Les traitements du cancer du sein
Publié dans : Cancer du sein
21 mai 2024
La prise en charge d’un cancer du sein fait appel à une équipe pluridisciplinaire : chirurgien, radiothérapeute, oncologue, médecin traitant, qui en concertation déterminent le traitement le mieux adapté à chaque femme (chirurgie complétée, selon chaque cas, par la chimiothérapie, la radiothérapie, la thérapie ciblée, l'hormonothérapie).
Le choix du traitement dépend :
- du type de cancer du sein et de ses caractéristiques définies par son ;
- de l'existence ou non de récepteurs hormonaux aux œstrogènes et à la au niveau des cellules cancéreuses ;
- de la présence de HER2 (« human epidermal growth factor receptor 2 » ou récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain) : cette protéine se trouve à la surface des cellules mammaires et stimule leur croissance. S’il y a une quantité excessive de protéine HER2, on dit que la tumeur est HER 2 positive. Dans ce cas, elle nécessite un traitement particulier, ciblant spécifiquement cette protéine ;
- de la localisation de la tumeur au niveau du sein ;
- de sa taille, de l'existence ou non d'une atteinte des ganglions lymphatiques ou de métastases ;
- de l'état de santé de la patiente.
Une proposition de traitement est établie par des médecins d'au moins trois spécialités différentes (chirurgien, médical, , anatomopathologiste...) dans le cadre d'une réunion de concertation pluridisciplinaire. La proposition de traitement est expliquée à la patiente qui peut alors donner ses préférences thérapeutiques. Après son accord, l'équipe médicale définit le programme personnalisé de soins. Ce programme peut associer divers traitements, selon chaque cas.
Pour en savoir plus, consulter la page Se faire soigner du site e-cancer.fr.
Le traitement du cancer du sein repose principalement sur la chirurgie complétée, selon les cas, par d'autres méthodes thérapeutiques (radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie, thérapie ciblée).
Quelle technique chirurgicale ?
En fonction du stade d’évolution du cancer du sein, il existe deux possibilités chirurgicales :
- une tumorectomie ou mastectomie partielle qui consiste à enlever la tumeur et une petite partie du tissu qui l'entoure. Le sein est conservé dans sa grande partie ;
- une mastectomie totale qui consiste à ôter tout le sein, y compris le mamelon.
Dans certains cas de cancers du sein, le premier ganglion (parfois deux ganglions) qui draine le sein malade est enlevé et analysé. S’il n’est pas cancéreux, les autres ganglions sont conservés. C’est la technique dite du « ganglion sentinelle » qui permet de préserver la chaîne ganglionnaire. Si des cellules cancéreuses sont présentes dans le ganglion sentinelle, les ganglions axillaires sont enlevés : c'est le curage ganglionnaire, qui a lieu d'emblée ou dans un deuxième temps.
Les tissus mammaire et/ou ganglionnaire enlevés au cours de l'intervention sont confiés au laboratoire pour .
Prado, le service de retour à domicile
En cas d’hospitalisation pour chirurgie, l'Assurance Maladie peut vous accompagner pour préparer au mieux votre retour à domicile. Avec Prado, un conseiller de l’Assurance Maladie vous rend visite pendant votre hospitalisation pour planifier les premiers rendez-vous, dont vous aurez besoin après votre sortie, auprès des professionnels de santé de ville.
Ce conseiller peut également faciliter vos démarches administratives
Quels sont les effets indésirables de la chirurgie du cancer du sein ?
Pour éviter une phlébite, voire une embolie pulmonaire, comme après toute intervention chirurgicale, un médicament anticoagulant est prescrit et le lever précoce après l'intervention est souhaitable. Le port de bas de compression (ou contention) est fréquemment préconisé après l'intervention.
L’intervention chirurgicale peut provoquer des douleurs, une raideur et un gonflement de l'épaule, un hématome, une infection au niveau de la zone opérée, un retard de cicatrisation.
