Les traitements médicamenteux du diabète de l'adulte
Les médicaments du diabète de type 1
L'insuline
Le traitement du diabète de type 1 est quotidien et à vie ; il ne doit jamais être interrompu. Il a pour objectif de contrôler la glycémie et repose sur l’apport d’ qui n’est plus fabriquée par le en quantité suffisante.
Le choix du type d’insuline (insulinothérapie) dépend de l’objectif défini avec votre médecin pour le contrôle de la glycémie. Cet objectif est individuel et il est fonction de votre situation personnelle. Il peut être modifié au cours de l'évolution de votre diabète.
Il y a différents types d’insulines en fonction de leur durée d'action et de leur effet immédiat ou retardé. Plusieurs insulines peuvent être associées, si besoin, pour mieux contrôler la glycémie au cours de la journée.
Les insulines sont des biomédicaments et sont classées en fonction de leur durée et de leur rapidité d’action :
- les analogues d'insuline d'action rapide ;
- les analogues d'insuline d'action prolongée (ou insuline lente) ;
- les mélanges des formes lentes à des analogues rapides.
L'insulinothérapie est faite selon le schéma basal-. Elle consiste en l'injection sous-cutanée d’insuline rapide au moment de chaque repas, associée à l'injection d'un analogue de l'insuline d'action prolongée en général une fois par jour.
La dose d'insuline doit donc être ajustée à chaque injection. Elle doit être adaptée :
- à votre poids, pour le calcul de la dose initiale ;
- aux résultats de la glycémie, qui varient tout au long de la journée ;
- aux repas et à l’activité physique réalisée qui entrainent des modifications de la glycémie.
L'insulinothérapie peut être personnalisée : c'est l'insulinothérapie fonctionnelle qui a pour but de reproduire au plus près la sécrétion pancréatique normale de l'insuline et de s'adapter au mode de vie de la personne. Elle s’effectue en 4 ou 5 injections sous-cutanées par jour ou grâce à la pose d'une pompe à insuline. Sa mise en place nécessite un apprentissage et une éducation nutritionnelle.
Les différents modes d'administration d’insuline
L’insuline est un médicament qui doit obligatoirement être injecté directement sous la peau car si l'insuline était avalée, l’acidité de l’estomac la détruirait avant qu’elle n' ait été absorbée.
Les injections d'insuline se font sous la peau, à l'aide :
- d'un stylo à injection rechargeable muni de cartouches ou jetable ;
- d'une seringue ;
- ou d'une pompe à insuline.
Une pompe à insuline est un appareil d’une taille plus petite qu’un téléphone portable. Elle est composée :
- d’un boîtier. La personne diabétique le porte sur elle. Il contient un réservoir dans lequel l’insuline est conservée ;
- d’un petit moteur silencieux (composantes électroniques) extrêmement précis et programmable, qui administre l’insuline ;
- d’une tubulure en plastique souple. Elle conduit l’insuline jusqu’à un cathéter souple placé sous la peau. Les pompes patch n’ont plus de tubulure.
Le réservoir et le cathéter sont à changer tous les 2 à 3 jours.
Dans son fonctionnement, une pompe reproduit ce que l’organisme fait naturellement. Elle délivre :
- de petites doses d’insuline tout au long de la journée, selon un débit de base ;
- des doses supplémentaires au moment des repas, pour prendre en charge les glucides (bolus).
La pompe à insuline contient de l'insuline rapide (à action immédiate). La personne diabétique détermine les doses à délivrer, selon divers paramètres.
Un apprentissage de l'utilisation de la pompe est indispensable.
Que faire des aiguilles usagées ?
Les aiguilles sont des « déchets d'activités de soins à risques infectieux » (Dasri) et ne doivent pas être mélangées aux déchets ménagers. Une « boîte jaune » (collecteur) délivrée gratuitement avec une prescription en pharmacie permet de les stocker. Il est recommandé de ne pas la conserver trop longtemps et de l’échanger avant qu’elle ne soit pleine. Pour savoir où la rapporter, vous pouvez vous adresser à votre pharmacien ou à votre laboratoire d’analyses médicales.
Plus d’informations sur la page Comment gérer mes déchets d’activités de soins à risques infectieux (Dasri) ? du site federationdesdiabetiques.org.
