Le traitement de l'endométriose
Publié dans : Endométriose
01 juillet 2024
Pour diminuer la douleur et les lésions d’endométriose, différents médicaments peuvent être prescrits. Dans certains cas, une intervention chirurgicale est proposée pour retirer les lésions. Un soutien psychologique est parfois nécessaire.
Quand mettre en route un traitement d'endométriose ?
Le choix du traitement est personnalisé.
Si l' n'est responsable d'aucun symptôme, il est possible de ne pas mettre en route de traitement et une surveillance est proposée pour évaluer l'évolution de la maladie.
Dans les autres situations, un traitement est mis en route. Il associe un traitement hormonal et un traitement antalgique.
Le traitement hormonal de l'endométriose
Afin de réduire les lésions d’ qui sont hormono-dépendantes et qui évoluent selon le cycle menstruel, le médecin prescrit des médicaments qui provoquent l'arrêt des règles (). Grâce à la suppression des règles et donc la disparition des saignements au niveau des lésions d’, les douleurs s’atténuent ou disparaissent et les lésions régressent. Cependant, certaines lésions comme les adhérences et les lésions fibreuses cicatricielles sont insensibles aux hormones et ne régressent pas grâce à ce traitement.
Fixé en concertation avec la jeune femme, il tient compte des contre-indications des médicaments, de leurs effets indésirables possibles et de l'état de santé de la personne.
Un traitement hormonal de première intention
- La contraception estroprogestative : certains contraceptifs estroprogestatifs utilisés en continu suppriment les règles.
- La pose d'un système intra-utérin au lévonorgestrel (stérilet ou dispositif intra-utérin).
Un traitement hormonal de deuxième intention
- La contraception microprogestative orale au désogestrel.
- L'implant à l'étonogestrel. Il s'agit d'un implant sous-cutané, de longue durée d'action, libérant un .
- Le diénogest, hormone qui a un puissant effet .
Un traitement hormonal de troisième intention
- L’acétate de chlormadinone (Lutéran®). La Haute Autorité se santé précise qu'en l’absence de données récentes, la place de l’acétate de chlormadinone (Lutéran®) dans le traitement de l’ ne peut pas être précisée. Si vous êtes ou avez été traitée par ce médicament, parlez-en à votre médecin.
Il existe un risque augmenté de méningiome (tumeur, le plus souvent bénigne, des méninges, enveloppes du cerveau et de la moelle épinière) associé à l’utilisation d’acétate de nomégestrol (Lutényl® et génériques) et d’acétate de chlormadinone (Lutéran® et génériques), surtout si le traitement est prolongé. C'est pourquoi, si le traitement est poursuivi au-delà d’un an, toute dispensation de ces médicaments en pharmacie nécessitera de présenter une attestation annuelle d’information co-signée par la patiente et son médecin
Si vous prenez l'un de ces médicaments, parlez-en à votre médecin.
- Les analogues de la gonadoliberine (GnRH).
Ces médicaments empêchent la production d’hormones gonadotropes, qui stimulent les et provoquent par conséquent une baisse du taux d’estrogènes (hypo-estrogénie). Il s’en suit la suppression des règles () et simultanément la disparition des saignements au niveau des lésions d’.
Ces médicaments sont prescrits sur une durée de 3 à 6 mois, au maximum d'un an.
Ils présentent des effets secondaires (bouffées de chaleur, sécheresse cutanée, déminéralisation osseuse ou ostéoporose, liés à l’hypo-estrogénie qu'ils induisent. Ceux-ci sont corrigés par l'add-back therapie qui consiste à réintroduire, avant le 3ème mois de traitement, un peu d’estrogènes dans l’organisme, sous contrôle médical. .
Calmer les douleurs d'endométriose
Quels médicaments antalgiques ?
Les douleurs sont liées au processus inflammatoire, à l'irritation de terminaisons nerveuses et à l'immobilité des tissus à visée antalgique par réaction aux douleurs. Si les douleurs ne sont pas soulagées de façon durable, le cerveau devient très sensible au douleurs répétées, ce qui augmente le ressenti douloureux.
Pour améliorer la qualité de vie, il est important de mettre en route le plus tôt possible un traitement contre la douleur. La prise en charge de la douleur est adaptée à chaque patiente.
Pour atténuer les douleurs liées à l', le médecin prescrit des antalgiques en procédant par paliers selon leur efficacité (paracétamol, anti-inflammatoires non stéroïdiens ou antalgiques plus puissants si nécessaire).
