Les maladies virales : dengue, chikungunya, Zika, fièvre jaune, encéphalite japonaise, fièvre du Nil

Dans de nombreuses régions du monde, des moustiques peuvent inoculer à l’homme des virus responsables d'infections parfois sévères (dengue, chikungunya, maladie à virus Zika, fièvre jaune, encéphalite japonaise, fièvre du Nil occidental). Le traitement vise à soulager les symptômes.

La dengue

Cette maladie est transmise par des moustiques femelles infectés, de type Aedes aegypti, et Aedes albopictus. Ils piquent également plutôt le jour

La dengue est présente dans toutes les régions tropicales et subtropicales, en particulier dans les zones urbanisées. Elle s’est propagée rapidement dans le monde (Amériques, Chine, Japon) et notamment en Europe, y compris en France.

En 2023, 2 019 cas de dengue importés (contre seulement 378 en 2022) et 45 cas autochtones ont été recensés en France métropolitaine.

Entre le 1er janvier et le 11 juin 2024, 2 666 cas de dengue importés ont été signalés en métropole. La grande majorité des personnes revenaient de Martinique ou de Guadeloupe, où des épidémies sont en cours depuis mi 2023.

Les premiers symptômes de la dengue apparaissent 4 à 10 jours après la contamination par un moustique porteur du virus :

  • forte fièvre (40 °C) accompagnée de maux de tête intenses ;
  • douleurs rétro-orbitaires (derrière les yeux), musculaires voire articulaires ;
  • nausées et vomissements ;
  • adénopathie (augmentation du volume des ganglions) ;
  • éruption cutanée sous forme d'un rush.

Les symptômes persistent en général 2 à 7 jours.

Chez les personnes fragiles essentiellement, une complication rare est possible : la dengue sévère, dite « hémorragique ». Les signes d’alerte surviennent 3 à 7 jours après les premiers symptômes de la maladie :

  • une chute de la température (sous 38° C) avec refroidissement ;
  • des douleurs abdominales importantes et vomissements persistants, incoercibles avec présence de sang ;
  • des saignements, au niveau des gencives, dans le tube digestif (présence de sang dans selles, les vomissements) ;
  • respiration rapide ;
  • fatigue, agitation ou somnolence.

Pour identifier la dengue, des analyses sanguines sont réalisées. Elles permettent soit d’isoler le virus dans le sang, soit d’identifier les anticorps (IgG et IgM) fabriqués par l’organisme (qui lutte contre l’infection).

Le médecin doit signaler à l'Agence régionale de santé tout cas de dengue importé ou autochtone.

Il n’existe pas de médicament spécifique contre la dengue : le traitement soigne seulement les symptômes. La prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et d’aspirine est contre-indiquée (augmentation du risque d’hémorragie de la maladie).

La prévention repose sur la protection contre les moustiques.

La vaccination contre la dengue peut être proposée aux personnes de 6 à 45 ans vivant dans des zones d’ et ayant un antécédent prouvé d’infection par le virus de la dengue, car elles sont plus à risque d’avoir des formes graves. La vaccination contre la dengue n’est pas recommandée chez les voyageurs.

Le chikungunya

Cette maladie est transmise par des moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus. Ce dernier est appelé couramment moustique tigre car il présente des rayures noires et blanches sur le corps et sur les pattes. Les deux espèces piquent plutôt le jour et peuvent également inoculer d'autres virus (par exemple, celui de la dengue).

Le chikungunya est présent de façon permanente (ou endémique) en Afrique, en Asie et dans le sous-continent indien.

Entre le 1er janvier et le 11 juin 2024, 7 cas importés de chikungunya ont été recensés en métropole.

Le chikungunya se manifeste 2 à 12 jours après la piqûre par un moustique infecté. Les symptômes de la maladie peuvent être variés (ils se révèlent parfois similaires à ceux de la dengue) :

  • fièvre élevée, d’apparition brutale ;
  • courbatures et douleurs articulaires (arthralgies) souvent invalidantes, obligeant la personne à se tenir voûtée (d’où le nom de chikungunya, qui signifie « homme courbé » dans la langue africaine makondée) ;
  • maux de tête, nausées, fatigue et éruption cutanée (au niveau du tronc et des membres).

Dans certains cas, les symptômes restent légers et l'infection passe inaperçue.

Les douleurs aux articulations disparaissent généralement au bout de quelques jours à quelques semaines, et le rétablissement est complet. Parfois, les arthralgies persistent plusieurs mois à plusieurs années, les complications graves demeurant rares.

Le diagnostic du chikungunya repose sur des tests sanguins sérologiques (étude du sérum, l’un des composants du sang) et la recherche du virus dans le sang.

Actuellement, il n'existe pas de médicament permettant de guérir la maladie. Le traitement a surtout pour but d'atténuer les symptômes, notamment les douleurs articulaires (prise d’antipyrétiques et d’antalgiques, bonne hydratation).

La prévention repose sur la protection contre les moustiques.

La maladie à virus Zika

Le virus Zika est transmis à l'homme par l’intermédiaire d’une piqure de moustique Aedes dont Aedes aegypti et Aedes albopictus. Il se transmet également entre les personnes par voie sexuelle.

