Dépistage, symptômes, diagnostic et évolution de la maladie rénale chronique
Maladie rénale chronique : découverte fortuite, dépistage et symptômes
La maladie rénale chronique est longtemps silencieuse. Il n'est donc pas rare qu'elle soit découverte par hasard, lors d’un bilan sanguin réalisé pour une autre raison.
En revanche, si la personne présente un ou plusieurs facteurs de risque de développer une maladie rénale (en particulier un diabète et/ou une hypertension artérielle), celle-ci peut être détectée précocement lors d’une surveillance régulière (une fois par an). Ainsi la prise en charge précoce de l'insuffisance rénale permet d'en retarder l'évolution.
Ce dépistage consiste en un examen des urines et une prise de sang.
En l’absence de diagnostic précoce, des symptômes d'insuffisance rénale peu spécifiques apparaissent :
- une grande fatigue ;
- une pâleur ;
- des troubles digestifs (perte d'appétit, nausées, vomissements) ;
- un amaigrissement ;
- des crampes, des impatiences dans les jambes, surtout la nuit ;
- des démangeaisons de la peau intenses ;
- des œdèmes ;
- des troubles du sommeil.
Attention : le fait d'uriner normalement ne donne pas d'indication sur le fonctionnement des reins. Même à un stade évolué de l'insuffisance rénale (avant la suppléance de la fonction des reins par la dialyse), il est possible de continuer à uriner normalement, de jour comme de nuit.
Maladie rénale chronique : mes deux reins sont-ils malades ?
Dans la majorité des cas, les maladies qui détériorent le rein atteignent toujours les deux reins. Si un seul rein est malade ou n'assure plus sa fonction, il n'y a habituellement pas de signes cliniques ou biologiques évoquant une insuffisance rénale. En effet, l'autre rein compense le dysfonctionnement. Il est donc possible de vivre avec un seul rein (c'est le cas des personnes qui ont eu une greffe rénale ou de celles qui ont donné un rein en vue d'une greffe d'un de leur proche).
Le dépistage et le diagnostic de la maladie rénale chronique
Deux examens pour le diagnostic de maladie rénale chronique
Le médecin traitant prescrit une analyse des urines et une prise de sang.
Analyse des urines
Une analyse d'urine est effectuée, dans un laboratoire d'analyses médicales, sur un échantillon d'urines recueilli à n'importe quel moment de la journée, pour recherche et dosage d'une protéinurie et d'une albuminurie plus sensible que la protéinurie globale.
La présence d'une , en l'absence de problèmes sur les voies urinaires (lithiase par exemple), et d'une leucocyturie (présence de globules blancs dans les urines) en l'absence d'une infection urinaire sont également des signes d'atteinte des reins.
Albuminurie : le premier signe d'une atteinte rénale
En effet, les urines d'une personne en bonne santé ne contiennent pas de protéines dont l'. La recherche d'albumine dans les urines permet de reconnaître un stade très précoce de maladie rénale chronique.
Prise de sang
Une prise de sang permet le dosage de la sanguine (créatininémie) et l'estimation du débit de filtration glomérulaire (capacité des reins à éliminer les déchets de l'organisme). La créatinine sanguine est un déchet produit par le corps, filtré par les reins et rejeté dans les urines. Si les reins fonctionnent mal, la créatinine est moins bien éliminée et elle s'accumule dans le sang : son taux sanguin augmente.
Si une maladie rénale chronique est suspectée, le diagnostic doit être confirmé, en répétant les tests dans les 3 mois qui suivent, de préférence dans le même laboratoire.
Il y a maladie rénale chronique si, aux deux examens successifs :
- le débit de filtration glomérulaire est inférieur à 60 ml/min/1.73m² (quantité de plasma sanguin filtré par minute par les reins). En pratique courante, le débit de filtration glomérulaire est estimé à l’aide d’une équation (appelée CKD-EPI) à partir du taux de créatinine dans le sang (créatininémie) dosé par méthode enzymatique ;
- et/ou la protéinurie et/ou l'albuminurie dépassent des valeurs-seuils.
Un bilan complémentaire en cas de résultats perturbés
Si le second dosage confirme les premiers résultats, le bilan comporte :
- une analyse cytobactériologique des urines (ECBU) ;
- une échographie rénale qui permet de visualiser les reins et les voies urinaires à la recherche d'une anomalie (reins asymétriques, contours bosselés, reins de petite taille, gros reins polykystiques, obstacle au niveau des uretères, etc.).

Le système urinaire est composé de quatre organes : les reins, les uretères, la vessie et l’.
