Le pharmacien, un partenaire santé de proximité
Publié dans : Vos interlocuteurs
04 octobre 2024
Le pharmacien vous conseille au quotidien. Il répond à toutes vos questions sur votre traitement et l’utilisation des médicaments. Il est particulièrement attentif aux soucis que vous rencontrez en tant que personne diabétique. Entretien avec Daniel Bruchet, pharmacien sur la Côte d’Azur.
Votre pharmacien est à vos côtés toute l’année, pour vous conseiller au quotidien. Si vous avez pris l’habitude d’aller régulièrement chez le même pharmacien, celui-ci vous connaît sans doute très bien. Et si vous avez des questions sur vos traitements et leur utilisation, il saura vous renseigner.
« En général », note Daniel Bruchet, « ce sont les patients les plus âgés, ou ceux qui ont découvert leur diabète sur le tard, qui rencontrent le plus de difficultés pour bien suivre leur traitement et gérer leur glycémie. Nous leur disons alors de bien prendre leurs médicaments et de surtout faire les examens prescrits par leur médecin. Souvent, ces quelques conseils suffisent pour qu’ils constatent ensuite un bénéfice ».
Face à un patient qui refuse un médicament, Daniel Bruchet cherche toujours à en connaître la raison.
« Parfois, il nous est répondu que le médicament en question n’a pas été pris parce que tout va bien… Nous insistons alors sur le nécessaire respect du traitement pour surtout continuer dans cette voie. Si nous constatons qu’un traitement ne semble pas convenir, parce que le patient dit ne pas se sentir bien, avec des hauts et des bas, nous l’invitons à retourner voir son médecin traitant, notamment pour éviter tout risque d’interaction entre ses médicaments. Sinon, toujours dans ce cas de figure, nous échangeons sur son alimentation pour savoir s’il a une alimentation équilibrée, en lui rappelant que cela participe au bon équilibre du diabète. »
Votre pharmacien peut aussi vous informer sur les médicaments génériques en vous aidant à les distinguer, en écrivant sur vos boîtes les noms commerciaux que vous connaissez.
Comme tous ses confrères, Daniel Bruchet reste vigilant lorsqu’un patient ne vient pas chercher son traitement habituel. Il lui demande alors s’il se l’est procuré ailleurs, et s’il continue de le prendre.
« En cas de réponse négative, nous l’invitons, là encore, à bien le suivre et surtout à en parler avec son médecin traitant ou avec son diabétologue. »
Il ne faut pas hésiter à solliciter votre pharmacien pour vous conseiller si vous rencontrez des difficultés avec votre traitement.
« Nous devons tout faire pour aller vers les personnes à risque de diabète. Lors de la Journée mondiale du diabète, nous essayons dans notre officine de sensibiliser nos patients à cette maladie et de les inviter à faire un contrôle glycémique.
Il faut aussi être attentif. Par exemple, une patiente s’est étonnée du fait que sa fille buvait beaucoup d’eau et très fréquemment. Après avoir consulté son médecin, un diabète de type 1 a été décelé chez cette enfant et elle a pu être prise en charge rapidement. »
Maud Mingeau, pharmacienne à Saint-Ouen (Seine-Saint Denis), revient sur le rôle des officines pharmaceutiques dans le suivi des traitements et l’accompagnement des patients.
Que pensez-vous du suivi des patients diabétiques par les pharmaciens ?
Il est très différent d’une officine à l’autre, selon qu’elle se trouve dans un centre commercial, dans un village ou un quartier urbain. Surtout, ce suivi dépend essentiellement de la volonté du pharmacien. En tant que présidente d’une commission santé au sein d’un réseau de pharmaciens, j’aide une quinzaine d’officines à développer ce type de services. Le diabète est l’un de nos axes d’accompagnement des patients. Les études sociologiques montrent qu’il y a là un vrai besoin.
Concrètement, comment se passe cet accompagnement ?
Le premier niveau est le dépistage des personnes qui pourraient être à risque sans le savoir. Des actions de sensibilisation sont par exemple organisées à l’occasion de la journée mondiale du diabète, le 14 novembre. Il y a ensuite le suivi exercé quotidiennement au comptoir. Une mauvaise observance du traitement peut être détectée quand le patient dit avoir assez de médicaments alors que son traitement en prévoit un plus grand nombre. Notre équipe de pharmaciens utilise un questionnaire d’observance pour savoir si le médicament est bien pris. Il peut s’agir d’un oubli accidentel et momentané ou alors la personne ne comprend pas l’intérêt de son traitement. Cet échange est l’occasion de revoir les éléments fondamentaux de sa prescription.
Un suivi plus approfondi du patient, sur la durée, est-il envisageable ?
Oui. La dernière démarche consiste à prendre un rendez-vous pour revenir avec le patient sur sa compréhension du traitement. Par exemple, lors d’un « bilan partagé de médication ». Ces entretiens conventionnés sont proposés aux patients à partir de 65 ans, en général des personnes diabétiques de type 2. Durant 30 minutes, on revoit ensemble l’intégralité du traitement et le bon usage de l’. Un retour écrit est adressé au médecin avec lequel un échange peut être engagé, par exemple sur le bilan rénal. Un mois après, quand le patient revient en pharmacie, on refait avec lui un tableau de posologie spécifique, avant une nouvelle visite de contrôle 6 mois après.
Quel message souhaitez-vous faire passer aux pharmaciens et aux patients eux-mêmes ?
Il serait souhaitable que les pharmaciens travaillent davantage avec les professionnels de santé de leur territoire. Des patients viennent parfois pour des contrôles de glycémie alors qu’aucun conseil alimentaire ne leur a été donné. Je suis persuadée qu’il y a quelque chose à faire sur ce sujet. De son côté, l’officine doit être source de propositions aux patients en difficulté. Sinon, regardez sur la devanture ou à l’intérieur si des services santé sont proposés. Et n’hésitez pas à demander à votre pharmacien s’il organise des entretiens.