L'insomnie de l'adulte : définition et facteurs favorisants
Qu'est-ce que l'insomnie ?
Être insomniaque : qu'est-ce que cela signifie ?
L'insomnie se définit comme le sentiment d'avoir mal dormi en raison :
- de difficultés d'endormissement ;
- et/ou d'un ou de plusieurs réveils nocturnes ;
- et/ou d'un réveil trop précoce le matin.
Ces troubles nocturnes donnent l'impression d'avoir un sommeil non récupérateur et non reposant et retentissent sur la qualité de la journée qui suit avec comme conséquences une fatigue, une somnolence dans la journée, une nervosité, des difficultés de concentration et de mémorisation...
L'insomnie a donc un impact non seulement sur les nuits, mais aussi le jour.
L'insomnie peut être ponctuelle et occasionnelle, survenant à la suite d'un évènement perturbant (contrariété, deuil, maladie physique de courte durée, environnement bruyant...) ou quelquefois plus durable.
On parle d'insomnie chronique lorsque les troubles se produisent plus de trois fois par semaine, depuis plus de trois mois.
L'insomnie est un problème fréquent chez l'adulte, mais des troubles du sommeil peuvent également être présents chez les enfants.
L'insomnie n'est pas le seul trouble du sommeil
D'autres anomalies survenant au cours du sommeil existent et peuvent s'associer aux insomnies :
- les troubles respiratoires du sommeil (syndrome d’apnées obstructives du sommeil, troubles de la ventilation...) ;
- les troubles moteurs du sommeil (syndrome des jambes sans repos, mouvements périodiques des jambes…) ;
- les maladies du sommeil responsables d’hypersomnolence diurne (hypersomnie, narcolepsie) ;
- les troubles du rythme veille/sommeil ;
- les parasomnies (somnambulisme, cauchemars, terreurs nocturnes, bruxisme...) plus fréquentes chez l'enfant.
Vidéo : Quand peut-on parler d'insomnie ?
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Insomnie chronique de l'adulte : quelques chiffres
En 2017, 13,1 % des 18-75 ans déclarent des symptômes suggérant une insomnie chronique, 16,9 % des femmes et 9,1 % des hommes.
L’insomnie chronique se révèle plus fréquente entre 25 et 64 ans parmi les femmes, autour de 19 %, et entre 35 et 64 ans parmi les hommes, touchant environ un homme sur 10.
Quel que soit l’âge, les femmes sont environ deux fois plus nombreuses que les hommes à déclarer des symptômes d’insomnie chronique.
Un quart des adultes font au moins une sieste en semaine, d'une durée moyenne de 50 minutes, et un tiers en font le week-end, d'une durée moyenne de 59 minutes.
En 2022, un français sur deux se plaint de problèmes de sommeil.
Le sommeil, comment ça marche ?
Nous passons environ un tiers de notre vie à dormir. Le sommeil est indispensable à l'organisme. Bien dormir a des conséquences importantes sur la santé au quotidien.
En effet, le sommeil :
- est indispensable au développement cérébral, notamment chez l'enfant ;
- régule la production de plusieurs hormones : hormone de croissance chez l'enfant, mais aussi cortisol, , hormones de l’appétit. Les privations chroniques de sommeil pourraient expliquer en partie l’augmentation de l’obésité. Les sujets qui ne dorment pas assez grignotent davantage et ont plus faim ;
- consolide les informations mémorisées pendant l’éveil et favorise l’apprentissage récent. Une personne qui s’endort sur une tâche tout juste apprise, améliore sa mémorisation de 30 % ;
- est associé à une meilleure réponse immunitaire avec des conséquences probables sur la susceptibilité aux infections.
Comme le sommeil de l’enfant, le sommeil de l'adulte est organisé en cycles. Il commence par une phase d’endormissement puis des cycles de sommeil se succèdent. Sa durée est variable d'un individu à l'autre.
Il existe deux types de sommeil : le sommeil lent et le sommeil paradoxal.
Durant la phase de sommeil lent (d'abord léger, puis profond), la personne va s'endormir de plus en plus profondément. Toutes les fonctions du corps ralentissent (cœur, respiration, activité cérébrale...)
Ensuite, survient une phase de sommeil dit paradoxal. Bien que la personne soit toujours profondément endormie, l'activité du cerveau augmente : c'est la phase des rêves.
Une fois ces deux phases accomplies, on dit qu'un cycle de sommeil a été réalisé. Un cycle dure environ une heure et demie. Une nuit de sommeil est composée de trois à cinq cycles environ, selon les personnes et leur âge.
En moyenne, un adulte dort entre sept et huit heures par nuit. Toutefois, il y a des petits et des gros dormeurs : chacun a son propre rythme de sommeil, avec ses horaires et ses habitudes. Les besoins en sommeil varient donc d'une personne à l'autre. Ces différences viennent des gènes mais peuvent se modifier avec l'âge.
