Écrans et santé des enfants et des adolescents
Publié dans : Écrans, enfance et adolescence
23 juin 2025
Quel est le lien entre l’utilisation des écrans par les parents en présence d’un enfant et le développement de ce dernier ? Quels sont les effets d’un usage excessif ou d'un usage inapproprié des écrans par un enfant sur sa santé ? Des réponses se dessinent dans les études de population en cours.
L’utilisation des écrans par les parents en présence d’un enfant (par exemple lorsqu’il joue ou qu’il mange) est une préoccupation croissante dans la dynamique familiale.
Les enfants sont de plus en plus exposés aux écrans dès leur plus jeune âge par l’intermédiaire de leurs parents, un phénomène appelé parfois « technoférence parentale » ou « phubbing » (pour phone snubbing) ou « télésnobisme », c’est-à-dire le fait d’ignorer quelqu’un tandis que l’on consulte son téléphone.
L’usage parental des écrans en présence de jeunes enfants semble :
- affecter leurs émotions (augmentation de l’anxiété, sentiment de solitude, etc.), leur santé psychosociale (relationnelle) et leur développement cognitif (diminution des échanges de parole et des mimiques) ;
- favoriser leur propre temps d’écran (étude australienne).
D’autres recherches axées sur les impacts potentiels sur l’activité physique, le sommeil et les capacités motrices sont nécessaires.
Il est essentiel de comprendre ces associations pour éclairer la recherche et les conseils visant à réduire au minimum les effets négatifs potentiels de ce phénomène sur le développement de l'enfant.
La reconnaissance des conséquences néfastes de l’usage inapproprié des écrans, que ce soit en termes de temps passé ou de type de contenus consultés, fait aujourd’hui l’objet d’un consensus scientifique. Quelles sont ces conséquences sur la santé ?
Usage excessif des écrans : quand faut-il craindre des effets sur la santé ?
Soyez attentif dans le cas où :
- votre enfant passe beaucoup de temps sur les écrans. Il les utilise dès son lever ou à des moments inappropriés : regroupement familial ou amical (repas, réunion de famille ou entre amis) ;
- votre enfant regarde des contenus non adaptés à son âge ;
- vous êtes avec lui dans une situation conflictuelle car, lorsque vous lui demandez de modifier son comportement, il refuse de s’arrêter ou de diminuer le temps passé devant l’écran.
Vous observez des répercussions sur sa vie quotidienne :
- votre enfant diminue son temps de travail scolaire, ne fait pas ou bâcle ses devoirs ;
- il dort mal ou peu ;
- il délaisse ses amis et s’isole ;
- il manque des rendez-vous pour ses activités sportives ou de loisir.
L’usage excessif et inapproprié des écrans peut se traduire par des effets délétères à plusieurs niveaux.
Performances cognitives et usage des écrans
Pour se développer un enfant a besoin d’interactions humaines riches et variées. L’usage des écrans altère cette relation et peut avoir pour conséquences :
- des difficultés d’apprentissage liées à un manque d’attention, des difficultés à se concentrer, à mémoriser et à planifier, une agitation ayant pour conséquences un retard d’acquisition du langage ;
- une perte de motivation : peu à peu l’enfant perd son intérêt pour toute autre activité que la consultation des écrans.
Santé psychique et usage des écrans
L’usage problématique des écrans peut être source :
- de perturbations du développement socio-relationnel et affectif : les interactions familiales et amicales sont moins nombreuses. La recherche d’« amis virtuels » sur les réseaux sociaux se fait sans échanges véritables (course aux « likes ») ;
- d’une diminution du jeu et des activités créatives au profit de la sédentarité ;
- d’un isolement et d’un retrait social pouvant aller chez les adolescents jusqu’au syndrome Hikikomori. Le syndrome de Hikikomori correspond au besoin de rester cloîtré chez soi ;
- de troubles émotionnels : l’enfant recherche par l’usage des écrans une gratification immédiate. Il ne supporte pas la frustration et devient irritable et opposant. Il perd confiance en lui ;
- de troubles anxieux chez les adolescents très connectés, voire de dépression.
Ces troubles psychiques peuvent être favorisés par l’exposition à des contenus violents, pornographiques ou dangereux : incitation à la haine, tentative d’escroquerie, cyberharcèlement, rencontre dangereuse, information utilisée de façon malveillante, etc. L’usage des réseaux sociaux peut devenir problématique chez les jeunes les plus fragiles psychiquement et socialement.
