Fracture du poignet chez l’enfant : définition et diagnostic
Publié dans : Fracture du poignet chez l’enfant
12 juillet 2024
Les fractures des os de l’avant-bras au niveau du poignet représentent les fractures les plus fréquentes chez l’enfant. Elles concernent l'extrémité inférieure du radius le plus souvent. Voici quelques informations médicales utiles si vous y êtes confronté.
Les fractures des os de l’avant-bras au niveau du poignet concernent surtout l’extrémité inférieure du radius, fracture à laquelle peut s’associer une fracture de l’extrémité inférieure de l’ulna (cubitus).
À noter : d’autres localisations comme la fracture du scaphoïde sont possibles (non traitées dans cet article).
Os et articulations de l’avant-bras et du poignet
Le radius et l’ulna (ou cubitus dans l’ancienne terminologie) sont les deux os de l’avant-bras.
Dans la position anatomique de référence (dans laquelle la personne examinée se trouve debout, de face, les bras le long du corps avec les paumes des mains vers l’avant), le radius est l’os le plus externe (c’est-à-dire du même côté que le pouce) tandis que l’ulna est l’os interne (du côté de l’auriculaire).
Deux articulations (éléments permettant aux os de s’unir et de bouger les uns par rapport aux autres) concernent l’avant-bras :
- en haut de l’avant-bras, l’articulation du coude ;
- en bas, l’articulation du poignet.
Au poignet :
- la partie inférieure du radius entre en contact avec la partie inférieure de l’ulna, de manière latérale (par leur côté) ;
- la partie inférieure du radius entre essentiellement en contact avec la partie supérieure du scaphoïde, un des os de la main.
L’extrémité inférieure du radius comporte une partie extra-articulaire et une partie intra-articulaire, c’est-à-dire une partie à l’extérieur de l’articulation du poignet ainsi qu’une partie à l’intérieur de cette articulation.
Position anatomique de référence
La croissance des os chez l’enfant jusqu’à la puberté
Le cartilage de croissance des os longs
Chaque os long se divise en plusieurs parties sur sa longueur :
- épiphyse (ou extrémité arrondie de l'os) ;
- diaphyse (ou corps fin et allongé de l'os) ;
- et métaphyse (zone de jonction entre le corps et la tête de l'os).
Chez l’enfant, entre l’épiphyse et la métaphyse, se trouve le cartilage de croissance qui permet la croissance en longueur.
La croissance des os
Aux bras et aux jambes, le processus de construction osseuse en longueur s’effectue aux deux extrémités de chaque os.
En ce qui concerne le bras, celui-ci grandit donc en longueur à la partie supérieure de l’humérus (située près de l’épaule), à la partie inférieure de l’humérus (située près du coude), aux parties supérieures du radius et de l’ulna (situées près du coude) et aux parties inférieures du radius et de l’ulna (situées près du poignet).
Cependant, la croissance a lieu préférentiellement « loin du coude », c’est-à-dire à la partie supérieure de l’humérus (près de l’épaule) et à la partie inférieure du radius et de l’ulna (près du poignet).
Les capacités de réparation osseuse sont plus importantes dans ces zones de forte croissance si bien qu’une fracture déplacée du radius dans sa partie inférieure chez un enfant de 3 ans est d’évolution favorable même à la suite d’un traitement orthopédique.
La plupart du temps, la fracture survient après une chute au cours de laquelle l’enfant ou l’adolescent essaie de se retenir avec les mains. D’autres traumatismes sont possibles tels que réceptionner un ballon de football.
Le poignet se trouve en extension : l’enfant tombe et, instinctivement, fait le geste d’amortir sa chute avec sa main. Ce mécanisme est à l’origine de fracture à déplacement postérieur, c’est-à-dire que l’extrémité inférieure du radius se trouve déplacée à l’arrière par rapport au plan de la main.
Le traumatisme peut se faire lorsque le poignet est en flexion. Ce type de traumatisme produisant une fracture à déplacement antérieur (l’extrémité inférieure du radius se trouve déplacée à l’avant par rapport au plan de la main) est plus rare.
Le traumatisme peut survenir lors de tout type d’accident, sportif (exemple : vélo, roller, etc.) ou autre (exemple : accident de la voie publique, etc.).
Après le traumatisme, si le poignet est gonflé et douloureux, il peut s’agir d’une fracture de l’extrémité distale du radius.
Dans ce cas, il est important de :
- ne pas bouger ou manipuler le poignet blessé ;
- conduire l’enfant aux urgences pédiatriques pour une consultation et, si besoin, des soin.
De manière rare et en cas de traumatisme important, il peut y avoir une plaie et l’os peut être visible : il s’agit d’une fracture « ouverte ». Il existe un risque important d’infection du foyer de fracture.
Dans cette situation :
- appelez les urgences : le 15 ou le 112 ;
- ne bougez pas le poignet blessé ;
- couvrez la plaie d’un tissu propre ou de compresses stériles ;
- en cas d’hémorragie, comprimez la plaie.
