Fibrome utérin : quel traitement ?
Fibrome de l'utérus : le choix du traitement
Le traitement choisi pour traiter les fibromes dépend de plusieurs facteurs :
- l’âge et le désir de grossesse ;
- l’importance des symptômes et l'existence de complications ;
- le type de fibromes (nombre, volume, localisation) ;
- l’état général de la patiente.
Choix du traitement : une décision partagée entre médecins et patientes
Exprimez librement l’ensemble de vos préoccupations et questions, auxquelles les différents professionnels répondront. Les propositions de traitement vous sont présentées et explicitées. Participez ainsi au choix de votre traitement.
Pour vous informer sur les différents traitements et vous aider à échanger avec le médecin, préparez votre consultation grâce à Mon-Fibrome.fr
Fibrome de l'utérus : surveillance et traitement par des médicaments
Pas de traitement mais une surveillance du ou des fibromes
Lorsque les fibromes utérins n’entraînent pas de symptômes, on ne les traite pas, à l’exception des fibromes sous-muqueux chez une femme ayant un désir de procréation. Une surveillance médicale suffit. Les fibromes de ce type régressent ensuite, habituellement après la ménopause.
Fibrome de l'utérus : un traitement médicamenteux
En présence de symptômes (douleur, ménorragie), leur traitement de première intention est un traitement médicamenteux.
Des progestatifs
Les progestatifs diminuent les saignements abondants entre ou pendant les règles. Cependant, ils ne modifient pas le volume du ou des fibromes. Le peut être donné :
- par voie orale sur une partie du cycle menstruel : acétate de nomégestrol (Lutényl et génériques) et acétate de chlormadinone (Lutéran et génériques). Mais en raison du risque augmenté de survenue d'un méningiome plus important en cas de traitement prolongé, ces traitements ne sont plus utilisés que sur une période inférieure à un an et avant un traitement chirurgical. Si le traitement est poursuivi au-delà d’un an, toute dispensation de ces médicaments en pharmacie nécessitera de présenter une attestation annuelle d’information co-signée par la patiente et son médecin ;
- ou par voie intra-utérine grâce à un dispositif intra-utérin (stérilet) au lévonorgestrel.
Progestatifs : mise en garde de l'Agence nationale de sécurité du médicament
Il existe un risque augmenté de méningiome (tumeur, le plus souvent bénigne, des méninges, enveloppes du cerveau et de la moelle épinière) associé à l’utilisation d’acétate de nomégestrol (Lutényl et génériques) et d’acétate de chlormadinone (Lutéran et génériques).
Si vous prenez l'un de ces médicaments, consultez la fiche d'information dans la rubrique « Documents utiles » ci-dessous et parlez-en à votre médecin.
Des médicaments analogues de la gonadolibérine (GnRH) en injections intramusculaires
Les analogues de la gonadolibérine ( Décapeptyl®, Enantone®, Gosereline®, Gonapeptyl®) sont parfois indiqués dans le cas de fibromes très volumineux, ou entraînant des saignements à l’origine d’une anémie. Ce traitement bloque l’action d’une hormone de la reproduction, l’hormone libératrice des gonadotrophines, et freine la production d’œstrogènes.
Ce traitement peut être prescrit pendant quelques mois (3 mois le plus souvent) pour réduire le volume des fibromes. Toutefois, comme il a un effet temporaire, on ne l'utilise :
- qu’avant une intervention chirurgicale destinée à enlever le utérin ;
- dans l’attente de la disparition spontanée des symptômes lors de la ménopause.
Des effets secondaires, dus à la baisse de production des œstrogènes, sont souvent présents : bouffées de chaleur, céphalées, irritabilité, prise de poids, sécheresse vaginale, fatigue, troubles de l’humeur...
Esmya (ulipristal 5 mg) : retrait de l’autorisation de mise sur le marché
En raison de la survenue de problèmes hépatiques très graves, l'autorisation de mise sur le marché de l'ulipristal (qui permettait de réduire la taille du fibrome) a été retirée. Ce médicament n'est, désormais, plus commercialisé.
