Symptômes, diagnostic et évolution de la polyarthrite rhumatoïde
Publié dans : Polyarthrite rhumatoïde
15 janvier 2025
Pendant les poussées de la polyarthrite rhumatoïde, les articulations sont gonflées, rouges et douloureuses. L’examen clinique, un bilan sanguin et radiologique confirment le diagnostic. Un traitement précoce permet de ralentir l'évolution de la maladie.
Voici les premiers signes qui permettent d'évoquer la maladie :
- la personne a des douleurs des articulations au niveau des poignets, des mains, des doigts et/ou des pieds ;
- elle est réveillée en fin de nuit par ses douleurs articulaires et ressent, le matin, un engourdissement et une raideur de ces articulations pendant au moins 30 minutes ;
- la fermeture du poing est souvent douloureuse ;
- les articulations douloureuses sont globalement symétriques (les douleurs sont ressenties dans les mêmes articulations droite et gauche) ;
- 2 ou 3 articulations sont gonflées ;
- ces symptômes durent au moins depuis plusieurs semaines ;
- la pression des articulations des articulations entre les mains et les doigts et/ou des avant-pieds est douloureuse.
D'autres atteintes articulaires sont possibles d'emblée : articulations des genoux, des chevilles et beaucoup plus rarement des hanches et épaules.
Si certains de ces symptômes sont associés, une rhumatoïde peut être suspectée, ce d'autant plus si une personne de la famille présente une rhumatoïde. Il est alors nécessaire de consulter son médecin traitant pour que le diagnostic soit posé le plus tôt possible, dans un délai de 6 semaines.
La consultation médicale
Le diagnostic de la rhumatoïde doit être aussi précoce que possible, idéalement dans un délai de 6 semaines après l'apparition des symptômes) car c'est au début de la maladie, avant l'apparition des atteintes articulaires importantes, que les traitements sont les plus efficaces.
Le médecin traitant adresse son patient à un rhumatologue qui pratique un examen clinique complet et constate que les articulations douloureuses sont gonflées, chaudes, parfois rouges, enraidies.
Il peut s'agir des articulations des doigts (l'inflammation articulaire empêchant la personne d'enlever ses bagues), des poignets, de l'avant-pied, des genoux...
Il fait le point sur le nombre des articulations douloureuses.
Le médecin prescrit un bilan sanguin et radiologique. C'est un ensemble de critères cliniques, biologiques et radiologiques qui permettra de poser le diagnostic.
Le bilan sanguin en cas de suspicion de polyarthrite rhumatoïde
Le bilan sanguin analyse le fonctionnement hépatique, rénal et recherche des anomalies en faveur d'une rhumatoïde.
Un syndrome inflammatoire
L'analyse de la C Réactive Protéine (CRP), de la vitesse de sédimentation, de la numération formule sanguine recherche un syndrome inflammatoire avec une éventuelle anémie inflammatoire.
La présence d'auto-anticorps en faveur d'une rhumatoïde
Le (immunoglobuline ayant une activité d'anticorps) est recherché. Au début de la rhumatoïde, la recherche du n'est positive que dans 50 à 60 % des cas. Son absence ne permet pas d'éliminer le diagnostic. Mais sa présence est loin d'être synonyme de rhumatoïde.
Les anticorps anti-peptides citrullés (ACPA) appelés anticorps anti-CCP sont présents dès le début de la maladie dans 70 % des cas. Ils sont beaucoup plus spécifiques de la maladie que le (lorsqu’ils sont positifs, le risque d’avoir une PR est élevé).
D'autres anticorps (anticorps nucléaires...) peuvent être présents.
Le bilan radiologique en cas de polyarthrite rhumatoïde
Il consiste à réaliser des radiographies, selon les cas, des mains, des poignets, des pieds, du thorax et de toute articulation douloureuse. Au tout début de la rhumatoïde, les radiographies sont normales. Puis, quand des anomalies osseuses et articulaires surviennent, ces examens radiologiques ont un double intérêt :
- ils permettent de confirmer le diagnostic ;
- ils servent de référence pour les examens radiologiques ultérieurs, afin de suivre l'évolution de la maladie.
