Quels sont les effets du bruit sur la santé ?
Publié dans : Bruit et santé
17 septembre 2024
Les effets du bruit sur la santé peuvent être multiples. L’exposition au bruit entraîne des troubles de l’audition mais a également des répercussions sur d’autres domaines de la santé.
Surdité progressive
Pourquoi l’exposition au bruit provoque-t-elle une surdité ?
Il existe un lien bien établi entre l’exposition au bruit et le risque de perte d’audition. L'exposition prolongée à des niveaux de bruits intenses détruit peu à peu les cellules ciliées de l'oreille interne. Elle conduit progressivement à une surdité irréversible.
La perte d’audition est considérée comme gênante à partir du moment où une personne éprouve des difficultés à communiquer dans des situations habituelles, comme de la difficulté à comprendre quand il y a du bruit autour d’elle. Cette difficulté a des répercussions importantes sur la qualité de vie.
L'appareillage par des prothèses auditives se contente d'amplifier l'acuité résiduelle, il ne restitue pas la fonction auditive. Son efficacité reste donc limitée.
Entendez-vous bien ? Testez-vous pour savoir si vous présentez une surdité
Si vous avez des difficultés de compréhension de la parole et/ou à suivre des conversations en milieu bruyant ou lors d'échanges de paroles à plusieurs personnes, vous avez à votre disposition des outils pour tester votre audition. Des outils numériques et des questionnaires facilitent le repérage de la perte auditive. Ils peuvent être utilisés en autotest ou avec l’assistance d’une personne.
Parmi eux :
- Le test Höra grâce à une application mobile à télécharger. Le test de repérage de l’audition Höra développé par des experts en audiologie, et mis à disposition gratuitement par la Fondation Pour l’Audition, permet d’évaluer de façon fine son audition grâce à un test auditif dans le bruit. Concrètement, il faut reconnaître des séries de 3 chiffres dans le bruit présentés simultanément et de façon indépendante aux deux oreilles. Il dure 3 minutes.
- Le questionnaire en français « Hearing Handicap Inventory for the Elderly Screening (HHIE-S) », spécifique du dépistage de la presbyacousie, à réaliser à partir de 60 ans.
Ces types de tests ne remplacent pas un test professionnel, chez un ORL, mais sont des premiers outils de prévention et de repérage précoce avant de consulter un professionnel.
Anatomie de l'oreille
L’oreille est composée de 3 régions : l’oreille externe, l’oreille moyenne et l’oreille interne.
L’oreille externe est composée :
- du pavillon, partie visible de l’oreille ;
- du conduit auditif externe, canal reliant le pavillon au , à l’intérieur de la tête.
L’oreille moyenne est composée :
- du , membrane fine située à la fin du conduit auditif externe ;
- de la caisse du , large cavité située entre le et la trompe d’Eustache ;
- de la trompe d’Eustache, conduit étroit reliant la caisse du à la gorge et aux fosses nasales ;
- des osselets, trois petits os situés au-dessus du .
L’oreille interne est composée :
- des canaux semi-circulaires, trois tubes étroits interconnectés, situés au-dessus des osselets et conduisant à la cochlée ;
- de la cochlée, tube osseux en forme de spirale, située entre les canaux semi-circulaires et le nerf auditif ;
- du nerf auditif, situé au plus profond de l’oreille, à la suite de la cochlée. Il s’agit d’un étroit canal reliant l’oreille interne au cerveau.
Les adolescents et jeunes adultes
Les jeunes sont particulièrement exposés. Des activités comme écouter de la musique à haut volume pendant de longues périodes et fréquenter des lieux (boîtes de nuit, les bars, les festivals) où la musique est amplifiée peuvent entraîner une perte d’audition.
On estime que 5 à 10 % des jeunes qui utilisent un lecteur de musique portatif sont à risque de troubles d’audition en raison d’une exposition élevée et soutenue (exemple plus d’une heure par jour à 90 dB). En effet, une écoute à des niveaux élevés peut causer des pertes permanentes d’audition après 5 ans ou plus d’exposition.
