Après l'accouchement : baby blues et dépression du post partum
Baby blues après l'accouchement
Baby blues : quels symptômes ?
Le baby blues concerne selon les études 50 à 80 % des femmes ayant accouchées.
Le baby blues survient entre le 2e et 5 e jour après l’accouchement avec un pic au 3e jour. C’est un état transitoire qui ne dure pas et qui disparaît totalement en deux 2 semaines.
Il se traduit par :
- une irritabilité ;
- des sautes d’humeur (la maman est heureuse un instant et pleure de façon incontrôlée à un autre) ;
- des troubles du sommeil, de la fatigue ;
- de l’anxiété, le sentiment d’être délaissée et la crainte de ne pas savoir s’occuper du bébé.
Ces troubles surprennent et déroutent l’entourage, surtout lorsque l’accouchement s’est bien déroulé.
S’il ne dure pas cet état n’est pas pathologique et il marque l’adaptation de la mère à une nouvelle vie. Il s’explique par la chute brutale des hormones mais aussi par un afflux d’émotions, par le changement de statut de la femme qui,de femme enceinte, devient mère, confrontée à l’enfant réel.
Comment évaluer son bien-être émotionnel ? Pour se poser les bonnes questions et repérer les signes évocateurs de dépression, le questionnaire en ligne du site 1000-premiers-jours.fr permet de faire le point en quelques minutes :
Que faire en cas de baby blues ?
Il est important de surveiller l'évolution du baby blues et il faut consulter si le baby blues est très marqué ou si les symptômes persistent au delà de deux semaines. La consultation va permettre de vérifier que la mère ne souffre pas d'une dépression du post-partum.
Le baby blues ne nécessite pas de traitement médicamenteux. La relation avec les soignants, la revalorisation des fonctions maternelles de la mère, la mobilisation de l’entourage pour aider la mère dans sa nouvelle organisation de vie et la soulager, l’information, une attitude chaleureuse et compréhensive suffisent le plus souvent pour passer sans encombre cette phase transitoire.
Les difficultés après l’accouchement : chiffres clés
17 % des femmes déclarent que la période écoulée entre la naissance et les 2 mois après l’accouchement a été ressentie comme difficile ou très difficile.
Plus d’un tiers des femmes ont moins de 3 personnes proches qu’elles pourraient solliciter en cas de graves difficultés personnelles.
Sources : enquête nationale périnatale 2021
Voir aussi la vidéo témoignage de Réjane qui se confie sur le post-partum sur le site de la CAF.
Après l'accouchement : la dépression du post-partum
Une souffrance psychologique peut survenir après une grossesse et un accouchement sans « problèmes décelés ». Cependant, sa survenue est favorisée par :
- des conditions de vie difficiles (solitude, conflits conjugaux, soutien conjugal insuffisant ou inadéquat) ;
- des difficultés lors de l’accouchement, vécu comme un traumatisme ;
- des problèmes de santé de la mère ;
- une séparation mère-enfant lorsque le bébé présente des problèmes de santé (enfant hospitalisé, etc.)
L’expérience de l’accouchement en chiffres clés
- 2,5 % des femmes se déclarent insatisfaites et 1,3 % très insatisfaites de la prise en charge par les professionnels de santé au moment de l’accouchement.
- Plus d’une femme sur 10 garde « un plutôt mauvais souvenir de l’accouchement » ou « un très mauvais souvenir ».
- Un quart des femmes déclarent à 2 mois présenter encore des douleurs physiques liées à leur accouchement.
Sources : enquête nationale périnatale 2021
La dépression post natale survient dans l’année qui suit la naissance d’un ou des enfants, avec une période plus « à risque » entre le 2e et le 6e mois. Elle peut survenir :
- chez une jeune femme qui allait bien sur le plan psychique ;
- faire suite à un baby blues qui ne passe pas et s’aggrave ;
- survenir alors que la jeune femme a présenté un épisode dépressif pendant la grossesse.
La dépression post-partum concerne 16,7 % des femmes deux mois après leur accouchement, selon les résultats de l'enquête nationale périnatale menée en 2021.
Elle est grave, car en plus d’altérer la santé maternelle, elle peut entrainer des troubles de l’attachement mère-enfant qui nuisent au bon développement du nourrisson.
