Asthme : quel suivi médical ?
Publié dans : Asthme de l'adulte : traitement et suivi médical
19 janvier 2024
Un suivi médical régulier permet de mieux gérer le contrôle de son asthme et de préserver sa qualité de vie. Médecin traitant, pneumologue, pharmacien… participent à ce suivi.
L’objectif du traitement de l’asthme est le contrôle de la maladie, c’est-à-dire l’absence de gêne respiratoire et de limitation des activités.
Le contrôle de l’asthme est évalué à l’aide des critères cliniques suivants :
- l’existence de symptômes dans la journée (essoufflement ? toux sèche ? respiration sifflante ? sensation d’oppression dans la poitrine) et leur fréquence (plus de deux fois par semaine ?) ;
- la présence de réveils nocturnes en lien avec l’asthme ;
- le retentissement de la maladie sur la vie quotidienne (entrave dans les activités quotidiennes ?) ;
- le recours aux traitements de la crise (plus de deux fois par semaine ?).
L’interprétation des résultats conduit à évaluer si l’asthme est :
- « bien contrôlé », si aucun de ces critères n’est présent ;
- « partiellement contrôlé », si un ou 2 critères sont présents ;
- « non contrôlé », si 3 ou 4 de ces critères sont présents.
Compte tenu de l’évolution de la maladie variable dans le temps avec l’apparition de symptômes parfois imprévisibles, il est important de :
- dialoguer régulièrement avec son médecin ;
- surveiller soi-même les symptômes de son asthme entre deux consultations.
Pour ce faire, des questionnaires existent pour aider la personne asthmatique dans cette démarche. Ces outils évaluant le contrôle de l’asthme sur des périodes de 7 jours à 4 semaines, sont :
- le test de contrôle de l’asthme (ACT - Asthma control test) ;
- l’évaluation du contrôle de l’asthme (ACQ - Asthma control questionnaire) ;
- le questionnaire d’évaluation de la thérapeutique asthmatique (ATAQ - Asthma therapy assessment questionnaire).
Votre médecin peut vous aider à choisir votre questionnaire.
Les résultats de ce test de contrôle permettent d’ouvrir le dialogue avec son médecin. En présence d’un asthme partiellement ou non contrôlé, il recherchera l’exposition à un facteur favorisant ou une difficulté avec la prise de son traitement et pourra réajuster le traitement si besoin.
La mesure du souffle fait partie du diagnostic de l’asthme et permet d’en surveiller son évolution. Les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) fournissent une évaluation précise du souffle.
Pour la surveillance de l’asthme, il est recommandé de passer des EFR tous les ans, voire plus souvent si la maladie est sévère. Les EFR permettent aussi de détecter tout signe d’aggravation et d’évaluer l’effet du traitement médicamenteux. Ils sont utiles même si la personne asthmatique se sent bien.
Les EFR sont réalisées par un pneumologue ou un allergologue, en cabinet ou dans un laboratoire spécialisé. La spirométrie est l’examen le plus pratiqué mais peut être remplacée par la pléthysmographie, qui permet une évaluation plus complète des capacités respiratoires.
Le résultat des EFR conduit le médecin à un éventuel ajustement du traitement.
Qu’est-ce qu’un débitmètre de pointe ?
Le débitmètre de pointe est un petit appareil portable qui permet de mesurer vous-même votre souffle à votre domicile.
Le médecin traitant peut demander de surveiller l’évolution de son asthme entre deux consultations chez certains patients ayant un asthme sévère ou dans certaines situations (après une exacerbation, pendant la grossesse…), pour s’assurer que le traitement est bien adapté.
Vie professionnelle, sorties, loisirs… Toutes les affaires courantes sont facilitées si l’asthme est contrôlé. Sans symptôme, la vie est plus sereine, sans avoir à craindre la survenue d’une crise d’asthme. Les bénéfices sont nombreux et concrets : courir pour attraper le bus, accepter sans appréhension une balade à vélo, grimper des escaliers quatre à quatre, limiter ses absences au travail, profiter d’un sommeil réparateur, etc.
Voici quelques conseils pour une prise en charge optimale de la maladie
Pour une vie sereine, il est nécessaire de connaître son asthme et les facteurs déclenchants.
Pour connaître son asthme :
- Apprendre à reconnaître les signes annonciateurs de ses crises d’asthme, pour agir rapidement.
- Savoir identifier le niveau de contrôle de son asthme en utilisant l’un des questionnaires (ACT, ACQ ou AnTAQ). Les réponses aideront le médecin à adapter le traitement.
Et les facteurs favorisants :
- Identifier les facteurs qui favorisent la survenue des crises d’asthme (allergie, pollution, stress, etc.)
- Limiter si possible l’exposition aux facteurs favorisant les crises d'asthme.
Le lien avec son médecin traitant est important. Ces quelques conseils permettent de mieux suivre son asthme et son évolution.
