Asthme et exacerbation : repérer et traiter

On parle d’exacerbation lorsqu’une crise d’asthme dure plusieurs heures voire plusieurs jours, malgré la prise répétée d’un traitement de crise. Elle peut apparaître de façon soudaine et s’aggraver rapidement. Selon sa gravité, elle est traitée au domicile ou à l’hôpital.

Le risque de survenue d'une exacerbation est augmenté dans différentes situations :

  • Avoir fait une exacerbation ou plus au cours des 12 derniers mois ;
  • avoir déjà été intubé ou soigné en réanimation pour l’asthme ;
  • contrôle des symptômes insuffisant ;
  • défaut d’observance ou mauvaise technique d’inhalation des corticoïdes inhalés ;
  • consommation excessive du traitement de crise d'asthme par Béta2mimétique de courte durée d’action (>1 flacon de 200 doses par mois) ;
  • VEMS faible <60 % de la valeur théorique aux épreuves fonctionnelles respiratoires ;
  • exposition à un facteur favorisant (tabac, allergène, pollution atmosphérique,…) mais aussi une comorbidité (obésité, reflux gastro-œsophagien, rhinite, allergie alimentaire confirmée), la grossesse, un asthme avec hyperéosinophilie ;
  • difficultés psychologiques et socio-économiques.

L’exacerbation est une augmentation des symp­tômes respiratoires habituels depuis plus de quarante-huit heures, nécessitant une modifica­tion du traitement habituel. L’utilisation majorée et inhabituelle des bronchodilatateurs d’action ra­pide est souvent un signe annoncia­teur.

On parle d'exacerbation lorsqu'un ou plusieurs signes de la crise d’asthme ne disparaissent pas malgré la prise du traitement de secours et du . Ils peuvent aussi vous réveiller la nuit.

Ce peut être :

  • une gêne respiratoire ;
  • une sensation d’étouffement, d’oppression, de poids sur la poitrine ;
  • une toux sèche ;
  • une respiration sifflante.

La mesure du souffle par débitmètre de pointe peut aussi être altérée.

Exacerbation : comment réagir et quel médicaments ?

Lorsqu’une crise s’aggrave et dure dans le temps, utilisez votre traitement de secours et répétez les prises si besoin. Consultez votre médecin.

Le traitement des exacerbations d’asthme repose sur l’utilisation répétée de bronchodilatateurs inhalés de courte durée d’action ou béta2 mimétiques (salbutamol, terbutaline) à doses plus importantes que celles utilisées lors d’une crise d’asthme et la prise de corticostéroïde inhalé. 

Si la personne est traitée par l'association fixe corticoïdes inhalés + formotérol, elle augmente son traitement inhalé.

Ces médicaments permettent la dilatation des bronches et la diminution de l'inflammation. En fonction de l’évolution des signes et de la mesure du souffle du patient, le médecin détermine :

  • le nombre de bouffées inhalées ;
  • la fréquence du renouvellement de la prise du traitement de secours ;
  • la durée du traitement.

L’utilisation d’une chambre d’inhalation ou d’un nébulisateur pour la prise du traitement de secours peut être utile en cas d’exacerbation.

En cas de gêne respiratoire importante ou de signes persistants malgré la prise répétée du traitement de secours, le médecin prescrit de la (ou corticoïdes) en comprimés sur 7 jours environ, pour lutter contre l’inflammation des bronches.  En cas d’exacerbation sévère, il faut recourir d’emblée aux corticoïdes oraux. 

Si l'exacerbation est soudaine ou lorsque la réponse aux traitements est insuffisante, l’exacerbation sévère doit conduire à une hospitalisation. C’est une urgence médicale : il faut composer le 15 ou le 112 (depuis un fixe ou un mobile) ou envoyer un SMS au 114 en cas de difficulté pour parler, de ressenti de signes de gravité de la crise.

Le suivi médical après une exacerbation d'asthme

Dans tous les cas, un suivi médical rapproché suite à une exacerbation est important. À la suite d’une exacerbation, il est nécessaire que le médecin réévalue la situation entre deux et sept jours après la consultation initiale. 

