti-interleukines).

Méthotrexate, ciclosporine, biothérapies et anti-JAK : des précautions avant la mise en route du traitement

 Des examens sont indispensables avant leur prescription, pour éliminer l’ existence :

 Les vaccinations doivent être mises à jour avant de débuter ce type traitement.

  • Société française de dermatologie. Le psoriasis. Site internet : dermato-info. Paris ; 2019 [consulté le 29 mars 2023]
  • Collège national des enseignants de dermatologie. Le psoriasis. ECN 2016 -2018. 6 ème édition Elsevier Masson
  • Dadban A. Psoriasis chez l'enfant. EMC - Pédiatrie - Maladies infectieuses 2016;11(4):1-8 [Article 4-113-D-40]
  • Institut national de la santé et de la recherche médicale. Psoriasis. Site internet : Inserm. Paris ; 2017 [consulté le 29 mars 2023]
  • Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. par voie orale. Site internet : ANSM. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2022 [consulté le 29 mars 2023]
  • Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Soriatane (acitrétine). Site internet : ANSM. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2018 [consulté le 29 mars 2023]
  • Société française de dermatologie. La puvathérapie. Site internet : dermato-info. Paris ; 2019 [consulté le 29 mars 2023]
  • Haute Autorité de santé. Otezla (aprémilast), inhibiteur de PDE4. Avis sur les médicaments. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2016 [consulté le 29 mars 2023]
  • Haute Autorité de santé. TALTZ (ixékizumab) - Psoriasis en plaques de l'adulte. Avis sur les médicaments. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2022 [consulté le 29 mars 2023]
  • Haute Autorité de santé. SOTYKTU (deucravacitinib) - Psoriasis en plaques. Avis sur les Médicaments. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2023 [consulté le 20 juin 2024]
  • Conrad C, Gilliet M. Psoriasis: Quoi de neuf ? Que nous réserve l’avenir ? Forum médical Suisse 2016;16(21):462–468
Cet article vous a-t-il été utile ?

Le champ avec astérisque (*) est obligatoire.

Pourquoi cet article ne vous a pas été utile ?