Perturbateurs endocriniens : quels sont les effets fortement suspectés sur la santé ?

Publié dans : Perturbateurs endocriniens et santé

Les recherches se poursuivent pour établir les liens entre exposition aux perturbateurs endocriniens et maladies. Leur rôle est fortement suspecté dans le système reproducteur, les troubles du neurodéveloppement de l’enfant, certains cancers hormonodépendants et maladies chroniques.

Les troubles ou les maladies associées aux perturbateurs endocriniens ont de multiples causes et il est difficile d’établir la part exacte qui leur est attribuable.

Les maladies répertoriées ci-dessous ont une origine multifactorielle (génétique, mode de vie, etc.) et la contribution des perturbateurs endocriniens dans leur apparition est difficile à quantifier, même si leurs effets sur la santé sont fortement suspectés. 

L’identification d’un lien de cause à effet entre l’exposition à un perturbateur endocrinien et la survenue de problèmes de santé est complexe à établir car chaque individu est exposé à de nombreuses substances à des doses et à des âges différents de la vie.

Pour la santé humaine, la toxicité des perturbateurs endocriniens dépend :

  • du moment de l’exposition : la sensibilité aux produits chimiques est plus élevée pendant la vie intra-utérine, la petite enfance et l’adolescence, grandes périodes de développement ;
  • de l’état de santé (maladies associées) et des prédispositions génétiques de chaque individu ;
  • de la voie d’exposition (cutanée, respiratoire, par ingestion…) ;
  • du nombre de produits auxquels l’individu est exposé. Les perturbateurs endocriniens peuvent potentiellement devenir plus nocifs s’ils sont mélangés : c’est l’effet « cocktail » mais parfois, au contraire, leurs effets peuvent s’opposer ;
  • de la relation dose/effet non linéaire : dans certaines conditions, l’exposition à une faible dose d’une substance peut avoir un effet supérieur à une exposition à des doses plus fortes.

Cette toxicité a des effets à plus ou moins long terme : les troubles liés à l’action de perturbateurs endocriniens peuvent apparaître immédiatement ou de façon retardée, plusieurs mois, voire plusieurs années, après l’exposition. Ils peuvent même toucher la descendance
 

Troubles du système reproducteur 

La sensibilité aux perturbateurs endocriniens peut varier selon les périodes de la vie. C’est notamment le cas lors d’une exposition pendant la grossesse et/ou la petite enfance, l’individu exposé présentant une sensibilité accrue à certaines de ces substances. La puberté est également une période sensible au cours de laquelle un dérèglement hormonal peut altérer de manière irréversible certaines fonctions de l’organisme.

Le rôle des perturbateurs endocrinien est suspecté dans :

  • la baisse de la fertilité avec une altération de la qualité du sperme ;
  • le développement d’une endométriose ou de fibromes de l’utérus chez la femme ;
  • des anomalies du déroulement de la grossesse avec des naissances prématurées ;
  • un abaissement de l’âge de la puberté, voire une puberté précoce ;
  • une augmentation de la fréquence des anomalies du développement des organes reproducteurs au cours de la grossesse : défaut de migration des testicules (cryptorchidie), anomalie d’abouchement de l’ au niveau de la verge (appelé hypospadias).

 

Grossesse et PFAS

Les per- et polyfluoroalkylées, ou PFAS, sont associés à des effets indésirables pour la mère et l’enfant. 

Plusieurs travaux suggèrent que l’exposition à ces substances augmente le risque de donner naissance à des bébés de petit poids ou de souffrir d’hypertension artérielle pendant la grossesse.
Le mécanisme de ces effets pourrait provenir d’une altération du qui assure les échanges sanguins entre mère et enfant. Une moins bonne perfusion du et une diminution des échanges entre la mère et le fœtus seraient responsables d’une baisse des apports en oxygène et en du fœtus.

Source : Inserm Les PFAS peuvent altérer la santé du pendant la grossesse. Communiqué de presse 2025

 

Troubles du neurodéveloppement de l’enfant

L’organisme est plus vulnérable pendant la période des 1 000 premiers jours de l’enfant (de la conception de l’enfant jusqu’à ses 2 ans). La vie in utero est une période cruciale dans le développement du fœtus.

La période de la grossesse (comme la puberté d’ailleurs) est une période durant laquelle le système hormonal est particulièrement actif. 

La femme enceinte est doublement concernée par le risque d’exposition aux perturbateurs endocriniens au titre de sa grossesse (risque de perturbations de son déroulement) et au titre  du développement fœtal de l’enfant.

La survenue de troubles du neurodéveloppement chez l’enfant d’une mère exposée aux perturbateurs endocriniens est fortement suspectée. Le neurodéveloppement de l’enfant recouvre l’ensemble des performances que l’enfant développe au fur et à mesure qu’il grandit grâce à son activité cérébrale et en interaction avec son environnement (famille, crèche, école…).