Les médicaments du diabète de type 2
Le traitement du diabète de type 2 vise à rétablir l’équilibre de la glycémie selon différents mécanismes d’action. Votre médecin traitant vous prescrit des médicaments antidiabétiques lorsque le contrôle de l’alimentation et l’activité physique ne suffisent pas à maintenir un taux de sucre approprié dans le sang.
L’objectif du traitement peut être :
- d’aider l’ produite par l'organisme à agir ;
- de stimuler la sécrétion d’insuline ;
- de ralentir l’absorption des glucides ;
- d’augmenter l’élimination urinaire des glucides ;
- d’apporter de l’insuline.
Il existe plusieurs familles de médicaments antidiabétiques prescrits habituellement dans le traitement du diabète de type 2. Ils diffèrent par leur mode d’action :
- la metformine (biguanides) aide l'insuline à agir au niveau des cellules et diminue la quantité de sucre que le foie libère dans le sang;
- les sulfamides hypoglycémiants, les glinides, les gliptines (ou inhibiteurs de la dipeptidyl-peptinase 4) et les analogues du GLP 1 augmentent la sécrétion d’insuline par le ;
- les inhibiteurs des alpha-glucosidases intestinales ralentissent l’absorption des glucides alimentaires par l'intestin ;
- les glifozines (inhibiteurs d'un enzyme présent dans le rein : le SGLT2) réduisent la réabsorption rénale du glucose et favorisent ainsi son excrétion urinaire ;
- les insulines se substituent à l'insuline naturelle sécrétée par le pancréas, lorsque cette sécrétion est insuffisante.
L'insuline et les analogues du GPL 1 (classe des incrétino-mimétiques) sont des médicaments injectables. Les autres médicaments sont des antidiabétiques oraux. Ces médicaments diffèrent également par l'intensité de leur action et par leurs effets secondaires.
Le traitement du diabète peut évoluer en fonction de ses résultats. Il débute habituellement par un antidiabétique oral. Il est recommandé de débuter le traitement par de la metformine, ou en cas d'intolérance ou de contre-indication à celle-ci, par un sulfamide hypoglycémiant.
En cas de résultats insuffisants, deux médicaments antidiabétiques aux modes d'action complémentaires, sont associés.
Il est parfois nécessaire pour normaliser le taux de sucre, d’ajouter au traitement un troisième antidiabétique oral, ou de l’insuline. Elle est proposée par votre médecin, lorsque le traitement que vous suivez ne permet pas d’atteindre l’objectif défini avec lui.
Pour faciliter le suivi du traitement, certains médicaments réunissent deux principes actifs au sein d’un même comprimé (association d'antidiabétiques).
Les traitements associés en cas de diabète
En plus des traitements pour contrôler le diabète, il est parfois nécessaire de prendre des médicaments pour :
- diminuer le risque des maladies cardiovasculaires (maladie du cœur et des vaisseaux) ;
- traiter une hypertension artérielle ;
- corriger un excès de cholestérol qui peut augmenter le risque d’apparition de complications du diabète.
Le médecin peut aussi prescrire des médicaments pour traiter les complications dues au diabète ou plus fréquentes chez les personnes diabétiques.
Un accompagnement est proposé aux fumeurs pour l'arrêt du tabac (substituts nicotiniques, etc.)
Diabète : bien prendre son traitement
Il est essentiel de prendre vos médicaments antidiabétiques tous les jours pour qu’ils soient efficaces, en respectant les doses et moments de prise des médicaments. La prise régulière du traitement est le seul moyen d'assurer un équilibre de la glycémie.
La mise en route du traitement du diabète nécessite une éducation thérapeutique comportant :
- l'apprentissage du traitement,
- la reconnaissance des effets secondaires liées au traitement,
- l'adaptation de ce dernier au mode de vie...
Votre médecin et les autres professionnels de santé (infirmiers) qui vous entourent peuvent vous aider à réaliser vous-mêmes vos injections. Ils vous apprennent aussi à adapter votre traitement chaque fois que c’est nécessaire.