D'autres examens parfois utiles dans la polyarthrite rhumatoïde
Dans certaines situations, d'autres examens sont utiles :
- une échographie des articulations des mains et poignets mettant en évidence des inflammations des gaines synoviales (synovites), des inflammations des gaines des tendons (ténosynovites), des érosions ;
- une IRM pour rechercher une atteinte de la membrane synoviale des articulations douloureuses ;
- rarement, une analyse du liquide articulaire après , montrant la présence d'un liquide très inflammatoire.
Le diagnostic repose sur un ensemble d'éléments anormaux de ces bilans.
Reconnaissance de la polyarthrite rhumatoïde en affection de longue durée
La rhumatoïde peut être reconnue au titre d'une affection de longue durée (ALD). Les examens et les soins en rapport avec cette maladie sont alors pris en charge à 100 % dans la limite des tarifs de l’Assurance Maladie.
Les poussées et les accalmies de la polyarthrite rhumatoïde
La rhumatoïde évolue par poussées plus ou moins rapprochées. Chaque poussée, souvent accompagnée d'une fatigue importante, finit par s'atténuer, pour laisser place à une période d'accalmie au cours de laquelle les symptômes sont moins intenses et peuvent même disparaître.
Progressivement, si la maladie n'est pas traitée, elle tend à toucher d'autres articulations après celles des mains, des doigts, des poignets et de l'avant pied : coude, épaule, hanche, genou, colonne vertébrale au niveau du cou...
Les articulations finissent par se déformer :
- Les doigts dévient sur le côté (doigts en coup de vent) et se replient sur eux-mêmes (par exemple, le pouce se déforme en « Z »).
- L'atteinte du poignet peut se traduire par un syndrome du canal carpien.
- Dans 90 % des cas, les pieds sont touchés (avant-pied plat puis arrondi, apparition sur les zones de frottement de cors et de durillons...) et la marche est gênée.
- Les coudes restent fléchis.
- Les épaules sont douloureuses et perdent leur mobilité.
- Le rachis cervical peut être atteint dans sa partie haute.
Les gestes de la vie quotidienne sont souvent plus difficiles à réaliser.
La gravité de la rhumatoïde est variable d'une personne à l'autre. Il existe des formes mineures qui n'entraînent ni handicap, ni déformation. Dans la plupart des cas, les formes sont intermédiaires. Un traitement commencé le plus tôt possible, et bien suivi, permet de ralentir et de contrôler l'évolution.
Les manifestations non articulaires de la polyarthrite rhumatoïde
Certaines formes de rhumatoïde sont sévères. Les articulations touchées sont endommagées et d'autres manifestations non articulaires peuvent apparaître.
Des nodules rhumatoïdes sur la peau
Il s'agit de nodosités ou sortes de boules fermes et indolores situées au niveau du coude ou à côté des articulations des doigts.
Des atteintes d'autres organes dans la rhumatoïde
Le traitement de la rhumatoïde débuté précocement vise à limiter les manifestations extra-articulaires qui touchent :
- les vaisseaux et le cœur. Le risque cardiovasculaire est augmenté et les accidents vasculaires (angine de poitrine, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral) sont plus fréquents chez ces patients. L'inflammation peut se manifester par une atteinte de la peau (ulcère), des nerfs (multinévrites) et des muscles ;
- les reins ;
- les poumons. une pneumopathie interstitielle diffuse est rechechée devant l'apparition d'un essoufflement et d'une toux chroniques ;
- les os avec présence d'une ostéoporose (consécutive au traitement prolongé).
D'autres manifestations auto-immunes
D'autres anomalies auto-immunes sont parfois observées :
- un syndrome sec dit syndrome de Gougerot-Sjögren avec sécheresse de la bouche et sécheresse des yeux ;
- une maladie de la thyroïde ;
- un diabète...
Il peut être nécessaire de réaliser une radio pour confirmer le diagnostic de rhumatoïde. Pour savoir comment se déroule cet examen, vous pouvez lire la bande dessinée La radio sur le site santebd.org.
Ce document a été réalisé par l’association CoActis Santé avec des personnes en situation de handicap. Il contient des images et des mots simples. C’est pourquoi il est facile à lire et à comprendre (FALC).
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