Voir les conseils pour se protéger de la musique et des sons amplifiés.
Les travailleurs
Pour une journée de travail de 8 heures, on considère que l'ouïe (audition) est en danger à partir de 80 dB. Si le niveau de bruit est supérieur, le danger existe pour une plus courte durée. Si le niveau est extrêmement élevé (supérieur à 135 dB), toute exposition, même de très courte durée, est dangereuse
Voir les conseils pour se protéger du bruit dans son environnement et au travail.
Surdité et maladie professionnelle
La surdité peut être reconnue comme une maladie professionnelle selon des critères médicaux, professionnels et administratifs bien précis, qui sont précisés dans le tableau n°42 des maladies professionnelles du régime général et le tableau n°46 du régime agricole.
Surdité brutale ou traumatisme sonore aigu
Un bruit soudain très intense et de courte durée peut entraîner une surdité, brutale, totale ou partielle.
Explosion, déflagration, pétard, coup de feu, musique intense... ce type de traumatisme peut provoquer des lésions immédiates et définitives de la cochlée.
L'effet de souffle peut également entraîner une déchirure du .
Sensation d’oreille bouchée, baisse de l’audition, acouphènes et douleurs de l’oreille sont les symptômes qui doivent alerter. Sortir du milieu sonore dès les premiers signes est indispensable. Si les symptômes persistent, une consultation médicale est indispensable.
Perte d’audition temporaire ou fatigue auditive
À la suite d’une exposition à un bruit intense, on peut souffrir temporairement de sifflements d’oreilles ou de bourdonnements (acouphènes) ainsi que d'une baisse de l'acuité auditive temporaire (de 5 à 10 dB). Cette fatigue auditive disparaît avec le temps si aucune nouvelle exposition au bruit ne survient.
Les effets d’une perte d’audition temporaire sont réversibles. Mais c’est un signal d’alarme.
Pour se remettre d'une perte d'audition temporaire, il faut rester au calme dans un environnement peu bruyant pendant une période de temps suffisante, qui peut varier de quelques heures à une journée.
Choc acoustique
Le risque de choc acoustique concerne les opérateurs travaillant avec des casques téléphoniques.
Les chocs acoustiques sont des événements électro-acoustiques rares et imprévisibles conduisant à des niveaux de bruit intenses, souvent courts, reçus dans les casques utilisés notamment par les opérateurs dans les centres d’appels téléphoniques. Ces dysfonctionnements proviennent généralement de mauvaises isolations (perturbations électromagnétiques, boucles de courant).
Choc acoustique : que faire ?
Si on est victime d’un choc acoustique, on doit immédiatement enlever son casque. Ces chocs acoustiques peuvent entraîner une hyperacousie (intolérance à des bruits normaux habituellement bien supportés).
Un audiogramme doit être réalisé rapidement et s’il est anormal, le choc acoustique peut être reconnu en accident du travail.
Acouphènes
Les acouphènes sont des sifflements, des tintements ou des bourdonnements qu’une personne entend dans ses oreilles ou dans sa tête. La personne perçoit ces sons bien qu’ils ne soient pas produits par une source externe. Les acouphènes sont l’un des problèmes auditifs qui accompagnent souvent la perte d’audition. Ils peuvent être temporaires ou permanents.
Les acouphènes peuvent être dus à une exposition à des niveaux de bruit élevés, comme l’écoute de musique amplifiée.
Un bruit fort ou soudain, comme une explosion ou le tir d’une arme à feu, peut aussi causer des acouphènes.
Qu’il soit sur le lieu du travail ou sur la voie publique, le bruit favorise le risque d'accident pour plusieurs raisons car :
- il masque les signaux d'alerte (par exemple un piéton écoutant de la musique avec un casque n’entend pas les véhicules arriver) ;
- il perturbe la communication verbale ;
- il détourne l'attention et il est source de distraction.
