Mauvaise position des dents : définition et conséquences

Publié dans : Malpositions dentaires

Les malpositions dentaires, ou dysmorphoses dento-maxillo-faciales, surviennent suite à des décalages entre les arcades dentaires. Elles peuvent avoir des répercussions sur les fonctions orales (de la bouche) et sur la qualité de vie.

Des dents bien positionnées se présentent de manière harmonieuse au niveau des maxillaires supérieur et inférieur, et établissent de bons contacts entre elles. Bien alignées, elles se répartissent les forces permettant notamment la mastication et la déglutition.

Il y a malposition dentaire lorsque les dents ont une position anormale sur les arcades ou établissent de mauvais contacts entre elles.

Cela survient suite à des troubles dans la croissance des os de la face, ou suite à de mauvaises habitudes au cours de l’enfance (succion du pouce par exemple).

Les conséquences sont diverses :

  • certaines dents sont trop en avant ou trop en arrière ;
  • des dents peuvent se chevaucher ;
  • un espace (béance) peut s’installer entre les deux arcades dentaires lors de leur fermeture ;
  • l’éruption d’une dent peut être gênée par la présence d’une autre...

Les malpositions dentaires et les malformations des maxillaires ou des os de la face (visage) sont appelées dysmorphoses dento-maxillo-faciales. Celles-ci peuvent avoir des répercussions sur la qualité de vie et sont susceptibles d’entraîner des handicaps.

Elles occasionnent des désordres au niveau de :

  • la respiration ;
  • l’élocution (troubles articulatoires du langage oral) ;
  • la mastication et la déglutition des aliments, étapes importantes de la digestion ;
  • l’esthétique du sourire et l’harmonie du visage ;
  • le soutien des joues et des lèvres.

Certaines malpositions dentaires exposent les dents aux traumatismes ou peuvent favoriser l’apparition de caries et de maladies des gencives.

Le traitement de la dysmorphose dento-maxillo-faciale joue un rôle préventif sur la conservation d’un bon état bucco-dentaire.

Les maxillaires et l'os alvéolaire

Au niveau de la face, le squelette se divise en 2 parties :

  • la mâchoire supérieure, composée de 13 os, dont les 2 maxillaires supérieurs ;
  • la mâchoire inférieure, constituée par le maxillaire inférieur, ou mandibule.

Les maxillaires supérieurs

Situés au niveau de la partie centrale de la face, ils s’articulent :

  • entre eux, par l’intermédiaire de sutures, formant l’arcade dentaire supérieure et le palais osseux ;
  • avec l’ensemble des os de la face. Chaque maxillaire supérieur est creusé d'une cavité appelée sinus maxillaire, communiquant avec les fosses nasales.
Schéma représentant les différentes sutures des maxillaires supérieurs (cf. description détaillée ci-après)

Les maxillaires supérieurs constituent la partie supérieure de la mâchoire. Ils sont articulés entre eux par l’intermédiaire de cinq sutures.

La suture incisivo-canine a la forme d’un W. Partant d’entre la canine et la première molaire, elle descend le long du palet, remonte derrière les deux incisives avant, puis redescend le long du palet, pour se terminer entre la canine et la première molaire. Elle sert de délimitation entre la suture inter-incisive et la suture intermaxillaire.

La suture inter-incisive est une suture verticale, séparant le maxillaire supérieur en deux. Son point de départ se situe entre les deux incisives avant, et elle se termine au point d’intersection avec la suture incisivo-canine. Elle se poursuit en la suture intermaxillaire.

La suture intermaxillaire est une suture verticale, séparant le maxillaire supérieur en deux. Elle est le prolongement de la suture inter-incisive. Elle est située entre la suture incisivo-canine et la suture maxillo-palatine. Elle se poursuit en la suture inter-palatine.

La suture maxillo-palatine a la forme d’un pont. Elle est située au fond de la bouche, à l’extrémité du maxillaire supérieur. Elle sert de délimitation entre la suture intermaxillaire et la suture inter-palatine.

La suture inter-palatine est une suture verticale, séparant le maxillaire supérieur en deux. Elle est le prolongement de la suture intermaxillaire. Elle est située entre la suture maxillo-palatine et le fond de la mâchoire.

 

Le maxillaire inférieur ou mandibule

Il forme à lui seul la mâchoire inférieure. C’est le seul os mobile de la face.

Il présente un corps en forme de fer à cheval, sur lequel repose l’arcade dentaire inférieure. Il se termine par 2 branches montantes, dont les extrémités s’articulent de chaque côté avec l’os temporal (articulations temporo-mandibulaires).

L’articulation de la mandibule avec les maxillaires supérieurs permet aux dents des arcades supérieure et inférieure d’entrer en contact. Elles forment ainsi, dent par dent, les contacts occlusaux (contact de chaque dent avec son opposée).

L'

Les maxillaires et la mandibule sont creusés d’alvéoles (c'est l'), où sont implantées les dents.

L’ est à la fois :

  • le principal tissu de soutien des dents avec le ligament alvéolo-dentaire (ou desmodonte) qui fixe les dents dans les alvéoles ;
  • l’une des composantes du parodonte.

Il se forme et se développe autour des germes dentaires (ébauche embryonnaire de la dent). Si certains de ces derniers sont absents (agénésie dentaire), l' ne se forme pas à l’endroit où auraient dû pousser les dents.

La croissance et la maturation osseuse des os de la face

La croissance de la face atteint 80 % de sa taille définitive à l’âge de 5 ans. Ceci laisse subsister un potentiel de croissance jusqu’à l’âge adulte.