Entre le 1er et 11 juin 2024, 2 cas importés de Zika ont été recensés en métropole.

Les symptômes de la maladie à virus Zika apparaissent 3 à 12 jours après la piqûre de moustique et se manifestent de la manière suivante :

  • syndrome grippal (fièvre, maux de tête, courbatures) ;
  • conjonctivite avec douleurs oculaires et yeux rouges ;
  • œdème des mains et des pieds ;
  • éruption cutanée.

Dans une très grande majorité des cas, la maladie provoque peu de symptômes et guérit en 2 à 7 jours.

L’infection par le virus Zika peut être diagnostiquée par des examens biologiques :

  • recherche de l'ARN du virus dans le sang, les urines, le sperme et d’autres liquides biologiques (examen par RT-PCR) ;
  • sérologie sur un prélèvement de sang (détection des anticorps spécifiques de la maladie Zika (IgM et IgG).

Le traitement par paracétamol soulage les symptômes (fièvre, douleurs...) Il est important de bien boire pour assurer une bonne hydratation. La prise d'anti-inflammatoires non stéroïdiens et d'aspirine est contre-indiquée.

Des complications neurologiques sont possibles chez les malades.

Des malformations congénitales touchant essentiellement le système nerveux ont été observées chez des nouveau-nés dont la mère a été contaminée par le virus Zika au cours de la grossesse.

La prévention repose sur la protection contre les moustiques ainsi que sur les mesures visant à éviter une transmission sexuelle ainsi que de la femme enceinte au fœtus.

Le lien de causalité entre infection à virus Zyka lors de la grossesse et survenue de malformations congénitales du système nerveux (microcéphalie) a été établi.

Malgré la fin d'épidémie de virus Zyka (épidémie de zika en 2016 aux Antilles, en Guyane, Amérique latine et Caraïbes), des conseils de prévention sont maintenus car il n'existe pas de traitement spécifique ni de vaccin.

Vous êtes enceinte et vous souhaitez vous rendre dans un pays où circule le virus

Si le risque d'infection est élevé (zone avec des cas nombreux déclarés) et si vous êtes enceinte, reportez votre voyage si possible.

Si le risque d'infection est faible (zone avec des cas peu nombreux de maladie à virus Zyka ou épidémie achevée depuis au moins 12 mois) :

  • consultez un médecin pour avoir une information adaptée ;
  • reportez votre voyage si vous le pouvez ;
  • sinon, suivez les conseils des autorités locales ;
  • adoptez les mesures de protection individuelle contre les moustiques ;
  • n'ayez pas de relations sexuelles sans protection (préservatif) pendant la durée de votre grossesse ;
  • si vous avez des symptômes évocateurs de maladie à virus Zyka lors de votre séjour, consultez immédiatement ;
  • pratiquez un dépistage du virus Zyka, par prise de sang, quatre semaines après votre retour, et, si vous présentez des symptômes de maladie, signalez-le immédiatement à votre médecin.

Vous avez un projet de grossesse et vous souhaitez vous rendre dans un pays où circule le virus

  • reportez votre projet de grossesse après votre retour de voyage ;
  • consultez un médecin pour une information adaptée ;
  • suivez les conseils des autorités locales ;
  • adoptez les mesures de protection individuelle contre les moustiques ;
  • n'ayez pas de relations sexuelles sans protection (préservatif) pendant la durée de votre grossesse ;
  • si vous avez des symptômes évocateurs de maladie à virus Zyka lors de votre séjour, consultez immédiatement ;
  • pratiquez un dépistage du virus Zyka, par prise de sang, quatre semaines après votre retour ;
  • à votre retour de voyage, reportez votre projet de grossesse jusqu'à ce que vous soyez sûre que votre partenaire n'est pas infecté.

Présence du moustique Tigre en France métropolitaine

Le moustique Tigre (Aedes albopictus) est présent en France métropolitaine depuis 2004. À partir de cette date, cet insecte s’est développé de manière significative d'abord dans les départements du Sud de la France.

Début 2024, 78 départements sont colonisés par le moustique vecteur Aedes albopictus (sur les 96 départements métropolitains).

Ce phénomène expose au risque de transmission autochtone (locale) des virus Zika, du chikungunya et de la dengue.

Consultez la la page Cartes de présence du moustique tigre (Aedes albopictus) en France métropolitaine sur le site du Ministère de la Santé et de la Prévention.

La fièvre jaune

La fièvre jaune est un maladie hémorragique aiguë, due au virus amaril. Celui-ci circule via des moustiques Aedes et Haemogogus infectés qui le transmettent aux singes et à l’homme. Les régions endémiques sont situées en Afrique et en Amérique latine. Dans le monde, environ 900 millions de personnes sont exposées en permanence au risque de fièvre jaune.

La période d’ de la fièvre jaune est de 3 à 6 jours. Elle est suivie par l’apparition de symptômes :

L’état de la plupart des patients s’améliore ensuite, les signes disparaissant en 3 à 4 jours.

