L'addiction à des substances illicites : cannabis, cocaïne, héroïne, poppers et autres drogues

Plusieurs substances non médicamenteuses ont un pouvoir addictif. L'usage du cannabis, de la cocaïne, de l'héroïne, des poppers et d'autres drogues est illégal. Toutes ces substances comportent des risques importants pour la santé.

Des substances illégales

Plusieurs substances non médicamenteuses ont un pouvoir addictif. S'il existe des substances autorisées mais réglementées, comme l’alcool et le tabac, d'autres sont interdites, comme le cannabis, l’héroïne ou la cocaïne et la loi proscrit leur usage. En acheter, en consommer, en détenir, en donner, en revendre, en cultiver (chez soi ou à l'extérieur), en transporter ou conduire après en avoir consommé sont des infractions à la loi, passibles de sanctions lourdes.

La dépendance au cannabis

Le principe actif du cannabis, responsable des effets psychoactifs, est le tétrahydrocannabinol (THC), inscrit sur la liste des stupéfiants. Sa concentration est très variable selon les préparations et la provenance du cannabis et elle a tendance à être plus élevée aujourd’hui que par le passé.

Le cannabis se présente sous formes d’herbe, de résine ou d’huile.

Ce sont les feuilles, tiges et sommités fleuries, simplement séchées et éventuellement écrasées. Elles se fument généralement mélangées à du tabac, roulées en cigarette souvent de forme conique : « joint », « pétard », etc.

Elle est obtenue à partir des sommités fleuries de la plante. Elle se présente sous la forme de plaques compressées, barrettes de couleur verte, brune ou jaune et se fume généralement mélangée à du tabac pour faire le joint.

Le haschich peut aussi être fumé dans des pipes spéciales.

C’est une préparation extraite du haschich ou de l’herbe, plus concentrée en principe actif. On peut en enduire le papier à rouler les cigarettes, ou en mettre quelques gouttes dans un « joint ».

Le cannabis peut être mélangé à d’autres substances parfois toxiques

Outre le tabac, l’huile et la résine de cannabis peuvent également être mélangées à de la nourriture (pâtisseries nommées « space cake »)  ou à des infusions.

Quelle que soit sa forme, résine ou herbe, le haschich peut être coupé avec des substances plus ou moins toxiques : henné, cirage, paraffine mais aussi sable, farine, silice, etc.

Cannabis : quels sont les risques ?

La consommation de cannabis comporte différents risques qui dépendent de nombreux facteurs : la fréquence et la durée de l’usage, le dosage, le contexte d’usage mais aussi l’état de santé physique et psychique du consommateur.

Sur un court terme, le cannabis affecte les fonctions cognitives (la mémoire, notamment) et chez les jeunes, sa consommation va de pair avec une baisse des résultats scolaires. Il existe également un lien entre usage de cannabis, psychose et dépression, surtout lors de consommation intense et d'entrée en consommation précoce. Un usage sur le long terme peut conduire au développement d'une dépendance psychique.

Les jeunes, en pleine phase de développement physique et psychique, sont plus sensibles aux effets du cannabis et plus vulnérables aux conséquences de la consommation de cette substance. D’autant qu’en cas de consommation régulière, les problèmes liés au cannabis peuvent survenir lors de moments cruciaux de la vie (pendant les études, notamment) et influencer durablement leur avenir.

Les intoxications au cannabis des petits enfants (âgés le plus souvent de moins de deux ans) sont dues à l’ingestion accidentelle de morceaux de résine de cannabis, laissés par négligence autour d'eux par les membres de la famille.  Les principaux symptômes de l'intoxication sont : somnolence, agitation, dilatation des pupilles, baisse du tonus musculaire, battements rapides du cœur, coma, convulsions...

Le cannabis fait partie des produits dopants interdits dans le cadre de compétitions ou de manifestations organisées par les fédérations sportives. Il est présent dans les urines, même plusieurs semaines après consommation, et peut être recherché au cours des contrôles antidopage.

Le test Cast (Cannabis abuse screening test) permet en 6 questions de faire le point sur cette addiction.

Quelle consommation de cannabis en France ?

En 2020, le cannabis est le produit illicite le plus consommé en France.

Près de la moitié des adultes (46 %) en ont déjà consommé. Entre 2017 et 2020, la diffusion du cannabis s’est stabilisée.

