Sommaire : Dyspepsie ou mauvaise digestion

Le bilan médical et le traitement de la dyspepsie

Si vous consultez votre médecin pour dyspepsie, il prescrit divers examens médicaux pour établir la présence ou non d’Helicobacter pylori. Le traitement est alors adapté en fonction des cas et un contrôle de suivi est nécessaire.

Mauvaise digestion : la première consultation

Afin de poser le diagnostic de dyspepsie, d'évaluer la nécessité de demander des examens et de vous prescrire un traitement adapté, votre médecin traitant :

  • vous interroge sur vos symptômes. Il peut vous demander de noter quotidiennement les symptômes ressentis dans un agenda et ce, pendant 2 semaines ;
  • s'informe sur les médicaments que vous prenez ;
  • vous examine ;
  • et, si nécessaire, vous prescrit différents examens.

Dyspepsie : l’importance d’agir sur ses habitudes de vie

Dans tous les cas de dyspepsie ou mauvaise digestion, il est indispensable d’agir sur les facteurs de risque et de modifier des habitudes de vie (surpoids, consommation de boissons gazeuses ou d’aliments acides, etc.)

Il est aussi nécessaire de porter une attention particulière aux traitements en cours ou aux médicaments auto-administrés. Certains médicaments (les AINS ou anti-inflammatoires non stéroïdiens en particulier) pouvant causer la dyspepsie, il est indispensable d’en changer, voire de le supprimer.

Les examens en cas de dyspepsie

Les examens nécessaires diffèrent selon que le médecin pense que la dyspepsie est probablement due à une maladie digestive ou, au contraire, s'il pense qu'elle est fonctionnelle.
Les examens ont notamment pour but de déterminer la présence ou non de la bactérie Helicobacter pylori. De leurs résultats, découlera le traitement.

Dyspepsie : quand suspecter une maladie en cause ?

La dyspepsie est plus souvent due à une maladie digestive lorsque le patient :

  • a plus de 45 ans,
  • présente des symptômes d'alarme,
  • a des antécédents personnels ou familiaux de cancer digestif.

La dyspepsie n’a pas d’origine précise, elle est dite fonctionnelle. C'est le plus souvent le cas si le patient :

  • a moins de 45 ans,
  • n’a pas d’antécédent personnel ou familial de cancer digestif,
  • ne présente aucun signe d’alarme,
  • n’a aucun facteur de risque.

    Si une maladie digestive à l'origine de la dyspepsie est suspectée

    Si le risque de lésion du tube digestif est important, le médecin traitant prescrit alors une œsogastroduodénale (endoscopie digestive haute). Cet examen, réalisé sous anesthésie locale ou générale, permet de visualiser une lésion de l’œsophage, de l’estomac ou du duodénum à l’aide d’une petite caméra. Il est réalisé par un médecin gastro-entérologue.

    Lors de l'endoscopie :

    • au moins 5 biopsies (prélèvements) sont effectuées sur diverses parties de l'estomac pour l' ;
    • 2 autres biopsies permettent un examen bactériologique.

    L'analyse de ces prélèvements permet de :

    • rechercher la présence éventuelle de l'infection à Helicobacter pylori ainsi que des lésions précancéreuses ;
    • réaliser l'examen bactériologique qui consiste à mettre en culture la bactérie Helicobacter pylori (si celle-ci est présente) et d'évaluer sa sensibilité aux antibiotiques.

    Endoscopie digestive haute

    Schéma représentant le trajet d’un endoscope à l’intérieur de l’appareil digestif supérieur, le long de l’œsophage et dans l’estomac (cf. description détaillée ci-après)

    Une digestive haute permet d’observer les organes digestifs supérieurs. Pour procéder à cet examen, un endoscope, petite caméra située au bout d’un long et fin bras articulé, est introduit dans votre bouche.

    La caméra descend ensuite le long de l’œsophage, long et étroit canal digestif. Il prend son origine dans la bouche, puis descend le long de la poitrine, entre les poumons, jusqu’à l’estomac.