Les reins ont une forme de haricot. Ils sont deux. Ils sont composés de trois éléments. La capsule rénale correspond à l’enveloppe des reins. Les calices sont des petites pointes disposées à l’intérieur du rein. Ils se rejoignent pour former le bassinet, une sorte d’entonnoir, qui se jette dans l’uretère.
Les uretères sont deux longs canaux. Ils partent des reins, plus précisément des bassinets, pour se jeter dans la vessie. Ils longent les vertèbres lombaires de chaque côté.
La vessie est une poche triangulaire, située sous le bassin. Elle est alimentée par les uretères. Elle se vide par le bas grâce à l’.
L’urètre est un court canal. Il évacue l’urine hors du corps.
Il est complété par d'autres examens permettant de :
- rechercher la cause de la maladie rénale chronique,
- évaluer l'importance de l'atteinte rénale (une biopsie rénale est souvent utile),
- rechercher les éventuelles répercussions de l'insuffisance rénale sur l’organisme.
Dans certains cas, l'avis d'un (médecin spécialiste des reins) est nécessaire.
Les stades de la maladie rénale chronique
Les cinq stades de la maladie rénale, classés de 1 à 5, correspondent à une aggravation croissante :
- Fonction rénale normale : débit de filtration glomérulaire supérieur ou égal à 90 ml/min/1,73 m2.
- Maladie rénale chronique avec débit de filtration glomérulaire légèrement diminué compris entre de 60 et 89 ml/min/1,73 m2.
- Insuffisance rénale modérée : débit de filtration glomérulaire de 30 à 59 ml/min/1,73 m2.
- Insuffisance rénale sévère : débit de filtration glomérulaire de 15 à 29 ml/min/1,73 m2.
- Insuffisance rénale terminale (dialyse ou transplantation) : débit de filtration glomérulaire inférieur à 15 ml/min/1,73 m2.
L'évolution et les complications de la maladie rénale chronique
La progression de la maladie rénale chronique peut être ralentie en traitant, si cela est possible, la cause de la maladie (diabète, hypertension artérielle...) et en adoptant des mesures destinées à protéger les reins (alimentation équilibrée, activité physique, contrôle du poids, arrêt du tabac...)
Lorsqu'elle s'aggrave, l'insuffisance rénale entraîne des complications :
- accumulation des déchets et des liquides dans l'organisme, responsables des œdèmes, dus à la surcharge en eau du corps ;
- augmentation de la tension artérielle en raison de l'accumulation de sel dans l'organisme et de l'augmentation de la sécrétion d'hormones hypertensives par le rein. Cette augmentation de la tension artérielle accélère elle-même les lésions rénales et a un retentissement sur le cœur (maladie coronarienne favorisant l'angine de poitrine, l'insuffisance cardiaque) et les vaisseaux (artérite des membres inférieurs...) ;
- ostéoporose chez l'adulte dus à des troubles du calcium et du phosphore et retard de croissance chez l'enfant ;
- anémie ;
- infections bactériennes ou virales plus fréquentes ;
- carences nutritionnelles et dénutrition ;
- troubles des règles et de la fonction sexuelle ;
- plus tardivement, lorsque l'insuffisance rénale est très importante, de nombreux symptômes altèrent la qualité de vie : fatigue, syndrome des jambes sans repos, prurit de la peau, nausées, somnolence, crampes...
Lorsque la maladie rénale est très évoluée, on parle d'insuffisance rénale terminale. À ce stade, le médecin envisage avec son patient de mettre en place une suppléance rénale : la greffe d'un rein ou la dialyse.
Maladie rénale chronique et exonération du ticket modérateur
Une maladie rénale chronique grave peut être reconnue au titre d'une affection de longue durée (ALD). Les examens et les soins en rapport avec cette maladie sont alors pris en charge à 100 % dans la limite des tarifs de l’Assurance Maladie.
- Institut national de la santé et de la recherche médicale. Insuffisance rénale. Site internet : Inserm. Paris ; 2017 [consulté le 19 janvier 2022]
- Haute Autorité de santé (HAS). Guide du parcours de soins - Maladie rénale chronique de l’adulte. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2021 [consulté le 19 janvier 2022]
- National Health service (NHS). Chronic kidney disease. Site internet : NHS. Londres ; 2019 [consulté le 19 janvier 2022]
- Ministère des solidarités et de la santé. Maladie rénale chronique. Site internet : Ministère des solidarités et de la santé. Paris ; 2019 [consulté le 19 janvier 2022]
- Collège universitaire des enseignants de néphrologie. Insuffisance rénale chronique et maladies rénales chroniques. Néphrologie. 8e édition 2018 - Chap15