Épidémies, pandémies, gestions sanitaires : ce qu’il faut savoir
Quelle est la différence entre une épidémie et une pandémie ?
Ces termes sont des notions d’épidémiologie. L’épidémiologie est la science qui étudie la relation entre des agents pathogènes (virus ou bactérie) et les populations qu’ils infectent, dans le contexte de leur environnement. Les relations entre un agent pathogène et la population qu’il infecte peuvent se définir par la durée et l’étendue géographique de l’infection :
- une infection qui reste localisée géographiquement mais qui est présente de façon permanente est appelée . On parle alors de maladie endémique, comme le paludisme dans certaines régions du monde par exemple ;
- une infection qui reste localisée géographiquement et sur une courte période de temps est définie comme une épidémie. C’est le cas par exemple de l’épidémie de grippe saisonnière en France qui apparaît uniquement pendant la période hivernale ;
- une infection qui part d’une zone localisée puis s’étend au monde entier est définie comme une . Il peut y avoir des pandémies limitées dans le temps, ou des pandémies qui durent très longtemps (pandémie liée au VIH depuis plus de 30 ans par exemple).
Pour une maladie donnée, le passage d’un état endémique à épidémique, ou même pandémique, est possible s’il y a une rupture d’équilibre ou une importante modification dans l’environnement. Cela arrive par exemple quand la déforestation ou d’autres perturbations environnementales ou climatiques mettent l’homme au contact de virus ou de bactéries qui existent à l’état endémique chez certains animaux du milieu. Le passage de l’espèce animale à l’espèce humaine peut alors transformer une endémie en épidémie (VIH, grippe aviaire, salmonellose, virus Ebola, etc.).
Quels sont les virus ou les bactéries concernés ?
N’importe quelle bactérie ou virus peut potentiellement causer une épidémie.
Exemples d’épidémies virales :
- grippe saisonnière ;
- rougeole ;
- Ebola ;
- Covid-19 (à l’échelle mondiale donc pandémique).
Exemples d’épidémies bactériennes :
- peste ;
- tuberculose ;
- méningite.
Qu'est-ce que la contagiosité ?
La contagiosité est la capacité d’une bactérie ou d’un virus à contaminer plus ou moins de personnes et la facilité de transmission depuis les personnes contaminées vers les personnes saines.
La contagiosité est très variable d’une bactérie à l’autre ou d’un virus à l’autre. Elle dépend de plusieurs facteurs qui se mélangent :
- La façon dont l’agent pathogène se propage : un virus porté par l’air passe plus facilement d’une personne à l’autre qu’un virus obligé de rester au sol ou dans l’eau.
- L’état de santé de la personne infectée et la capacité de son à contrôler plus ou moins son infection.
- Le mode de vie de la personne infectée. Si celle-ci a de nombreuses interactions sociales et entre en contact rapproché avec beaucoup de monde, elle a plus de risques de contaminer d’autres personnes. Ce principe est la base des mesures de distanciation sociale qui sont mises en place lors de certaines pandémies ou épidémies.
- Des facteurs liés à l’environnement et au climat, pour des agents pathogènes qui sont, par exemple, sensibles à la température ou à l’humidité.
Épidémie ou pandémie : à quoi correspond la gestion sanitaire ?
La gestion sanitaire est définie comme l’ensemble des mesures prises pour contrôler une maladie, qu’elle soit endémique, épidémique ou même pandémique. Ces mesures peuvent être prises, selon le cas, à l’échelle locale (dans un établissement, une ville, un département, etc.) ou nationale, voire même mondiale.
Les objectifs d’une gestion sanitaire visent à :
- limiter la propagation de la maladie ;
- prendre en charge les personnes infectées ;
- dimensionner les capacités de soins en les adaptant à la situation (si cela n’est pas possible, préserver les capacités de soins en priorisant les prises en charge) ;
- chercher les moyens d’éradiquer la maladie (traitement, vaccin, mesures de prévention, etc.).
