Chutes : qui est concerné et pourquoi tombe-t-on ?
Fréquentes dans l'enfance et surtout quand on prend de l'âge, les chutes ont des causes multiples à rechercher dans le but de les corriger.
Chutes : qui est concerné ?
La chute est une perte brutale et totalement accidentelle de l’équilibre lors de la marche ou de la réalisation de toute autre activité, faisant tomber la personne sur le sol ou toute autre surface plus basse que celle où elle se trouvait.
Les chutes surviennent à tous les âges, et dans de multiples circonstances de la vie, dans le quotidien, lors d’activités sportives, de bricolage, etc.
Les chutes sont très fréquentes aux âges extrêmes de la vie.
Les enfants tombent fréquemment tant à l’heure de l’apprentissage de la marche, qu’à l’heure des jeux et sports individuels (vélo…) ou collectifs (jeux de ballons…) Les chutes sont souvent sans conséquences mais peuvent aussi être responsables de traumatismes (entorses, fractures, etc.).
Chez l’adulte, les chutes surviennent essentiellement dans le cadre d’une activité sportive, physique, professionnelle ou de loisir (ski, cyclisme, etc.) ou parfois d'une maladie (crise d'épilepsie par exemple).
Chutes et accidents du travail
Les chutes représentent 20 % des accidents du travail.
Il s'agit le plus souvent de chutes de plain-pied et dans 20 % d'une chute de hauteur.
Les chutes sont particulièrement nombreuses chez les personnes âgées.
Elles surviennent au cours de la vie quotidienne. En France, plus de 2 millions de personnes de plus de 65 ans chutent chaque année. Les chutes sont encore plus nombreuses après 80 ans. Elles ont de graves conséquences sur la santé. Elles nécessitent près de 130 000 hospitalisations et sont responsables de plus de 10 000 décès chaque année. Deux tiers de ces décès concernent des femmes, du fait de la structure démographique à ces âges.
Pourquoi tombe-t-on quand on prend de l’âge ?
Le plus souvent la chute est la résultante de plusieurs facteurs présents chez une même personne.
Une marche perturbée à l'origine de nombreuses chutes
La marche est une activité motrice très automatisée qui, normalement, échappe au contrôle conscient.
La marche est une succession de doubles appuis des jambes et d'appuis d’une seule jambe. Sur cette activité rythmique et cyclique de fond, viennent se greffer les modifications des mouvements nécessaires à l'adaptation à l'environnement, aux contraintes extérieures (marche en montée, descente d’escaliers…) et aux caractéristiques de la personne (mobilité, souplesse...)
Avec le vieillissement ou lors de la présence d’une maladie, la marche est souvent anormale et le risque de chutes augmente.
Différents problèmes viennent perturber le déroulement de la marche.
Des douleurs au niveau du dos et des jambes
La personne adopte une marche anormale pour éviter la douleur : par exemple elle marche en boitant si elle a des douleurs au genou ou si elle interrompt sa marche parce qu’elle a des douleurs lombaires avec ou sans sciatique.
Un équilibre perturbé par des vertiges
La personne souffre de vertiges et ses mouvements ne sont pas coordonnés. Tenir debout et marcher sont difficiles et la marche est instable et précautionneuse.
Une maladie du système nerveux
Une atteinte neurologique perturbe les mouvements des jambes, l'équilibre et la coordination des mouvements :
- La paralysie d’une ou des deux jambes plus ou moins complète
Le plus souvent, il s’agit de séquelles d'accident vasculaire cérébral, essentiellement sous la forme d'une hémiparésie ou d'une hémiplégie à l'origine d'un fauchage (la jambe traine sur le sol, en faisant un mouvement vers l’extérieur).
Une paralysie partielle des deux jambes avec raideur donne une marche très rigide. Elle est secondaire à des affections comme la sclérose en plaques, une compression de la moelle….
- Des mouvements anormaux et tremblements
Les tremblements gênent la marche, de même que la survenue de mouvements anormaux involontaires. Par exemple, dans la maladie de Parkinson, les dyskinésies (mouvements involontaires agités et rapides induites par le traitement provoquent des déséquilibres à la marche).
- La marche à petits pas de la personne âgée
Ce trouble de la marche, très fréquent dans la maladie de Parkinson, se caractérise par une diminution de la longueur d'enjambée à l'origine de la perte de vitesse de marche.
Au début de la maladie de Parkinson, la marche est ralentie par réduction de la longueur d'enjambée. Grâce au traitement par L dopa, le patient arrive à normaliser sa marche avec un effort de volonté et il n'y a pas ou peu de troubles de posture.
Plus tardivement, la longueur de l'enjambée se réduit, seulement partiellement corrigeable par la volonté. Un piétinement sur place apparait au début au démarrage, à la traversée d'un passage étroit ou lors d'un demi-tour, puis peut survenir à tout moment lors des déplacements et provoquer des chutes en avant.
Une perte progressive des réflexes de posture s'associe le plus souvent, entraînant des chutes plutôt vers l'arrière.
La marche précautionneuse de la personne âgée sans cause précise
Il s'agit d'une marche ralentie, prudente, marquée par la recherche d'appuis et le besoin d'une réassurance ou d'une présence. Elle se voit chez les sujets âgés et plus fréquemment chez la femme. L'autonomie est respectée, seules certaines situations particulièrement anxiogènes sont évitées (foule, transports en commun). Ce trouble résulte de la sensation éprouvée par le sujet, justifiée ou non, d'une instabilité.