En cas de curage ganglionnaire, le drainage de la lymphe à travers le réseau lymphatique (vaisseaux lymphatiques et ganglions) est ralenti, ce qui peut entraîner la survenue d'un responsable d'un gros bras avec engourdissement, sensation de brûlure persistante, limitation des mouvements du bras.
Il ne faut pas hésiter à parler de ces effets secondaires au médecin, car il existe des traitements pour les prévenir ou les limiter.
Vidéo : la chirurgie pour cancer du sein
© Pulsations Multimedia « Allô Docteurs »
Vous avez eu ou vous allez avoir une mastectomie : comment être aidée dans votre choix de reconstruction mammaire ou non ?
Après une mastectomie, certaines femmes éprouvent le besoin de redonner du volume à leur sein et optent pour la reconstruction mammaire alors que d’autres choisissent de garder le buste plat.
La reconstruction mammaire peut inclure une reconstruction du mamelon et de l’aréole (le cercle de couleur qui entoure le mamelon). La reconstruction aérolo-mamelonnaire peut être chirurgicale. Si la patiente ne souhaite pas une chirurgie, elle peut bénéficier d’un tatouage médical de l'aréole ou dermopigmentation.
Lire l'article « Le tatouage médical »
La Haute Autorité de santé, en partenariat avec l’Institut national du cancer, a mis en ligne une plateforme d’aide à la décision partagée sur la reconstruction mammaire.
Cette plateforme vous propose des outils et repères pour vous informer au mieux et favoriser votre prise de décision partagée avec les professionnels de santé :
- une brochure d’information illustrée, présente ci-dessous dans « Documents utiles » ;
- les hôpitaux et cliniques qui réalisent des reconstructions mammaires ;
- des explications sur les différentes techniques chirurgicales de reconstruction avec ou sans implant mammaire ;
- des fiches avantages/inconvénients de chacune des options ;
- des fiches de questions à se poser pour clarifier ses préférences ;
- des témoignages vidéo de femmes, etc.
Si vous optez pour une reconstruction mammaire, soit immédiate, soit différée, celle-ci est prise en charge par l’Assurance Maladie.
Pour en savoir plus, consultez la page Informations sur les implants mammaires du site du Ministère de la Santé.
Vidéo : la chirurgie de reconstruction mammaire
© Blausen Medical
Dans le cancer du sein, la radiothérapie complète souvent la chirurgie.
Quelles techniques de radiothérapie du sein ?
Il s’agit le plus souvent d’une radiothérapie externe par rayons X de haute énergie destinés à détruire les cellules cancéreuses. Les zones traitées par radiothérapie diffèrent selon chaque cas de cancer du sein et peuvent concerner :
- le sein avec une dose plus importante dans la région du sein où se trouvait la tumeur ;
- les ganglions ;
- la paroi du thorax.
Avant de commencer le traitement par radiothérapie externe, des petites marques ressemblant à des tatouages sont faites sur la peau du sein malade. Celles-ci permettent de diriger les rayons toujours au bon endroit à chacune des séances.
Le programme des séances est établi à l’avance et adapté à chaque cas. Le plus souvent : 1 séance par jour, 5 jours par semaine, durant 3 à 6 semaines. Chaque séance ne dure, en général, que quelques minutes et la personne peut retourner à son domicile après la séance.
À noter : la curiethérapie est parfois utilisée en complément dans certaines formes de cancer du sein. Elle consiste en la mise en place d'un radio-isotope sous forme de billes ou de petits fils insérés dans la région du sein où la tumeur a été retirée.
Les effets indésirables de la radiothérapie du sein
Lors de la radiothérapie externe, une rougeur de la peau un peu comme après un coup de soleil, voire boursouflure et une de la peau dans le sillon sous le sein sont possibles après quelques jours de traitement. L'utilisation de savon surgras et l'application de crème hydratante après la séance permettent d'atténuer les rougeurs.
Un gonflement du sein et des douleurs sont parfois observés.
Après quelques séances de radiothérapie, la fatigue est souvent présente.
Les effets indésirables de la radiothérapie disparaissent normalement dans les semaines ou les mois qui suivent la fin du traitement.
