Symptômes, diagnostic et évolution de l’apnée du sommeil
Apnée du sommeil : les symptômes
Les symptômes de l'apnée du sommeil apparaissent pendant la nuit et ont un impact important sur la journée. Plusieurs d'entre eux peuvent être présents.
Au cours de la nuit, les symptômes se manifestent par :
- un ronflement sévère et quotidien, qui gêne souvent les proches. Il est présent dans 95 % des cas ;
- des pauses respiratoires durant le sommmeil, constatées par l'entourage ;
- des épisodes de respiration haletante pendant le sommeil ;
- des réveils répétés, en sursaut, avec sensation d'asphyxie ou d'étouffement ;
- un sommeil agité, entrecoupé de micro-éveils à répétition ou parfois des insomnies ;
- des cauchemars sur des thèmes d'asphyxie, de chute ou de mort imminente ;
- un sommeil non réparateur et agité, avec des draps particulièrement défaits ;
- un besoin d'uriner plus d’une fois au cours de la nuit (nycturie).
Pendant la journée, les conséquences des apnées et hypopnées du sommeil se traduisent par :
- une somnolence diurne excessive, non expliquée par d'autres facteurs. Cette somnolence peut être légère avec peu de retentissement sur les activités quotidiennes : lire, regarder la télévision, être passager dans une voiture, assister à une réunion. Mais elle peut être plus grave, avec des endormissements involontaires lors de réunions, devant la télévision, lors d'un repas, de la conduite automobile...;
- une fatigue (asthénie) ;
- des difficultés à se concentrer, à mémoriser ;
- des troubles de l'humeur, une certaine irritabilité ;
- parfois, des maux de tête surtout le matin,
- des troubles de la ou des troubles de l'érection.
Le diagnostic de l'apnée du sommeil
Le diagnostic de l'apnée du sommeil est fait en deux temps.
La consultation médicale
Lors de la consultation médicale, le médecin fait préciser au patient les troubles qu'il ressent ou que son entourage a observés. Il lui propose éventuellement de tenir un agenda du sommeil dans lequel il précisera les horaires des perturbations nocturnes et diurnes.
Afin de poser son diagnostic de somnolence diurne, le médecin dispose de plusieurs échelles d’appréciation, dont celle d'Epworth.
Si vous êtes concerné(e), consultez l' Échelle de somnolence d'Epworth (PDF) sur le site reseau-morphee.fr.
Un examen ORL (otorhinolaryngologique) est nécessaire. Il recherche un obstacle sur les voies aériennes : langue, ou amygdales volumineuses, nez bouché, mandibule trop petite...
Le médecin recherche des facteurs de risque cardiovasculaire souvent associés à l'apnée du sommeil, en particulier une hypertension artérielle et un surpoids par le calcul de l'IMC et la mesure du tour de taille.
Le bilan du sommeil
Si l'apnée du sommeil est suspectée, le médecin demande un avis médical spécialisé et des examens complémentaires, notamment un bilan du sommeil. Celui-ci est souvent pratiqué dans des unités du sommeil, où l’on réalise diverses mesures objectives.
Pour connaître l’adresse du centre du sommeil le plus proche de chez vous, vous pouvez consulter le site de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV).
Les enregistrements du sommeil qui peuvent être réalisés selon deux techniques différentes.
La polygraphie ventilatoire nocturne : elle enregistre, sur une durée d'au moins 6 heures, l'électrocardiogramme, les mouvements respiratoires et le débit d'air entrant et sortant par les narines. Un capteur placé au niveau d'un doigt permet d'analyser la saturation du sang en oxygène et donc de détecter des baisses de saturation lors des apnées et des hypopnées.
La polysomnographie plus complète que la polygraphie est un examen complexe qui n'est pas systématiquement prescrit.
La polysomnographie est un enregistrement du sommeil réalisé soit sur une nuit, soit sur une nuit et une journée. Il peut se faire durant une hospitalisation nocturne.
Cet examen permet, en plus des enregistrements précédents (électrocardiogramme, mouvements respiratoires, débit d'air entrant et sortant par les narines et mesure de la saturation du sang en oxygène), d'analyser la qualité du sommeil, grâce à l'enregistrement de plusieurs paramètres, obtenu à l'aide d'électrodes placées au niveau du crâne et de différentes parties du corps.
Il étudie :
- l'activité cérébrale (par électro-encéphalogramme),
- l’activité musculaire du menton et des jambes (électromyogramme),
- les mouvements oculaires (électro-oculogramme).
Ces données vont permettre de suivre et d'identifier les différentes phases du sommeil et sa qualité : microréveils, sommeil perturbé et fragmenté, présence de pauses respiratoires, mouvements périodiques des membres inférieurs...
La polysomnographie confirme le diagnostic d'apnées du sommeil, en évalue la gravité (nombre, durée et gravité des apnées et hypopnées) et analyse leur retentissement sur le sommeil.
L’apnée du sommeil, de légère à sévère
L'importance du syndrome d'apnées du sommeil se mesure au nombre d'apnées/hypopnées par heure de sommeil (IAH ou indice d'apnées/hypopnées).
- Entre 5 et 15, l'apnée du sommeil est légère.
- Entre 16 et 30, l'apnée du sommeil est modérée.
- Si l'indice d'apnées/hypopnées (IAH) est supérieur à 30, l'apnée du sommeil est sévère.
Comment évolue l’apnée du sommeil ?
La prise en charge médicale des apnées et hypopnées du sommeil fait régresser les troubles respiratoires du sommeil et la somnolence diurne. La fatigue s'atténue et la qualité de vie du patient s'améliore.
Si le patient n’est pas traité, son état de santé se détériore. Le syndrome d'apnées-hypopnées du sommeil altère la qualité de vie en raison des troubles de la vigilance dans la journée, la somnolence diurne, la difficulté à exécuter les tâches quotidiennes, les problèmes de mémoire et de concentration et les troubles de l'humeur... Les accidents de la route, de la vie domestique et du travail sont plus nombreux.
Le SAHOS (syndrome d'apnées-hypopnées obstructives du sommeil) a également des répercussions sur la santé avec un risque augmenté de problèmes cardiovasculaires.
À court terme : le manque répété en oxygène entraîne des troubles du rythme cardiaque (arythmie ventriculaire, fibrillation auriculaire...)
À moyen et long terme : l'apnée du sommeil entraîne une augmentation du risque :
- d’hypertension artérielle ;
- de maladie coronaire avec un risque d’infarctus ;
- d’accidents vasculaires cérébraux ;
- d'insuffisance cardiaque.
Un diabète de type 2, un surpoids ou une obésité sont souvent associés aux apnées du sommeil ainsi que des troubles du métabolisme lipidique (augmentation du cholestérol et des triglycérides sanguins).
L'apnée du sommeil chez l'enfant
Si votre enfant ronfle bruyamment la nuit et fait des pauses respiratoires, si son sommeil nocturne est perturbé et s'il est fatigué dans la journée ou au contraire plutôt irritable et hyperactif, consultez votre médecin car il souffre peut-être d'apnée du sommeil.
L'apnée du sommeil touche près de 2 % des enfants entre deux et six ans. Dans la plupart des cas, elle est associée à de grosses amygdales et à une des ; parfois elle est due à des malformations des maxillaires et de la face (étroitesse des fosses nasales, maxillaire inférieur (mandibule) insuffisamment développé,…). L'apnée du sommeil est également fréquente chez les enfants et les adolescents en surpoids.
Le traitement de l'apnée du sommeil de l'enfant consiste d'abord à retirer les amygdales et les végétations ou à corriger une éventuelle malformation par orthopédie dento-faciale.
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