Pilosité de la femme : ce qui est normal, ce qui l’est moins
Publié dans : Pilosité excessive chez la femme
08 décembre 2023
Parmi les anomalies de pilosité survenant chez la femme, on distingue le léger excès de pilosité naturelle du développement anormal ou hirsutisme. À un stade ultérieur, l'hirsutisme peut s'accompagner de signes de masculinisation : c'est le virilisme.
La surface de la peau, à l'exception des paumes de mains et des plantes de pieds, est recouverte de poils. Dans certaines zones du corps, ils sont très fins voire transparents et dans d'autres, ils sont très gros. Leur couleur variable est due à la présence plus ou moins importante de pigment sécrété par les .
Leur répartition est soumise aux variations de sécrétion d'hormones sexuelles. Elle est donc différente chez l'homme et la femme.
Les poils jouent un rôle important dans le réchauffement du corps. En effet, un muscle minuscule est fixé à la base de chaque poil. La contraction de l'ensemble de ces muscles en cas de refroidissement dégage une chaleur capable de faire monter un peu la température du corps. C'est le phénomène de « chair de poule » (les poils se dressent et la peau est couverte de petites bosses).
À chaque poil est accolée une glande sébacée : c'est le follicule pilo-sébacé. Cette glande sécrète le qui s’écoule par les pores de la peau qu’il recouvre pour la protéger. Une production excessive de anormalement épais peut être responsable d'acné.
La couche profonde de la peau contient également les qui sécrètent la sueur : c'est la transpiration.
À la naissance, la fillette possède la même capacité que le garçon à développer une pilosité. Les différences apparaissent plus tard sous l'action d’hormones androgènes (hormones mâles, essentiellement la ) sur les follicules pileux (cavité dans laquelle le poil prend sa naissance).
Les poils avant la puberté
Avant la puberté, la fillette est porteuse de sa pilosité constitutionnelle (de base) formée de cheveux, cils, sourcils, poils des membres.
Les poils à la puberté
Le taux d’hormones androgènes augmente à la puberté, ce qui permet de développer la pilosité commune aux deux sexes (aisselles, pubis).
Ce taux reste toutefois 20 fois moins important chez la femme que chez l’homme. Il est donc insuffisant pour faire apparaître la pilosité dans les zones pileuses masculines (visage, torse, épaules, bas du dos, cuisses, etc.)
Chez les femmes prédisposées génétiquement, un duvet peut toutefois apparaître dans certaines de ces zones masculines (joues et lèvre supérieure des femmes méditerranéennes par exemple), ce qui n’a rien d’anormal.
Les poils après la ménopause
Après la ménopause, la production d’androgènes est très variable d’une femme à l’autre. La sensibilité aux androgènes de certaines régions du corps peut augmenter et entraîner une hyperpilosité localisée.
Variations hormonales et pilosité
La présence de poils autour du nombril, des mamelons et vers l'intérieur des cuisses est courante chez les femmes lors des variations hormonales (puberté, changement de pilule, etc.)
C'est également le cas des poils de type masculin (par exemple sur la lèvre supérieure) qui se révèlent à la ménopause, sans que cela ne soit inquiétant.
La simple pilosité abondante se différencie de l'hyperpilosité par la nature des poils et l'endroit où ils se trouvent.
Bien que le terme d’hyperpilosité soit utilisé pour qualifier l’ensemble des problèmes pileux, on distingue plusieurs types de manifestations.
L'hypertrichose simple (ou pilosité abondante)
C'est un développement excessif de poils, le plus souvent de duvet, dans les régions déjà normalement pileuses chez la femme.
Elle n’est donc pas liée à un dérèglement hormonal ou à une maladie. Elle peut être due cependant à des prises médicamenteuses (corticoïdes ou cyclosporine par exemple) ou être présente lors d'un surpoids chez l'adulte, comme chez l'enfant.
L'hirsutisme
L'hirsutisme est l'apparition d'une pilosité dans des zones dites masculines, normalement glabres (dépourvues de poils) chez la femme (visage, poitrine, dos, fesses, face antérieure des cuisses, etc.)
Cette pilosité est composée de poils épais et drus.
Elle est généralement due à une production excessive d’hormones mâles (les androgènes comme la ) par les ou les , ou à une sensibilité augmentée de la peau à des taux normaux d'androgènes.
L'évaluation clinique de l'hirsutisme est subjective. Elle est généralement quantifiée par un score (dit de Ferriman et Gallwey).