Selon les formes de cancer du sein, une chimiothérapie (médicaments visant à tuer les cellules cancéreuses) peut être prescrite avant et/ou après un traitement par chirurgie ou radiothérapie.
Avant la chirurgie, le but est de diminuer la taille de la tumeur pour faciliter l’intervention chirurgicale.
Après la chirurgie, l’objectif principal est d’empêcher la multiplication des cellules cancéreuses, localement, ou à distance (métastases).
Le plus souvent, la chimiothérapie est administrée par injection dans une veine, mais parfois par la bouche. Chaque séance de perfusion veineuse est suivie d'une période de repos qui permet au corps de récupérer.
La fréquence et la durée du traitement dépendent du type de cancer, des médicaments utilisés, des protocoles de traitement et de la façon dont la patiente supporte la chimiothérapie. Le traitement s'échelonne souvent sur une période de 3 à 6 mois.
Chimiothérapie grâce à un cathéter veineux et une chambre implantable
En cas d'administration par voie veineuse, la mise en place d’une chambre implantable est nécessaire. Il s’agit d’un petit boîtier placé sous la peau (généralement au niveau du thorax), relié à un cathéter (tuyau souple et fin glissé dans une veine).
Ce dispositif reste en place en permanence, pendant toute la durée de la chimiothérapie, puis de la surveillance après traitement.
Il est placé sous anesthésie locale et enlevé de la même manière à la fin du traitement.
Il permet d’injecter les médicaments à travers la peau tout en préservant les veines du patient. Des patchs d'anesthésiants cutanés limitent la douleur lors du passage de l'aiguille à travers la peau.
La chambre implantable offre aussi un meilleur confort de vie, car elle permet de poursuivre les activités quotidiennes.
Les effets secondaires de la chimiothérapie
Les effets secondaires immédiats sont fréquents lors de la chimiothérapie, mais ils ne durent que le temps du traitement :
- nausées et parfois vomissements quelques heures après la perfusion du médicament ;
- inflammation buccale et aphtes ;
- diarrhée ;
- chute des cheveux (alopécie) deux à trois semaines après le début du traitement. Les cheveux repoussent 6 à 8 semaines après son arrêt ;
- fatigue ;
- perturbation du cycle menstruel (règles irrégulières ou absentes) ;
- fourmillements dans les mains et les pieds en raison de la toxicité des produits au niveau des nerfs ;
- troubles cutanés (peau rouge, sèche...) et des ongles (ongles cassants, striés, ondulés qui finissent parfois par tomber...) ;
- anomalies sanguines avec baisse des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes.
D’importants progrès ont été réalisés afin d’éviter ou minimiser ces effets secondaires. Parlez-en à votre médecin.
À long terme, certaines chimiothérapies peuvent avoir un retentissement sur la fonction cardiaque, surveillée par échodoppler cardiaque.
Vidéo : la chimiothérapie anticancéreuse
[Cette animation 3D explique le traitement du cancer par des médicaments et ses effets secondaires. Elle est réalisée par Blausen Medical.]
Le corps humain est constitué de millions de cellules dont les formes, les tailles et les fonctions sont très diverses. Dans un tissu sain, de nouvelles cellules sont créées au cours d'un processus de division cellulaire, appelée mitose.
Lorsque la cellule est trop vieille, elle s'autodétruit et meurt au cours d'un processus appelé « apoptose ». Un équilibre fragile existe donc entre le nombre de nouvelles cellules créées et le nombre de cellules qui disparaissent chaque jour.
Lorsqu'un cancer se développe, cet équilibre s'en trouve rompu et les cellules commencent à se développer de manière anarchique. La chimiothérapie est un type de traitement qui fait appel à des médicaments très forts permettant de stopper la croissance des cellules cancéreuses.
La chimiothérapie peut prendre diverses formes. Elle peut être administrée sous la forme de pilule, sous la forme d'une injection ou par voie intraveineuse sous la forme d'une perfusion. Une fois les médicaments à l'intérieur de l'organisme, ils se mettent à détruire les cellules cancéreuses en les empêchant de croître ou de se multiplier au cours de la mitose.
