Les maladies liées à l’alcool

L’alcool peut provoquer des maladies digestives, neurologiques ou cardiovasculaires, des cancers et des troubles cognitifs. Une envie incontrôlable de consommer de l'alcool caractérise la dépendance. Pendant la grossesse, il peut avoir des effets graves et définitifs sur le développement du fœtus.

Maladies et addiction : les effets de l’alcool

Au-delà des risques immédiats, l’abus d’alcool a des effets importants à long terme, et réduit l’espérance de vie de plusieurs années. Il s’agit ainsi de la deuxième cause de mortalité évitable en France, après le tabac.

La consommation d'alcool expose à de multiples risques pour la santé.

En 2015, l'alcool a été responsable de 7 % des décès chez les Français de plus de 15 ans.
Sur les 41 080 décès attribuables à l'alcool, près de 74 % concernaient les hommes et 26 % les femmes.

Les causes des décès ont été :

  • des cancers (39 % des cas),
  • des maladies cardiovasculaires (24 %) ,
  • des maladies digestives (16,5 %) ,
  • des accidents ou suicides (13 %),
  • d'autres problèmes de santé (7,5 %).

La consommation d'alcool est responsable chaque année de 15 000 décès par cancer en France et 28 000 nouveaux cancers.

L'alcool joue un rôle important notamment dans l’apparition de tumeurs:

On observe une augmentation du risque de cancer dès une consommation moyenne d’un verre d'alcool par jour ; cette augmentation du risque est proportionnelle à la quantité d’alcool consommée. Ainsi, toute consommation régulière d'alcool, même faible, est à risque.

Les effets de l'alcool sont démultipliés quand ils sont associés à ceux du tabac et le risque de cancer des voies aérodigestives supérieures est alors particulièrement augmenté. Les risques de cancers de la bouche sont multipliés par 45 chez les grands consommateurs de tabac et d'alcool.

La prise d’alcool aggrave le risque cardiovasculaire et favorise la survenue des maladies suivantes :

L'alcool a un grande toxicité hépatique et favorise certaines maladies du tube digestif :

  • stéatose (accumulation de graisse au niveau du foie), de ou de cirrhose du foie ;
  • hépatite aiguë alcoolique;
  • gastrite (inflammation de la paroi intérieure de l’estomac) chronique;
  • .

Une consommation régulière d’alcool entraîne l’apparition d’effets sur le cerveau. En effet, l’alcool active certains circuits de neurones particuliers appelés « circuit de la récompense ». Cela explique les effets de plaisir et d’euphorie, mais entraîne aussi rapidement une envie de consommer à nouveau de l’alcool pour maintenir activé le circuit de la récompense et ses effets agréables. C’est la partie addictive de l’alcool en tant que drogue.

Plus de 50 % des personnes alcoolodépendantes présentent des (altération de la mémoire, inadaptation de certains mouvements, etc.)

Par ailleurs, chez ces patients, le risque d’épilepsie augmente.

L’alcool provoque parfois des maladies comme :

  • des atteintes du cerveau dues aux carences en vitamines comme le syndrome de Korsakoff : troubles de la mémoire, perte des repères, fabulation, troubles mentaux et du comportement ; 
  • une polynévrite (inflammation des nerfs) alcoolique.

Une consommation excessive d’alcool peut entraîner des troubles psychiques : anxiété, dépression...

Par ailleurs les personnes en situation de vulnérabilité peuvent avoir tendance à consommer de l’alcool en excès pour lutter contre leur mal être.

La consommation d'alcool favorise la survenue :

L'alcoolodépendance : quand l'alcool devient une addiction

Comme pour toute drogue, la dépendance à l’alcool est définie comme le besoin d’en consommer pour maintenir un état auquel l’organisme s’est habitué. Il s’agit d’une addiction à l’alcool.

La dépendance s’installe souvent sur le long terme et de manière insidieuse. Cela peut prendre des années avant que la personne qui boit ou son entourage ne prenne conscience de l’addiction.

Dans un premier temps, la personne cherche à reproduire les effets euphorisants et relaxants de l’alcool. L’alcool agit comme un réconfort artificiel pour permettre de « relâcher la pression », d’affronter des difficultés, ou « d’oublier » des problèmes. L’alcool peut aussi donner le sentiment de combler des moments de vide, ou d’accomplir un rituel nécessaire (le verre d’alcool avant ou après le repas est identique au rituel de la cigarette après le repas pour le fumeur).

Enfin, il ne faut pas sous-estimer la composante festive de l’alcool, qui peut également être un accès à la dépendance si la consommation devient régulière.

À plus ou moins long terme, une tolérance de l’organisme s’installe : il faut boire des quantités plus importantes d’alcool pour ressentir les mêmes effets. Cela est dû au fait que l’alcool-déshydrogénase, l’enzyme située dans le foie et qui détruit l’alcool, devient de plus en plus « performante ». Il faut donc consommer plus d’alcool pour compenser le fait que cette enzyme en détruit davantage.

La dépendance est définitive lorsque consommer de l’alcool devient une nécessité pour éviter le manque. La personne abandonne progressivement ses autres sources d'intérêt et passe beaucoup de temps à se procurer et consommer de l'alcool. Elle continue à consommer de l'alcool alors qu'elle en connaît les conséquences nocives (atteinte hépatique par exemple). Lorsqu'elles surviennent, les crises de manque se traduisent autant par des signes psychologiques (stress, panique) que par des signes physiques (suées, tremblements, tachycardie et vertiges).

