Soigner l’anorexie mentale
24 avril 2025
La prise en charge précoce de l'anorexie mentale est un facteur déterminant de guérison. Elle permet d'éviter la survenue de complications ou une évolution vers la chronicité. Le traitement porte à la fois sur l'aspect médical et psychologique de la maladie.
Lors de la prise en charge initiale de l’anorexie mentale, une évaluation globale de la personne anorexique est recommandée, associant une évaluation somatique, nutritionnelle et psychique, incluant aussi la dynamique familiale et sociale.
Ce bilan, qui peut être répété permet de déterminer les signes de gravité et de suivre l’évolution de l’état du patient dans le temps.
Lors des premières consultations, le médecin établit avec le patient les objectifs à atteindre concernant l'arrêt de la perte de poids, puis le gain progressif de poids. Pour la plupart des patients, un arrêt de la perte de poids est le premier objectif à atteindre avant d’envisager un gain de poids.
Une équipe médicale pluridisciplinaire pour aider la personne anorexique
L'équipe médicale prend en compte l’ensemble des aspects de la maladie et assure une prise en charge à la fois sur le plan somatique et sur le plan psychologique.
Elle peut se composer :
- du médecin traitant, d'un médecin spécialiste, ou d'un pédiatre ;
- d'un psychiatre ou pédopsychiatre ou psychologue ;
- d'un nutritionniste.
Dans cette équipe, un médecin coordinateur assure l'organisation de l'ensemble des intervenants pour traiter à la fois les aspects nutritionnels, psychologiques et médicaux.
Les soins, mis en place le plus précocement possible, ne se conçoivent que dans la durée. Ils nécessitent l'adhésion du malade, parfois longue à obtenir, et celle de sa famille... En effet, dans l’anorexie mentale, il y a toujours une phase de déni durant laquelle le malade ne comprend pas où est le problème et ne reconnait pas sa maladie. Les proches jouent un grand rôle dans l’acceptation par le malade de la nécessité d’une prise en charge médicale et peuvent être aidés par le médecin dans cette prise de conscience.
Anorexie : une psychothérapie adaptée
Il n'y a pas de traitement médicamenteux spécifique de l'anorexie.
En revanche, dès que possible, une adaptée est commencée.
Les soins psychologiques aident la personne anorexique à :
- adhérer aux soins et accepter la nécessité de prendre du poids ;
- modifier ses comportements pour tendre vers une alimentation équilibrée, prise avec plaisir et vers un gain de poids ;
- renforcer l'estime d'elle-même et lui permettre de se sentir plus en confiance et en sécurité ;
- améliorer ses relations sociales et familiales ;
- traiter les éventuels conflits ou souffrances psychiques.
Pour apprendre au patient à renouer avec son corps, différentes approches sont possibles :
- une individuelle (, psychodynamique brève, thérapie d'inspiration psychanalytique, de soutien...) ;
- une thérapie familiale ;
- une thérapie de groupe ou la participation à des groupes de parole.
La choisie est le plus souvent maintenue au moins 1 an après une amélioration significative de l'anorexie.
Le recours à des psychothérapies peut se faire :
- en libéral chez un psychiatre. Consultez les annuaires nationaux ;
- au sein d'un CMP adulte pour les jeunes au-delà de 18 ans ;
- au sein d'un CMP enfant qui prend en charge les enfants jusqu’à l’âge de 18 ans ;
- au sein de bureau d’aide psychologique universitaire (BAPU) au-delà de 18 ans et si se sont des étudiants.
L’anorexie mentale génère souvent un stress et des perturbations familiales importants. La thérapie familiale menée à l’adolescence a démontré une réelle efficacité. La famille et l’entourage (parents, frères et sœurs, compagnons…) sont aidés dans leur fonction de soutien : ils bénéficient d’entretiens familiaux réguliers, d’une familiale ou de la participation à des groupes de parents ou de familles.
L’objectif est de renforcer les liens intrafamiliaux pour replacer la famille au cœur d’une dynamique constructive.
Lire la fiche pratique Mon enfant souffre d’anorexie mentale, pourquoi la thérapie familiale ?
La prise en charge de l'anorexie peut également comporter en association d’autres approches : l’art-thérapie, la musicothérapie, etc.
Anorexie : la rééducation nutritionnelle
Une prise en charge diététique (apports nutritifs renforcés, éducation aux principes de l’équilibre alimentaire…) est utile.
La rééducation nutritionnelle et diététique permet la réintroduction progressive d'une alimentation normale et insiste sur le caractère sociable et agréable de la prise des repas.
Des compléments nutritionnels peuvent être prescrits pour compenser les pertes liées à la dénutrition.
Quand la dénutrition se poursuit et devient très sévère, une nutrition artificielle par voie entérale est recommandée, de manière très temporaire (de façon à ne pas éloigner la patiente de l'alimentation normale), en service spécialisé à l’hôpital.
Des traitements ambulatoires mais une hospitalisation parfois nécessaire dans le traitement de l'anorexie
Selon les moments et la gravité de l'anorexie, les prises en charge peuvent se dérouler au travers de soins ambulatoires plus ou moins intensifs. Cette prise en charge en ambulatoire est privilégiée.
Cependant, une hospitalisation de jour ou à temps plein devient incontournable lorsque le malade ne modifie pas son comportement, n'adhère pas au projet thérapeutique et encourt un danger vital (nécessité par exemple d'une prise en charge nutritionnelle progressive et spécifique, souffrance psychologique importante...)
De nombreux services hospitaliers ont développé une prise en charge de qualité, construite avec la personne et sa famille. Cette hospitalisation constitue un temps de pause à chacun et offre des programmes multiples : programme nutritionnel adapté, entretiens thérapeutiques quotidiens, groupes de parole, art-thérapie, sport, activités culturelles et culinaires...
- Haute Autorité de Santé (HAS). Anorexie mentale : prise en charge. Site internet : HAS. Saint–Denis La Plaine ; 2010 [consulté le 4 avril 2024]
- Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Anorexie mentale. Site internet : Inserm. Paris ; 2020 [consulté le 4 avril 2024]
- Haute Autorité de santé (HAS). Boulimie et hyperphagie boulimique Repérage et éléments généraux de prise en charge : HAS. Saint-Denis La Plaine ; 2015 [consulté le 4 avril 2024]
- Collège national universitaire des enseignants en psychiatrie et en addictologie. Troubles des conduites alimentaires chez l'adolescent et l'adulte. ECN 2021. 3ème édition Presses universitaires François Rabelais
- Collège des enseignants de nutrition. Troubles des conduites alimentaires chez l'adolescent et l'adulte. ECN 2019. 3ème édition Elsevier Masson