Toutefois, chez 15 % des malades, la guérison n’est qu’apparente, et une deuxième phase plus sévère apparaît 24 heures plus tard. Le patient présente alors rapidement :

  • une fièvre élevée ;
  • une jaunisse (ou "ictère") ;
  • des douleurs abdominales, accompagnées de vomissements parfois sanglants, avec risque de déshydratation ;
  • des saignements au niveau de la bouche, du nez, des yeux ;
  • une détérioration du fonctionnement des reins.

Pour les malades présentant cette phase, dite toxique de la fièvre jaune, il existe un risque de décès.

Pour confirmer la présence de la fièvre jaune, des tests sanguins sont réalisés. Ils permettent de détecter les anticorps antiamarils, produits en réponse à l’infection.

Il n’existe pas encore de médicament spécifique contre cette infection. Le traitement prescrit aide à lutter contre la déshydratation et la fièvre.

La prévention repose sur la protection contre les moustiques et par la vaccination.

L’encéphalite japonaise

L' japonaise est provoquée par un virus transmis via des moustiques du genre Culex qui piquent surtout la nuit. Présente en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique occidental, elle touche principalement les enfants. La plupart des adultes des pays d’ sont naturellement immunisés, après avoir été en contact avec l’infection dans leur jeune âge.

La plupart des infections par le virus de l’ japonaise sont bénignes (sans symptômes apparents, ou avec de la fièvre et des céphalées). Toutefois, dans environ 1 cas sur 250, la maladie est très sévère, avec l’apparition brutale de signes neurologiques suivants :

  • raideur de la nuque ;
  • désorientation ;
  • convulsions ;
  • paralysies pouvant entraîner le décès.

Des séquelles neurologiques ou psychiatriques sont également possibles.

Pour confirmer l' japonaise et exclure d’autres causes d’, des analyses biologiques sont réalisées, de préférence, sur le obtenu par ponction lombaire, ou sur le sérum sanguin.

Il n’y a pas de traitement antiviral particulier à cette maladie. Les médicaments prescrits soulagent les symptômes du patient et stabilisent son état.

La prévention repose sur la protection contre les moustiques et par la vaccination.

La fièvre du Nil occidental (virus West Nile)

Le virus du Nil occidental  (West Nile Virus) peut causer une maladie neurologique chez l’homme. L’infection résulte le plus souvent de piqûres de moustiques infectés du genre Culex qui piquent surtout la nuit. Ces moustiques se contaminent en piquant des oiseaux infectés. Ensuite, ils piquent des êtres humains ou d’autres animaux (cheval ou autres mammifères), et peuvent leur inoculer le virus.

Ces insectes se trouvent couramment en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient, en Amérique du Nord, au Canada, au Venezuela et en Asie occidentale. Certaines espèces de moustiques présentes en France peuvent également être vectrices du virus West Nile (du Nil occidental).

Le virus West Nile est régulièrement détecté dans le pourtour méditerranéen français. Des cas ont été signalés pour la première fois en Allemagne en 2019 et aux Pays Bas en 2020.

La durée d’ de la fièvre du Nil occidental varie en général de 3 à 14 jours. L’infection est asymptomatique chez environ 80 % des personnes touchées. Chez les autres, elle occasionne divers symptômes :

Une forme neurologique sévère de la maladie peut aussi survenir à tout âge. Les plus de 50 ans et certaines personnes immunodéprimées sont davantage exposées à ce risque. Cette affection cause chez les patients atteints :

  • des céphalées ;
  • une forte fièvre ;
  • une raideur de la nuque ;
  • une désorientation et/ou des troubles de la conscience, des tremblements et/ou des convulsions ;
  • une faiblesse musculaire ;
  • une paralysie.

On identifie le virus du Nil occidental en l’isolant dans le sang, ou à l’aide de dosages sérologiques. Comme pour les autres infections virales transmises par les moustiques, le traitement est symptomatique.

La prévention repose sur la protection contre les moustiques.

  • Recommandations sanitaires pour les voyageurs. Publication du 26 mai 2023. Site internet : Haut Conseil de la santé publique ; 2023 [consulté le 19 juin 2024]
  • Ministère du Travail, de la santé et des solidarités. Moustiques vecteurs de maladie. Site internet : Ministère du Travail, de la santé et des solidarités. Paris ; 2024 [consulté le 19 juin 2024]
  • Santé publique France. Maladies à transmission vectorielle. Site internet : Santé publique France. Saint-Maurice (France) ; 2024 [consulté le 19 juin 2024]
  • Organisation mondiale de la Santé (OMS). Maladies à transmission vectorielle. Site internet : OMS. Genève (Suisse) ; 2020 [consulté le 19 juin 2024]
  • Santé publique France. Chikungunya, dengue, zika : chiffres 2024. Site internet : Santé publique France. Saint-Maurice (France) ; 2024 [consulté le 19 juin 2024]
  • DGS-Urgent N° 2024_06. Recrudescence de cas de dengue importés en Métropole et préparation de la saison estivale.
Cet article vous a-t-il été utile ?
Pourquoi cet article ne vous a pas été utile ?
Le champ avec astérisque (*) est obligatoire.