La proportion des usagers dans l’année (un adulte sur dix) n’a pas varié depuis 2014 et celle des usagers réguliers (au moins 10 fois dans le mois) apparaît en léger recul depuis 2017

Le cannabis est le plus souvent fumé (joint), mélangé au tabac. Il est utilisé sous forme d'herbe (61 % des cas) ou moins souvent de résine (37 % des cas).

La consommation de cannabis est essentiellement masculine, mais une féminisation de la consommation s’amorce. Au fil des années, on observe un vieillissement, en moyenne, des usagers dans l’année qui sont de plus en plus souvent des trentenaires et des quadragénaires.

Consultez les informations en langage « facile à lire et à comprendre » (FALC) sur les risques liés à la consommation de cannabis et les moyens à votre disposition pour arrêter, en téléchargeant la bande dessinée Le cannabis et ma santé (PDF), réalisée par l’association CoActis Santé dans le cadre de son projet SantéBD.

La dépendance à la cocaïne

La cocaïne est extraite des feuilles de cocaïer. L’expérimentation de cette substance illicite, inscrite sur la liste des stupéfiants, connaît une augmentation depuis 20 ans chez les adultes de plus de 25 ans. La France compte 600 000 usagers de cocaïne dans l'année. Cette drogue, d'abord utilisée par des personnes de catégorie sociale aisée et dans un cadre festif, est désormais consommée dans tous les milieux sociaux.

Les formes et les modes de consommation de la cocaïne

La cocaïne se présente généralement sous la forme d'une fine poudre blanche, cristalline et sans odeur.

Le mode de consommation de la cocaïne le plus courant est de la sniffer (cocaïne-poudre) : c'est le « sniff ».

Elle peut aussi être :

  • fumée/inhalée (inhalation de fumée ou de vapeurs par voie orale ou nasale) ;
  • injectée par voie intraveineuse, seule ou associée à d’autres drogues, en particulier à l’héroïne ;
  • ingérée, elle est alors consommée dans une boulette de papier à cigarette, sous forme de parachute, ou diluée dans une boisson.

La cocaïne peut être mélangée avec du bicarbonate de soude ou de l’ammoniaque et elle forme le « crack » qui se présente sous forme de petits cailloux. Le crack est fumé et l’usager inhale la fumée. Ses effets sont plus rapides, plus intenses et moins prolongés et ses conséquences sur l'activité cardiaque peuvent être fatales

Les effets de la cocaïne sur la santé

Effets immédiats de la consommation de cocaïne

La consommation de cocaïne provoque dans l'immédiat une excitation, une euphorie, une diminution de la sensation de fatigue ainsi que des sensations de toute-puissance et d’hyperactivité. Mais rapidement peuvent apparaître une angoisse, des hallucinations et de l'agressivité.

Installation de la dépendance

La vitesse d’installation de la dépendance psychique à la cocaïne est de quelques semaines. C’est un produit très addictif ; 17 % des consommateurs en sont dépendants.

Cocaïne, crack et maladies

La consommation de cocaïne peut provoquer des complication cardiaques ou neurologiques (accident vasculaire cérébral, convulsions, etc.).

Les complications pulmonaires interviennent presque exclusivement chez les usagers de crack, du fait de l'inhalation de vapeurs.

Le sniff de cocaïne provoque des lésions de la cloison nasale (lésions destructive de la paroi), 

La consommation de fortes doses engendre parfois un comportement psychotique et peut conduite à l’overdose.

En l'absence d'utilisation de matériel à usage unique, la consommation par voie injectable ou l'utilisation de pailles ou de pipes expose des risques de contamination par le VIH, le VHC et le VHB.

    La dépendance à l'héroïne

    Même si l’usage actuel de l’héroïne apparaît très rare (0,2 % des personnes interrogées dans le cadre d’une étude menée en France), il n’en est pas moins dangereux. Inscrite sur la liste des stupéfiants, l’héroïne est un opiacé synthétisé à partir de la morphine, extraite du pavot et qui agit sur le système nerveux central.

    Son pouvoir addictif s’installe rapidement, après quelques semaines de consommation régulière et 23 % des usagers en sont dépendants.

