Dénutrition : la repérer rapidement
Comment repérer un amaigrissement et les premiers signes de dénutrition ?
Il est important de savoir reconnaître rapidement les symptômes de dénutrition pour y remédier avant leur aggravation. Ces symptômes peuvent vous concerner ou toucher une personne de votre entourage, y compris un enfant et un adolescent.
Des prises alimentaires de plus en plus restreintes
Vous, ou la personne concernée, mangez moins que d’habitude et cela dure depuis plusieurs semaines : faites le point sur l’ensemble des repas et essayez d’évaluer l’importance de la diminution de la prise alimentaire.
Essayez d’en retrouver la cause : perte d’appétit ou difficultés à mâcher ou à avaler, fatigue, douleurs prolongées, troubles digestifs…
Un amaigrissement
Vous, ou la personne concernée, avez perdu du poids involontairement au cours des trois derniers mois : les vêtements deviennent trop larges, la ceinture doit être serrée d’un cran supplémentaire.
Essayez d’évaluer le nombre de kilos perdus en comparant le poids actuel aux mesures antérieures.
La perte d'appétit et l'amaigrissement passent souvent inaperçus au début. Pour savoir si vous maigrissez, prenez l'habitude de vous peser tous les mois.
Si vous notez une perte de 2 kilos en un mois ou de 4 kilos au cours des 6 derniers mois, parlez-en à votre médecin.
Une situation favorisant la dénutrition
Perte d’appétit, diminution de l’alimentation et amaigrissement doivent alerter et ce surtout s’ils sont accompagnés :
- de difficultés à se déplacer,
- d’isolement,
- de tristesse,
- d’une maladie aiguë dans les trois derniers mois ou d'une maladie chronique,
- d’une hospitalisation…
- Si votre enfant s’alimente mal, si vous trouvez qu’il ne grossit pas, n’hésitez pas à en parler à votre médecin ou votre pédiatre.
- L'anorexie mentale s’installe progressivement. Soyez vigilant si votre adolescent(e) mange progressivement de moins en moins. L’anorexie est la première cause de dénutrition chez le jeune.
- Bien que le poids reste correct, la boulimie peut être responsable d’une dénutrition ou malnutrition avec des carences en vitamines, en acide folique... en raison des vomissements répétés.
- Les addictions aux substances non médicamenteuses chez le jeune s’accompagnent souvent d’une alimentation insuffisante et peuvent être source de dénutrition.
Dénutrition : diagnostic grâce à l'examen du médecin
Un entretien avec son patient
Le point sur les difficultés d'alimentation
Le médecin fait le point avec la personne concernée sur son alimentation en lui posant quelques questions :
- Prenez-vous habituellement un petit-déjeuner, un déjeuner et un dîner? Sinon, combien de repas faites-vous par jour ?
- Chaque jour consommez-vous :
- des produits laitiers (lait, fromage, yaourt) ?
- de la viande, du poisson, de la volaille ou des œufs ?
- des fruits et légumes ?
- des céréales et légumineuses ?
- Quelle quantité de liquide (eau, jus, café, thé, lait) buvez-vous par jour ?
- Comment prenez-vous vos repas ?
- Seul avec ou sans difficulté,
- Avec de l’aide pour préparer le repas ou pour manger,
- Avez-vous envie de manger ?
- Avez-vous des troubles digestifs : difficultés à mastiquer, à avaler, à digérer, diarrhée, constipation, etc.
On considère comme vrai repas :
- un repas pris assis,
- qui comprend plus de deux aliments ou plats.
Par exemple, manger des pommes de terre, des légumes et de la viande est considéré comme un vrai repas, tout comme manger un œuf, du pain et un fruit.
Le point sur ses activités
- Êtes-vous fatigué ?
- Pouvez-vous sortir comme avant ?
- Avez-vous de l’intérêt pour vos activités et les avez-vous réduites ?
- Avez-vous modifié votre activité physique ?
Le point sur son état de santé général
- Avez-vous été malade récemment ou êtes-vous suivi pour une maladie ?
- Vous sentez-vous démoralisé ?
- Avez-vous des douleurs ?
- Avez-vous des difficultés à vous déplacer, à couper les aliments ?
L’examen médical
Il permet de faire le diagnostic de dénutrition
En cas de dénutrition, le tissu de graisse normalement observé sous la peau est absent et les muscles perdent de leur volume. La fonte musculaire est évaluée au niveau des fesses, des cuisses et également au niveau des bras par la mesure du périmètre du bras.
La peau peut être sèche fine, peu élastique et les cheveux sont cassants et ont perdu de leur vitalité.
En cas de manque de minéraux (fer, zinc, magnésium…), la personne peut ressentir des crampes, des fourmillements.
En cas de rétention d’eau et de sel, des œdèmes au niveau des pieds sont présents.
L’examen de la bouche est essentiel pour évaluer les éventuelles difficultés à mastiquer et à avaler.
Pour poser le diagnostic de dénutrition, le plus important est la mesure de la taille et la prise répétée du poids.