Le plus souvent lors de l’apparition des premiers symptômes, la maman consulte peu et a tendance à s’isoler. Pourtant, une prise en charge rapide est nécessaire pour la soigner et lui permettre d'établir une relation de qualité avec son nourrisson.
Symptômes de la dépression du post-partum
Vous êtes peut-être déprimée si vous éprouvez un ou plusieurs symptômes suivants :
- le sentiment de ne pas être à la hauteur de votre rôle de mère et en ressentir une culpabilité. Vous avez l’impression d’être une mauvaise mère, d’avoir des difficultés à établir un lien avec votre enfant. Ce sentiment est augmenté par l’image très positive de la maternité véhiculée par la société ;
- l’impression de ne pas être en mesure de vous occuper de votre bébé et la crainte de lui faire du mal. Vous avez des difficultés à toucher votre bébé, à vous occuper de lui et il pleure beaucoup ;
- un sentiment d’irritabilité et de rejet de votre enfant ;
- une extrême anxiété (surtout en ce qui a trait au bien-être de votre enfant) ou des crises de panique ;
- un sentiment de grande tristesse sans raison apparente et la volonté de rester seule, de vous replier sur vous-même ;
- un découragement et un épuisement permanent ;
- un désintérêt pour les activités qui vous étaient agréables et une perte du plaisir lors de leur réalisation ;
- des problèmes de sommeil (dormir trop ou insomnies) et des douleurs multiples (maux de tête, mal de ventre, etc.) ;
- une perte d’appétit ;
- l’impression d’avoir perdu le contrôle et de ne pas pouvoir prendre de décisions ;
- une forte culpabilité « j’ai tout pour être heureuse et je ne le suis pas » ;
- des modifications des relations familiales.
Si vous ne vous sentez pas bien, n’attendez pas pour demander de l’aide. Exprimez très vite vos difficultés à votre conjoint et aux professionnels de santé qui vous accompagnent.
Les conjoints également concernés par le risque de dépression du post-partum
Le père ou la conjointe peut également présenter des syndromes dépressifs dans les mois qui suivent la naissance de l’enfant, d’autant plus que leur conjointe souffre de dépression.
Plus de 10 % des pères présenteraient des symptômes dépressifs dans les 2 mois suivant la naissance de leur enfant. Une équipe de chercheurs montre que les pères bénéficiant de 2 semaines de congé paternité seraient moins à risque de développer une dépression post-partum. Ce risque semble en revanche augmenté chez les mères dont le conjoint a pris un congé paternité.
Source : Institut national de la santé et de la recherche médicale. Communication du 4 janvier 2023.
Déprimée après la naissance de votre bébé : à qui vous adresser ?
Son entourage, une sage-femme, une puéricultrice, un médecin
Dès que certains de ces symptômes de dépression apparaissent, parlez-en à votre entourage et au professionnel de santé qui vous suit :
- médecin ou sage-femme ;
- professionnels de santé du centre de protection maternelle et infantile (PMI) proche de votre lieu d’habitation. Pour trouver la PMI la plus proche de chez nous, utilisez le site service-public.fr.
L'entretien postnatal
Pour mieux accompagner les jeunes mères dans les semaines qui suivent la naissance, un entretien postnatal précoce leur est proposé systématiquement. Il peut être réalisé par une sage-femme ou un médecin entre la 4e et 8e semaine après l'accouchement.
L’objectif de cet entretien est :
- de repérer les premiers signes de la dépression du post-partum (état dépressif ou anxieux, fatigue, humeur instable…) ;
- d’identifier d’éventuels facteurs de risques qui exposent les parents à cette dépression (isolement, événement stressant…) ;
- d'évaluer les éventuels besoins de la femme ou du couple en termes d'accompagnement.
Le professionnel de santé peut proposer un 2e entretien entre la 10e et la 14e semaine qui suivent l'accouchement, afin de continuer l’accompagnement s’il le juge nécessaire ou à la demande du ou des parents.
Le traitement de la dépression du post-partum
Une prise en charge précoce par une sage-femme, le médecin traitant, un psychiatre et un psychologue, en ambulatoire, est le plus souvent suffisante.
Le médecin prend en compte le souhait de la maman d’allaiter (adaptation du traitement médicamenteux).
