Cervicalgies : la consultation et le traitement
La consultation pour douleurs du cou
L'examen clinique
Le médecin examine la personne et détermine avec elle :
- les circonstances de survenue des cervicalgies, leur horaire et leur ancienneté ;
- le trajet que suit la douleur au niveau du cou et éventuellement de l'épaule et du bras ;
- l’intensité de la douleur et l’efficacité des antalgiques (paracétamol, AINS) éventuellement pris ;
- les points douloureux à la palpation du cou ;
- les muscles qui sont contractés et douloureux (signe de la présence d'un torticolis) ;
- le niveau de limitation des mouvements de la tête et du cou ;
- la gêne professionnelle et dans la vie quotidienne ;
- les symptômes associés (sensations vertigineuses, maux de tête…)
Quand faut-il faire des examens en cas de cervicalgie ?
Cervicalgie sans traumatisme du cou
Si vous souffrez d'une cervicalgie commune depuis moins de 4 à 6 semaines, l'examen de votre médecin est suffisant et il est inutile de faire des examens complémentaires. Au delà de ce délai, en cas de résistance au traitement médical bien respecté, des examens radiologiques peuvent être nécessaires.
Un bilan radiologique n'est indiqué d'emblée qu'en cas de symptômes de gravité :
- la douleur et la raideur sont intenses d'emblée ;
- la personne a de la fièvre ;
- survenue d'une paralysie même partielle d'un bras ou d'une atteinte de la sensibilité ;
- présence de vertiges, acouphènes, atteinte des nerfs crâniens, etc..
Cervicalgie après un traumatisme du cou non pénétrant (sans plaie)
Après un traumatisme du cou non pénétrant, l’imagerie cervicale est nécessaire d'emblée dans certaines situations et plus particulièrement dans les cas suivants :
- le traumatisme a été très violent (plongeon avec choc sur la tête, accident de la voie publique, chute de hauteur, etc.)
- la personne présente des troubles neurologiques ou de la conscience ;
- la personne a plus de 65 ans ;
- le médecin suspecte une lésion d'une artère du cou ;
- la personne présente une maladie chronique du rachis l'ankylosant comme la spondylarthrite ankylosante, etc.
Dans les autres cas, l’imagerie cervicale n’est pas indiquée.
Quels examens permettent d'explorer le cou ?
Le choix des examens dépend de l'anomalie recherchée :
- radiographies du rachis cervical ;
- scanner ou angio-scanner ;
- IRM ou angio IRM.
Le traitement des cervicalgies
En cas de cervicalgies, le médecin peut prescrire à son patient des médicaments et éventuellement de la rééducation, en plus des recommandations pratiques concernant son mode de vie.
Consultez l'article Douleur du cou, torticolis : que faire et quand consulter ?
Des médicaments pour soulager la douleur du cou
En première intention il s'agit le plus souvent de paracétamol ou, en cas de contre-indication au paracétamol, d'un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) prescrit sur une courte durée.
Si le soulagement est insuffisant, le médecin peut prescrire un antalgique destiné à traiter des douleurs plus intenses : l'association paracétamol/codéine, le tramadol et l'association paracétamol/tramadol peuvent notamment être utilisés.
En cas de contractures musculaires douloureuses, des peuvent également être prescrits.
Un collier cervical porté sur une très courte durée
L'immobilisation du cou par un collier cervical augmente la raideur du cou. Si les douleurs sont très intenses, un collier cervical en mousse peut être utile, mais il n'est pas gardé plus de 2 à 3 jours en raison du risque d'accoutumance, d'affaiblissement des muscles du cou et de majoration de la raideur en cas de port prolongé.
De la kinésithérapie parfois
Quelques séances de kinésithérapie peuvent être nécessaires (massages, mobilisations, exercices actifs). Différentes techniques peuvent être utilisées.
L'électrothérapie, les et les infrarouges appliqués au niveau du cou semblent avoir un effet positif lorsqu'ils sont associés à d'autres méthodes de kinésithérapie. En revanche, leur utilisation de manière isolée n'a pas été évaluée.
Les tractions vertébrales réalisées par un professionnel compétant, en l'absence de contre-indications, peuvent être bénéfiques à court terme.
Le massage du cou doit être utilisé avec d'autres techniques de kinésithérapie. Il ne doit pas constituer à lui seul la base du traitement.
Les techniques de mobilisations actives ou passives et les techniques de contracté-relâché sont recommandées.
Les manipulations vertébrales cervicales font l'objet d'une formation spécifique. Elles sont efficaces à court terme et lorsqu'elles sont associées à d'autres traitements. Les effets secondaires liés aux manipulations sont peu fréquents, mais peuvent être graves. Elles doivent donc être précédées d'un examen médical et réalisées en respectant les nombreuses contre-indications. Les manipulations sont en particulier contre-indiquées dans les six semaines suivant un traumatisme (« coup du lapin », par exemple).