Le bruit est une cause de stress. Il déclenche des réactions dans le corps, dont la sécrétion de certaines hormones comme l’adrénaline et le cortisol. Ces réactions expliquent le risque de développement de maladies cardiovasculaires après plusieurs années d’exposition au bruit.
Il y a 2 effets du bruit pour lesquels les preuves scientifiques sont actuellement suffisantes :
- le bruit entraîne un risque plus grand d’hypertension artérielle, essentiellement chez les travailleurs exposés au bruit ;
- le bruit augmente le risque d’infarctus du myocarde.
Pour bénéficier de l’effet réparateur du sommeil, une personne doit dormir suffisamment longtemps et son sommeil ne doit pas être dérangé.
Le bruit environnemental modifie la structure interne du sommeil :
- le sommeil est plus fragmenté (augmentation significative du nombre de changements de stades et du nombre d'éveils de courte durée) ;
- le sommeil est plus court (plus longue durée d’endormissement, éveils nocturnes prolongés ou éveil précoce non suivi d’un nouvel endormissement).
Les effets du bruit pendant le sommeil
Chaque fois que du bruit se produit pendant qu’une personne dort, notamment des bruits environnementaux (circulation automobile par exemple), des réactions se produisent dans le corps (accélération du rythme cardiaque, montée de la pression artérielle par exemple). Ces réactions se répètent donc nuit après nuit, sans que l’organisme s’y habitue. L’impression d’avoir mal dormi peut toutefois diminuer avec le temps.
Le bruit peut affecter le sommeil d’une personne, qu’il s’agisse du sommeil d’un adulte ou du sommeil d’un enfant de plusieurs façons :
- le temps d’endormissement est allongé ;
- le sommeil est agité : nombreux mouvements, réveils nocturnes ;
- le réveil est plus matinal et plus difficile.
Les conséquences dans la journée sont multiples :
- sensation d’avoir mal dormi ;
- somnolence dans la journée ;
- fatigue en permanence ;
- concentration difficile ;
- performance diminuée dans les activités ou le travail.
Les effets du bruit dans la journée : un sommeil perturbé
L'exposition au bruit dans la journée et particulièrement pendant le travail a des conséquences négatives sur la qualité du sommeil.
Par exemple, une exposition diurne à un bruit de 85 dB pendant 12 heures provoque une réduction du nombre et de la durée des cycles de sommeil. C'est d'autant plus vrai chez les personnes travaillant de nuit et devant dormir pendant la journée.
Le bruit peut constituer une gêne, un facteur de stress dans la mesure où il est chronique, imprévisible et incontrôlable.
La gêne liée au bruit est aussi associée à l'insatisfaction du cadre de vie ou du travail.
Le bruit peut entrainer une irritabilité, une anxiété, une agressivité, voire une dépression.
Le bruit gêne la compréhension de la lecture, de la parole, ainsi que la mémorisation, la concentration et l’attention. Il gêne la communication.
Par conséquent, le bruit diminue la qualité des apprentissages scolaires et détériore la performance des travailleurs dans les tâches cognitives, surtout lorsqu'elles sollicitent la mémoire à court terme. 45 à 55 dB est un niveau sonore acceptable pour un travail nécessitant une attention soutenue.
Dès le 3e trimestre de la grossesse, le bébé perçoit déjà certains bruits. L’absence de stimulation auditive peut retarder le développement du système nerveux auditif. Mais à l’inverse une hyperstimulation peut l’endommager.
Au cours des 3 derniers mois de grossesse, l’oreille interne du fœtus est particulièrement sensible et vulnérable au bruit.