    L’estomac est une poche en forme de haricot, située dans l’, sous le diaphragme. Son entrée est appelée cardia.

    Une fois le cardia dépassé, la caméra peut observer l’intérieur de l’estomac. Elle doit s’arrêter au niveau du pylore, un permettant l’ouverture et la fermeture de la sortie de l’estomac. Il peut cependant observer ce ainsi que la partie située juste après celui-ci, appelée le bulbe duodénal.

    Le bulbe duodénal est la première partie du duodénum, segment initial de l’intestin grêle.

    En cas de dyspepsie fonctionnelle sans origine précise

    Si le médecin pense que la dyspepsie est fonctionnelle car la personne ne présente pas de facteurs de risque, l'endoscopie digestive haute est inutile. 

    Une recherche de la présence de la bactérie Helicobacter pylori est cependant nécessaire. Celle-ci peut, dans ce cas, s'effectuer sans endoscopie grâce à :

    • une prise de sang, qui permet la recherche d’anticorps spécifiques dans le sang (cet examen est très utile pour le diagnostic, mais n'est pas indiqué pour contrôler l'éradication du Helicobacter pylori. En effet, les anticorps persistent dans le sang pendant des mois après le traitement) ;
    • une recherche d’ fécal, l’analyse se fait sur un échantillon de selles analysé en laboratoire (examen non remboursée par l'Assurance Maladie) ;
    • un test respiratoire à l’urée marquée (examen non remboursé par l’Assurance Maladie dans cette indication de bilan diagnostique).

     

    Traitement de la dyspepsie si la bactérie Helicobacter pylori est présente

    Le traitement diffère selon la cause de la dyspepsie : maladie digestive ou pas de cause précise trouvée.

    En cas de dyspepsie due à une maladie digestive avec présence d'Helicobacter pylori

    La maladie digestive associée à la dyspepsie (RGO, ulcère gastroduodénal...) est traitée.

    Il s'y associe un traitement visant à éradiquer la bactérie Helicobacter pylori, dont la présence est trouvée sur les biopsies.

    Selon les résultats de l’étude de la sensibilité du germe aux antibiotiques, un traitement d’une durée de 10 jours est préconisé. Il associe 3 médicaments :

    • un inhibiteur de la pompe à protons ou IPP (lansoprazole, oméprazole, rabéprazole, ésoméprazole, pantoprazole) ;
    • l’amoxicilline (en cas d'allergie à cet antibiotique, le métronidazole est prescrit) ;
    • la clarithromycine (en cas de résistance à cet antibiotique, il est remplacé par la lévofloxacine).

    Un autre traitement de 10 jours est possible en cas d’allergie à l’amoxicilline ou en cas d’infection persistante à Helicobacter pylori après le premier traitement. Il associe 4 médicaments :

    • un IPP ((lansoprazole, oméprazole, rabéprazole, ésoméprazole, pantoprazole) ;
    • le citrate de bismuth ;
    • le métronidazole ;
    • la tétracycline.

    Un mois après la fin du traitement, un contrôle est systématiquement effectué pour vérifier que la bactérie Helicobacter pylori est bien éradiquée. Les 2 méthodes utilisées sont :

    • le test respiratoire à l’urée ;
    • la recherche d' fécal (non remboursé par l'Assurance Maladie).

    En cas de dyspepsie sans origine précise (dyspepsie fonctionnelle) et présence d'Helicobacter pylori

    Un traitement par antibiotiques associé à des médicaments anti-sécrétoires gastriques est prescrit. En l’absence d’étude de la sensibilité aux antibiotiques de l’Helicobacter pylori, ce traitement dit « probabiliste » d’une durée de 14 jours est préconisé. Il associe 4 médicaments :

    • un IPP (lansoprazole, oméprazole, rabéprazole, ésoméprazole, pantoprazole) ;
    • l’amoxicilline ;
    • la clarithromycine ;
    • le métronidazole.

    En cas d’allergie à ce traitement, un autre d’une durée de 10 jours est possible. Il est identique à celui proposé dans le cas d’une dyspepsie d’origine digestive, comprenant 4 médicaments.

