L'hyperthyroïdie : symptômes, diagnostic et évolution

En présence de symptômes évoquant une hyperthyroïdie ou dans certaines situations (prise de lithium par exemple), le médecin traitant confirme son diagnostic grâce à des analyses biologiques sanguines. Des examens complémentaires déterminent la cause de l’hyperthyroïdie et son retentissement.

L'hyperthyroïdie : quand faut-il la rechercher ?

Le médecin recherche une hyperthyroïdie :

  • lorsque la personne présente des symptômes évocateurs d’hyperthyroïdie ;
  • lorsqu'elle se plaint de symptômes peu spécifiques et si elle a des antécédents personnels ou familiaux de (diabète de type 1), de maladie thyroïdienne (maladie de Basedow), d’anxiété ou de dépression non expliquée ;
  • en cas de diagnostic récent de fibrillation auriculaire ;
  • si la personne prend certains médicaments comme l', le  ;
  • en cas de désir de grossesse ou en début de grossesse si la jeune femme présente des facteurs de risque d'hyperthyroïdie.

Les symptômes de l’hyperthyroïdie sont multiples. Ils varient selon les personnes. Toutefois, plus la maladie tarde à être traitée, plus ses symptômes sont marqués et ils réalisent alors un tableau de thyrotoxicose.

Les symptômes les plus fréquemment décrits sont :

  • une perte de poids souvent rapide (en quelques semaines), importante (plusieurs kilogrammes), avec un appétit conservé ;
  • une diarrhée et des nausées ;
  • une thermophobie (la chaleur est mal supportée) avec une hypersudation et une soif importante ;
  • des palpitations cardiaques, des douleurs dans la poitrine, un pouls rapide et parfois irrégulier, un essoufflement ;
  • des troubles du sommeil (insomnies), de la fatigue, des troubles de l’humeur, une irritabilité, parfois une dépression ;
  • des règles irrégulières voire absentes ;
  • une diminution de la force musculaire, et parfois du volume musculaire (appelée amyotrophie) ;
  • des tremblements fins au niveau des mains ;
  • une saillie anormale des yeux à l’extérieur des orbites (appelée exophtalmie), associée à une rétraction des paupières donnant un regard fixe ; elle est présente de façon plus ou moins marquée dans la maladie de Basedow ;
  • un épaississement à l’avant de la jambe (œdème pré-tibial) rare.

Si l’hyperthyroïdie est débutante ou peu importante, ces symptômes ne sont pas tous présents et sont moins marqués.

Le diagnostic de l'hyperthyroïdie

L'examen médical

Le diagnostic de l’hyperthyroïdie est réalisé en plusieurs étapes :

Un goitre est parfois visible à l'œil nu.

En palpant le cou, le médecin découvre :

  • une grosseur unique ou nodule thyroïdien ;
  • une thyroïde augmentée de volume (goitre) avec présence ou non de nodules thyroïdiens.

Le dosage sanguin

TSH et hormones thyroïdiennes

Une prise de sang avec dosages sanguins permet de mesurer les quantités d’hormones circulantes.

En cas d’hyperthyroïdie, le taux de TSH est anormalement bas.

Le dosage de l’hormone thyroïdienne T4L (T4 libre) est demandé en deuxième intention en présence d'un taux de TSH  bas. Il est effectué sur le même tube de prélèvement sanguin sans nouvelle prise de sang. Le taux de T4L est anormalement élevé en cas d'hyperthyroïdie.

Le dosage de l’hormone T3L est rarement utile. Il est demandé uniquement si le taux de T4L est normal, alors que la TSH est basse (hyperthyroïdie sous ).

Hyperthyroïdie avérée ou frustre ?

On parle d’hyperthyroïdie avérée lorsque la TSH est basse et associée à une T4L élevée chez un personne présentant des symptômes évocateurs d’hyperthyroïdie.

L'hyperthyroïdie est frustre lorsque la TSH est basse de façon persistante et lorsqu'elle est associée à une T4L et une T3L dans l’intervalle de référence donné par le laboratoire, chez une personne asymptomatique ou ayant peu de symptômes.

Auto-anticorps

Si une maladie de Basedow est suspectée, un dosage sanguin d'anticorps anti-récepteurs de la TSH (TRAK) est effectué, montrant un taux élevé.

Un dosage des anticorps anti-thyroperoxydase (anti-TPO) peut être demandé, après avis spécialisé, en cas de suspicion de thyroïdite du postpartum (après un accouchement) ou de thyroïdite de Hashimoto.

Quels examens complémentaires en cas d'hyperthyroïdie ?

Des examens complémentaires sont réalisés pour trouver la cause de l'hyperthyroïdie et orienter le traitement.