Cette consultation est l’occasion de vérifier la réponse au traitement, de mesurer le souffle, mais aussi d’analyser les raisons de cette crise, de revoir les techniques de prise avec les inhalateurs et la prise en charge des différents facteurs de mauvais contrôle.

Si l’asthme reste non contrôlé malgré un traitement inhalé opti­mal pris régulièrement avec une bonne technique d’inhalation, il est conseillé de consulter un pneumologue et envisager une . Deux exacerbations par an nécessitent un avis spécialisé.

Les biothérapies qui ciblent des mo­lécules de l’inflammation permettent de réduire les exacerba­tions sévères, d’améliorer le contrôle de l’asthme et la qualité de vie. La plupart ont un effet également sur la polypose nasale. Elles permettent surtout de diminuer la consomma­tion de corticoïdes oraux qui sont source d’effets indésirables sur le long terme. Elles sont administrées par voie sous-cutanée, tous les quinze jours ou tous les mois, la plupart du temps en auto-injections.

Par ailleurs, une très grande partie des exacer­bations de l’asthme étant d’origine virale, la vaccination contre la grippe et le Covid-19 doit être proposée de façon systématique à toutes les personnes asthmatiques.

Enfin, un ajusté limite les exacerbations. Une personne avec un asthme bien contrô­lé est moins à risque d’avoir des exacerba­tions mais aussi moins à risque de consommer des corticoïdes oraux.

Avoir un plan d'action personnalisé

Tous les patients doivent recevoir un plan d'action écrit contre l'asthme, adapté à leur niveau de maîtrise de l'asthme et à leurs connaissances en matière de santé, afin qu'ils sachent comment reconnaître et réagir à une aggravation de l'asthme.

Le médecin peut préparer une ordonnance détaillée à utiliser en cas de crise.

 

Le plan d'action personnalisé : une aide au quotidien

Adapté à votre situation, ce plan vous aide à gérer les symptômes et à adapter le traitement vous-même, incluant le habituel et les corticoïdes oraux. Le plan d’action définit aussi les situations d’urgence, nécessitant une aide médicale si les symptômes ne répondent pas au traitement.

Prendre des mesures de prévention des crises d'asthme

  • Suivre chaque jour le traitement prescrit par son médecin ;
  • s’assurer, auprès de son  médecin ou de son pharmacien, que l’on utilise correctement son inhalateur ;
  • penser à se faire vacciner contre la grippe et la Covid-19 ;
  • éviter au maximum le contact avec les allergènes s’il y a une sensibilisation en contrôlant son environnement ;
  • arrêter de fumer et éviter la fumée des autres ;
  • apprendre à évaluer le contrôle de son asthme.
  • Global intiative for asthma (GINA). Global Strategy for Asthma Management and Prevention (2021). Site internet :  Ginasthma. Bethesda (États-Unis), Genève (Suisse) ; 2021 [consulté le 28 janvier 2025]
  • Santé publique France. Asthme. Site internet : Santé publique France. Saint-Maurice (France) ; 2024 [consulté le 28 janvier 2025]
  • Collège des enseignants en pneumologie. Hypersensibilité et allergies respiratoires de l'adulte. Asthme, rhinite. ECN 2018. Éditions Elsevier Masson
  • Haute Autorité de santé (HAS). Asthme - Le Webzine de la HAS. Site internet : HAS. Saint-Denis La plaine (France) ; 2019 [consulté le 28 janvier 2025]
  • Mise à jour des recommandations (2021) pour la prise en charge et le suivi des patients asthmatiques adultes sous l'égide de la Société de pneumologie de langue française et de la Société pédiatrique de pneumologie et allergologie. Site internet : Société de pneumologie de langue française. Paris ; 2021 [consulté le 28 janvier 2025]
  • Institut national de la santé et de la recherche médicale. Asthme. Site internet : Inserm. Paris ; 2023 [consulté le 28 janvier 2025]
Cet article vous a-t-il été utile ?
Pourquoi cet article ne vous a pas été utile ?