Le médecin surveille l’apparition d’idées noires et suicidaires et envisage si nécessaire une hospitalisation si possible en unité spécialisée mère enfant.
Les patientes peuvent bénéficier, en plus d'un soutien amical et familial (ami, membre de la famille ou autre personne de confiance qui aide pour s’occuper du bébé pendant de courtes périodes) :
- d’une (de soutien ou thérapie cognitive et comportementale) associée le plus souvent à un traitement médicamenteux antidépresseur (inhibiteur de la recapture de la sérotonine) ;
- d’une une thérapie familiale qui consiste à faire participer d’autres membres de la famille à la thérapie, comme un partenaire ou des enfants. Cette thérapie peut être utile lorsque les enfants sont plus âgés.
Grâce au traitement, la dépression post-natale guérit dans la première année, mais le risque de rechute dépressive après une autre grossesse est important.
Cependant, cette dépression du post-partum est parfois la première manifestation d’un trouble bipolaire ou d’un trouble dépressif récurrent. Ces troubles peuvent alors apparaître par la suite.
Je suis déprimée après mon accouchement : quelles conséquences pour mon bébé ?
Si vous êtes dépressive, vous pouvez éprouver de la difficulté à réagir aux besoins de votre bébé, à offrir de la tendresse et des soins constants à votre bébé.
Ce phénomène peut rendre l’attachement fragile. L’attachement est un lien affectif profond que le bébé forme avec vous et toute personne qui lui donne régulièrement des soins. Ce lien est indispensable à son développement. Il contribue à le protéger du stress, à se sentir en sécurité et à lui apprendre à faire confiance aux autres.
Les bébés, qui n’acquièrent n’a pas un attachement solide, peuvent :
- éprouver de la difficulté à interagir avec leur sa mère ;
- avoir des troubles de sommeil ;
- être trop calmes et atteindre plus lentement les étapes du développement ;
- avoir plus de coliques.
Le point sur l’attachement parents-enfants avec la vidéo 1 000 premiers jours de bébé.
Après l’accouchement, des troubles psychologiques plus rares : l’épisode psychotique
La survenue d'un épisode psychotique est rare après l'accouchement, mais c’est une urgence psychiatrique. En effet, le risque suicidaire ou d’infanticide est important, justifiant un traitement en milieu hospitalier, si possible dans une unité mère-enfant.
Les principaux symptômes d’un épisode psychotique sont :
- une confusion mentale avec une incapacité à se repérer dans le temps et l’espace (désorientation temporo-spatiale) ;
- une activité délirante essentiellement centrée sur la grossesse (déni de grossesse) ou sur l’enfant (négation de l’enfant, filiation extraordinaire, etc.) ;
- une grande fluctuation de l’humeur.
Cet épisode psychotique survient le plus souvent dans les 4 semaines qui suivent la naissance (avec un pic de fréquence à 10 jours) chez des femmes sans aucun problème psychiatrique avant la grossesse. Cet épisode touche 1 à 2 femmes qui a accouché sur 1 000. C’est une urgence psychiatrique.
C’est le plus souvent le premier épisode d’un trouble bipolaire ou beaucoup plus rarement d’une schizophrénie. Le risque de récidive au cours d’une grossesse ultérieure est important.
- Société canadienne de pédiatrie. La dépression chez les femmes enceintes et chez les mères : Ses effets sur vous et votre enfant. Site internet : Soins de nos enfants. Ottawa (Ontario) ; 2020 [consulté le 6 avril 2023]
- Collège national des gynécologues et obstétriciens Grossesse et toxicomanie. ECN 2018. 3è édition Elsevier Masson
- Collège national des Universitaires de psychiatrie. Troubles psychiques de la grossesse et du post-partum ECN 2021. Site internet : CNUP. Paris ; 2023 [consulté le 6 avril 2023]
- Enquête nationale périnatale 2021. Site internet : Santé publique France. Saint Maurice (France) ; 2023 [consulté le 6 avril 2023]
- Institut national de la santé et de la recherche médicale. Les pères bénéficiant de 2 semaines de congé paternité seraient moins à risque de développer une dépression post-partum. Communication du 4 janvier 2023. Site internet : Inserm. Paris : 2023 [consulté le 6 avril 2023]