Le médecin note les poids antérieurs pour calculer la perte de poids sur une durée de 1 à 6 mois. En effet, pour parler de dénutrition, il faut qu'il y ait perte de poids. Ainsi, les personnes maigres ayant un IMC inférieur aux normes, mais stable sur plusieurs années, avec une force musculaire conservée, ne sont pas dénutries mais présentent une maigreur constitutionnelle.
S’il s’agit de votre enfant, le médecin analyse les courbes staturopondérales du carnet de santé.
À partir du poids et de la taille de son patient, le médecin calcule l’IMC ou Indice de Masse Corporelle (poids divisé par la taille au carré). L’IMC est utilisé comme un indicateur du poids optimal pour une taille.
Le médecin examine les muscles et la force musculaire en faisant faire des mouvements à son patient.
En cas de dénutrition, le médecin demande des examens biologiques réalisés par prise de sang :
- dosage de l’albuminémie qui permet d'évaluer la sévérité de la dénutrition,
- analyse du fonctionnement du foie, des reins…
- recherche d’un état inflammatoire pouvant expliquer la survenue d'une dénutrition.
Calculer votre IMC - Indice de masse corporelle
Poids entre kilos et kilos
Quels sont les critères retenus pour parler de dénutrition ?
Chez l’enfant et l’adolescent jusqu'à 18 ans
Le diagnostic de dénutrition est évoqué si l’un des critères suivants est présent :
- perte de poids supérieur ou égal à 5 % en un mois ou supérieur ou égal à 10 % en 6 mois par rapport au poids habituel avant le début de la maladie,
- IMC inférieur à 18, 5,
- stagnation du poids avec poids situé 2 couloirs en dessous du couloir habituel de l’enfant (courbe de poids),
- réduction de la masse et / ou de la fonction musculaire, si possible.
L'un de ces critères doit être associé à l'existence d'une cause :
- réduction de la prise alimentaire d'au moins 50 % pendant une semaine ou toute réduction pendant plus de deux semaines par rapport à la consommation alimentaire habituelle ou aux besoins estimés,
- malabsorption ou mauvaise digestion,
- maladie intercurrente créant une situation d'agression : maladie aiguë ou chronique.
Chez l'enfant en croissance, le suivi du poids et de la taille est nécessaire à chaque consultation. La dénutrition se traduit par la cassure de la courbe de croissance pondérale et/ou staturale. D’où l’importance du suivi de l’enfant et de l’adolescent tout au cours de sa croissance.
Chez l’adulte de moins de 70 ans
Le diagnostic de dénutrition est évoqué si l’un des critères suivants est présent :
- perte de poids supérieur ou égal à 5 % en un mois ou supérieur ou égal à 10 % en 6 mois par rapport au poids habituel avant le début de la maladie,
- IMC inférieur à 18, 5 kg/m2,
- réduction de la masse musculaire et de la force musculaire qui peut être évaluée par la vitesse de marche, la force de préhension par dynamomètre…
L'un de ces critères doit être associé à l'existence d'une cause :
- réduction de la prise alimentaire d'au moins 50 % pendant une semaine ou toute réduction pendant plus de deux semaines par rapport à la consommation alimentaire habituelle ou aux besoins estimés,
- malabsorption ou mauvaise digestion,
- maladie intercurrente créant une situation d'agression : maladie aiguë ou chronique.
Chez les personnes de plus de 70 ans
Le diagnostic de dénutrition est évoqué si l’un des critères suivants est présent :
- perte de poids supérieur ou égal à 5 % en un mois ou supérieur ou égal à 10 % en 6 mois par rapport au poids habituel avant le début de la maladie,
- IMC inférieur à 22 kg/m2,
- réduction importante de la force musculaire et de la masse musculaire.
L'un de ces critères doit être associé à l'existence d'une cause :
- réduction de la prise alimentaire d'au moins 50 % pendant une semaine ou toute réduction pendant deux semaines,
- malabsorption ou mauvaise digestion,
- maladie intercurrente créant une situation d'agression : maladie aiguë ou chronique.
La mesure du poids des personnes âgées doit être est régulière et faite à chaque consultation.
Appréciation de la gravité de la dénutrition
Quel que soit l'âge de son patient, le médecin évalue la sévérité de la dénutrition en fonction des chiffres d'IMC et de perte de poids relevés ainsi que du dosage sanguin de l'.
Oui, on peut être en surpoids ou obèse et dénutri.
En effet, l’amaigrissement se traduit par une fonte musculaire, mais celle-ci est masquée par la encore présente sous la peau. Cela aboutit à une personne qui perd rapidement du poids, mais dont l’apparence physique peut rester normale, voire « grosse » (l’IMC reste alors élevé supérieur à 25). Même si cela parait paradoxal, on peut donc être à la fois obèse et dénutri.
- Haute Autorité de santé - Fédération française de nutrition. Diagnostic de la dénutrition chez l’enfant, l'adulte et la personne de plus de 70 ans. Site : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2021 [consulté le 15 novembre 2021]
- Haute Autorité de santé. Diagnostic de la dénutrition chez la personne de 70 ans et plus. Site : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2021 [consulté le 15 novembre 2021]
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- Collectif de Lutte contre la dénutrition. La dénutrition, c’est quoi ? Site internet : Lutte contre la dénutrition. Grenoble (France) ; 2019 [consulté le 14 octobre 2021]
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