À un stade ultérieur, lorsque l'hirsutisme devient important et s'accompagne de signes de virilisation au point d'évoquer la pilosité masculine, on parle de virilisme pilaire. Il est associé à un ou plusieurs autres signes plus marqués de masculinisation de l'organisme féminin dus à une sécrétion anormalement élevée d'androgènes :
- développement de la musculature ;
- gravité de la voix ;
- acné et sécrétion séborrhéique excessive ;
- alopécie (chute de cheveux) des golfes temporaux (tempes) ;
- (développement excessif) du clitoris ;
- mammaire (développement insuffisant de la poitrine) ;
- modification éventuelle du comportement psychosexuel ;
- troubles de l', etc.
Hirsutisme et virilisme sont liés le plus souvent à une sécrétion trop élevée d’androgènes par les ou les , dont il faudra rechercher l’origine. Certains médicaments peuvent être en cause. Fréquemment, aucune origine à l'hirsutisme n'est trouvée.
Les causes d'hirsutisme ou de virilisme d'origine ovarienne
Le plus souvent un syndrome des polykystiques
La cause la plus fréquente d'hirsutisme d'origine ovarienne est le syndrome des ovaires polykystiques. Il s’agit d’un trouble hormonal touchant plus de 5 % des femmes en âge de procréer, et causant différents symptômes :
- à l'échographie, présence de nombreux petits follicules, au nombre de 20 au moins et de diamètre inférieur à 9 mm et/ou présence d'un volume ovarien important, sans kyste ni follicule dominant ;
- une et règles rares ou absentes (aménorrhée), responsable d'une infertilité dans 20 à 74 % des cas ;
- un taux élevé de certains androgènes (hormones mâles) responsables de pilosité excessive et autres symptômes d'hyperandrogénie (acné, peau grasse, etc.).
Rarement, une tumeur virilisante de l'ovaire
Les tumeurs ovariennes virilisantes (car sécrétant des androgènes) très rares. Elles se révèlent par un hirsutisme avec une virilisation souvent importante, associé à une aménorrhée, d’apparition récente. L’androgène sécrété préférentiellement est la .
Les causes d'hirsutisme ou de virilisme d'origine surrénalienne
L' de révélation tardive
Cette maladie génétique héréditaire est caractérisée par un déficit enzymatique. Les sécrètent trop d'androgènes, alors que le cortisol et fréquemment l'aldostérone sont insuffisamment produits.
Le diagnostic peut être évoqué à la naissance devant une anomalie des organes génitaux (ambiguïté entre les organes génitaux féminins et masculins et il est confirmé grâce au dépistage néonatal.
Mais, lorsque les déficits enzymatiques sont partiels, la maladie peut être à révélation tardive :
- avant la puberté, par l'apparition d'une pilosité du pubis dès l'âge de 8 ans ;
- après la puberté, par une pilosité excessive (hirsutisme), des troubles des règles et/ou une infertilité.
Les tumeurs virilisantes des
Ces tumeurs sont très rares et sont révélées par la présence d'un hirsutisme et d'un syndrome de
virilisation d’apparition rapide.
Les causes médicamenteuses de l'hirsutisme
Certains traitements comme le danazol (pouvant être utilisé dans le traitement de l'endométriose) ou d'autres médicaments comme les stéroïdes anabolisants peuvent être en cause.
L'hirsutisme dont aucune cause n'est trouvée : le cas le plus fréquent
Il s'agit souvent d'un hirsutisme ancien, plus souvent retrouvé chez les femmes d'origine méditerranéenne. Le bilan hormonal et ovarien est normal. Cet excès de poils serait dû à une hypersensibilité de la peau aux androgènes produits à un taux normal par l'organisme.
Trop de poils : les causes les plus fréquentes
Le plus souvent, aucune cause n'est trouvée à une pilosité abondante et à un hirsutisme. Cela suppose d'avoir éliminé diverses maladies et en particulier le syndrome des polykystiques fréquent chez les femmes jeunes.
- Liu K, Motan T, Claman P. Hirsutisme : évaluation et traitement. JOGC. 2017;39(11):1069–1084
- Bachelot A. Hirsutisme : diagnostic et conduite pratique. Traité de médecine AKOS. Elsevier Masson, 2017;20(3):1-7
- Pilosité excessive chez les femmes : Différencier hypertrichose et hirsutisme. Rev Prescrire. 2006;26(269):116-122
- Haute Autorité de santé (HAS) par déficit en 21-hydroxylase Guide médecin-ALD. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2011 [consulté le 29 novembre 2023]
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