Quels sont les risques du piercing ?
Publié dans : Piercing
05 mars 2024
Le plus souvent, les piercings sont sans danger. Le respect des règles de réalisation et des soins apportés après le piercing garantissent une bonne évolution du piercing. Cependant, des complications peuvent survenir. Le point sur les complications possibles selon la zone percée.
Les complications infectieuses du piercing
Les principales complications sont infectieuses. Il peut s’agir :
- d’une infection par inoculation d’un germe lors du geste de piercing (matériel ou désinfectant contaminé), survenant si les règles de réalisation du piercing ne sont pas respectées ;
- d’une contamination secondaire par erreur lors des soins locaux, par fréquentation trop précoce (en phase de cicatrisation) des piscines ou par manipulation intempestive de l’objet.
L’infection est le plus souvent due à une bactérie. Généralement, la bactérie en cause est un doré, un ou un pseudomonas (impliqué notamment dans les infections du pavillon de l’oreille).
La gravité de ces infections tient dans la dissémination du germe dans le sang et les tissus avoisinants avec des risques :
- d’infection de l’os (ostéomyélite) ;
- d’infection de la paroi interne du cœur (endocardite), plus fréquente en cas de piercing de la langue ;
- d’atteinte des reins ;
- des tissus cutanés (érysipèle) ;
- des tissus plus en profondeur comme une mastite (infection du sein)…
Les infections virales après piercing sont plus rares. Les hépatites virales (hépatite B, mais aussi hépatite C et hépatite D) ont été identifiées dans le cadre de la pratique du piercing. La transmission survient lors du geste si le matériel utilisé est contaminé, mal nettoyé et/ou mal stérilisé. En revanche, l’infection par le VIH est moins évidente et il n’existe à ce jour qu’un cas de contamination par piercing considéré comme plausible.
Afin de se prémunir d’une éventuelle infection virale, il est conseillé de vous faire vacciner contre l’hépatite B avant de vous faire percer.
Les complications non infectieuses du piercing
Les complications non infectieuses peuvent être :
- une douleur due au geste du perceur. Elle est variable selon les individus et la zone anatomique. Dans certains cas, il est possible de faire un malaise vagal ;
- des saignements au moment du piercing ;
- un hématome autour de la zone percée ;
- une réaction allergique de contact ou irritatives, par exemple au désinfectant utilisé ou au nickel ;
- des eczémas de contact dus à l’un des constituants de l’objet utilisé pour le piercing ;
- de façon plus retardée, une cicatrice hypertrophique ou une cicatrice chéloïde (lire l’encadré « Qu’est-ce qu’une cicatrice hypertrophique et chéloïde ? »).
Les cicatrices hypertrophiques apparaissent dans les semaines qui suivent la cicatrisation. Elles restent localisées aux limites de la plaie initiale et peuvent partiellement régresser dans les 18 premiers mois suivant la pose du piercing.
Les cicatrices chéloïdes apparaissent plus tard. Elles débordent la cicatrice sans possibilité de régression spontanée. On les observe essentiellement au niveau du tronc (torse) mais aussi sur le cou et aux oreilles (lobes, sillons pré et rétro-auriculaires). Elles sont plus fréquentes chez les patients à la peau foncée ou qui ont des antécédents de cicatrices hypertrophiques.
En savoir plus sur la cicatrisation de la peau, les conseils et les traitements.
Piercing et examens de radiologie : risques et précautions à prendre
Piercing et examens radiologiques utilisant les rayons X
Le piercing est radio-opaque (c’est-à-dire qu’il est visible à la radiographie en raison de sa résistance à la pénétration des rayons X) et peut entraîner des artéfacts radiologiques – une modification artificielle de l'image -, lors de la réalisation d’une radiographie, d’un scanner ou d’une scintigraphie, pouvant gêner l’interprétation.
Piercing et imagerie par résonance magnétique (IRM)
Les piercings peuvent contenir des métaux supraconducteurs pouvant entraîner de légères brûlures lors de l'examen IRM.
Il est donc vivement conseillé d'enlever les piercings avant tout examen de radiologie.
Piercing du lobe et du cartilage de l’oreille
Le pavillon de l’oreille est peu vascularisé et par conséquent cicatrise difficilement après un piercing. Le risque infectieux est donc augmenté. Ce risque est encore plus grand si le piercing est réalisé au pistolet dont l’utilisation entraîne des lésions du cartilage.
Les complications se caractérisent par une infection du tissu couvrant le cartilage du pavillon de l'oreille (périchondrite), voire une infection du cartilage (chondrite) : le pavillon de l’oreille devient chaud, enflé et douloureux avec abcès et déformation séquellaire en « chou-fleur » du pavillon. Les symptômes peuvent être retardés dans les 2 à 4 semaines après la pose du piercing.
Les autres complications peuvent être :
- un enchâssement du piercing dans les tissus avec impossibilité de retrait ;
- des déchirures traumatiques du lobe sont possibles (lobe bifide coupé en 2) ;
- des cicatrices chéloïdes (lire l’encadré « Qu’est-ce qu’une cicatrice hypertrophique ou chéloïde ? »).
Piercing du nez
Le piercing du nez peut être inhalé ou dégluti par maladresse. Dans les cas de piercing des ailes du nez, les complications sont similaires à celles de l’oreille. Il s’agit essentiellement d’un risque d’infection. Lorsque le piercing est posé au niveau de la cloison nasale alors que le bijou devrait être posé dans la partie molle située en dessous du cartilage de la cloison, les risques de complication sont :
- une infection ;
- une perforation de la cloison nasale (perforation septale) ou sa destruction ;
- une hémorragie.