En fonction du stade auquel le cancer est arrivé, la chimiothérapie peut guérir le cancer, l'empêcher de se propager ailleurs ou soulager les symptômes. Elle peut être utilisée seule ou en association à d'autres traitements, comme la chirurgie ou la radiothérapie.
La chimiothérapie va malheureusement toucher également les cellules saines, et en particulier les cellules qui se divisent rapidement. Parmi elles, les cellules des cheveux, du sang, de la moelle osseuse et des organes reproducteurs. C'est l'altération des cellules saines qui est à l'origine des effets secondaires. C'est pourquoi les effets secondaires de la chimio sont la perte des cheveux, les nausées, les vomissements, la fatigue ou une baisse du et une anémie.
© Blausen Medical
Dans certains cas de cancer du sein, un traitement par thérapie ciblée peut être proposé.
Ces nouveaux traitements sont appelés « les thérapies ciblées », parce qu’ils ciblent précisément certaines molécules, qui ont un rôle important dans le développement du cancer. Ils sont utilisés en complément de la chimiothérapie.
On dispose de plusieurs médicaments de biothérapie : par exemple, le trastuzumab, , est utilisé dans les cancers du sein dont les cellules présentent une quantité très importante de protéines HER2. Le trastuzumab (Herceptin®), utilisé en perfusions, bloque la protéine HER2 qui a la propriété de favoriser la croissance des cellules et empêche ainsi le développement des cellules cancéreuses.
D'autres médicaments sont utilisés en thérapie ciblée : ils bloquent d'autres facteurs de croissance et de développement des cellules cancéreuses.
Non dirigés vers les cellules saines, ces médicaments entraînent souvent moins d’effets secondaires que les chimiothérapies classiques.
L’hormonothérapie est un traitement par médicament, préconisé uniquement chez les femmes qui souffrent d’un cancer du sein dit « à récepteurs hormonaux positifs » ou cancer du sein hormonodépendant. Un cancer du sein est dit hormonodépendant lorsqu’au moins 10 % des cellules de la tumeur possèdent des récepteurs hormonaux aux œstrogènes et/ou à la .
Les hormones féminines, naturellement présentes dans le corps, ont tendance à stimuler la croissance des cellules cancéreuses. Le traitement par hormonothérapie consiste à neutraliser l’effet des œstrogènes et donc à les empêcher de stimuler la croissance des cellules cancéreuses.
Chez la femme non ménopausée, les médicaments utilisés sont :
- le tamoxifène en comprimés, anti-œstrogène qui empêche les œstrogènes de stimuler les cellules cancéreuses en prenant leur place au niveau des récepteurs hormonaux des cellules ou en abîmant ces récepteurs ;
- les analogues de la LH-RH qui suppriment la production des hormones féminines par les .
Chez la femme ménopausée, les médecins prescrivent des inhibiteurs de l'aromatase qui empêchent la fabrication des œstrogènes (Arimidex® en comprimés...)
L'hormonothérapie est généralement prescrite pour une durée de 5 ans.
Les effets indésirables de l'hormonothérapie
Les bouffées de chaleur et l'irrégularité des cycles menstruels sont des effets secondaires fréquents du traitement.
Il existe un risque thrombo-embolique, lors de l'hormonothérapie : phlébite pouvant se compliquer d'embolie pulmonaire.
Des douleurs articulaires sont possibles lors de la prise d'inhibiteurs de l'aromatase.
À long terme, l'hormonothérapie chez la femme jeune peut être responsable de perturbations du bilan lipidique et d'ostéoporose.
- Institut national du cancer (INCa). Le cancer du sein. Site internet : INCa. Boulogne Billancourt (France) ; 2020 [consulté le 5 février 2024]
- Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Tumeurs du sein. ECN 2018. 3ème édition Elsevier Masson. Issy-les-Moulineaux (France)
- Haute Autorité de santé (HAS). Reconstruction mammaire : de la réflexion à la décision. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2023 [consulté le 5 février 2024]