Dans un premier temps, le médecin évalue la douleur et la prend en charge. Puis il fait un diagnostic en examinant l’enfant ou l’adolescent. Il peut recourir à des radiographies.
Fracture du poignet : quelle douleur ?
Évaluer la douleur
À la suite du traumatisme ayant provoqué une fracture, l’enfant a peur et il a mal. Tout d’abord, le médecin et l’équipe soignante prennent soin de le rassurer de façon bienveillante (par la parole, en lui souriant…). En fonction de l’âge de l’enfant, ils peuvent aussi utiliser le jeu ou un jouet pour le mettre en confiance et détourner son attention.
La douleur est évaluée :
- au repos, par l’observation de l’enfant sans le toucher : pleure-t-il ? Quelles sont ses mimiques ou quelle position du corps adopte-t-il ? ;
- à la palpation, puis à la mobilisation douce.
De plus, à partir de 4-5 ans, l’enfant peut être capable d’évaluer sa douleur à l’aide d’échelles d’évaluation de la douleur adaptées à l’âge.
Soulager la douleur
Un traitement contre la douleur est mis en place ; il dépend de l’intensité de la douleur et son efficacité est surveillée. Le traitement de la douleur peut être :
- des médicaments antalgiques (paracétamol en premier recours) ;
- des méthodes non médicamenteuses telles que la communication bienveillante, l’information de l’enfant et de ses parents, l’hypnose ;
- l’immobilisation antalgique du bras (c’est-à-dire une immobilisation qui ne soigne pas la fracture mais qui, en évitant de bouger, diminue la douleur).
Examen de l’avant-bras et du poignet cassé
Pour faire son diagnostic, le médecin examine l’enfant.
Il interroge les parents et/ou l’enfant au sujet du type de traumatisme.
Puis le médecin observe l’enfant et plus particulièrement l’endroit traumatisé :
- dans quelle position l’enfant maintient-il spontanément son bras ? ;
- la mobilisation du poignet est-elle possible ou non ? ;
- le poignet est-il déformé ou non ? ;
- existe-t-il un gonflement, un hématome ? ;
- y a-t-il une plaie en regard de la fracture ?...
Par l’interrogatoire et l’examen complet de l’enfant, il vérifie s’il existe ou non un autre endroit traumatisé. En effet, à la suite de la chute et plus généralement de l’accident, il peut y avoir une ou d’autres fractures passées inaperçues car moins impressionnantes et moins douloureuses.
Le médecin examine le poignet en le palpant et en le manipulant doucement. Il détermine ainsi le siège précis de la douleur. Il recherche aussi l’existence d’une fracture du scaphoïde (un os du poignet), en particulier chez le grand enfant ou l’adolescent dans le cas d’une chute sur la main en extension. La fracture du scaphoïde nécessite des examens radiologiques et un traitement spécifique.
Le médecin recherche également l’existence de troubles de la sensibilité de la main ou de la mobilité des doigts, qui peuvent être le signe d’une atteinte d’un nerf et nécessiter un traitement au bloc opératoire en urgence.
L’examen clinique constitue une étape importante car certaines fractures ne sont pas visibles sur les radiographies.
Des radiographies du poignet, face et profil, sont ensuite pratiquées alors que la douleur est calmée, notamment par immobilisation provisoire et médicaments.
Ces radiographies peuvent être normales si la fracture se situe au niveau du cartilage de croissance et n’est pas déplacée (la fracture n’est alors pas visible et le diagnostic se fait uniquement sur l’examen clinique dans ce cas).
Les radiographies peuvent montrer des signes discrets de fracture (exemple des fractures partielles dites « en motte de beurre » de l’extrémité inférieure du radius).
Fracture du radius en motte de beurre
Les radiographies révèlent des images franches de fracture comme un trait de fracture visible sur toute la largeur de l’os. Par ailleurs, les deux fragments d’os peuvent être déplacés l’un par rapport à l’autre (c’est-à-dire qu’ils ne sont plus alignés correctement) et il peut exister plusieurs fragments osseux.
Fracture déplacée du radius
Les radiographies du poignet peuvent être complétées par des radiographies de l’avant-bras complet, prenant le poignet et le coude.
Votre enfant doit faire une radiographie. La BD La radio peut vous aider à comprendre.
Ce document a été réalisé par l’association CoActis Santé avec des personnes en situation de handicap. Ils contiennent des images et des mots simples. C’est pourquoi ils sont faciles à lire et à comprendre (FALC). Ils peuvent être adaptés selon votre profil (femme, homme, enfant, malentendant…).
- Elbaum R. (sous la dir.).L’orthopédie et la traumatologie pédiatrique. Du nouveau-né à l’enfant et l’adolescent. Sauramps médical. 2021:372-373.
- Docquier P.-L., Henry B. Fractures du poignet de l’enfant. Site internet : Open Educational Resources-UCLouvain (Belgique) ; 2017 [consulté le 3 juillet 2024]
- Hôpital Robert-Debré. Fracture du poignet. Site internet : Hôpital universitaire Robert-Debré. Paris ; 2021 [consulté le 3 juillet 2024]
Cet article fait partie du dossier : Fracture du poignet chez l’enfant