Quelles sont les mesures qui peuvent être prises ?
Les mesures de gestion sanitaire peuvent être individuelles ou générales.
Les mesures individuelles
- appliquer de gestes barrière définis par rapport à la situation contagieuse (port du préservatif contre le VIH par exemple) ;
- adopter un hygiène individuelle renforcée (lavage des mains, etc.) ;
- adopter une hygiène alimentaire : selon l’agent pathogène en cause, ne pas consommer d’eau contaminée, ou de coquillages infectés en cas d’épidémie d’origine alimentaire par exemple ;
- limiter les contacts / éviter les déplacements dans certaines zones.
Les mesures générales
- fermeture d’un établissement scolaire, ou de lieux de rassemblements, ou interdiction de vente d’un produit infecté (coquillages par exemple) ;
- dépistage des personnes infectées ou à risque quand cela est possible ;
- information des personnes saines ayant été en contact avec une personne infectée pour qu’elles prennent les mesures nécessaires (dépistage s’il existe, isolement...) Cela peut se faire par des outils numériques comme une appli mobile dédiée (appli Tousanticovid par exemple) ;
- adaptation des structures de soins : orientation des personnes infectées, développement de services spécialisés... ;
- confinement plus ou moins sélectif pour éviter les contacts entre personnes infectées et personnes saines ;
- contrôles des flux de populations (avec dépistage ou contrôles à l’entrée d’un établissement, ou de gares, etc.) ;
- mise à disposition de traitement ou de vaccin s’il en existe, sinon mise en place des structures de recherche.
Les mesures de gestion sanitaire ne sont pas forcément toutes mises en place en même temps. Elles peuvent évoluer en intensité au cours de l’épidémie (limitation des déplacements de certaines personnes, puis limitation généralisée des déplacements), ou n’être valables qu’à certains moments (vaccination à réaliser avant l’épidémie pour la grippe par exemple).
Que sont des gestes barrières ?
Les gestes barrières constituent un ensemble de mesures aussi bien pour des gestes à adopter, que pour des comportements à éviter. La majorité des gestes barrières sont valables pour de très nombreuses épidémies, car ils sont de nature à réduire les risques de transmission entre individus, quel que soit le virus ou la bactérie en cause (rhume, grippe, Covid-19, rhinopharyngite, tuberculose, etc.).
Les gestes barrière généraux sont :
- une hygiène rigoureuse des mains par un lavage prolongé plusieurs fois par jour ;
- le port d’un masque pour éviter les projections lors de toux ou d'éternuements ;
- le port de gants jetables selon les activités ;
- ne pas se frotter le visage (yeux, nez, bouche) avec les mains ;
- éternuer ou tousser dans le pli du coude si l’on ne porte pas de masque (car des particules de salive peuvent être projetées à plus de 9 mètres en cas d’éternuement) ;
- utiliser des accessoires d’hygiène à usage unique (mouchoirs notamment), et les jeter dans une poubelle ;
- saluer sans serrer la main, ni embrasser ;
- tenir une distance d’1 mètre minimum avec toutes les autres personnes, dans toutes les activités ;
- éviter les déplacements inutiles et les rassemblements ;
- se faire vacciner si un vaccin existe.
Appliqués de façon adaptée selon le cas, ces gestes barrières permettent de limiter la dissémination de la majorité des agents infectieux, qu’il s’agisse de la Covid-19, d’une gastro-entérite ou de la grippe saisonnière.
Qu’en est-il du masque et du gel hydro-alcoolique ?
Le lavage des mains doit être fait de façon appliquée plusieurs fois par jour à l’eau et au savon (et non avec du gel douche, du shampooing ou du liquide vaisselle). Le gel hydro-alcoolique est efficace pour désinfecter les mains, mais il ne les lave pas. Il ne peut donc pas remplacer les lavages réguliers, et doit être utilisé pour de la désinfection ponctuelle lorsqu’il n’y a pas de possibilité de se laver les mains.