- Si vous preniez de l'ulipristal (Esmya), votre médecin vous a normalement contacté afin d’organiser avec vous un changement de traitement. Il doit également vous avoir prescrit un bilan hépatique.
- S’il vous reste des boites d’Esmya, ne les utilisez pas et rapportez-les à votre pharmacien.
Des médicaments pour diminuer les saignements
Ils agissent sur la coagulation comme l'acide tranexamique, utilisé en cas de saignements abondants par voie intraveineuse..
Fibrome et médicaments antalgiques
Enfin, certains traitements antalgiques peuvent aider à diminuer les douleurs pelviennes (dans la partie inférieure du bassin).
Les traitements non médicamenteux des fibromes
La chirurgie (, myomectomie), le traitement de la cavité utérine (endométrectomie), l’embolisation des artères utérines (EAU) ne sont envisagés habituellement qu’après échec du traitement médicamenteux.
La chirurgie pour fibrome de l'utérus
Une intervention chirurgicale est nécessaire lorsque le utérin est responsable d’hémorragies, de douleurs très importantes, d’infertilité ou en cas de fibromes jugés trop volumineux. Selon le nombre de fibromes, leur localisation et leur taille, le chirurgien choisit entre deux techniques différentes.
L'hystérectomie
L’hystérectomie est une solution de traitement radical qui consiste à enlever l’utérus ou une partie de celui-ci. Trois types d’hystérectomie peuvent être réalisés dans le cas de fibromes utérins :
- l’hystérectomie subtotale, qui comporte l’ablation du corps de l’utérus mais laisse le col de l’utérus en place ;
- l’hystérectomie totale, qui comporte l’ablation complète de l’utérus ;
- l’hystérectomie totale avec salpingectomie (retrait des trompes) ou annexectomie (retrait des trompes et ).
Que l’utérus soit conservé ou non, le chirurgien peut intervenir de trois façons :
- en ouvrant la paroi abdominale (laparotomie). L'intervention est réalisée par une ouverture de l’ (cicatrice transversale le plus souvent, ou médiane sous-ombilicale). Elle a l’avantage de permettre d’atteindre facilement l’utérus et en facilite l’extraction dans le cas d’un utérus volumineux. C'est l'intervention la plus lourde ;
- par cœlioscopie. La chirurgie par voie cœlioscopique moins invasive que la laparotomie, est pratiquée au niveau de l’abdomen à l’aide d’une caméra. Une incision est réalisée dans le nombril et deux à trois autres dans la paroi abdominale, notamment dans l’aine et au-dessus du pubis. Ces incisions permettent l’introduction de la caméra et des instruments opératoires dans la cavité abdominale pour extraire l’utérus ;
- par voie vaginale. Cette technique est la moins lourde. Elle démarre par l’ouverture du fond du vagin autour du col de l’utérus, puis libère le corps de l’utérus de ses attaches ligamentaires et vasculaires latérales pour l’extraire en entier.
La myomectomie
La myomectomie consiste à retirer le ou les fibromes tout en conservant l'utérus. C'est donc une intervention chirurgicale conservatrice. L’opération est parfois précédée d’un traitement médical ayant pour but de réduire le volume des fibromes.
Une grossesse ultérieure reste possible, à distance de l'acte chirurgical. En revanche, de nouveaux fibromes peuvent apparaître après l’opération, ce qui survient dans 20 % des cas environ.
L'ablation du fibrome peut être réalisée par :
- . Le fibrome est retiré à l’aide d’une anse de résection (petit rabot) introduite dans le canal opérateur de l’hystéroscope et reliée à une source d’énergie ;
- laparotomie. La voie d’abord est abdominale. Une incision horizontale est le plus souvent réalisée au niveau du pubis. Parfois, en cas de fibromes utérins très volumineux, une incision verticale médiane peut s’avérer nécessaire. L'intervention consiste à extraire un à un les myomes de la surface utérine en prenant soin de suturer en plusieurs plans le tissu musculaire résiduel pour éviter les saignements et préserver la solidité future de l'utérus ;
- voie vaginale. Une incision vaginale postérieure et/ou antérieure permet d'extraire un ou plusieurs myomes. En cas de difficultés opératoires, le chirurgien peut être amené à modifier la voie d’abord et à procéder à une laparotomie ;
- . Elle est effectuée comme pour l’hystérectomie mais elle se limite à l’extraction de(s) fibrome(s). En cas de difficultés opératoires, le chirurgien peut être amené à modifier la voie d’abord et à procéder à une laparotomie.
