Asthme professionnel
Qu’est-ce que l’asthme professionnel ?
On parle d’asthme professionnel quand le ou les facteurs qui déclenchent ou aggravent l’asthme sont présents sur le lieu de travail. Il est le plus souvent d’origine allergique, induit par une exposition à des substances d’origine végétale ou animale, des produits chimiques ou des métaux.
Certaines personnes développent un asthme pour la première fois sur leur lieu de travail. Selon le mécanisme à l’origine du déclenchement de l’asthme, la maladie peut se développer très lentement ou bien plus rapidement.
En France, 10 à 15 % des asthmes ont une origine professionnelle.
On différencie :
L’asthme allergique professionnel
Les crises d'asthme sont provoquées par une réaction allergique à une substance étrangère, appelée . Ce type d’asthme professionnel est le plus fréquent.
Il se déclare au bout d’un certain temps, parfois après plusieurs mois ou plusieurs années d’exposition, le temps que l’allergie se développe.
L’asthme déclenché par un irritant
Cet asthme est causé par l’exposition à des substances irritantes comme le chlore, les acides ou des fumées de combustion de matières plastiques. Cet asthme n’est pas d’origine allergique.
Dans le cas d’une exposition accidentelle, massive et unique, l’asthme peut se développer rapidement, en quelques jours.
Dans d’autres cas, l’asthme se développe plus lentement car c’est l’exposition répétée à une substance irritante (à dose modérée ou élevée) qui le déclenche.
L’asthme aggravé par le travail
Il existe aussi des asthmes qui peuvent être aggravés par une substance présente sur le lieu de travail ou par l’exposition à une température ambiante extrême (très froide ou très chaude).
Généralement, l’aggravation de l’asthme se manifeste assez rapidement et peut se traduire par une augmentation du nombre, de l’intensité et/ou de la durée des crises.
Quels sont les signes qui évoquent un asthme professionnel ?
L’asthme professionnel se manifeste par différents symptômes.
Les symptômes classiques de l’asthme sont présents :
- une gêne respiratoire ;
- un essoufflement ;
- une sensation d’oppression au niveau de la poitrine ;
- une toux sèche ;
- et une respiration sifflante.
D’autres symptômes en rapport avec une allergie peuvent parfois être associés comme :
- le nez bouché ;
- le nez qui coule ou qui pique ;
- les yeux rouges, irrités ou enflés ;
- ou bien encore une éruption cutanée.
Ces symptômes sont rythmés par le travail ; ils ont tendance à disparaître pendant les vacances et à réapparaître avec la reprise du travail. Parfois, les symptômes persistent plusieurs jours après l’arrêt de travail.
Quelles sont les professions à risque d'asthme ?
Six corps de métier, à eux seuls, sont à l’origine de plus de la moitié des asthmes professionnels en France :
- les boulangers et pâtissiers (dû aux farines, contaminants de la farine, etc.) ;
- les professionnels de la santé (gants en latex, produits désinfectants, etc.) ;
- les coiffeurs (décolorants, teintures) ;
- les peintres (peintures, vernis, isolants pour bâtiments, etc.) ;
- le personnel des entreprises de nettoyage (détergents, acariens, etc.) ;
- les menuisiers (poussière de bois).
Comment l’asthme professionnel est-il diagnostiqué ?
En présence de symptômes qui évoquent un asthme professionnel, l’origine professionnelle doit être recherchée.
Une enquête professionnelle est menée par le médecin du travail. Elle permet notamment de décrire les tâches effectuées et la composition de l’ensemble des produits manipulés.
Des mesures répétées de la fonction respiratoire permettent de déterminer si la respiration se détériore pendant les périodes de travail et s’améliore pendant les congés.
Dans certains cas, un bilan allergologique peut compléter les examens.
L’importance du rôle du médecin du travail dans l’asthme professionnel et sa prise en charge
Le Pr. Choudat est un ancien responsable du service des pathologies professionnelles de l’hôpital Cochin et actuel coordonnateur de l’enseignement de médecine du travail en Île-de-France.
« Le médecin du travail participe à la prise en charge globale de l’asthme professionnel. Il contribue en premier lieu à limiter le risque d’apparition d’allergies ou d’asthme au travail. Cela implique le recueil d’informations auprès du salarié et de son employeur ainsi qu’une visite du poste de travail. Il assure également la prévention dans un second temps pour le suivi des personnes exposées et le diagnostic précoce d’allergies. S’il soupçonne un asthme chez un salarié, il peut demander des examens complémentaires, comme une mesure du souffle. »
Quelles mesures prendre en cas d’asthme professionnel ?
Si vous avez un asthme professionnel, il est important d’en parler avec votre médecin du travail. Il peut proposer à votre employeur des mesures à mettre en place pour supprimer ou réduire l’exposition au(x) facteur(s) déclenchant(s) de l’asthme.
