L'addiction comportementale (jeux, écrans)
La reconnaissance de l’addiction comportementale
Les addictions comportementales ou « addictions sans substance » se caractérisent par l’impossibilité de contrôler la pratique d’une activité. Une sensation de tension croissante se met en place avant de passer à l’acte et au moment de la pratique, la personne ressent un plaisir ou un soulagement.
C’est seulement dans le courant de ces dernières années que ces troubles comportementaux ont été identifiés. À ce jour, ces troubles sont uniquement définis pour l’addiction :
- aux jeux de hasard et d’argent (gambling disorder) ;
- aux jeux vidéo (gaming disorder).
D’autres troubles comportementaux font actuellement l’objet de recherches qui permettront de mieux comprendre leur pouvoir addictif.
50 à 75 % des patients ayant des addictions comportementales souffrent également de troubles psychologiques (TDAH, troubles anxieux, troubles de l’humeur de type épisode dépressif ou trouble bipolaire) ou d'autres addictions (à des substances illicites par exemple).
L’addiction aux jeux de hasard et d’argent
Qu’est-ce que les jeux de hasard et d’argent ?
Les jeux de hasard et d’argent se définissent par leur déroulement.
La personne mise de l’argent ou un objet (souvent de valeur) de façon irréversible.
L’issue de cette mise aboutit à un gain ou une perte et dépend du hasard de façon :
- partielle, car elle fait aussi appel à l’adresse du joueur, comme pour les paris sportifs ou hippiques, le black jack, le poker, etc ;
- totale, tels la loterie, les jeux de grattage, les machines à sous, la roulette, etc. Il est donc ici impossible de prévoir le résultat du jeu. Par conséquent, persévérer dans le jeu ne permet pas d’améliorer ses compétences, ni d’augmenter ses chances de gagner.
Ces jeux sont pratiqués :
- dans de lieux de jeu, comme les casinos ou les bars-tabacs ;
- en ligne. Internet prend, en effet, une place de plus en plus importante dans la part des dépenses de jeux.
Paris sportifs : une pratique en hausse chez les jeunes
En France, les paris sportifs constituent la 2e forme de jeu la plus pratiquée en 2019, derrière les jeux de loterie. Le risque de jeu excessif est 5 à 6 fois plus élevé pour les parieurs sportifs que pour les joueurs de loterie.
72 % des parieurs ont entre 18 et 35 ans.
Santé publique France lance pour la première fois une campagne de prévention sur les risques liés aux paris sportifs. La campagne, intitulée « Parier, c’est pas rien ».
S'informer sur Santé publique France
Comment reconnaître une addiction aux jeux de hasard et d’argent ?
Très souvent, la pratique des jeux de hasard et d’argent est contrôlée et la perte d’argent est acceptée par la personne ; celle-ci ne ressent donc pas le besoin de rejouer pour compenser ses pertes. Dans ce cas, on ne parle pas d’addiction.
Le parcours du joueur ayant une addiction aux jeux est tout autre. Il comporte trois phases successives :
- la phase de gain, souvent initiée par un apport important d’argent. Le jeu est alors vécu comme agréable et le joueur est euphorique ;
- la phase des pertes. Celles-ci sont vécues par le joueur comme une attaque. Elles le poussent à rejouer pour tenter de regagner l’argent perdu. Les difficultés financières commencent alors à apparaître ;
- la phase de désespoir. Les pertes d’argent sont alors importantes. Le joueur désespéré perd le contrôle de sa pratique ; il continue à jouer malgré les dommages qu’il subit.
Les chiffres clés sur les jeux d’argent
En 2017, le nombre de joueurs en ligne se situe entre 2,4 et 2,9 millions de personnes. Parmi ces personnes, 13 % font partie des « joueurs excessifs », en grande difficulté avec leur pratique de jeu. Cette part, en nette progression sur les 5 années précédentes (6,6 % en 2012), est plus élevée chez les joueurs en ligne que chez ceux qui jouent dans des lieux physiques (casinos, bars-tabac). Concernant les jeux hors ligne, près de 39 % des jeunes de 17 ans déclarent avoir déjà joué à un jeu de hasard et d’argent (essentiellement jeux de tirage ou de grattage) sur les 12 derniers mois.
En 2019, les paris sportifs, 2e forme de jeu la plus pratiquée derrière les jeux de loterie, constituent la seule forme de jeu d’argent et de hasard en augmentation entre 2014 et 2019 dans la population adulte (+ 37 %). Les montants misés par les joueurs ont été multipliés par 2,8 en 5 ans.
L’addiction aux jeux vidéo (gaming disorder)
La pratique des jeux vidéo est assez courante ; selon une étude du Centre national du cinéma et de l'image animée, 70 % des Français ont joué à un jeu vidéo, dont 10 % à des jeux en ligne, sur les 6 derniers mois précédent l’enquête. Ce sont surtout les adolescents (46 %) qui s’adonnent à cette activité sur une moyenne 3 heures par semaine.
Les jeux les plus utilisés sont :
- les jeux compétitifs tels que les jeux de stratégie, les jeux de tirs ;
- les jeux de rôle en ligne qui mettent en avant les relations dites « sociales ». Les joueurs se mettent alors en équipe pour affronter des défis créés par les développeurs du jeu.