Les troubles du neurodéveloppement comportent :

  • les troubles du développement intellectuel avec limitation plus ou moins importante de la capacité à comprendre une information nouvelle ou complexe et à acquérir de nouvelles compétences ;
  • les troubles du langage oral comme la dysphasie : ils peuvent concerner la compréhension et/ou l’expression orale ;
  • les troubles de la coordination motrice (dyspraxie) avec des difficultés visibles dans l’acquisition et l’exécution des actions motrices entraînant lenteur, imprécision et maladresse. Elles peuvent également être associées à un trouble du graphisme (dysgraphie) ;
  • les troubles des apprentissages concernant la lecture et l'orthographe (dyslexie, dysorthographie) ou les mathématiques (dyscalculie) ;
  •  le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) avec difficultés de concentration, impulsivité et agitation ;
  • les troubles du spectre de l’autisme : ils entraînent des difficultés dans les interactions sociales, la communication et des comportements répétitifs ou des intérêts restreints ou envahissants ;
  • les tics (contractions convulsives, involontaires et répétitives de certains muscles, particulièrement du visage) et le syndrome de Gilles de la Tourette : maladie à composante génétique se traduisant par la survenue de tics brefs, intermittents se traduisant par des mouvements (tics moteurs) ou des vocalisations (tics sonores).

Cancers hormonodépendants 

Certaines substances sont connues pour leurs effets avérés ou suspectés dans l’apparition de cancers hormonodépendants (cancer du sein, endomètre de l’utérus, prostate, testicules, ). 

D’autres cancers (lymphome et ) seraient aussi plus fréquents.

Le cancer de la prostate reconnu comme maladie professionnelle après exposition à la chlordécone 

La chlordécone est un insecticide organochloré autrefois utilisé dans les bananeraies. Il contamine les sols, les eaux, et certains aliments d’origine végétale ou animale où il a été utilisé (notamment en Guadeloupe et en Martinique). Une étude a montré que l’exposition à la chlordécone était associée à un excès :

  • de risques de survenue d’une cancer de la prostate (la chlordécone a un rôle de promoteur tumoral) ;
  • de récidive de la maladie après traitement par prostatectomie radicale (la chlordécone favorise le développement et la progression tumorale).

Depuis le 22 décembre 2021, le cancer de la prostate lié à une surexposition à la chlordécone figure officiellement au tableau des maladies professionnelles.

 

Distilbène : première découverte d’un lien entre perturbateur endocrinien et cancer

Le diéthylstilbestrol (Distilbène®) a été prescrit dans les années 1950-1960 pour éviter les avortements spontanés. 
Il a été interdit en en France en 1977 suite à la découverte d’un lien dans les années 70 entre l’administration de Distilbène à des femmes enceintes et la survenue de cancers du vagin, du sein et de l’utérus chez les filles des mères traitées.

 

Troubles métaboliques, immunitaires et inflammatoires

Les perturbateurs endocriniens pourraient être impliqués dans la survenue de maladies chroniques :

 

Perturbateurs endocriniens et écosystème

Les perturbateurs endocriniens ont un impact sur la faune : changement de sexe de certaines populations de poissons, troubles du développement, etc. 

Ils perturbent également les écosystèmes et participent ainsi à l’érosion de la biodiversité.

 

  • Institut national de la santé et de la recherche médicale. Perturbateurs endocriniens. Des risques potentiels ou avérés pour la santé humaine Site internet : Inserm. Paris ; 2024 [consulté le 14 février 2025]
  • Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Les perturbateurs endocriniens, un défi scientifique. Site internet : Anses. Saint-Maurice (France) ; 2024 [consulté le 14 février 2025]
  • Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) Perturbateurs endocriniens. Ce qu’il faut retenir. Site internet : INRS. Paris ; 2021 [consulté le 14 février 2025]
  • Cancer et environnement. Centre Léon Bérard. Les perturbateurs endocriniens. Site internet :  cancer et environnement. Lyon (France) ; 2022 [consulté le 14 février 2025]
  • Institut national du Cancer. Les perturbateurs endocriniens. Site internet : Inca. Boulogne-Billancourt (France) ; 2024 [consulté le 14 février 2025]
  • Santé publique France. Quels sont les perturbateurs endocriniens ? Site internet : Santé publique France. Saint-Maurice (France) ; 2024 [consulté le 14 février 2025]
  • Arrêté du 28 septembre 2023 fixant la liste des substances présentant des propriétés de perturbation endocrinienne mentionnées aux I et II de l'article L. 5232-5 du code de la santé publique et les catégories de produits présentant un risque d'exposition particulier mentionnées au II de l'article L. 5232-5 du code de la santé publique
  • Institut National de Recherche et de Sécurité. De nouvelles règles d’étiquetage pour certains produits chimiques. Site internet : INRS. Paris ; 2023 [consulté le 14 février 2025]
  • Institut national de la santé et de la recherche en santé. Les PFAS peuvent altérer la santé du . Site internet : Inserm. Paris ; 2025 [consulté le 14 février 2025]
  • Ministère de l’aménagement du territoire et de la transition écologique Information des consommateurs sur la présence de perturbateurs endocriniens dans les produits : trois arrêtés ministériels précisent les modalités d’application de cette obligation. 2023
  • Institut national de la santé et de la recherche médicale. « L’effet cocktail » des perturbateurs endocriniens mieux compris. Site internet : Inserm. Paris ; 2021 [consulté le 14 février 2025]
Cet article vous a-t-il été utile ?
Pourquoi cet article ne vous a pas été utile ?