Comment se protéger et réduire son risque d’exposition à la chlordécone ?
Publié dans : Chlordécone
25 août 2023
L’exposition à la chlordécone se fait principalement par l’alimentation. Pour réduire le risque d'exposition à la chlordécone par voie alimentaire, il est important de suivre des recommandations. Des précautions s'imposent également pour le jardinage, la pêche et l'élevage.
L’exposition à la chlordécone se fait principalement par l’alimentation. Les populations les plus exposées et les plus à risque sont les consommateurs des produits de leur pêche ou de leur jardin, les travailleurs agricoles, les femmes enceintes ou en âge de procréer et les jeunes enfants.
Quels sont les aliments pouvant être contaminés ?
Les aliments se contaminent uniquement s’ils se développent dans un sol ou une eau polluée par la chlordécone.
Les aliments les plus sensibles sont :
- les œufs ;
- les poissons et crustacés d’eau douce ;
- la viande hors volaille ;
- les légumes racines et tubercules.
Les fruits, les légumes et les féculents aériens (goyaves, ananas, christophines, tomates, aubergines, poivrons, pois, bananes jaunes ou plantain, fruits à pain, ignames aériens) ne sont pas contaminés. Ils peuvent être consommés sans risque.
Les tiges (canne à sucre), les laitues et les cucurbitacées (courges, courgettes, concombres, giraumon) peuvent être contaminées à des niveaux proches de la limite maximale de résidus (quantité maximale d'un pesticide autorisée dans une denrée, établie afin de respecter la santé du consommateur).
Les volailles, les porcs ou les ruminants (vaches, bœufs, chèvres, moutons) élevés sur un sol pollué ou nourris par des aliments contaminés et abreuvés d’eau contaminée, sont exposés à la chlordécone. L’adaptation des pratiques de pâturage des élevages limite l’exposition des animaux à la chlordécone. Ce n’est pas toujours le cas pour la volaille élevée au sol de manière individuelle et informelle (dans les jardins familiaux).
Étude ChlorExpo
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a lancé début 2021, l’étude ChlorExpo sur l’exposition alimentaire au chlordécone de la population antillaise.
Cette étude vise notamment à prendre en compte les pratiques d’approvisionnement, de préparation et de cuisson des aliments de la population antillaise.
De nouvelles recommandations pratiques pour limiter les expositions, fondées notamment sur les modes de préparation et de cuisson des aliments, pourraient ainsi être émises en complément de celles présentées ici. Les résultats de l’étude sont prévus pour 2024.
Comment organiser ses repas pour limiter son exposition à la chlordécone ?
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a émis des recommandations pour limiter l’exposition à la chlordécone par voie alimentaire des populations exposées :
- limiter à 4 fois par semaine la consommation de produits de la pêche (poissons, crustacés) en provenance des circuits courts non contrôlés (pêche de loisir, de subsistance ou achat sur le bord des routes) ;
- ne pas consommer de produits de pêche en eau douce issues des zones d’interdiction de pêche définies par arrêté préfectoral. Les poissons et crustacés d’eau douce sont interdits à la consommation hors élevage contrôlé ;
- limiter à 2 fois par semaine la consommation de racines et de tubercules issus de circuits non contrôlés comme les jardins familiaux (JaFa) en zone réputée contaminée. En cas d’incertitudes, s’adresser aux conseillers du programme JaFa.
Il est également recommandé :
- de ne pas boire l’eau des sources de bord de route ;
- de laver les légumes racines puis de les éplucher généreusement (0,5 cm d’épaisseur) avant de les laver à nouveau. Cette recommandation est également valable pour les cucurbitacées : courgettes, giraumon, concombre).
Il faut environ 2 à 6 mois sans exposition alimentaire à la chlordécone pour diminuer par 2 sa quantité dans le sang.
Maîtriser la contamination des aliments autoproduits, en particulier des œufs
La consommation d’œufs autoproduits en zone réputée contaminée contribue fortement à l’exposition à la chlordécone.
Il est recommandé aux habitants des zones contaminées d'adhérer aux programmes jardins familiaux JaFa portés par les IREPS (Instances Régionales d’Éducation et de Promotion de la Santé) en lien avec les agences régionales de santé en Guadeloupe et en Martinique. Ces programmes permettent de vérifier la concentration en chlordécone du sol et de fournir des conseils personnalisés sur les pratiques d’élevage adaptés aux jardins familiaux.
Isoler le plus possible les animaux des sols pollués et les nourrir avec des aliments non contaminés font partie des pratiques à privilégier.
Consulter le programme Jardins Familiaux JaFa de Guadeloupe et le programme Jardins Familiaux JaFa de Martinique.
Comment s’approvisionner en nourriture ?
La consommation de certains produits alimentaires provenant des circuits informels (autoproduction, dons, bords de route) contribue, en général, à une exposition supérieure à celle liée aux modes d’approvisionnement en circuits contrôlés (grandes et moyennes surfaces, marchés, épiceries).
Approvisionnez-vous :
- directement auprès d’agriculteurs et pêcheurs professionnels respectueux des zones définies ;
- au sein des circuits commerciaux (poissonneries, primeurs, marchés, supermarchés) contrôlés par les services de l’état.
Chaque fois que vous faites vos courses, posez-vous la question suivante : le produit est-il potentiellement contaminé par le chlordécone ?
Si l’on vous donne des produits, ne consommez pas ou peu ceux dont la qualité vous paraît douteuse sur ce plan.
La pêche
Si vous aimez pêcher :
- respectez les zones d’interdiction de pêche en mer ;
- ne pêchez pas en eau douce.
Le jardinage
Si vous jardinez ou si vous élevez des animaux, demandez une analyse de sol gratuite auprès du programme JaFa et suivez les conseils qui vous sont donnés.
Si la parcelle de terre que vous cultivez est polluée, ne posez pas au sol vos produits de récolte et mettez-les dans des contenants propres, sans résidus de sol.
Si vous avez un compost, n'y mettez pas les épluchures contaminées.
L'élevage de volaille
Pour nourrir votre volaille élevée au sol, pensez à garder un couvert végétal important sur le sol qui est une protection vis-à-vis de l’ingestion de sol. Ne distribuez pas les aliments au sol, mais dans un récipient propre à l’abri des projections de sol générées par le grattage des poules. Ne donnez pas à manger à votre volaille les épluchures contaminées.
- Plan Chlordécone. Comité de pilotage scientifique national. Chlordécone, connaître pour agir - Point de situation 2022 sur les connaissances scientifiques.
- Santé publique France. Chlordécone et autres pesticides. Site internet : Santé publique France. Saint-Maurice (France) ;2018 [consulté le 2 juin 2023]
- Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. Chlordécone aux Antilles : des pratiques efficaces existent pour réduire l’exposition alimentaire. Site internet : Anses ; 2022 [consulté le 2 juin 2023]
- Ministère de la santé et de la prévention. Le plan chlordécone IV (2021-2027). Site internet : Ministère de la santé et de la prévention. Paris ; 2022 [consulté le 2 juin 2023]
Cet article fait partie du dossier : Chlordécone