Piercing sur la langue, les lèvres et les joues
Les piercings sont le plus souvent placés sur la langue, en position médiane, en avant du frein de la langue, mais ils peuvent être placés sur les lèvres ou sur les joues, voire plus rarement sur la (uvule).
Voilà les complications aiguës possibles :
- un œdème de langue important et transitoire (la langue est enflée), une sensibilité de la langue, une ulcération avec écoulement (ces complications peuvent être responsables de difficultés à parler et à s’alimenter en cas de piercing de langue) ;
- une infection ;
- un hématome ou un saignement prolongé ;
- un retard de cicatrisation en cas de piercing de lèvres ;
- une inhalation ou déglutition du bijou.
Voilà les complications chroniques possibles :
- une érosion de l’émail des dents, douleurs dentaires, fêlures et fractures dentaires dues à l’interposition du piercing entre la langue et les dents. Ce phénomène peut être volontaire (la personne « joue » avec le bijou en le faisant passer sur les dents) ou non (le piercing traumatise les dents lors de l’alimentation ou la parole) ;
- une gingivite plutôt en cas de piercing de lèvres. Le déchaussement gingival est fréquent et la taille ainsi que le poids du bijou jouent un rôle important. Le risque est accru si le bijou est grand et lourd. La tension induite par le piercing sur la gencive est à l’origine de récessions gingivales (les gencives se rétractent), mais aussi de pertes osseuses, pouvant nécessiter l’extraction des incisives chez de jeunes adultes. Ces complications sont d’autant plus fréquentes que le piercing est ancien (plus de 2 ans) ;
- une augmentation de la salivation en raison de la présence du corps étranger et mauvaise haleine. Une hygiène rigoureuse de la bouche et un contrôle régulier chez le dentiste sont donc préconisés lors de port de piercings oraux et péri-oraux ;
- une perforation et déchirure tissulaire, en particulier au niveau de la langue (langue bifide séparée en 2…) ;
- une gêne permanente à la mastication et à la déglutition, à l’élocution (zozotement) ;
- un trouble du sens du goût, avec l’apparition d’un goût métallique (dysgueusie) ;
- un enchâssement du piercing dans la ;
- une rupture du piercing.
Les médecins anesthésistes notent systématiquement la présence de piercings lors de la consultation préopératoire. Les piercings oraux et nasaux sont retirés avant toute anesthésie, même régionale – dans l’hypothèse où une anesthésie générale en urgence serait nécessaire – pour minimiser le risque d’inhalation du piercing, de saignements...
Piercing des mamelons
Voilà les complications possibles liées à un piercing au mamelon :
- des suintements du mamelon, conséquence d’un retard de cicatrisation du piercing favorisé par les frottements fréquents ;
- une infection de la zone percée, infection de la glande mammaire (mastite infectieuse) ou d'une prothèse mammaire ;
- un élargissement du mamelon ;
- un écoulement de lait par les mamelons probablement liés à la stimulation du mamelon par manipulation de l’objet et du mamelon (hyperprolactinémie).
Le piercing est à éviter au cours de la grossesse. En cas d’allaitement du nourrisson, le piercing en métal des mamelons est à retirer avant chaque allaitement et la zone percée est nettoyée. En effet, le nouveau-né peut se blesser avec le piercing pendant la tétée ou l’inhaler. Par ailleurs, lors de l’allaitement, du lait peut s’échapper par l’orifice du piercing.
Piercings génitaux
Chez la femme, les piercings génitaux peuvent perturber la contraception barrière mécanique (préservatif, diaphragme).
Chez l’homme, de nombreuses complications ont été rapportées selon le type de piercing posé :
- une irritation du pénis par friction ;
- un prépuce rétracté (paraphimosis) ;
- la persistance involontaire d’une érection (priapisme) ;
- une infection des organes génitaux (urétrite, etc. ;
- une rupture ou un rétrécissement de l’orifice de l’.
Plus rarement, une perte du piercing après un rapport sexuel ou un traumatisme des voies génitales du partenaire (saignement post-coïtal…) peuvent également survenir.
Piercing du nombril (ombilic)
Même en cas de technique adéquate, des complications immédiates et tardives sont observées :
- une infection ;
- des saignements ;
- une allergie de contact aux matériaux et aux antiseptiques ;
- une cicatrice inesthétique ;
- une tumeur vasculaire, inflammatoire, bénigne, d'évolution chronique saignant très facilement, indolore, succédant à une plaie (botriomycome) impliquant le retrait du piercing ;
- chez les personnes en surpoids ou au cours d’une grossesse, il est possible d’assister à un emprisonnement du piercing dans les tissus.
Certaines personnes sont plus exposées aux complications d’où l’importance de parler à votre médecin traitant de votre désir de procéder à la pose d’un piercing.
Les personnes les plus exposées aux complications sont celles qui souffrent de :
- diabète de type 1 ou de diabète de type 2 ;
- (suite à une maladie ou un traitement) ;
- troubles de coagulation (dus à une maladie ou à la prise d'un traitement anticoagulant) ;
- maladies des en raison du risque d'endocardite ;
- allergie en particulier aux métaux et matériaux utilisés ;
- maladie de la peau (dermatite atopique, eczéma de contact, psoriasis, dermatite séborrhéique, etc.) ;
- grossesse, allaitement et port de prothèses mammaires pour le piercing des mamelons.
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