    Les formes et les modes de consommation de l’héroïne

    L’héroïne se présente généralement sous forme de poudre de différentes couleurs. L’héroïne blanche est très fine et légère. L’héroïne brune se présente sous forme d’une substance granuleuse brune ou grise. Une troisième sorte d’héroïne peut être collante comme du goudron liquide ou dure comme du charbon.

    Les modes de consommation de l’héroïne sont divers. Elle est généralement injectée par voie intraveineuse, parfois en association avec de la cocaïne. Elle peut aussi être :

    • inhalée, ce mode d’usage consiste à déposer de l’héroïne sur un papier aluminium et à la chauffer à la flamme d’un briquet. L’évaporation produite est inspirée à l’aide d’une paille afin d’absorber une grande quantité de produit en une seule inhalation ;
    • sniffée, la poudre est alors séparée en ligne pour être aspirée dans chaque narine, là encore, le plus souvent, à l’aide d’une paille ;
    • fumée, l’héroïne est mélangée à du tabac dans une pipe à eau, une pipe classique, voire sous forme de cigarette.

    Les effets de l'héroïne sur la santé

    Effets immédiats lors de la consommation d'héroïne

    La consommation d'héroïne se traduit par la survenue dans un délai très court d'une sensation d'apaisement, de détente et d'euphorie. L'usage de l'héroïne s'accompagne d'effets indésirables plus ou moins forts : somnolence, ralentissement de la fréquence respiratoire, constipation, nausées et vertiges.

    Installation de la dépendance

    Avec la répétition des consommations, la tolérance au produit s'installe : le plaisir apporté par une dose devient de moins en moins important, l'absence de consommation provoque un état de manque de plus en plus intense. La dépendance s'installe et elle est à la fois physique et psychique. Elle se traduit par une obligation de recommencer, une accoutumance qui pousse à une augmentation des doses et de la fréquence des prises.

    Toute tentative de est insupportable et douloureuse. S’ajoutent aussi fréquemment d’autres effets sur la santé de la personne : abcès et cicatrices aux points d'injection, durcissement de la peau (kératinisation) à l'endroit des piqûres, perte de poids et impuissance.

    Héroïne et maladies

    L'absorption d'une dose trop importante d'héroïne peut provoquer une dépression respiratoire pouvant être mortelle. Le risque est encore accru lorsque la consommation de cette substance est associée à la prise d'alcool ou de benzodiazépines.

    En l'absence d'utilisation de matériel à usage unique, la consommation par voie injectable expose des risques de contamination par le VIH, le VHC et le VHB.

    La dépendance aux poppers et solvants organiques

    Le mot « poppers » est l’appellation commune attribuée à différents dérivés du nitrite. Tout comme les colles et les solvants, les poppers sont soumis au régime juridique applicable aux produits classés stupéfiants car ils sont susceptibles d'engendrer une dépendance aux solvants volatils.

    Ce type de produit constitue la deuxième substance illicite la plus expérimentée, derrière le cannabis, avec 7,3 % de personnes concernées ; plus d’une personne sur 10 âgée de 18 à 25 ans en a consommé au moins une fois dans sa vie (11,7 %).

    Les poppers

    Le poppers est un liquide transparent jaunâtre très volatil et inflammable. Il est vendu dans de petites bouteilles de verre colorées ambre ou brun.

    Les vapeurs du poppers sont inhalées et font effet en quelques secondes. Elles provoquent une sensation d'euphorie, éventuellement accompagnée de rire, et une relaxation. Les poppers sont utilisés pour améliorer les performances sexuelles. Des nausées, vomissements et maux de tête peuvent être présents. Parfois, il s'ensuit une chute de la tension artérielle et des palpitations. Les effets durent en moyenne 2 à 3 minutes.

    Les solvants organiques

    De nombreux solvants organiques (éther, trichloréthylène, chloroforme, détachants, solvants de peinture, aérosols, protoxyde d', colles, etc.), vendus librement, peuvent être détournés de leur usage. Ils sont en général inhalés, par le biais d'un chiffon imbibé, parfois à l'aide d'un sac en plastique pour accroître la concentration du produit, ou encore directement pulvérisées dans le nez ou la gorge.

    Les solvants agissent sur le système nerveux central en induisant des manifestations d'ivresse et d'euphorie. Des hallucinations  peuvent survenir puis une somnolence allant parfois jusqu'à la perte de conscience.

    Ils peuvent donner lieu à une dépendance psychique.