Santé physique et usage excessif des écrans
Rester longtemps, chaque jour, devant un écran expose à :
- la sédentarité, une baisse de l’activité physique, facteur de risques pour la santé ;
- une prise de poids. En effet, la consultation des écrans incite au grignotage : confiseries, sodas, snacks, etc. ;
- de mauvaises postures et de douleurs musculaires : mal de dos (dans la région lombaire), douleur de la nuque, des épaules, des poignets et des mains (troubles musculo-squelettiques) ;
- une fatigue et des perturbations du sommeil avec perte de notion du temps et désorganisation des cycles du sommeil. Le sommeil peut être perturbé par des images choquantes vues à la télévision ou sur internet. Cela provoque parfois chez l’enfant des difficultés pour s’endormir, des cauchemars, une angoisse et une agressivité le jour. Cette réaction est possible même si l’enfant n’a montré aucun signe de peur au moment où il a vu des images perturbantes. Les jeux vidéo sur console, tablette ou sur ordinateur, l’utilisation du téléphone mobile sont également associés à des problèmes d’endormissement et à un sommeil de médiocre qualité, particulièrement chez les adolescents ;
- un syndrome des yeux secs, une fatigue oculaire et probablement une progression de la myopie. Les activités en vision proche concernant l’usage des smartphones, des dispositifs numériques proches, des tâches proches avec une distance de travail inférieure à 20 cm, quelle que soit l’intensité lumineuse, serait un facteur de risque de progression de la myopie. C’est dans tous les cas un facteur de fatigue oculaire ;
- une exposition à la lumière bleue. Dans une note du 8 février 2023, l’Académie nationale de médecine rappelle les dangers d’un usage excessif de l’écran, en raison notamment de la phototoxicité rétinienne provoquée par la lumière bleue. Mais au-delà de son impact sur les yeux, la lumière bleue contribue également à une dérégulation du rythme veille-sommeil qui altère la qualité des nuits et entraîne des et de l’humeur.
Qu’appelle-t-on un comportement sédentaire ?
La sédentarité est une situation d’éveil caractérisée par une très faible dépense d’énergie. Elle correspond au temps passé assis, couché ou debout sans bouger (sans mouvement conduisant à une dépense d’énergie).
Les comportements sédentaires sont par exemple :
- se déplacer en véhicule motorisé ;
- être assis pour lire, écrire, faire un travail de bureau, étudier, passer du temps devant un écran (télévision, jeux vidéo, ordinateur) ;
- être spectateur d’un événement sportif ;
- être debout dans une file d’attente ;
- être allongé pour lire, regarder la télévision...
Lire les articles :
- Sommeil de l’enfant : ses étapes et ses troubles
- Sommeil de l’adolescent : quelles particularités ?
- Myopie de l’enfant
- Yeux secs
Addiction comportementale aux jeux vidéo
Les jeux vidéo sont l’une des activités sur écrans les plus répandues à l’adolescence, notamment chez les garçons. Pour la majorité des adolescents, l’usage des jeux vidéo est une pratique récréative, sans impact sur la santé.
Mais pour certains, l’usage devient excessif et les plonge dans un monde virtuel qui les éloigne de la relation à autrui et de l’apprentissage concret de la vie. L’usage excessif des jeux vidéo a des conséquences négatives : chute des résultats scolaires, désinsertion sociale, isolement au sein de la famille, etc..
Peut-on parler d’addiction ?
Les addictions comportementales ou « addictions sans substance » se caractérisent par l’impossibilité de contrôler la pratique d’une activité. Une sensation de tension croissante se met en place avant de passer à la pratique de l’activité et au moment de la pratique, la personne ressent un plaisir ou un soulagement. Cette addiction peut concerner les jeux vidéo. Elle est reconnue pour les plus de 18 ans.
La pratique excessive de jeux vidéo fait craindre le glissement, à l’âge adulte, vers la pratique de jeux de hasard et d’argent, autre addiction comportementale.
Lire l’article : Addiction comportementale (jeux, écrans)
- Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca). L’essentiel sur les usages problématiques des écrans. Site internet : Mildeca Paris ; 2025 [consulté le 16 juin 2025]
- Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca). Quatrième édition (2024) du Baromètre Mildeca/Harris Interactive sur les usages d’écrans et les problématiques associées. Site internet : Mildeca. Paris ; 2025 [consulté le 16 juin 2025]
- Bernard J-Y., Poncet L, Saïd M, Yang S, Dufourg M-N, Gassama M, Charles M-A. Temps d'écran de 2 à 5 ans et demi chez les enfants de la cohorte nationale Elfe. Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2023, n° 6, p. 98-105. Santé publique France.
- Rapport « Enfants et écrans : À la recherche du temps perdu », élaboré par une commission d'experts et remis au président de la République en avril 2024
- Picherot G., Cheymol J., Assathiany R., Barthet-Derrien M.-S., Bidet-Emeriau M. , Blocquaux S. et al. L’enfant et les écrans : les recommandations du Groupe de pédiatrie générale (Société française de pédiatrie) à destination des pédiatres et des familles Perfectionnement en pédiatrie, 2018;1(1):19-24
- Note du 8 février 2023, l’Académie nationale de médecine établit des recommandations pour mieux protéger les jeunes des effets néfastes de la lumière bleue des écrans. Site : Académie nationale de médecine. Paris ; 2023 [consulté le 16 juin 2025]
- Institut national de la santé et de la recherche médicale. Presse Inserm : Tablette, smartphone, console, télé, ordi… Faut-il les interdire aux enfants ? Site internet : Inserm. Paris ; 2019 [consulté le 16 juin 2025]
- Toledo-Vargas M. Hau Chong K., Maddren C-I, et al. Utilisation de la technologie parentale en présence d’un enfant, sa santé et son développement au début de l'année Revue systématique et méta-analyse. JAMA Pediatrie. Publié en ligne le 5 mai 2025 sur jamapediatrics.
- Institut de France. Académie nationale de médecine. Académie des technologies. L’enfant, l’adolescent, la famille et les écrans. Appel à une vigilance raisonnée sur les technologies numériques, 9 avril 2019. Site internet : Académie nationale de médecine. Paris ; 2019 [consulté le 16 juin 2025]