Un risque de chute augmenté en cas de surpoids, maigreur, maladies des os et des articulations
La masse musculaire diminue avec l’âge et la force musculaire devient insuffisante, surtout en cas de dénutrition et de maigreur. Les capacités physiques sont diminuées.
Inversement, l’obésité, responsable de douleurs des pieds et des talons, d’une modification de la statique des pieds, d’une marche moins rapide, d’une diminution de l’agilité augmente le risque de chutes.
Les articulations sont le siège d’une arthrose (genou, hanche, etc.) ou d’une inflammation (polyarthrite rhumatoïde, goutte, etc.) qui diminue l’amplitude de mouvements.
L’axe de la colonne vertébrale est dévié : une cyphose (dos arrondi) est fréquente ; la personne est penchée vers le bas et l’axe du corps est projeté en avant favorisant les chutes.
Les pieds sont souvent déformés : pied en valgus ou pied plat par exemple et le siège de durillons, callosités et cals ou d'un ongle incarné douloureux.
L’ostéoporose est fréquente pouvant entraîner une fracture spontanée du col du fémur et la chute de la personne (20 % des cas)
Une perception de l'environnement perturbée par des organes des sens et une mémoire moins performants
La baisse de l’acuité visuelle (glaucome, cataracte, DMLA, etc.) ne permet pas toujours d’éviter les obstacles.
La baisse de l’audition met la personne dans une situation où elle est surprise. Le système vestibulaire qui permet l’équilibre s’altère avec le vieillissement.
La sensibilité de la plante des pieds diminue avec l’âge et surtout chez les personnes diabétiques. Le relief sous les pieds est moins bien perçu.
Les maladies de la mémoire et les comme la maladie d’Alzheimer amènent les personnes à moins percevoir les risques et à se mettre en danger (exemple : un escalier glacé, monter sur une chaise instable).
Des malaises plus fréquents avec l'âge
Les malaises avec ou sans perte de connaissance sont plus fréquents lorsqu'on vieillit et sont responsables de chutes. Les causes sont multiples :
- La chute de la tension artérielle ( orthostatique) lors du passage de la position couchée ou de la position assise à la position debout est due à des troubles du rythme cardiaque, des médicaments, une déshydratation ou une dénutrition, une anémie, etc.
- Le malaise hypoglycémique surtout en cas de diabète ou de dénutrition.
- Les syncopes d’origine cardiaque avec perte de connaissance brève.
- Une crise d'épilepsie.
- La consommation régulière d’alcool. Les chutes sont fréquentes en cas d’ivresse car la marche est incertaine, titubante et l’équilibre est perturbé. Une consommation d’alcool excessive et prolongée est responsable de troubles neurologiques et cognitifs impliqués dans la survenue de chute.
La prise de médicaments
Les effets secondaires dus aux médicaments affecte toute personne, quel que soit son âge. Mais ce risque augmente chez le sujet plus âgé, notamment chez les personnes consommant plusieurs médicaments.
En effet, avec l’âge, l’organisme vieillit et certaines fonctions importantes du corps comme l’élimination de certains médicaments par les reins ou par le foie, diminuent. Les médicaments deviennent rapidement toxiques. Certains médicaments ont rapidement des effets secondaires qui altèrent la vigilance, la régulation de la tension artérielle et du rythme cardiaque, le fonctionnement du système nerveux. Ils sont souvent responsables de chutes.
Il s'agit de médicaments :
- à effet sédatif du type somnifères, médicaments contre l’anxiété, antidépresseurs, médicaments contre la douleur et l’épilepsie ;
- qui ont un effet neurologique : le syndrome extra pyramidal des neuroleptiques ou les dyskinésies (mouvements involontaires agités et rapides) induites par le traitement de la maladie de Parkinson ;
- qui provoquent une (anti hypertenseurs, antidépresseurs, surtout s’ils sont associés à un régime sans sel) ou des troubles du rythme cardiaque (certains diurétiques, les digitaliques, les bétabloquants) ;
- responsables d’ et donc des malaises comme les antidiabétiques.
Les 3 types médicaments le plus souvent en cause dans les chutes
Voici la liste des 3 types de médicaments le plus souvent en cause dans les chutes :
- Les médicaments à visée psychique : antidépresseurs, antipsychotiques, anxiolytiques, et somnifères.
- Les médicaments faisant baisser la tension artérielle : hypotenseurs et diurétiques.
- Les médicaments antidiabétiques.
Un environnement à risque de chute
L’environnement n’est en cause que dans 50 % des chutes.
L’environnement, lorsqu’il n’est pas adapté, augmente les occasions de chute. La personne chute parce qu’elle a sous-estimé le danger et a glissé, trébuché, a été bousculée, a rencontré un obstacle, dans un lieu mal éclairé ou encombré.
Le chaussage n’est pas toujours adapté à la personne.
- Institut national de la santé et de la recherche médicale. Activité physique et prévention des chutes chez les personnes âgées. Expertise collective 2015. Site internet : Inserm. Paris ; 2015 [consulté le 8 mars 2022]
- Ministère des Solidarités et de la santé. Mission Plan antichute des personnes âgées. Site internet : Ministère des Solidarités et de la santé. Paris ; 2021 [consulté le 8 mars 2022]
- Haute Autorité de santé. Le pied de la personne âgée : approche médicales et prise en charge en pédicurie-podologie. Recommandation de bonne pratique 2020. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2020 [consulté le 8 mars 2022]
- Collège des enseignants de neurologie. Troubles de marche et de l’équilibre. Site internet : Cen. Paris ; 2019 [consulté le 8 mars 2022]
- Assurance Maladie. Risques professionnels. Les chutes au travail. Revue Enjeux et Actions mars 2022.