Avant l'intervention chirurgicale
Le chirurgien vous explique le type d'opération envisagé, si nécessaire à l’aide d’un schéma. Il vous informe aussi sur les suites opératoires, la convalescence et la reprise de vos activités. Il recueille votre consentement, afin que le traitement choisi soit le plus adapté à votre situation. N’hésitez pas à lui poser des questions.
L'anesthésiste vous informe du mode d'anesthésie envisagée, soit générale soit locorégionale (réalisée seulement pour la région du corps concernée).
Consultez les informations en langage « facile à lire et à comprendre » (FALC) sur l’anesthésie générale, son déroulement et les moyens de s’y préparer, en téléchargeant les bandes dessinées réalisées par l’association CoActis Santé dans le cadre de son projet SantéBD :
Prado, le service de retour à domicile
En cas d’hospitalisation pour chirurgie, l'Assurance Maladie peut vous accompagner pour préparer au mieux votre retour à domicile. Avec Prado, un conseiller de l’Assurance Maladie vous rend visite pendant votre hospitalisation pour planifier les premiers rendez-vous, dont vous aurez besoin après votre sortie, auprès des professionnels de santé de ville.
Ce conseiller peut également faciliter vos démarches administratives.
L’endométrectomie
La réduction endométriale ou endométrectomie consiste à la destruction d’endomètre.
Elle est pratiquée selon deux grandes techniques chirurgicales :
- la résection endométriale hystéroscopique ;
- la thermodestruction.
L’endométrectomie est proposée dans certains cas, en particulier pour le traitement des ménorragies associées au . Elle est réalisée seule ou en association à la résection hystéroscopique de myomes sous-muqueux chez les femmes n’ayant plus de projet de grossesse.
Fibrome de l'utérus : l’embolisation artérielle
L’embolisation des artères utérines peut être proposée en alternative à la chirurgie du fibrome.
Si la jeune femme porteuse d'un fibrome a un désir de grossesse, elle doit être informée que cette technique peut avoir un impact sur sa fertilité, même si le risque d'infertilité est faible.
Cette intervention consiste à obstruer certaines artères qui vascularisent le fibrome utérin par l'injection d’un produit (comportant des microparticules) à partir d’une voie d’abord artérielle fémorale ou radiale et sous contrôle radiologique.
Elle est réalisée par un radiologue interventionnel (formé spécialement pour diagnostiquer et traiter des maladies sous contrôle radiologique), en salle interventionnelle adaptée. Elle ne nécessite qu'une anesthésie locale des points de et une sédation consciente.
À la suite de l’intervention, le fibrome n’est plus vascularisé et diminue de volume progressivement. Cela contribue à atténuer les symptômes ressentis.
Quelle est la durée de séjour à l'hôpital ou en clinique après le traitement d'un fibrome ?
Pour une embolisation des artères utérines, vous êtes admise en structure de chirurgie ambulatoire (vous entrez et sortez le même jour).
Selon la technique employée et votre état de santé, une myomectomie ou une peuvent être effectuées en structure de chirurgie ambulatoire ou nécessiter une hospitalisation de 2 à 6 jours.
Vidéo : L'embolisation des artères utérines
© Pulsations Multimedia « Allô Docteurs »
- Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Tuméfaction pelvienne chez la femme - . ECN 2018. 3e édition Elsevier Masson
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- Phelippeau J, Fernandez H. Fibromes utérins. EMC, Gynécologie. Elsevier Masson. Paris ; 2016;11(3):1-6
- Lansac J, Marret H. Myomes utérins. Gynécologie pour le praticien ; 2018 Chapitre 5, 65-82
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- Agence Nationale de Sécurité du Médicaments et des Produits de Santé. Arrêt de commercialisation du médicament Esmya (ulipristal). Site internet : ANSM. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2022 [consulté le 22 mai 2023]