    Ils ont surtout toxiques pour le cerveau, entraînant une détérioration des capacités mentales.

    L'usage détourné du protoxyde d'azote, une pratique qui n'est pas sans danger

    Le protoxyde d'azote est un gaz stocké dans des cartouches pour siphon à crème fouettée, des aérosols d'air sec ou des bonbonnes utilisées en médecine (anesthésiant) et dans l'industrie.

    Détourné de son usage initial pour ses propriétés euphorisantes, il est appelé « gaz hilarant » ou « proto » et est consommé par les collégiens, lycéens et étudiants. Ce produit bon marché est en vente libre dans les commerces de proximité et sur internet. Le gaz présent dans les cartouches est transféré dans des ballons de baudruche afin d'être inhalé.

    Lorsqu'il est expulsé de son conteneur, le protoxyde d'azote devient un gaz très froid. Son effet est rapide, fugace et euphorisant ; la personne a des rires incontrôlables, ressent des distorsions sensorielles auditives et visuelles et a des modifications de la voix.

    Les effets secondaires immédiats fréquents sont des nausées et vomissements, des maux de tête, des crampes abdominales, de la diarrhée, de la somnolence, des vertiges, des acouphènes. Ces effets peuvent toutefois être plus graves et se traduire par une asphyxie par manque d'oxygène, une perte de connaissance, une brûlure par le froid du gaz expulsé, une désorientation, des chutes (liées aux vertiges), une fausse route lors de l'inhalation.

    En cas de consommations répétées et à intervalles rapprochés, de sévères troubles cardiaques ou neurologiques (troubles de la mémoire, hallucinations) peuvent survenir. La consommation associée à d'autres produits (alcool, drogues) majore les risques.

    Voir la vidéo : Le protoxyde d'azote : en vrai, c'est quoi ?

    La dépendance aux substances de synthèse

    Une substance de synthèse ou « drogue de synthèse » désigne une préparation mélangeant plusieurs molécules chimiques élaborée en laboratoire, par opposition aux substances provenant de plantes.

    Quelle que soit leur forme, leur couleur ou leur provenance, il est impossible de connaître le contenu exact de ces substances de synthèse. Elles sont toutes illégales.

    Le LSD (initiales du nom chimique allemand Lyserge Saüre Diäthylamid, c’est-à-dire diéthylamide de l'acide lysergique) est le premier produit hallucinogène à avoir été synthétisé. Cette substance de synthèse est fabriquée à partir de l'acide lysergique, produit par un champignon parasite des plantes, l'ergot de seigle.

    Le LSD se présente le plus souvent sous forme d'un petit morceau de buvard imbibé portant un dessin, parfois d'une « micropointe » (ressemblant à un bout de mine de crayon) ou sous forme liquide ou de gélatine. Il est le plus souvent avalé. Ses effets surviennent 1/2 heure après la prise et durent entre 5 et 12 heures. Le LSD provoque des hallucinations, des angoisses, des crises de panique ou des bouffées délirantes. Lorsque les effets s’estompent, une sensation de malaise peut persister pendant plusieurs jours.

    En général, l’usage du LSD n’est ni régulier, ni chronique, car il correspond à une recherche d’expérience ponctuelle. Et même si le LSD n’entraîne pas de dépendance, une tolérance peut s’installer et pousser l’usager à augmenter les doses pour ressentir les effets de la première prise.

    Les nouveaux produits de synthèse (NPS) sont des substances psychoactives qui tentent de reproduire les effets de produits illicites existants (ecstasy, amphétamines, cocaïne, cannabis, LSD, etc.) Leurs structures moléculaires s’en rapprochent, sans être tout à fait identiques. Cette spécificité leur permet, au moins à court terme, de contourner la législation sur les stupéfiants.

    Il existe plusieurs centaines de NPS aux propriétés, aux dosages et aux effets indésirables multiples. Les principaux NPS présents en France sont :

    • des cannabinoïdes de synthèse, proches du delta-9-tétrahydrocannabinol (THC, le principe actif du cannabis) ;
    • des phénéthylamines, se rapprochant soit de la MDMA (méthylènedioxyméthamphétamine de la famille des amphétamines), soit du LSD.

    La plupart sont cependant beaucoup plus puissants, plus dangereux et plus addictifs que les drogues qu’ils imitent.

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