Reconnaître un érysipèle
Qu’est-ce qu’un érysipèle ?
L'érysipèle est une infection de la peau, du et de l’hypoderme, due à une bactérie. Cette dermo-hypodermite bactérienne aiguë se manifeste par une inflammation aiguë des tissus cutanés et sous-cutanés mais ne provoque pas leur dégradation ou leur destruction.
La bactérie en cause d’un érysipèle est :
- le plus souvent, le bêta-hémolytique du groupe A, voire B, C ou G. La bactérie pénètre à travers une brèche cutanée puis se multiplie localement dans les tissus ;
- plus rarement, un doré lorsque la porte d’entrée du germe est une plaie purulente, un point d’injection chez un toxicomane ou les boutons de varicelle chez l’enfant ;
- très rarement, d’autres germes pouvant se développer après une morsure ou griffure animale (chat, chien) ou en cas d’ (diminution ou même suppression des réactions immunitaires).
L'érysipèle touche principalement les personnes de plus de 40 ans, avec un risque qui augmente avec l’âge.
Facteurs favorisant la survenue d’un érysipèle
Les facteurs de risque de l’érysipèle peuvent être locaux et être liés à :
- Une insuffisance veineuse, c’est-à-dire une mauvaise circulation du sang dans les veines des membres inférieurs.
- Des anomalies de circulation de la lymphe dans le système lymphatique. Cette situation peut se produire, par exemple, après irradiation ou ablation des ganglions lymphatiques lors du traitement d’un cancer et notamment en cas d'ablation des ganglions axillaires lors de la chirurgie d’un cancer du sein.
- Des maladies de peau qui sont responsables d’une rupture de la barrière cutanée créant une porte d’entrée au germe tels qu’un psoriasis, un eczéma, un intertrigo (ou inflammation des plis de la peau) due à une bactérie ou un champignon. L’entrée d’un germe peut aussi faire suite à une plaie, un ulcère de jambe pouvant notamment être une complication de varices, une piqûre d’insecte ou des démangeaisons provoquées par les boutons de la varicelle.
Les facteurs de risque peuvent aussi être liés à l’état de santé général de la personne, à ses habitudes de consommation ou à la prise de certains traitements médicamenteux. L’érysipèle peut donc affecter les personnes :
- en surpoids ou obèses ;
- diabétiques ;
- ayant le VIH, maladie qui affaiblit le ;
- victimes d’alcoolisme ;
- consommatrices de tabac ;
- qui prennent certains médicaments de façon prolongée comme les corticoïdes par voie orale ou à usage local, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ;
- sous traitement (qui limitent l’action du système immunitaire).
Les symptômes d’un érysipèle
Dans 90 % des cas, l’érysipèle se manifeste au niveau d’un des membres inférieurs et plus particulièrement de la jambe. Le visage est atteint dans 5 à 10 % des cas. La manifestation d’un érysipèle à d’autres localisations (bras, thorax, etc.) est rare.
La survenue d’un érysipèle est souvent brutale. Elle se traduit par une sensation de malaise et de fièvre (entre 38 et 39 °C), accompagnée ou non de frissons, tandis qu’un placard inflammatoire cutané apparaît et s’étend rapidement. Quand l’érysipèle affecte un membre inférieur, il est identifié par une « grosse jambe rouge ». Ce placard cutané, dont la limitation est franche par rapport à la peau non lésée, est très inflammatoire : il est chaud, rouge, œdémateux (gonflé) et douloureux.
Lorsque l’érysipèle est localisé au niveau du visage, une plaque rouge est fréquemment délimitée par un bourrelet périphérique, surélévation de la lésion qui est rarement présente en cas d’érysipèle localisé au niveau d’un membre inférieur.
Il est possible que la peau superficielle se décolle par endroit, formant des bulles remplies de liquide clair séreux.
Peuvent aussi apparaître :
- Un ganglion lymphatique volumineux qui est présent une fois sur deux, au voisinage de la plaque d’érysipèle. Une « tuméfaction » au niveau de l’aine peut, par exemple, être observée et palpée en cas d’érysipèle de la jambe ;
- Une traînée de présente dans un quart des cas d'érysipèle. C’est un tracé rouge qui remonte de la lésion en suivant le trajet des vaisseaux lymphatiques.
L’évolution d’un érysipèle
Un traitement aux antibiotiques de l’érysipèle permet l’amélioration de l’état de santé du malade en 48 à 72 h, avec disparition de la fièvre et diminution de la douleur. Le placard inflammatoire et l’œdème régressent toutefois plus lentement et c'est d’autant plus le cas s’ils étaient volumineux en début de traitement. La guérison peut donc être obtenue dans un délai d'une à trois semaines.
Le risque est la récidive de l’érysipèle qui se produit dans 20 à 30 % des cas, surtout :
- si des facteurs favorisants généraux sont présents (diabète, mauvais drainage lymphatique, insuffisance veineuse, surpoids, etc.) ;
- si le traitement de la porte d’entrée de la bactérie n’est pas assuré tels que la prise en charge d’un intertrigo mycosique ou d’un ulcère de jambe.
En outre, la survenue d’un érysipèle peut déséquilibrer une maladie chronique existante : diabète, insuffisance cardiaque, etc.
La survenue de complications est rare et peut se traduire par :
- une apparition d’un abcès sous-cutané ;
- une évolution à bas bruit vers une infection généralisée et une dermite nécrosante, avec destruction de la peau et du tissu sous-cutané. Cette complication est une urgence médicale et chirurgicale.
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