Il peut s’agir de :
- mesures collectives, comme le remplacement d’un produit par un autre non allergisant (par exemple, remplacer des gants en latex par des gants en vinyle), ou la mise en place d’équipements d’aspiration des gaz ou poussières ;
- mesures individuelles, comme l’utilisation d’un masque ou de gants pour vous protéger du facteur déclenchant ;
- un aménagement de votre poste de travail ou une mutation au sein de l’entreprise.
Dans certains cas, il est nécessaire d’envisager une reconversion professionnelle.
Dans ce sens, il faut prêter une attention particulière à l’orientation professionnelle chez les jeunes asthmatiques allergiques. En effet, il est important d’éviter certaines professions plus « à risque ».
Reconnaissance de l’asthme en maladie professionnelle
L’asthme professionnel peut être reconnu comme maladie professionnelle sous certaines conditions. Cette reconnaissance permet notamment une prise en charge à 100 % des consultations et des soins, sans avance des frais.
Définition
L'asthme professionnel
Le ou les facteurs qui déclenchent ou aggravent l’asthme sont présents sur le lieu de travail : 16 % des asthmes apparaissant à l’âge adulte.
Deux types :
- L’asthme allergique
Induit par des « sensibilisants » et souvent associé à une rhinite. Il représente 90% des asthmes professionnels.
> agents de HPM* : céréales, latex, certains animaux, .
Peut concerner : les meuniers, boulangers, pâtissiers, techniciens de laboratoires, vétérinaires, agriculteurs,…
> agents de BPM** : produits chimiques (métaux, résines, poussière de bois, colorants, médicaments).
Peut concerner : les peintres, soudeurs, travailleurs dentaires, coiffeurs, ouvriers, ébénistes, professionnels de santé, les secteurs du nettoyage, de l’industrie alimentaire et du textile.
- L’asthme non allergique
Induit par des irritants, il peut se développer rapidement, de façon accidentelle lors d’une exposition unique à de grandes concentrations d’irritants (gaz, acides, solvants, spray, fumée).
L’asthme aggravé par le travail
Le diagnostic d’asthme précède l’exposition au travail, mais celui-ci s’aggrave du fait de l’exposition professionnelle.
Diagnostic (en trois étapes)
- Diagnostiquer l’asthme : identifier des symptômes liés à l’asthme (mesure du soule, EFR).
- Établir le lien entre l’asthme et l’exposition professionnelle : rythmé par le travail (disparait durant les congés) et d'apparition tardive chez l'adulte.
- Identifier l’agent causal : enquête professionnelle avec l'aide du médecin du travail et de l'employeur (tâches effectuées, produits manipulés, activité de l’entreprise,…).
Examens complémentaires :
- Tests cutanés (prick-test) et dosage d’ E spécifiques.
- Test de provocation bronchique avec inhalation de l’agent suspecté.
Que faire ?
Actions de prévention par le médecin du travail :
- collective, par le remplacement des produits allergisants
- individuelle, en se protégeant des allergènes (port de gants et masque)
Un aménagement de poste et parfois une reconversion professionnelle peuvent être envisagés.
Prise en charge
Dans certains cas, il est possible que l’asthme soit reconnu comme maladie professionnelle.
Pour cela, il faut remplir le formulaire correspondant (cerfa n° : 60-3950, téléchargeable sur ameli.fr), joindre un certificat médical initial rédigé par le médecin traitant et une attestation de salaire.
Cela donne l’accès à :
- des soins remboursés à 100 % sans avance de frais,
- des indemnités journalières augmentées en cas d’arrêt de travail,
- une possibilité d’indemnisation si présence de « séquelles »,
- un reclassement professionnel plus accessible.
* HPM : haut poids moléculaire
**BPM : bas poids moléculaire
- Institut national de recherche et de sécurité (Inrs). Le point des connaissances sur… L’asthme professionnel. Site internet : Inrs. Paris ; 2017 [consulté le 210 janvier 2022]
- Pathologies pulmonaires professionnelles et environnementales (PAPPE) de la Société́ de pneumologie de langue française, la Société française de médecine du travail et la Société́ Française d’allergologie et d’immunologie clinique. Asthme professionnel - Fiches pratiques. Site internet : Société de pneumologie de langue française. Paris ; 2010 [consulté le 10 janvier 2022]
- Institut national de la santé et de la recherche médicale. Asthme. Site internet : Inserm. Paris ; 2017 [consulté le 10 janvier 2022]
- Global intiative for asthma (GINA). Global Strategy for Asthma Management and Prevention. (2021). Site internet : Ginasthma. Bethesda (Etats-Unis), Genève (Suisse) ; 2021 [consulté le 5 janvier 2022]