Suspendus à la base du crâne, les 2 maxillaires supérieurs entrent dans la constitution des parois de la fosse nasale (os du nez), des cavités orbitaires (des yeux) et de la cavité buccale (de la bouche).

La croissance des maxillaires supérieurs se fait :

  • En hauteur. Le développement des globes oculaires et la formation de l’ lors de la poussée dentaire augmentent leur dimension dans le sens vertical.
  • En largeur. L’utilisation de la langue élargit les maxillaires et ce, lors de la succion, la déglutition, la mastication, l’évolution de la parole et de la respiration, permettant le développement des fosses nasales.
  • En longueur. L’adaptation des sutures du palais et l’abaissement de la langue permettent leur allongement.

La croissance de la mandibule est essentiellement due à l’activité musculaire des muscles du cou et de la face, au travers notamment des phénomènes de succion et de la mastication.

La dentition de l'enfant et de l'adulte

La dentition évolue au fil de la croissance de l’enfant. La dentition temporaire (dents de lait) est remplacée dans le temps par celle qui est permanente, avec une période durant laquelle les 2 dentitions cohabitent.

Selon la fonction qu'elles exercent et leur emplacement dans les maxillaires, les dents ont une forme différente.

On distingue 4 classes de dents :

  • les incisives ;
  • les canines ;
  • les prémolaires ;
  • les molaires.

La dentition de l’enfant est temporaire. Elle est composée de 20 dents de lait, apparaît vers l'âge de 6 mois et achève sa mise en place vers 24 mois. Elle est composée, pour chaque mâchoire, de 4 incisives, 2 canines et 4 molaires.

La dentition temporaire est suivie entre 6 et 11-12 ans d’une dentition mixte, dans laquelle cohabitent des dents temporaires et des dents permanentes au sein des arcades dentaires.

Le phénomène de dentition amenant à la denture permanente s’étend sur une vingtaine d’années.

La dentition permanente est composée de 32 dents. L'éruption commence vers l'âge de 6 ans, avec la poussée de la 1ère molaire. Les dents permanentes remplacent progressivement les dents de lait jusqu'à l'âge de 12 ans environ, sauf les molaires permanentes qui poussent en arrière de la dentition temporaire, sans remplacer de dents de lait.

Par arcade dentaire, la dentition permanente est composée de 4 incisives, 2 canines, 4 prémolaires et 4 molaires, auxquelles s'ajoutent de façon inconstante, entre 17 et 21 ans, 2 molaires appelées 3èmes molaires ou « dents de sagesse ».

Comment se fait l’occlusion dentaire ou articulé dentaire au cours de la croissance ?

Au cours de la croissance des arcades dentaires, des espaces (diastèmes) apparaissent entre les dents temporaires. Ils permettent aux dents permanentes, plus volumineuses, de trouver leur place.

Au fur et à mesure de leur éruption, les dents entrent en contact, d’une part avec les dents voisines sur la même arcade, et d’autre part, avec les dents antagonistes sur l’arcade opposée. Le positionnement de toutes les dents à la fin de leur éruption définit l’articulé dentaire, ou occlusion dentaire.

L’articulé dentaire sans anomalies répond à certains critères :

  • alignement des points médian supérieur et inférieur entre les incisives ;
  • recouvrement partiel des incisives inférieures par les incisives supérieures ;
  • positionnement des 1ères molaires supérieures légèrement en arrière des premières molaires inférieures ;
  • positionnement des canines supérieures entre les canines et les 1ères prémolaires inférieures.

L’arcade dentaire inférieure est totalement inscrite à l’intérieur de l’arcade supérieure.

Aux différents stades de la croissance, des anomalies dans le positionnement des dents sur les arcades ou dans les rapports entre les 2 arcades peuvent apparaître. Ces malpositions peuvent avoir une ou plusieurs conséquences. Elles nécessitent un traitement d’orthopédie dento-faciale (ODF) ou d’orthodontie, si elles entrainent un handicap.

À quel moment réaliser un dépistage orthodontique ?

Le dépistage orthodontique peut être réalisé dès l’âge de 6 ans et renouvelé à la pré-adolescence. Il permet de prendre en compte les évolutions liées à la croissance de l’enfant, ainsi que l’apparition d’anomalies.

  • Haute Autorité de santé (HAS). Recommandations pour la pratique clinique - Indications de l’orthopédie dento-faciale et dento-maxillo-faciale chez l’enfant et l’adolescent. Site internet: HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2002 [consulté le 22 février 2023]
  • Haute Autorité de santé (HAS). Evaluation des actes professionnels - Bilan de dento-maxillo-faciale. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2006 [consulté le 22 février 2023]
  • Haroun A. Recommandations de la HAS pour la pratique clinique : Les critères d'aboutissement du traitement d'orthopédie dento-faciale. Bulletin de l’Union Nationale pour l’Intérêt de l’Orthopédie Dento-Faciale 2007;33:22-31
  • Collège hospitalo-universitaire français de Chirurgie maxillo_faciale et de chirurgie orale. Suivi d'un nourrisson, d'un enfant et d'un adolescent normal. Dépistage des anomalies orthopédiques, des troubles visuels, auditifs et dentaires. ECN 2021. 5ème édition Elsevier Masson
  • Société française d’orthopédie dento-faciale (SFODF). Orthodontie : fiches pratiques. Site internet : SFODF. Paris ; 2023 [consulté le 22 février 2023]
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