    Un mois après la fin du traitement, un contrôle est systématiquement effectué pour vérifier que la bactérie Helicobacter pylori est bien éradiquée. Les 2 méthodes utilisées sont :

    • le test respiratoire à l’urée ;
    • la recherche d'antigène fécal (non remboursé par l'Assurance Maladie).

    Si l’un des tests effectués est positif, cela signifie que l’infection à Helicobacter pylori n’est pas guérie. Une endoscopie digestive haute est alors nécessaire. Des biopsies sont effectuées ainsi que des cultures avec afin de rechercher les antibiotiques efficaces contre le germe.

    Principe et déroulement du test respiratoire à l'urée marquée au carbone 13

    L'Helicobacter pylori transforme l'urée en ammonium et en gaz carbonique, éliminé par la respiration. Lors du test, le patient inspire de l'urée marquée au carbone  3. Si l'air qu'il expire est riche en gaz carbonique marqué, cela signifie qu'il est infecté par la bactérie.

    Ce test peut être utile pour le diagnostic de l’infection à Helicobacter Pylori. Mais il est surtout utilisé pour le contrôle de l’éradication de la bactérie après le traitement, seule indication pour laquelle le test est remboursé par l'Assurance Maladie.

    Il est pratiqué en laboratoire et nécessite 2 recueils d’air expiré à 30 minutes d’intervalle. Le patient doit :

    • être à jeun ;
    • avoir arrêté le traitement antibiotique depuis au moins 4 semaines ;
    • avoir stoppé le traitement par IPP depuis au moins 2 semaines.

    Le traitement de la dyspepsie en cas d’absence de la bactérie Helicobacter pylori

    Si la recherche de la bactérie Helicobacter pylori est négative, un traitement par IPP à simple dose pendant 4 à 8 semaines est en général prescrit.

    D’autres médicaments peuvent être proposés pour soulager les symptômes : par exemple, la siméticone pour diminuer la tension gazeuse dans l’estomac.

    En cas d’anxiété, des antidépresseurs tricycliques à faible dose, voire une ou de l’hypnose peuvent être aussi prescrits.

    En cas de persistance des symptômes de dyspepsie après traitement

    Qu’il y ait eu un test Helicobacter pylori positif ou non et si les symptômes persistent malgré le traitement, il est nécessaire de réaliser :

    Ces examens sont nécessaires pour visualiser l’œsophage, l’estomac et le duodénum et pratiquer des biopsies.

    Selon les cas, d’autres examens sont éventuellement proposés :

    • Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE). Conseil de pratique - Prise en charge de la dyspepsie. Site internet : SNFGE. Paris ; 2019 [consulté le 17 janvier 2023]
    • Haute Autorité de santé (HAS). Helicobacter pylori – Traiter pour prévenir ulcère & cancer chez l’adulte. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2019 [consulté le 17 janvier 2023]
    • National Health service (NHS). Indigestion. Site internet : NHS. Londres ; 2020 [consulté le 17 janvier 2023]
    • Scotland's national health information service (NHS inform). Indigestion. Site internet : NHS inform. Édimbourg ; 2022 [consulté le 17 janvier 2023]
    • Hôpitaux universitaires Genève (HUG). Dyspepsie. Site internet : HUG. Genève (Suisse) ; 2017 [consulté le 17 janvier 2023]
    • Haute Autorité de santé (HAS). Helicobacter pylori – Traiter pour prévenir ulcère & cancer chez l’adulte. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2019 [consulté le 17 janvier 2023]
    • Haute Autorité de santé (HAS). Choix et durée de l'antibiothérapie : Traitement guidé de l’infection par Helicobacter pylori chez l’adulte. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2021 [consulté le 17 janvier 2023]
    • Haute Autorité de santé (HAS). Traitement de l’infection par Helicobacter pylori chez l’adulte. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2017 [consulté le 17 janvier 2023]
    • Haute Autorité de santé (HAS). Médicaments antiémétiques dans le des nausée et vomissements. Bon usage du médicament. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2019 [consulté le 17 janvier 2023]