Le traitement de l'insomnie

Publié dans : Insomnie chez l'adulte

Le traitement de l’insomnie passe avant tout par l’observance de règles d’hygiène de vie et le traitement de la cause des troubles du sommeil. En cas d’échec, le médecin peut prescrire un médicament adapté au type d’insomnie, à la dose minimale et sur une courte période. Une psychothérapie est souvent utile en cas d'insomnie chronique.

Pour lutter contre les insomnies et retrouver un sommeil de qualité, il est important :

  • retrouver le signal déclencheur du sommeil ;
  • de favoriser les bonnes habitudes permettant un bon sommeil ;
  • d’apprendre à mieux supporter l’insomnie.

Avant de prendre des médicaments qui favorisent le sommeil, il est indispensable d'améliorer son hygiène de vie au quotidien et de traiter la cause de l'insomnie.

Ce n'est qu'en cas d'échec de ces mesures qu'un traitement médicamenteux de l'insomnie est proposé.

Si une cause aux troubles du sommeil a été identifiée ou si une maladie associée provoque ou aggrave l'insomnie, un traitement approprié est prescrit, par exemple en cas :

Si la personne insomniaque fait usage de substances qui perturbent le sommeil (cannabis, médicaments, etc.), leur suppression est souhaitable.

Le mode de vie peut également faire l'objet d'aménagement : changement dans les rythmes d'activité jusque là incompatibles avec un sommeil de qualité, modification de l'environnement défavorable au sommeil, etc.

Insomnie passagère : les conseils de votre pharmacien

Votre pharmacien peut vous conseiller un sédatif léger (phytothérapie à base de valériane, aubépine, passiflore, mélatonine, etc.)

Les médicaments hypnotiques (somnifères) pour les insomnies de courte durée

S'il le juge utile, votre médecin traitant peut vous prescrire un hypnotique (somnifère), choisi selon le profil de votre insomnie, votre âge, votre état de santé et votre mode de vie.

Un traitement par hypnotique doit être de courte durée (moins de quatre semaines) et doit toujours être commencé à la plus faible dose possible. Son efficacité doit être réévaluée et ce traitement doit être arrêté dès que possible pour éviter une dépendance. Les hypnotiques peuvent être un facteur d'entretien de l'insomnie en raison du rebond d'insomnie qu'ils induisent à l'arrêt.

Il existe de nombreux types d’hypnotiques, et il est important de savoir que votre médecin vous a prescrit celui qui correspond spécifiquement à votre insomnie. Ces médicaments ne sont jamais interchangeables entre eux, ni entre personnes.

Un seul médicament sédatif et sur une courte période

Le cumul de plusieurs médicaments à effet sédatif est à éviter absolument car il n’apporte pas d’effet supplémentaire mais multiplie les effets indésirables parfois graves.

Il faut être très attentif aux effets secondaires (somnolence dans la journée, baisse de la vigilance, troubles de la mémoire, troubles du comportement, apparition d'une dépendance, etc.) que peuvent provoquer ces médicaments et en parler à votre médecin ou votre pharmacien.

De même il est important de respecter toutes les précautions qui vont avec l’utilisation de ces médicaments, et notamment les restrictions liées à la conduite de véhicules.

Les somnifères chez les personnes âgées : prudence

Chez les personnes âgées, les benzodiazépines et médicaments apparentés (Alprazolam, Oxazépam, Zolpidem, Bromazépam, Lorazépam, Zopiclone, Prazépam, Diazépam...) sont habituellement prescrits pour leur effet hypnotique, comme somnifères, ainsi que pour leur effet anxiolytique dans le but est de soulager l'anxiété et les troubles du sommeil.

Les benzodiazépines ne sont efficaces sur les troubles du sommeil que sur de courtes durées. Il est ainsi recommandé de ne pas dépasser 4 semaines de traitement pour les troubles du sommeil et 12 semaines pour les symptômes anxieux.

Chez les personnes âgées, le traitement de l'insomnie par des hypnotiques :

  • est responsable de troubles de la vigilance en cause dans les accidents de la voie publique ;
  • augmente le risque de chute responsable de fracture du col du fémur et autres traumatismes ;
  • diminue les capacités cognitives (capacité à raisonner, se souvenir, résoudre des problèmes...) ;
  • génère des troubles de la mémoire ;
  • provoque des fausses routes ;
  • est source de perte d'autonomie.