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ne doivent pas être utilisés en cas de contre-indications, ni au long cours en raison de leurs effets secondaires gastriques et rénaux. S’il est nécessaire, le traitement doit respecter les règles suivantes et être pris sur avis médical :
- Utiliser l’AINS à la dose minimale efficace.
- Ne pas dépasser 5 jours de traitement contre la douleur.
- Arrêter le traitement dès la disparition des symptômes.
D'autres médicaments agissent sur les douleurs chroniques de l', comme les médicaments anti-épileptiques ou les antidépresseurs utilisés à visée antalgique.
Dans les cas de douleurs rebelles aux traitements, il peut être utile de s’adresser à un médecin spécialiste de la prise en charge de la douleur dans un centre antidouleur.
D'autres approches pour soulager la douleur de l'
Des thérapies non médicamenteuses sont souvent utiles pour améliorer la qualité de vie et lutter contre la douleur, en complément de la prise en charge médicale :
- l’acupuncture ;
- l’ostéopathie (thérapie manuelle non manipulative, telle que la fasciathérapie) ;
- le yoga ;
- l'hypnose.
Symptômes d'intestin irritable associés
L' est souvent associée à des symptômes d'intestin irritable. Dans ce cas, une approche diététique est souvent nécessaire.
Lire : Comment traiter un syndrome de l'intestin irritable ?
Une intervention chirurgicale peut être nécessaire. Elle est alors programmée en concertation avec plusieurs spécialistes : gynéco-obstétricien, urologue (spécialiste de l’appareil urinaire), chirurgien digestif, etc.
Cette chirurgie est complexe, surtout si des lésions sont implantées sur des organes fonctionnels (vessie, rectum, colon, etc.). Elle doit donc être menée par des chirurgiens experts de l’.
L'intérêt de la chirurgie est étudié :
- en cas d’ douloureuse, non contrôlé par le traitement médicamenteux ;
- en présence d'une infertilité avec désir de grossesse et selon les organes atteints par l', sous réserve que la chirurgie apporte plus d’avantages (ex. : diminution des douleurs, amélioration de la fécondité) que d’inconvénients (ex. : incontinence urinaire).
L’intervention permet dans un premier temps de faire le point sur l’étendue et la nature des lésions d’. Puis, elle consiste à détruire les lésions (par coagulation ou vaporisation au ) ou à les retirer (exérèse). La difficulté chirurgicale est augmentée par la présence de petites lésions disséminées. La chirurgie est réalisée le plus souvent sous cœlioscopie, technique qui facilite les suites opératoires et limite les adhérences.
En cas d’ profonde ou étendue, une laparotomie (ouverture de la paroi abdominale) peut être nécessaire et l'intervention est longue. Parfois l’ablation d une lésion digestive basse du rectum nécessite la mise en place d'une poche de dérivation des matières fécales pendant 1 à 2 mois.
Après l’opération, un traitement hormonal est prescrit, en l'absence de désir de grossesse, pour réduire le risque de récidive douloureuse.
À noter : Avant d'être opéré(e), une consultation est obligatoire auprès d'un médecin anesthésiste.
Critères d'admission de l'endométriose en ALD 31
Pour les formes d' impactant la qualité de vie et nécessitant, au cours de leur évolution, des examens et des soins nombreux, un accès à la prise en charge à 100 % au titre de l'ALD 31 (affection hors liste des 30 ALD) est possible si les critères d'admission sont remplis.
Quels sont les critères d'admission en ALD 31 ?
Une ALD dite « hors liste » ou ALD 31 est une maladie grave qui n'est pas dans la liste des 30 ALD, qui évolue sur une durée prévisible supérieure à 6 mois et dont le traitement est particulièrement coûteux.
Pour que les examens et les soins soient acceptés en ALD hors liste 31, la prise en charge de l' doit comprendre obligatoirement un traitement médicamenteux.
2 critères parmi les 4 suivants sont également obligatoires et doivent donc être présents :
- une hospitalisation à venir ;
- des actes techniques médicaux répétés ;
- des actes biologiques répétés ;
- des soins paramédicaux fréquents et réguliers.
- Haute Autorité de santé. Prise en charge de l'. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2018 [consulté le 6 octobre 2022]
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- Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). . Site internet : Inserm. Paris ; 2018 [consulté le 6 octobre 2022]
- Closon F, Brichant G, Tebache L, Pinzauti S, Nisolle M. L' de l'adolescente. Médecine thérapeutique / Médecine de la reproduction, gynécologie et endocrinologie. 2013;15(3):228-33
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