Diabète et monde du travail : le témoignage de Bernard
Racontez-nous d’abord l’historique de votre diabète et de vos traitements...
Mon diabète a été découvert vers l’âge de 10 ans. Il s’agissait d’un diabète de type 1. Après une courte hospitalisation, j’ai tout de suite été mis sous . Je me souviens encore du nom de mon premier traitement : l’IPZ. J’ai ensuite bien réussi à équilibrer mon diabète. J’avais une Hb1Ac à 6,4, ce qui était un peu bas. Il y a une quinzaine d’années, mon diabétologue m’a proposé d’avoir une pompe à insuline. J’en ai changé d’ailleurs plusieurs fois. C’est au patient de choisir la pompe qui lui convient le mieux. J’ai également un capteur de glucose depuis quelques années. Mon taux est ainsi transmis via Bluetooth sur mon smartphone toutes les minutes. Je continue parfois à faire des tests au bout du doigt, car ils sont plus précis, mais le confort de vie reste incomparable. Ce suivi à la minute permet de mieux comprendre les évolutions, lors des repas notamment. En fonction des aliments, on voit que le taux de glucose augmente plus ou moins vite. Et pour les enfants, cela permet aux parents de suivre leur taux à distance.
Au niveau professionnel, votre diabète a-t-il été un frein pour vous jusqu’à récemment ?
Non, pas du tout. J’ai été magasinier dans le même grand magasin pendant 38 ans. Je n’ai jamais eu un malaise ou aucun autre souci. Mon ancien patron était même très compréhensif ; un membre de sa famille était diabétique lui aussi. Il me demandait tous les jours comment j’allais. Mes collègues étaient aussi très bienveillants. Quand j’ai eu la pompe, ils s’y sont intéressés et étaient très contents pour moi, pour le confort de vie que cela m’apportait. En parallèle, j’ai même été pompier, et mon diabète n’a jamais posé problème.
Les problèmes ont commencé au moment d’un changement de direction ?
Oui, il y a eu un changement de direction dans mon entreprise ; le nouveau directeur m’a licencié sous prétexte que « je ne convenais plus à l’entreprise », en faisant le lien avec ma pathologie. J’ai fait intervenir la médecine et l’inspection du travail, puis j’ai fait appel à un avocat, mais cela n’a rien changé pour moi.
Comment vous habituez-vous à ne plus travailler ?
Je me sentais bien dans mon travail, entouré par de nombreuses personnes. Aujourd’hui, je m’occupe, je fais du sport. À la demande d’un cabinet infirmier voisin, je participe à des réunions avec d’autres personnes souffrant de diabète. Je leur présente la pompe, le capteur et leur mode de fonctionnement. Cela s’adresse à tout public : parents, enfants et adolescents. Cette expérience a été très dure à vivre pour moi, mais elle m’a renforcé et aujourd’hui je suis fier de mon diabète ! Le travail, si cela se passe bien, peut être très équilibrant.
L'essentiel
Si vous rencontrez des difficultés sur votre lieu de travail, consultez le service juridique et social de la Fédération Française des Diabétiques :
- par téléphone : au 01 40 09 24 25, le mardi de 8h à 12h30 et le jeudi de 13h30 à 18h
- par mail : [email protected]
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