Si vous avez des difficultés à prendre un médicament ou à comprendre votre ordonnance, n’hésitez pas à en parler avec votre médecin plutôt que de décider seul de l’arrêter. Votre pharmacien peut aussi vous aider. En cas d’effets indésirables, consultez votre médecin.
Les bons réflexes pour limiter les risques liés aux mélanges de médicaments
Prendre un médicament accessible sans prescription médicale est à envisager avec prudence, car il peut agir sur votre traitement antidiabétique en modifiant ses effets ou en provoquant des effets secondaires. Il est préférable de demander à l’avance à votre médecin quels sont les médicaments qui ne sont pas indiqués avec le traitement qu’il vous prescrit.
Il est important de toujours indiquer aux professionnels de santé tous les médicaments que vous prenez, prescrits ou achetés sans ordonnance.
Garder votre (ou vos) ordonnance(s) sur vous peut être utile.
Vidéo : L'importance du traitement du diabète pour prévenir les complications
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"Avec un traitement par insuline, on apprend à mieux se connaître"
Le diabète de Jean-Claude est une longue histoire : « j’ai été dépisté en 1969 à l’occasion d’une visite médicale de la médecine du travail. J’avais 27 ans. » Plutôt atypique à cet âge, car il ne s’agit pas d’un diabète de type 1 qui nécessiterait un traitement par . Jean-Claude prend alors un traitement antidiabétique oral, et se souvient des représentations médicales de l’époque : « mon généraliste avait décidé de me faire maigrir. On me parlait de 'faire un régime'… Alors qu’aujourd’hui cette expression n’est plus appropriée pour l’équilibre du diabète. On dit plutôt désormais une alimentation variée et équilibrée… et l’activité physique régulière est tout aussi importante ! » précise-t-il.
« Prendre le diabète de gré »
Près de trente ans plus tard, l’évolution du diabète de Jean-Claude nécessite une modification de son traitement pour maintenir le diabète à l’équilibre. C’est le temps du passage à un traitement par insuline. « J’avais eu de gros soucis de santé à la suite d’un terrible accident de voiture. Deux ans plus tard, en 1997, ma diabétologue évoque le passage à l’insuline. » Jean-Claude voit cette nouvelle étape dans son traitement comme « un état des choses qui arrive souvent avec l’âge. De gré ou de force, on vit avec le diabète. Donc autant le prendre de gré et agir pour sa santé. » Et d’ajouter : « je me souviens, enfant, d’une personne diabétique qui ne faisait rien pour réduire les risques de complications. J’ai vu son diabète s’aggraver. Face à ce type de situations on comprend qu’on a tout intérêt à agir. »
Dépasser ses appréhensions
Jean-Claude avait malgré tout quelques appréhensions. « J’avais surtout peur des piqûres quotidiennes, et de ne pas y arriver seul. Sauf qu’en fait j’ai toujours eu des stylos pour injections, donc pas de seringues ! » Le traitement par insuline implique aussi de savoir comment son corps réagit : « la période d’adaptation peut prendre une semaine, un mois… puis on arrive très bien à se débrouiller tout seul. L’insuline incite à mieux se connaître, par exemple le lien avec le stress, l’alimentation, l’activité physique… » Jean-Claude est justement un grand marcheur. Résidant dans les Alpes-Maritimes, il fait partie d’une association de « randonnée diabète » et d’un club alpin. « Pour éviter l’ j’emporte toujours avec moi de quoi me resucrer. Par exemple des pâtes de fruits. » Sa passion lui a d’ailleurs donné l’occasion de se lancer un défi de taille au moment du passage à l’insuline. « Je me suis dit : 'l’été prochain, je fais le Mont Blanc' ». En 1998, Jean-Claude réalisera l’ascension du Mont Blanc, et continue depuis lors à profiter de la vie.
- Haute Autorité de santé (HAS). Guide - Affection de longue durée - Diabète de type 1 de l’adulte. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2007 [consulté le 3 juin 2020]
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- Haute Autorité de santé (HAS). Actes et prestations - Affection de longue durée - Diabète de type 1 et diabète de type 2. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2014 [consulté le 3 juin 2020]
- Société française d'endocrinologie. Diabète sucré de types 1 et 2 de l'enfant et de l'adulte -Complications. Site internet : SFE. Paris ; 2016 [consulté le 3 juin 2020]