Accompagner des personnes atteintes de diabète dans la gestion d’une alimentation équilibrée

Mathilde Gibeaux et Stéphanie Ballot exercent en tant que diététiciennes nutritionnistes libérales. Elles aident de nombreux patients atteints de diabète à mieux vivre leur pathologie grâce à une
alimentation équilibrée et variée.
Elles ont également fondé l’association « Miam » qui œuvre pour sensibiliser à la consommation quotidienne de fruits et légumes de saison.

De quelle(s) manière(s) accompagnez-vous vos patients pour gérer leur alimentation ? Quelles actions pouvez-vous mettre en place ?

À la fin des vacances d’été, un diabète est parfois diagnostiqué chez certaines personnes suite à de mauvaises habitudes alimentaires (barbecues, apéritifs,…). À la rentrée, nous faisons donc le point sur leur état de santé et nous discutons de solutions adaptées à mettre en place. Nous sommes là pour les écouter et les rassurer puisque bien souvent ils reçoivent des messages assez restrictifs sur le thème d’une alimentation équilibrée (« ne pas consommer ceci ou cela… »).

Nous faisons en sorte de dédramatiser, informer et surtout déculpabiliser ! Il est important qu’un terrain de confiance soit établi entre les patients et nous-mêmes.

Pour aller au-delà dans leur accompagnement, nous agissons au sein du Groupement de Coopération Sanitaire dénommé le Réseau Régional Diabète dit « R2D », consacré au diabète.

Nous pratiquons l’éducation thérapeutique sur des sujets tels que l’alimentation, les différents traitements, l’activité physique,... Deux fois par mois, des ateliers collectifs sur l’alimentation à destination de personnes souffrant d’obésité et de diabète sont organisés dans le but de les rendre autonomes dans la gestion de leur pathologie. L’un d’eux portait une fois sur le thème des tentations (comment les éviter) et du comportement alimentaire (prendre le temps de manger, apprécier sa nourriture,…) et avait été réalisé en présence d’une psychologue. Des consultations individuelles peuvent aussi être planifiées, toujours dans le cadre des actions menées par ces associations.

Enfin, la prévention est selon nous nécessaire. Par exemple, nous avons accompagné des patients dont le diabète venait d’être diagnostiqué et qui, grâce à des conseils en amont et la mise en place d’une éducation alimentaire ont pu retarder la prise d’un traitement : tout simplement en révisant leurs habitudes alimentaires ! La coordination entre les médecins et les diététiciens est importante afin qu’une prise en charge diététique puisse être engagée avant une prise de médicament.

Pouvez-vous nous parler de votre association Miam ?

Elle a été créée en mars 2016 avec l’objectif d’aider les Français à consommer davantage de fruits et légumes, afin d’augmenter la teneur en fibres de leur alimentation. Nous avons remarqué que les légumes sont parfois mal acceptés (long à cuisiner, fades,…).

Nous « chassons » donc les idées reçues et remettons les légumes au goût du jour en proposant des recettes rapides et faciles à réaliser, disponibles sur notre site internet (cf. sources ci-dessous). Auprès des plus jeunes, nous tentons de rendre les légumes appétissants autant visuellement que gustativement. À l’occasion d’ateliers ludiques, nous les sensibilisons à l’éducation au goût, aux produits issus de l’agriculture, à la consommation locale et à la saisonnalité des fruits et légumes. Nous participons également à des conférences virtuelles portant sur divers sujets de santé (prendre soin de son coeur, de ses intestins,…) et à des expositions liées à l’alimentation à la Cité des sciences et de l’industrie. Il existe aussi un système gratuit en ligne de « questions réponses » sur leur site (cf. sources) où des usagers peuvent librement nous poser leurs questions.

Notre association compte plus de 80 diététiciens et diététiciennes sur tout le territoire, qui mènent de nombreuses actions de prévention et délivrent des messages nutritionnels efficaces et adaptés aux différents publics. Nous collaborons aussi avec des coachs sportifs et éducateurs en activité physique adaptée afin de compléter le schéma d’un rééquilibrage alimentaire.

Vous participez également au dispositif du Slow Diabète ?

Oui, depuis l’automne 2020. À l’initiative de la Fédération Française des Diabétiques ce programme propose d’expérimenter des outils, des astuces et techniques pour vivre son diabète autrement. Dans ce cadre, nous proposons aux patients participants différentes recettes, vidéos et podcasts sur des thèmes prédéfinis (les cinq sens, l’hydratation,…). L’idée est de diffuser des messages positifs de prévention et de développer une approche sereine, de « non culpabilisation ». Cet été, plus de 9 700 personnes étaient inscrites au Slow Diabète et plus de 40 intervenants (professionnels de santé, infirmiers,…) y ont participé.

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