L'échographie de la thyroïde dans certains cas seulement

L’échographie thyroïdienne n’est pas nécessaire pour le diagnostic de :

  • maladie de Basedow typique et/ou anticorps anti-récepteurs de la TSH positifs (TRAK) ;
  • thyroïdite de De Quervain typique ;
  • en l'absence de nodule thyroïdien ou de ganglions au niveau du cou, lors de la palpation.

Elle est nécessaire pour rechercher une cause (nodule ou goitre thyroïdien sécrétant des hormones thyroïdiennes, etc.) dans les autres cas d'hyperthyroïdie, et toujours avant un traitement par chirurgie ou par iode 131.

L’échographie de la région du cou étudie la forme de la thyroïde et détecte les anomalies de structure (goitre homogène ou hétérogène, présence de nodules...)

La thyroïdienne : dans quelles situations ?

La scintigraphie thyroïdienne permet de mesurer la fixation de l’iode par la thyroïde et de mettre en évidence la cause de l'hyperthyroïdie.

Cet examen consiste à administrer un produit radioactif inoffensif qui se fixe sur la thyroïde et émet des radiations, enregistrées par une caméra spécifique. La permet ainsi d’obtenir une image du fonctionnement de la thyroïde et de détecter les zones sécrétant des hormones thyroïdiennes, sous forme de zones chaudes d'hyperfixation de l'iode.

Dans le cas d’un nodule thyroïdien dit chaud car sécrétant des hormones thyroïdiennes, l’iode s’accumule en un point localisé, au niveau du nodule.

En cas de goitre multinodulaire toxique, la montre, au niveau de la thyroïde, une alternance de plages chaudes et froides.

Très rarement demandée dans le cas de la maladie de Basedow, la montre une hyperfixation de l’iode dans toute la thyroïde.

Par ailleurs, la est nécessaire si un traitement par iode radio-actif doit être mis en place.

D'autres examens de radiologie

En cas de goitre volumineux, un scanner ou une IRM sont utiles pour visualiser un développement du goitre dans la partie haute du thorax.

Le bilan du retentissement de l'hyperthyroïdie

Un bilan mesurant le retentissement de l'hyperthyroïdie peut être prescrit :

  • Un bilan cardio-vasculaire permet d'évaluer l’impact de la maladie sur le cœur (électrocardiogramme, échodoppler cardiaque...)
  • Un bilan ophtalmologique est prescrit en cas d'exophtalmie présente dans la maladie de Basedow.

Quelle équipe médicale en cas d’hyperthyroïdie ?

Si votre médecin traitant suspecte une hyperthyroïdie, il vous enverra consulter un endocrinologue, médecin spécialiste des maladies des glandes sécrétant des hormones. Il pourra aussi faire appel à un radiologue pour effectuer des examens de la thyroïde, à un cardiologue pour évaluer l’effet de la maladie sur votre cœur, à un ophtalmologiste pour le retentissement sur les yeux, à un chirurgien si besoin...

L'évolution de l'hyperthyroïdie

Après la mise en route du traitement, les signes d'hyperthyroïdie régressent totalement. Cependant la personne doit être suivie régulièrement pour s’assurer :

  • qu’elle tolère bien ses médicaments ;
  • que son traitement est efficace, c’est-à-dire qu’il régule correctement ses taux sanguins d’hormones thyroïdiennes (une hypothyroïdie peut apparaître après le traitement) ;
  • qu’il n’y a pas de rechute de l'hyperthyroïdie.

Des complications apparaissent si l’hyperthyroïdie n’est pas traitée et que les taux d’hormones thyroïdiennes dans le sang sont très élevés :

  • Haute Autorité de santé. Exploration des pathologies thyroïdiennes chez l’adulte : Pertinence et critères de qualité de l’échographie, pertinence de la cytoponction échoguidée. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2021 [consulté le 12 avril 2023]
  • Collège des enseignants d'endocrinologie, diabète et maladies métaboliques. Hyperthyroïdie. ECN 2019. 4è édition Elsevier Masson
  • Borson-Chazot F,  Abeillon-du Payrat J, Bournaud C. Hyperthyroïdie. EMC - Endocrinologie-Nutrition 2014;11(4):1-11 [Article 10-003-A-10].
  • Institut national du cancer. La thyroïde. Site internet : Inca. Boulogne Billancourt (France) ; 2021 [consulté le 12 avril 2023]
  • Ducarme G , Châtel P, Luton D. Syndromes endocriniens du post-partum Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction. 2008;37(3): 223-228
  • Haute Autorité de santé (HAS). Prise en charge des hyperthyroïdies chez l’adulte. Recommandation de bonne pratique. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2023 [consulté le 12 avril 2023]
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