Pollakiurie : consultation médicale, bilan et traitement
Publié dans : Pollakiurie (envie fréquente d'uriner)
15 décembre 2023
Lors de la consultation pour pollakiurie, le médecin traitant interroge la personne sur la fréquence de ses mictions, l'examine et analyse ses urines grâce à une bandelette urinaire. Il demande si nécessaire des examens complémentaires (ex. : ECBU, échographie, bilan urodynamique). Le traitement est adapté à la cause de l'envie fréquente d'uriner.
Avant d'examiner la personne qui se plaint d'uriner trop souvent, le médecin traitant commence par l'interroger pour savoir :
- combien d’heures s’écoulent entre deux mictions dans la journée ;
- combien de fois elle se lève la nuit pour uriner ;
- si elle présente d’autres symptômes (difficultés à émettre les urines, douleurs abdominales, besoins urgents, brûlures ou fuites urinaires) ;
- si elle prend ou a pris des traitements médicamenteux.
Ensuite, le médecin analyse les urines à l’aide d’une bandelette urinaire, pour y rechercher la présence de :
- leucocytes (globules blancs), hématies (globules rouges) et , produits en cas d'infection urinaire ;
- protéines (signe d’une maladie rénale) ;
- sucre (symptôme d’un diabète).
Analyse du calendrier mictionnel et troubles urinaires nocturnes
Ce document permet par exemple de faire la différence entre deux symptômes survenant la nuit :
- d’une part, une envie d’uriner trop fréquente dans la nuit avec émission d’urines de faible volume : c’est la pollakiurie nocturne ;
- d’autre part, une envie d’uriner trop fréquente dans la nuit avec émission d'urines de volume important : c'est la polyurie nocturne. La polyurie nocturne correspond à une hausse du volume d'urine produit la nuit, par inversion du rythme habituel (normalement 2/3 des urines sont produites le jour et 1/3 la nuit). Cette affection survient notamment chez les personnes âgées.
Le calendrier sert aussi à évaluer la capacité vésicale. Si la première du matin est abondante, cela signifie que la vessie possède une capacité normale.
Selon les cas, le médecin peut prescrire un ou plusieurs examens pour rechercher la cause de ce besoin d'uriner fréquemment.
Un examen cytobactériologique des urines (ECBU)
Lorsque l'examen par bandelette urinaire est positif ou lorsqu'il existe des symptômes d'infection urinaire (cystite aiguë), un ECBU est prescrit.
Une échographie abdominopelvienne
L'échographie pelvienne (concernant la partie inférieure du bassin), rénale et abdominale est réalisée en deux temps:
- tout d'abord après avoir demandé au patient de boire abondamment pour que la vessie soit pleine ;
- puis, après l'avoir invité à uriner complètement, pour mesurer le résidu éventuel d’urines dans la vessie.
L'échographie recherche également des anomalies des organes (prostate, utérus, vessie...) pouvant expliquer la pollakiurie.
Une cystoscopie ou endoscopie urétrovésicale
Il s’agit d’une de l' et de la vessie réalisée sous anesthésie locale.
Pour l’effectuer, l'urologue utilise un fibroscope (tube souple et fin équipé d’une mini–caméra) spécifique, appelé cystoscope. Il est introduit dans l’ afin d’explorer l’intérieur de la vessie.
La cystoscopie analyse la paroi interne de la vessie à la recherche d'une anomalie (calcul, tumeur, corps étranger, vessie de lutte...) et l' à la recherche d'un rétrécissement du canal, d'un calcul...
Une débimétrie urinaire
Cet examen consiste à uriner dans des toilettes spécifiques qui calculent le débit mictionnel, à savoir :
- le volume des urines ;
- la puissance du jet urinaire ;
- la vitesse d’émission des urines.
Un bilan urodynamique
En présence d'une pollakiurie, un bilan urodynamique est prescrit, si nécessaire en complément des examens précédents. En plus d’une débimétrie, il comprend :
- une cystomanométrie, qui enregistre la pression à l’intérieur de la vessie lorsqu’elle est vide, puis lors de son remplissage ;
- une profilométrie urétrale, qui mesure les pressions dans l’ ;
- éventuellement, une électromyographie, qui permet d’étudier l’activité du de l’.