La durée idéale d'une nuit de sommeil est celle qui donne le sentiment d'être en forme et efficace dès le lendemain matin.
Le rythme et les habitudes de sommeil doivent s'adapter aux diverses obligations (familiales, professionnelles). Il peut être utile de savoir si l'on dort suffisamment par rapport à nos besoins en les évaluant, par exemple, à l'occasion d'une période de vacances.
Avec l'âge, le sommeil se modifie
Chez les personnes âgées :
- l'endormissement est précoce (dès le début de soirée) et le réveil également ;
- le sommeil devient plus léger et il est souvent fragmenté avec des sensations d'être éveillé(e) plusieurs fois par nuit ;
- la durée du sommeil nocturne diminue, alors qu'une ou plusieurs siestes en milieu de journée deviennent nécessaires.
Comme le sommeil est morcelé et léger, la personne âgée peut avoir l'impression d'être insomniaque, alors que son sommeil est normal pour son âge.
Les facteurs favorisant l'insomnie chez l'adulte
Stress, anxiété et dépression en cause dans l'insomnie
Plus de la moitié des insomnies sont dues au stress, à l'anxiété et à la dépression.
Des événements de vie, positifs ou négatifs, voulus ou subis (mariage, divorce, nouvel emploi, chômage, etc.) peuvent en être à l'origine d'une insomnie. Dans ces cas, l'insomnie est, le plus souvent, passagère.
Cependant, après la survenue de situations pénibles, il arrive que le retour au sommeil normal ne se produise pas, même lorsque la cause occasionnelle a disparu ou s'est éloignée. L'insomnie devient chronique et elle est considérée comme une maladie en elle-même.
Insomnie et mode de vie
Les insomnies peuvent être également liées à une mauvaise hygiène de vie.
Insomnie et comportements favorisant l'éveil
La consommation importante d'excitants (thé, boissons caféinées...) ou la prise d'un repas trop copieux le soir gênent l'endormissement.
La consommation d'alcool, contrairement à une idée reçue, n'est pas l'alliée du sommeil :
- à faible dose, la prise d'alcool peut entraîner une somnolence diurne, diminuer la vigilance et augmenter les risques d'accidents ;
- à plus forte dose, la prise d'alcool provoque un endormissement rapide, mais la deuxième partie de la nuit est entrecoupée de nombreux réveils. Le lendemain, les performances intellectuelles sont diminuées ;
Le tabac augmente l'éveil. Les fumeurs réguliers peuvent avoir des difficultés pour s'endormir, dues à l'action stimulante de la nicotine. Cela entraîne une somnolence matinale. Lors de l'arrêt du tabac, le sommeil peut être perturbé de manière passagère, le temps que le corps s'habitue à fonctionner sans nicotine. L'ex-fumeur retrouve ensuite un sommeil de meilleure qualité.
La pratique d'une activité stimulante le soir (sport, jeux vidéo...) n'est pas favorable à l'endormissement.
L’usage des écrans en fin de journée de plus en plus fréquent et long chez les adultes (jeux vidéo, réseaux sociaux, séries télévisées…) a tendance d’une part à repousser l’heure de l’endormissement et à rendre cet endormissement plus compliqué à obtenir en raison du maintien d’un haut niveau de stimulation du cerveau et du corps, du blocage de la sécrétion de l’hormone du sommeil par la lumière bleue des écrans.
L’usage des écrans la nuit ou le réveil par les notifications des smartphones fragmente le sommeil qui est alors de mauvaise qualité.
Insomnie, rythme de vie et environnement
Un rythme de vie irrégulier est souvent en cause dans l'insomnie :
- travail en horaires décalés ;
- déplacements nombreux surtout lorsqu'ils sont accompagnés d'un décalage horaire source d'un jet lag ;
- réveils nocturnes de son enfant.
Les sources environnementales de perturbation du sommeil sont nombreuses. Il peut s'agir :
- d'un environnement bruyant : des bruits de la maison, des bruits extérieurs ou un conjoint qui ronfle ;
- des appareils électriques ou électroniques, même en veille ;
- de la lumière ;
- d'une température trop élevée ou trop basse. L'idéal est d'obtenir 18 °C/19 °C dans les chambres.
Maladies en cause dans l'insomnie
Les insomnies peuvent être présente dans diverses maladies qu'il est important de diagnostiquer et de traiter. Il peut s'agir :
- d'une hyperthyroïdie ;
- d'un reflux gastro-œsophagien ;
- d'un asthme nocturne ;
- d'une maladie douloureuse (rhumatisme, cancer...) ;
- d'un autre trouble survenant pendant du sommeil : syndrome des jambes sans repos ou syndrome d'apnées obstructives du sommeil.
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