Concernant les consultations, les examens :
- Respecter le rythme des consultations.
- Faire l’ensemble des examens demandés par son médecin.
- Préparer ses consultations en évaluant le contrôle de son asthme à l’aide d’un questionnaire et en listant les questions et les points à aborder (ex. : survenue d’une crise dans des circonstances non identifiées auparavant) avec le médecin.
Pour diverses raisons, la personne asthmatique peut être amenée à consulter d’autres professionnels de santé. Il est nécessaire de les informer de son asthme et du traitement inhérent.
Une bonne prise en charge de l’asthme passe aussi par le traitement qui demande plusieurs précautions :
- Utiliser correctement les différents inhalateurs utilisés pour son traitement.
- En cas de prescription d’un traitement de fond, le prendre quotidiennement, sans exception. C’est sa prise quotidienne qui soigne le mécanisme de l’asthme et permet d’éviter les crises.
- Consulter son médecin en cas de doute sur un effet indésirable dû aux médicaments.
Au quotidien, il est nécessaire d’adapter son mode de vie. Apprendre à gérer son stress et les situations riches en émotions qui peuvent déclencher des crises ; se décontracter en pratiquant une activité physique adaptée, se détendre en famille, avec des amis…
- Pour les fumeurs : essayer d'arrêter de fumer car cela aggrave l’asthme.
- Ne pas s’exposer au tabagisme passif.
- Pour les personnes en surpoids, l’asthme peut être plus difficile à contrôler. Adapter des conseils nutritionnels pour une alimentation équilibrée.
- Pratiquer une activité physique est possible et bénéfique pour toutes personnes asthmatiques. Le choix de l’activité peut se faire avec son médecin traitant.
- En cas de grossesse, la poursuite du traitement de l’asthme et un suivi attentif sont nécessaires.
- L’asthme peut perturber la vie professionnelle. Il est important alors de s’entretenir avec son médecin traitant ou le médecin du travail sur son activité professionnelle.
Pour vous aider dans la prise en charge quotidienne de votre asthme, différentes offres existent près de chez vous :
Adoptez les conseils des professionnels de santé qui vous suivent pour votre asthme.
Les conseils du docteur Michel Stern, médecin généraliste, pour mieux contrôler son asthme.
L’importance de l’échange entre le patient et le médecin…
« Il faut échanger ensemble dès les premiers signes d’asthme ». Pour Michel Stern, le contrôle de l’asthme passe par un travail d’équipe entre le patient et son médecin.
… et le pneumologue
Il souligne également l’intérêt d’une bonne prise en charge coordonnée avec le pneumologue : « si les symptômes évoquent un asthme, j’oriente mon patient directement chez ce dernier. Il lui fera passer un examen pour mesurer son souffle et confirmer le diagnostic ». Le traitement et le suivi de l’asthme sont également assurés en lien avec le pneumologue.
Une sérénité retrouvée
Michel Stern met l’accent sur les bénéfices d’un asthme bien contrôlé : moins de crises et de symptômes nocturnes, une activité physique facilitée par un souffle retrouvé, etc. ; les bienfaits sont réels. « Bien sûr, insiste Michel Stern, cela suppose de prendre son chaque jour ! »
« Certains en ‘font l’impasse’ car ses effets ne se font pas sentir immédiatement. Pourtant il est à la base de l’amélioration de la qualité de vie ! souligne Michel Stern. Car ce n’est pas le rôle du traitement de crise, même s’il agit très vite, de contrôler l’asthme. »
Le docteur Stern insiste aussi sur la nécessité pour le patient de se libérer du tabac. « Nous en parlons en consultation, et j’essaie d’apporter les informations qui vont aider mon patient à prendre la bonne décision. »
Oser poser des questions
« Quand le traitement est bien suivi et que l’asthme est contrôlé, une visite de suivi deux à trois fois par an suffit, rassure Michel Stern. Je vérifie que tout se passe pour le mieux en posant des questions et en mesurant le souffle », précise-t-il. Il ajoute que toutes les questions peuvent être abordées avec son médecin traitant.
Le quotidien avec les personnes asthmatiques du docteur Daniel Piperno, pneumologue (médecin, spécialiste des poumons et des maladies respiratoires) exerçant à Lyon depuis plus de 20 ans et ses conseils pour un bon suivi de l’asthme.
L’importance du diagnostic de l’asthme…
D’emblée, le docteur Piperno rappelle l’importance du diagnostic. « Quand un médecin suspecte un asthme chez un patient, il est nécessaire qu’il l’oriente vers un pneumologue pour confirmer le diagnostic. Il faut bien faire comprendre au patient qu’il est atteint d’une maladie chronique, mais qu’un asthme contrôlé n’empêche pas de vivre normalement », explique-t-il.