La paroi utérine et abdominale atténue les bruits de haute fréquence (sons aigus). En revanche, les bruits impulsionnels (chocs métalliques, détonations) et de basse fréquence (sons graves) traversent facilement les barrières naturelles qui protègent le fœtus (parois abdominales et utérines, et liquide amniotique) et sont les plus agressifs pour l’oreille du fœtus. Ils sont donc potentiellement dangereux pour l’audition des enfants à naître.
Ces sons de basse fréquence dangereux pour le bébé sont présents dans :
- les ambiances sonores au travail ;
- les salles de concert de musiques (musique amplifiée utilisant l’amplification électrique et l’électronique comme éléments d’écriture, de création et de diffusion, musique riche en fréquences basses) ;
- au voisinage des aéroports, etc.
Voir les conseils pour protéger son enfant pendant la grossesse.
De la naissance à l'adolescence, des risques pour l'audition
Dès sa naissance, un bébé perçoit tous les sons qui l’entourent : musique, voix, bruits de la ville ou de la nature… Ces différents sons participent pleinement à son développement et à ses apprentissages.
La maturation du système auditif se fait progressivement et ne s’achève qu’entre la 4e et la 8e année de l’enfant.
Puis avec l'adolescence, l'écoute de la musique et la participation à des moments festifs bruyants augmentent le risque de troubles de l'audition.
Voir les conseils pour protéger du bruit votre bébé et votre enfant.
Mon bébé est prématuré : quel volume sonore pour lui ?
Les nouveau-nés prématurés ne bénéficient plus de la protection qu’offre la mère lors de la fin de grossesse. Lors de leur hospitalisation dans une unité de soins intensifs ou de prématurés, ils se retrouvent exposés à un environnement sonore de mauvaise qualité.
Les bruits répétés sont des situations de stress relativement fréquentes et les nouveau-nés prématurés sont capables de montrer leur sensibilité à ces situations à travers des manifestations physiologiques et comportementales (augmentation du rythme cardiaque, accélération de la respiration, augmentation des mouvements, froncement des sourcils et plissement des yeux...).
Des mesures du bruit ont été réalisées dans 5 services de réanimation néonatale et de néonatalogie d’Ile-de-France : elles ont mis en évidence des dépassements sonores, dont certains majeurs, au niveau des incubateurs couveuses et dans les chambres (35 à 45 dB).
Ces nuisances sonores peuvent avoir des conséquences sur les nouveau-nés prématurés particulièrement vulnérables (troubles de l’audition, situations de stress). Elles peuvent également conduire à des situations de stress et de souffrance pour les parents et les professionnels de santé en perturbant leurs échanges.
Des recommandations de santé préconisent l’engagement dans une démarche globale de réduction du bruit dans les unités dédiées aux enfants nés prématurés.
- Haut Conseil de la santé publique Niveaux acceptables d’expositions aux niveaux sonores élevés de la musique. Site : HCSP. Paris ; 2013 [consulté le 30 août 2022]
- Institut national de recherche et de sécurité. Exposition au bruit. Site : INRS. Paris ; 2022 [consulté le 30 août 2022]
- Ministère de la Santé et de la prévention. Prévention des risques liés au bruit. Site : Ministère des solidarités et de la santé. Paris ; 2022 [consulté le 30 août 2022]
- Gouvernement du Québec. Effets du bruit environnemental sur la santé physique. Site : Québec.ca. Québec (Canada) ; 2022 [consulté le 30 août 2022]
- Environnement sonore des nouveau-nés prématurés dans des services hospitaliers franciliens. Evaluation et recommandations Décembre 2018. ARS Ile-de-France. Site : ARS Ile-de-France. Saint-Denis (France) ; 2018 [consulté le 30 août 2022]
- Centre d’information et de documentation sur le bruit (CIBD). Grandir avec les sons. Site internet : bruit.fr. Paris ; 2014 [consulté le 30 août 2022]
- Ministère de l'Intérieur. Les sons amplifiés : quelle règlementation applicable ? Ministère de l’Intérieur. Paris ; 2021 [consulté le 30 août 2022]