Le gel hydro-alcoolique ne doit pas être dilué avec de l’eau, ni mélangé à aucun autre désinfectant. De même, il ne faut pas l’appliquer en même temps qu’un autre désinfectant sur la peau. Il ne faut pas non plus laver la peau plusieurs fois par jour avec un désinfectant, car cela fragiliserait la peau et la rendrait plus vulnérable à une infection.
Le masque porté doit être de taille suffisante pour couvrir le nez et la bouche. Il doit être manipulé avec des mains propres et sèches. Il ne faut pas imprégner le masque de quoi que ce soit (ni huile essentielle, ni désinfectant, ni gel hydro-alcoolique). Un masque jetable ne doit pas être lavé et réutilisé, ni passé au micro-onde ou sous une source de chaleur pour le désinfecter.
Il faut toujours garder à l’esprit que le masque sert à protéger les autres contre les projections éventuelles par la bouche ou le nez, il doit donc être porté en permanence au-dessus du nez (et pas sous le nez).
Consultez les informations en langage « facile à lire et à comprendre » (FALC) sur les différents types de masque et comment les porter pour se protéger des virus ou bactéries, en téléchargeant la bande dessinée Le masque – Comment bien mettre son masque ? (PDF), réalisée par l’association CoActis Santé dans le cadre de son projet SantéBD.
Comment bien s’informer des mesures de gestion sanitaire ?
Les mesures de gestion sanitaire sont toujours décidées par les autorités sanitaires (ministères, agences gouvernementales, Assurance Maladie). Il faut donc s’informer sur les sites institutionnels et demander conseil, si nécessaire, à son pharmacien ou à son médecin traitant.
Il convient d’éviter les informations, interprétations ou solutions alternatives portées par les réseaux sociaux ou toutes sources non validées.
Comment faire si on a été en contact avec une personne infectée ?
Si les gestes barrières sont correctement appliqués, le fait de croiser d’autres personnes infectées ne présente pas de risque de contamination. Si les gestes barrière n’ont pas été respectés ou s’il y a un doute, il ne sert à rien de paniquer, ni de répéter a posteriori plusieurs protocoles de désinfection.
Dans le cas d’une infection comme la grippe ou la Covid-19, désinfectez-vous, au besoin en prenant une douche, en vous savonnant entièrement. Puis portez un masque et demandez conseil à votre médecin traitant qui pourra éventuellement vous prescrire un test de dépistage ou un traitement préventif s’il en existe un.
Dans le cas d’une exposition au VIH, vous devez immédiatement consulter votre médecin traitant, ou les centres spécialisés en milieu hospitalier, afin de bénéficier d’un test et d’un traitement préventif.
Quelle est la durée d’une épidémie ?
Il n’existe pas de durée standard pour une épidémie. Certaines durent quelques jours ou quelques semaines (grippe saisonnière ou gastro-entérite par exemple), alors que d’autres s’installent dans la population humaine et y restent pour plusieurs siècles, en revenant par vagues successives (la rougeole par exemple).
La durée d’une épidémie est toujours le résultat d’interactions complexes entre le virus ou la bactérie, l’état de la population humaine au moment de l’épidémie (personnes en plus ou moins bonne santé, taux de si un vaccin existe, etc.), et les conditions de l’environnement (dont le climat).
Une épidémie ou une ne disparait pas forcément quand le virus ou la bactérie disparaît. L’agent pathogène peut rester présent mais la maladie disparaît car la population générale a atteint un niveau de protection collective suffisant pour qu’il ne circule plus efficacement (vaccination ou naturelle collective), ou parce que des conditions liées à l’environnement ne sont plus favorables à la bactérie ou au virus.
Peut-il y avoir 2 épidémies ou 2 pandémies en même temps ?
Plusieurs épidémies peuvent survenir dans la même zone au même moment. Par exemple, la France connait régulièrement en période hivernale une épidémie de grippe saisonnière en même temps qu’une épidémie de gastro-entérite. Cela vaut aussi pour les pandémies.