« Je rappelle très souvent à mes patients, parfois découragés, que des asthmatiques peuvent être des grands champions, comme Mark Spitz ou David Beckham ! »
… et du suivi médical
Le pneumologue est également présent pour assurer le suivi de l’asthme. « On définit le traitement, et on tâche de s’assurer qu’il est bien pris chaque jour, en parlant du contrôle de l’asthme. »
Dans le cadre du suivi médical, le docteur Piperno pose trois questions : « à quelle fréquence consommez-vous votre traitement de crise ? Votre asthme vous réveille-t-il la nuit ? Vous sentez-vous limité dans vos activités quotidiennes à cause de la maladie ? C’est ainsi que l’on détermine ensemble si l’asthme est contrôlé ou non, et que l’on diminue ou renforce le traitement selon les besoins. »
Il précise qu’il intervient « surtout quand l’asthme est compliqué à traiter. S’il s’agit d’un asthme bien contrôlé et qui ne pose pas de souci dans le quotidien du patient, c’est bien souvent le médecin traitant qui se charge du suivi. »
Les outils mis à sa disposition
Le docteur Piperno s’appuie sur les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR). « C’est un examen rapide et sans douleur, et cela permet de mesurer les capacités de souffle. »
Cet examen permet à la fois le diagnostic de l’asthme mais aussi le suivi.
En cas de besoin, il peut aussi demander à ses patients d’utiliser un débitmètre de pointe, ou peakflow, qui mesure le souffle simplement et rapidement. « C’est un outil facile à utiliser qui permet aux gens atteints d’un asthme instable de suivre au plus près son évolution et d’anticiper les crises. »
Un suivi quotidien
« Je demande surtout à mes patients de pratiquer une auto-surveillance », ajoute le docteur Piperno. « Mais, nuance-t-il, j’essaie aussi de faire en sorte que ça ne devienne pas une obsession pour eux. C’est là tout le paradoxe ! »
Pour le docteur Piperno, le maintien du contrôle passe surtout par une prise de conscience personnelle. « Quand le patient a compris qu’il était primordial de prendre son chaque jour et de rester à l’écoute des signes de son asthme, pour agir dès que nécessaire, c’est tout bon. »
Témoignage et expérience du Docteur Frédéric Chauvelot, pharmacien hospitalier depuis 20 ans dans le Finistère, pour qui le suivi de l’asthme est un travail de groupe autour de chaque patient.
L’asthme, pas si facile à mettre sous contrôle
« Prendre son traitement, faire des examens de suivi… évidemment qu’il n’est pas tous les jours facile de suivre les recommandations de son médecin ! Pourtant c’est la qualité de vie de chacun qui y gagne », résume Frédéric Chauvelot. « Pour que les patients ne se découragent pas, le pharmacien les accompagne autant que possible en relayant les recommandations de leur médecin. Il peut aussi les orienter, à l’inverse, vers leur médecin s'il estime que le patient n’a pas tous les éléments en main ! »
La place du pharmacien
Frédéric Chauvelot précise que le pharmacien est présent pour aider à mieux suivre et contrôler l'asthme au quotidien. « Le pharmacien échange au maximum avec chaque personne qui le souhaite, sur des sujets pas toujours faciles à aborder, pour comprendre certaines réticences. Beaucoup de patients ne comprennent pas vraiment la différence entre et traitement de la crise, par exemple. D’autres posent des questions sur leurs inhalateurs. En expliquant les traitements, en montrant clairement comment bien utiliser un inhalateur, en guidant les patients vers leur médecin traitant, le pharmacien essaie de contribuer à une meilleure prise en charge possible de l’asthme. »
Un travail d’équipe
Frédéric Chauvelot explique : « tous les professionnels de santé sont aux côtés des patients, non pas pour les juger ou pointer du doigt ce qu’ils font mal, mais pour les aider à mieux vivre avec leur maladie. »
Médecin traitant, pneumologue, pharmacien, et enfin infirmier-conseiller en santé sophia ; selon Frédéric Chauvelot, chacun joue un rôle complémentaire dans la prise en charge de l’asthme.
Diagnostic, traitements, suivi au quotidien, réponses aux questions que peuvent se poser les patients, etc., « ce serait dommage de ne pas profiter de tous ces conseils ! »
- Global intiative for asthma (GINA). Global Strategy for Asthma Management and Prevention. (2021). Site internet Ginasthma. Bethesda (Etats-Unis), Genève (Suisse) ; 2021 [consulté le 5 janvier 2022]
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- Établir son propre plan d'action personnalisé pour mieux gérer son asthmeModèle - PDF, 333.52 Ko
- Liste d'associations de patients asthmatiques en FranceRéférentiel - PDF, 22.46 Ko
- Liste de programmes d'éducation thérapeutique asthme en FranceRéférentiel - PDF, 94.91 Ko
- Liste d'offres locales au service des patients asthmatiques en FranceRéférentiel - PDF, 22.53 Ko
Cet article fait partie du dossier : Asthme de l'adulte : traitement et suivi médical
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