L’installation de l’addiction aux jeux vidéo
En moyenne, 3 % des Français présentent un risque d’addiction aux jeux vidéo, c’est-à-dire une perte de contrôle de cette pratique, que les jeux soient en ligne ou non. Le jeu prend alors le pas sur les autres centres d’intérêt et activités quotidiennes ; la poursuite du jeu ou sa pratique devient primordiale, malgré les répercussions dommageables sur la vie quotidienne, les activités familiales, sociales, éducatives ou professionnelles. Le profil moyen des personnes à risque est un homme de 31 ans, sans emploi.
L’addiction au jeu se développe en plusieurs phases :
- Le jeu devient la principale activité de la personne et occupe son temps et ses pensées. Puis, le jeu permet de « soigner » son humeur et ses pensées négatives. Progressivement, le temps de jeu doit être augmenté pour obtenir le même niveau de plaisir.
- Une détresse psychologique avec des troubles de l’humeur, des insomnies, etc. apparaissent dès que la personne ne peut pas jouer. C’est le syndrome de manque.
- Des retentissements psychologiques et sociaux apparaissent. Les tentatives d’arrêt de jeux échouent et une rechute survient avec augmentation du temps de jeu.
Le retentissement sur la santé et la vie sociale dépendant du temps passé devant les jeux vidéo
Tout joueur utilisant les jeux numériques ou vidéo ne souffre pas d’addiction. Tout joueur doit cependant surveiller le temps consacré à cette activité et faire attention au retentissement du jeu sur :
- sur ses activités quotidiennes (sociales, scolaires et professionnelles) ;
- sa santé physique (sécheresse oculaire, surpoids, dégradation du sommeil, etc.) et mentale (perte de confiance en soi et du bien-être psychique, dépression, etc.) ;
- ses relations sociales (isolement).
L'usage des écrans par les français en 2021
Le premier Baromètre MILDECA/Harris Interractive souligne la généralisation massive des usages, notamment chez les jeunes.
Les usages quotidiens intensifs de plus de 4 heures par jour sont globalement deux fois plus nombreux chez les 15-24 ans que chez leurs ainés.
8 répondants sur 10 passent plus de temps que prévu sur les écrans et une majorité estime ne pas pouvoir diminuer ou arrêter, notamment pour le jeu, les vidéos et la communication (via les réseaux sociaux) pour les plus jeunes.
Un quart des répondants (et 42 % des 15-24 ans) consomme davantage de confiseries, sodas et snacks pendant leurs activités sur écrans. 10 % consomment plus de tabac et 7 % plus d'alcool.
Pour en savoir plus sur le Baromètre, lire le rapport : Les Français « addicts » à leurs écrans ?
D’autres comportements avec de possibles pouvoirs addictifs à l’étude
Plusieurs comportements font actuellement l’objet de recherches pour déterminer leur potentiel addictif et permettre de poser un diagnostic médical clair.
La cyberdépendance
La cyberdépendance correspond à l’utilisation récurrente et persistante des multiples applications sur internet dont l’usage devient une conduite difficilement contrôlable. Ce comportement a pour conséquence une souffrance clinique évidente ; la personne ne peut s’empêcher d’effectuer des achats en ligne, des recherches d’informations, elle a un usage excessif des mails, des chats, des blogs, des réseaux sociaux, etc.
L'addiction sexuelle
Évaluer sa dépendance à internet grâce au test IAT en 20 questions, via le site addictauvergne.fr.
La dépendance sexuelle correspond à l’envie irrépressible de réaliser une activité sexuelle et à l’impossibilité de contrôler cette envie. Il n’existe aucun trouble psychiatrique ou physique pouvant expliquer cette hypersexualité.
Les achats compulsifs
Ce comportement d’achat d’inapproprié se traduit par un besoin irrésistible d’acheter des objets sans utilité. Ce type d’addiction concerne le fait d’acquérir.
L’addiction à l’activité physique
Cette addiction est un besoin irrésistible de pratiquer une activité physique de façon excessive et incontrôlée. Elle est souvent associée à des troubles du comportement alimentaire (anorexie et boulimie).
- Organisation mondiale de la santé (OMS). Trouble du jeu vidéo. Site internet : OMS. Genève (Suisse) ; 2020 [consulté le 7 décembre 2022]
- Costes M, Eroukmanoff V. Les pratiques de jeux sur Internet en France en 2017. Les notes de l’observatoire des jeux. 2018 (9)
- Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Niveaux de pratique des jeux d’argent et de hasard à la fin de l’adolescence en 2017. Site internet : OFDT. Paris ; 2018 [consulté le 7 décembre 2022]
- Santé publique France. Risques associés aux paris sportifs : pour la première fois Santé publique France lance une campagne de prévention. Site internet : Santé publique France. Saint-Maurice (France) ; 2022 [consulté le 7 décembre 2022]
- Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MIDELCA). Qu’est-ce qu’une addiction ? Site internet : MIDELCA. Paris ; 2015 [consulté le 7 décembre 2022]
- Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Addictions : alcool, tabac, drogues… Site internet : INRS. Paris ; 2021 [consulté le 7 décembre 2022]
- Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Addictions – Du plaisir à la dépendance. Site internet : Inserm. Paris ; 2020 [consulté le 7 décembre 2022]
- Référentiel de psychiatrie et addictologie. ECN 2021. Addictions. Presses universitaires François Rabelais.