À ce stade, un arrêt non maîtrisé et non accompagné de la consommation d’alcool peut entraîner, comme pour toute drogue, un syndrome de . Les signes possibles sont nombreux et socialement handicapants : anxiété, tremblements, sueurs, agitation, palpitations, fièvre etc. Dans les cas les plus graves, des crises d’épilepsie peuvent apparaître, ainsi que graves troubles neurologiques (delirium tremens).

Une personne alcoolodépendante a donc besoin d’aide et d’accompagnement pour réussir à arrêter ou limiter sa consommation d’alcool.
Cet accompagnement est médical, mais il doit également impliquer l’entourage.

Face à la dépendance à l’alcool, les individus sont inégaux

D'une personne à l’autre, la vulnérabilité devant la dépendance à l’alcool varie. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène :

  • le patrimoine génétique ;
  • la personnalité (impulsivité, recherche de sensations et plaisir à prendre des risques) ;
  • l’environnement (environnement social et familial incitant à la consommation d'alcool, facilité d’accès liée au faible prix et à la disponibilité des boissons alcoolisées, incitation à consommer véhiculée par la publicité et les films).

Enfin, l’absorption d’alcool par une femme pendant sa grossesse augmente le risque de dépendance future pour l’enfant.

De même, boire dès 11-12 ans multiplie par dix le risque de devenir dépendant par rapport à un début à 18 ans.

La grossesse : une situation à grand risque

Quelle que soit la dose bue, l’alcool ingéré par une femme enceinte passe presque intégralement dans le sang du fœtus.

Cela peut avoir des effets irréversibles sur le bébé. Parfois, il s’agit de troubles du comportement mineurs (troubles des apprentissages, de l'adaptation...) appelés troubles causés par l'alcoolisation fœtale (TCAF).

Dans d’autres cas, l’enfant présente un syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF), avec des anomalies sévères du développement, par exemple :

  • une malformation du crâne et du visage ;
  • un retard de croissance ;
  • des handicaps comportementaux et/ou cognitifs (retard mental, problèmes d’apprentissage, de mémoire, d’attention), observés dans près de 50 % des cas.

L’absorption d’alcool est néfaste pendant toute la grossesse et il n’a jamais été mis en évidence de seuil en deçà duquel les risques sont nuls, d’où la recommandation "0 alcool pendant la grossesse".

Selon les données du Baromètre santé 2017, la consommation d’alcool pendant la grossesse, n’est pas rare en France. En effet, parmi les femmes interrogées, enceintes au moment de l’enquête ou mères d’un enfant de moins de 5 ans :

  • Près de 6 femmes sur 10 ont déclaré avoir été informées des risques de la consommation d’alcool par le médecin ou la sage-femme les suivant ou les ayant suivies.
  • 1 sur 10 a déclaré avoir consommé de l’alcool occasionnellement pendant sa grossesse. 

Une femme allaitante qui boit de l'alcool transmet ce dernier à son bébé par son lait. Cela peut avoir des effets néfastes sur le sommeil et le développement de l’enfant.

D'où la recommandation de zéro alcool pendant la grossesse et l’allaitement.

L'alcoolisation fœtale en France

En France, entre 2006 et 2013, 3 207 nouveau-nés (soit une naissance par jour) ont présenté au moins une conséquence liée à l’alcoolisation fœtale dont pour 452 d’entre eux (soit une naissance par semaine) un syndrome d’alcoolisation fœtale.

Ces chiffres sont sous-estimés car ils ne tiennent pas compte des diagnostics posés lorsque l'enfant est plus grand.

Pour obtenir plus d’informations sur le syndrome d’alcoolisation fœtale, visiter le site Association SAF France.

Des ressources en langage « facile à lire et à comprendre » (FALC)

Consultez les informations en langage « facile à lire et à comprendre » (FALC) sur les risques liés à la consommation d’alcool, en téléchargeant la bande dessinée L’alcool et ma santé (PDF), réalisée par l’association CoActis Santé dans le cadre de son projet SantéBD.

  • Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Alcool et santé. Site internet : Inserm. Paris ; 2016 [consulté le 1er mars 2021]
  • Santé publique France. Journée mondiale du SAF : premières estimations nationales des troubles causés par la consommation d’alcool et une campagne nationale Alcool. Site internet : Santé publique France (France) ; 2018 [consulté le 1er mars 2021]
  • Institut National du Cancer (INCa). Les cancers en France en 2017 - L'essentiel des faits et chiffres. Site internet : INCa. Boulogne-Billancourt (France) ; 2018 [consulté le 1er mars 2021]
  • Institut National du Cancer (INCa). Alcool. Site internet : INCa. Boulogne-Billancourt (France) ; 2019 [consulté le 1er mars 2021]
  • Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 19 février 2019. Consommation d’alcool, comportements et conséquences pour la santé. BEH, n°5-6, p87-97 et p109-115
  • Collégiale des universitaires en hépato-gastro-entérologie. Addiction à l'alcool. ECN 2018, 4ème édition. Elsevier Masson. Issy-les Moulineaux (France) 
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