Les benzodiazépines peuvent engendrer rapidement une dépendance physique et psychique. Les personnes qui en sont dépendantes consomment des benzodiazépines au long cours bien que seuls leurs effets indésirables persistent et que leur efficacité sur les troubles du sommeil diminue, voire disparaisse.

Si vous prenez des somnifères ou des benzodiazépines depuis longtemps, il est possible d'arrêter progressivement (souvent sur quatre à dix semaines), de traiter la cause de l'insomnie (comme la dépression) et de privilégier une approche non médicamenteuse, en vous faisant aider par votre médecin traitant.

Consulter l'article : « Somnifères, anxiolytiques : attention aux effets secondaires des benzodiazépines » sur le Portail national d'information pour les personnes âgées et leurs proches 

Somnifères et conduite automobile : danger

Ces médicaments ont des effets sur votre aptitude à la conduite automobile. Si vous suivez un traitement, repérez si votre boîte de médicaments porte l’un des pictogrammes suivants :

Infographie représentant les trois niveaux de risque de la prise de médicament sur la conduite (cf. description détaillée ci-après)

Il existe trois niveaux de risque, concernant la prise de médicament avant la conduite :

  1. Le niveau 1 est accompagné du conseil : « Soyez prudent ». Il est interdit de conduire sans avoir lu la notice de ce médicament.
  2. Le niveau 2 est accompagné du conseil : « Soyez très prudent ». Il est interdit de conduire sans avoir demander l’avis d’un professionnel de santé.
  3. Le niveau 3 est accompagné du conseil : « Attention, danger : ne pas conduire ». Pour reprendre la conduite après avoir pris ce type de médicament, il est obligatoire de demander l’avis d’un médecin.

Pour mieux vous informer, consultez aussi la notice du médicament, et plus particulièrement trois rubriques :

  • Conducteurs et utilisateurs de machines.
  • Mises en garde et précautions d’emploi.
  • Effets indésirables.

Dans tous les cas, n’arrêtez pas le traitement sans en avoir parlé à votre médecin.

La mélatonine dans le traitement de courte durée de l'insomnie

La mélatonine, hormone secrétée principalement par le cerveau, a pour fonction principale d'informer l'organisme de l'alternance jour-nuit (rythme veille-sommeil), permettant de favoriser l'endormissement.

Un médicament à base de mélatonine est autorisé : le Circadin® et ses génériques, à libération prolongée. Ce produit est indiqué chez l’adulte de plus de 55 ans, en monothérapie, pour le traitement de courte durée de l’insomnie primaire caractérisée par un sommeil de mauvaise qualité.

À noter : un traitement par mélatonine à libération prolongée (Slenyto®) est également autorisé dans le traitement des troubles du sommeil liés à  des syndromes rares accompagnés d’importants troubles du sommeil ou à des troubles du spectre autistique chez l’enfant de 6 à 18 ans.

La mélatonine peut également être présente dans des préparations médicamenteuses faites par le pharmacien et, à moindre dose, dans des compléments alimentaires.

De 2009 à mai 2017, l'Agence française de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) a recueilli 90 effets indésirables liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la mélatonine.
L'Agence française de sécurité du médicament (ANSM) a recueilli plus de 200 effets indésirables liés à la prise de mélatonine entre 1985 et 2016.

Les effets indésirables rapportés étaient surtout :

Les risques d'interaction de la mélatonine avec de nombreux médicaments existent, avec risque de diminution de leur activité ou augmentation des effets indésirables.

La consommation de mélanine dans les compléments alimentaires doit être évitée chez les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants, les personnes souffrant de maladies auto-immunes, épileptiques, asthmatiques, ayant des troubles psychologiques.

Il est conseillé de demander l'avis de son médecin avant de prendre des compléments alimentaires contenant de la mélatonine, surtout si un traitement autre est en cours.

La psychothérapie en cas d'insomnie chronique

La majorité des insomnies chroniques est liée à l'influence de la pensée sur les comportements. C'est pourquoi il peut être utile de réfléchir aux raisons de son insomnie.

Plusieurs techniques de peuvent être proposées en fonction de la situation, en particulier la . Cette thérapie peut être associée à la prise d'un traitement médicamenteux.