Prise en charge de la kinésithérapie dans la cervicalgie aiguë commune
Au-delà de 15 séances de rééducation d’un épisode de cervicalgie aiguë commune, l’accord préalable du médecin conseil de l’Assurance Maladie est nécessaire avant de poursuivre la rééducation.
Cet accord est également nécessaire à partir de la 31e séance, si 30 séances pour cervicalgie commune ont été prises en charge dans les 12 mois précédents.
La place du repos dans la cervicalgie
En cas d'activité professionnelle de la personne, un arrêt de travail n’est pas toujours nécessaire.
Les situations bénignes (mal de cou modéré) ne nécessitent en général pas d’arrêt de travail.
Si le médecin prescrit du repos pour cervicalgies, la durée de l'arrêt de travail est adaptée au type d'emploi et à l'importance des symptômes.
Le médecin tient compte de :
- la nature du travail. Si le travail est sédentaire, l’interruption de travail n’est pas systématique. Si le travail est physique avec notamment port de charges lourdes au-dessus de la tête, ou si le travailleur exécute des mouvements répétés de flexion-extension du cou, l'arrêt est adapté à la lourdeur du travail (de 3 à 15 jours en moyenne) ;
- l'âge et la condition physique de la personne concernée ;
- l’intensité de la douleur et la réponse au traitement ;
- la durée et les conditions de transport.
Les activités répétitives avec port de charges lourdes (notamment au-dessus de la tête) doivent être évitées pour ne pas aggraver le mal de cou (cervicalgies) et prévenir les récidives.
Pour faciliter la reprise du travail, une consultation précoce du médecin du travail permet si nécessaire, la mise en place d'une adaptation ou d'une modification temporaires du poste de travail.
En cas de travail sédentaire, une attention particulière doit être accordée au bon positionnement du poste de travail, notamment de la chaise, du bureau, du clavier, de l’écran d’ordinateur et de l’éclairage. Si nécessaire, une adaptation ergonomique du poste de travail peut être envisagée pour accélérer la guérison et prévenir la récidive des cervicalgies.
L'évolution des cervicalgies aiguës
La guérison
Les douleurs du cou s'atténuent et disparaissent
Les cervicalgies communes guérissent habituellement en quelques jours.
Les « coups du lapin » bénins guérissent également mais les douleurs du cou s'estompent souvent plus lentement et généralement sans laisser de séquelle.
La récidive des cervicalgies
Les récidives de cervicalgies aiguës sont possibles. Lorsque cela arrive, il est utile de rechercher une mauvaise position, prise sans y prendre garde de façon prolongée, par exemple, dans le milieu professionnel ou durant les loisirs.
L'évolution vers la chronicité des douleurs du cou
Lorsque les douleurs du cou persistent depuis au moins six mois, on parle de cervicalgies chroniques. La principale cause est l'arthrose des vertèbres cervicales. Cependant, plus de la moitié des personnes qui présentent une arthrose cervicale sur les radiographies n'ont pas de douleurs du cou.
Certains facteurs psychologiques et sociaux peuvent également ralentir l’évolution vers la guérison (tensions professionnelles ou familiales, forte inquiétude face à la douleur…)
De même, certaines personnes en raison de leur profession sont plus exposées aux cervicalgies chroniques. En effet, les postures prises au travail (par exemple, maintenir une position fixe de la tête et du cou plus de 20 heures par semaine) peuvent participer à la survenue des cervicalgies chroniques. 10 % des salariés seraient concernés, notamment ceux qui travaillent sur un écran d'ordinateur. Les cervicalgies chroniques, comme les lombalgies chroniques, font partie des troubles musculosquelettiques.
- Caisse nationale d'Assurance Maladie. Arrêt de travail. Cervicalgie non spécifique, après avis de la HAS. Site internet : Cnam. Paris ; 2010 [consulté le 25 octobre 2022]
- Haute Autorité de santé (HAS). Rééducation dans les cervicalgies non spécifiques sans atteinte neurologique. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2013 [consulté le 25 octobre 2022]
- Roux C-H, Bronsard N. Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales. EMC - Appareil locomoteur 2016;11(2):1-17 [Article 15-831-A-10]
- Haute Autorité de santé (HAS). Pertinence des actes d’imagerie cervicale chez l’adulte en cas de cervicalgie non traumatique ou après un traumatisme cervical. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2013 [consulté le 25 octobre 2022]
- Le traitement des troubles musculo-squelettiques
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