Le traitement de la pollakiurie consiste avant tout à soigner la maladie en cause dans l'envie anormalement fréquente d'uriner :
- traitement médical d'une vaginite, d'une sclérose en plaque, de coliques néphrétiques, traitement par antibiotiques en cas d'infection urinaire, de pyélonéphrite, de salpingite...
- traitement chirurgical d'un adénome de la prostate, d’un prolapsus génital...
- traitement spécifique d'un cancer de la prostate, d'un cancer de vessie, etc...
Des mesures hygiénodiététiques permettent aussi d’améliorer l’envie trop fréquente d’uriner (pollakiurie) :
- rectifier ses comportements inadaptés et éviter les facteurs irritatifs : thé, café, alcool ;
- modifier ses habitudes, son rythme de prise de boissons et la quantité absorbée quotidiennement.
La rééducation périnéosphinctérienne et le traitement comportemental
Ils servent à réapprendre le fonctionnement de la vessie, et à entraîner celle-ci pour réguler ou reprogrammer les mictions (ex. : retarder le besoin d’uriner). Cette démarche est très utile en cas de pollakiurie psychogène ou d’hyperactivité vésicale.
Les médicaments parfois utilisés dans la pollakiurie
Les médicaments de la famille des anticholinergiques (oxybutynine, chlorure de trospium, solifénacine, fésotérodine) sont utilisés surtout dans l’hyperactivité vésicale.
Toutefois, ils peuvent engendrer des effets secondaires : constipation et sécheresse de la bouche essentiellement, nausées, dyspepsie (gêne digestive après les repas), douleurs abdominales, troubles oculaires (vision floue)...
Les injections de toxine botulique (substance issue d’une bactérie)
Effectuées dans le muscle vésical, elles sont employées pour traiter l’hyperactivité de la vessie :
- liée à une maladie neurologique (lésion de la moelle épinière, sclérose en plaques...) ;
- (d’origine inconnue) et n’ayant pas répondu aux autres traitements.
Pollakiurie et chirurgie
Les traitements chirurgicaux sont indiqués en cas d’hyperactivité invalidante des muscles de la vessie, et ne répondant pas aux autres soins. Ils consistent à :
- implanter un pace-maker vésical (petit appareil envoyant des impulsions électriques pour réguler l’activité de la vessie) ;
- agrandir la vessie, grâce à une technique nommée entérocystoplastie d’agrandissement.
Pour déterminer les causes d’une polliakurie, le médecin peut prescrire des examens, comme une échographie abdominopelvienne ou un bilan urodynamique. Si vous avez une question sur ces examens, plusieurs BD peuvent vous aider :
- Téléchargez la BD Le bilan urodynamique – L’examen de la vessie, qui explique ce qu’il se passe avant et pendant cet examen.
- Téléchargez la BD L’échographie – Je fais une échographie sur la peau, qui décrit le déroulement d’une échographie.
Ces documents ont été réalisés par l’association CoActis Santé avec des personnes en situation de handicap. Ils contiennent des images et des mots simples. C’est pourquoi ils sont faciles à lire et à comprendre (FALC). Ils peuvent être déclinés selon votre profil (femme, homme, enfant, malentendant…).
- MedlinePlus Medical Encyclopedia. Frequent or urgent urination. Site internet : MedlinePlus. Bethesda (États–Unis) ; 2022 [consulté le 15 décembre 2023]
- Association française d'urologie. Troubles de la et incontinence urinaire de l'adulte et du sujet âgé. Référentiels du Collège d'urologie. Site internet : UroFrance. Paris ; 2021 [consulté le 15 décembre 2023]
- Rouprêt M, Audenet F. Pollakiurie. In : Encyclopédie médico–chirurgicale – AKOS (Traité de Médecine). Paris : Elsevier Masson ; 2012;7(4):1-3.
- Felber M, Rouprêt M. Pollakiurie. EMC - AKOS (Traité de Médecine) 2017:1-2 [Article 1-0900]
- Caremel R, Grise P, Corcos J. Principes d'action et indications de la botulique dans le traitement de l'hyperactivité vésicale chez l'adulte. In : Encyclopédie médico–chirurgicale. Urologie: 2013;6(3):1–11. Elsevier Masson
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