La thérapie cognitive et comportementale associe :

  • une composante éducative : quelle hygiène de vie pour un meilleur sommeil ?
  • une approche comportementale : comment organiser le temps passé à dormir au lit ?
  • une approche cognitive : comment la personne insomniaque interprète-t-elle ses troubles du sommeil et leurs conséquences ?
  • l'enseignement de techniques de relaxation, si besoin.

Mon soutien psy : remboursement de séances chez le psychologue

Si vous présentez  des troubles du sommeil en rapport avec un mal-être psychique, vous pouvez bénéficier du dispositif de prise en charge de l’accompagnement psychologique.

Ce dispositif permet à toute personne (adolescents, adultes et également enfants dès 3 ans) angoissée, déprimée ou en souffrance psychique, de bénéficier de séances d’accompagnement psychologique avec une prise en charge par l’Assurance Maladie.

Depuis le 15 juin 2024, vous avez le choix entre prendre rendez-vous directement avec un psychologue conventionné et partenaire du dispositif ou consulter d’abord votre médecin pour faire le point sur votre état de santé.

L’accompagnement psychologique comprend :

  • une première séance qui est un entretien d’évaluation ;
  • entre 1 à 11 séances de suivi psychologique. Ce nombre est adapté à vos besoins par le psychologue.

Pour en savoir plus, consulter l'article : Remboursement de séances chez le psychologue : Mon soutien psy.

Insomnie chronique : faut-il prendre des médicaments ?

Le traitement consiste, avant tout, à modifier ses habitudes de vie, à adopter une bonne hygiène du sommeil et à se faire aider par un soutien psychologique.

Si l'insomnie persiste plus de 3 mois sans amélioration et a un impact important sur le déroulé de la journée, un traitement médicamenteux est possible en seconde intention : l'hypnotique daridorexant dont la propriété est de diminuer l'éveil, est désormais autorisé.

Le traitement est évalué par le médecin après 3 mois et il est arrêté s'il est inefficace. Quoi qu'il en soit, le traitement doit être le plus court possible.

  • Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV). L'insomnie. Site internet : Insv. Paris ; 2023 [consulté le 30 janvier 2024]
  • Réseau Morphée. Insomnie. Site internet : Réseau Morphée. Garches (France) ; 2023 [consulté le 30 janvier 2024]
  • Haute Autorité de santé (HAS). Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2013 [consulté le 30 janvier 2024]
  • Bulletin hebdomadaire hebdomadaire n°8-9/2019 du 12 mars 2019. Le temps de sommeil en France. Site internet : Santé publique France. Saint-Maurice (France) ; 2019 [consulté le 30 janvier 2024]
  • Collège national des universitaires en psychiatrie. Association pour l’enseignement de la sémiologie psychiatrique. Collège universitaire national des enseignants en addictologie. Les troubles du sommeil chez l'adulte et l'enfant. La plainte insomnie. Site internet : Presses universitaires François Rabelais. Tours (France) ; 2022 [consulté le 30 janvier 2024]
  • Collège des enseignants de neurologie. Troubles du sommeil de l'enfant et de l'adulte. ECN 2018. 4ème édition Elsevier Masson. Issy-les-Moulineaux (France)
  • Portail national d'information pour les personnes âgées et leurs proches. Somnifères, anxiolytiques : attention aux effets secondaires des benzodiazépines. Site internet : Pour les personnes âgées. gouv. Paris ; 2022 [consulté le 30 janvier 2024]
  • Haute Autorité de santé (HAS). Quelle place pour les benzodiazépines dans l'insomnie ? Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2017 [consulté le 30 janvier 2024]
  • Haute Autorité de santé (HAS). Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France); 2012 [consulté le 30 janvier 2024]
  • Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. L’ANSM rappelle le cadre réglementaire concernant la réalisation de préparations à base de mélatonine - Point d'Information du 25 avril 2018. Site : ANSM. Saint-Denis la Plaine (France) ; 2018 [consulté le 30 janvier 2024]
  • Agence nationale de sécurité alimentation, environnement, travail. Avis relatif aux risques liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la mélatonine du 23 février 2018. Site internet : ANSES. Maisons-Alfort (France) ; 2018 [consulté le 30 janvier 2024]
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