Médicaments contre la dépendance à la nicotine
Pour arrêter de fumer, l’accompagnement par un professionnel de santé est un facteur de réussite. Il peut être effectué par votre médecin traitant qui peut faire appel, si besoin, à un tabacologue, un addictologue ou un psychologue...
Dans la démarche d'arrêt du tabac, les médicaments peuvent être un appui précieux et réduire fortement les risques d’abandon ou de rechute.
L’arrêt du tabac peut être un succès si le fumeur a la réelle volonté de le faire. Il peut mieux comprendre le passage par l’état de manque et peut construire de nouvelles habitudes de vie pour dépasser le plus rapidement possible cette étape.
Les médicaments d’aide à l’arrêt du tabac sont de 2 catégories :
- des substituts nicotiniques qui apportent de la nicotine de façon contrôlée ;
- des médicaments agissant directement au niveau du cerveau.
Le remboursement de ses médicaments est possible sur prescription par un professionnel de santé habilité à en prescrire (médecin, sage-femme, infirmier, masseur-kinésithérapeute, chirurgien-dentiste).
Les substituts nicotiniques
Le principe des substituts nicotiniques est de remplacer la nicotine apportée par les cigarettes par une dose contrôlée de nicotine.
La nicotine est responsable d'un état de dépendance et l'arrêt de la consommation de tabac crée un état de manque. Les substituts nicotiniques sont efficaces contre les symptômes de cet état de manque pendant la période initiale de .
De plus, ils existent avec des doses différentes de nicotine et avec une prise de dosage de plus en plus faibles, ils permettent plus rapidement et plus confortablement de mettre fin à la dépendance.
Le remboursement des substituts nicotiniques par l’Assurance Maladie est possible sur prescription médicale.
Substituts nicotiniques : quelle présentation ?
Les substituts nicotiniques existent sous forme de :
- comprimés à avaler ou à dissoudre ;
- gommes à mâcher ;
- patchs à poser sur la peau (actifs 12 ou 24 heures) ;
- inhalateurs ;
- sprays buccaux.
Plusieurs dosages sont à chaque fois disponibles.
Conseils pour une bonne utilisation des patchs nicotiniques
Il faut appliquer le patch immédiatement après ouverture du sachet.
L’application doit se faire sur une peau propre, sèche, sans rougeur ni irritations, et si possible avec peu de pilosité (omoplate, hanche, face externe du bras…). Les zones de plis cutanés (intérieur du coude par exemple) doivent être évitées. Une fois posé, vous devez appuyer le patch sur la peau avec la paume de la main pendant quelques secondes.
Le patch doit être changé toutes les 12 ou 24 heures conformément aux instructions de la notice. Un patch qui dépasse sa durée prévue d’utilisation a épuisé sa dose de nicotine. Il n’en fournit donc plus à l’organisme et les signes de manque peuvent apparaître.
Le nouveau patch doit être appliqué sur un site différent de celui qui est retiré. Un même site d’application ne doit généralement pas être utilisé pendant 7 jours, pour éviter un risque d’irritation.
Au cours de la manipulation pour appliquer et retirer le patch, il faut éviter le contact avec les yeux, le nez et se laver les mains soigneusement après application pour éviter une irritation des yeux par la nicotine qui peut se déposer sur les doigts.
Le patch usagé doit être plié en deux avec le côté collant vers l’intérieur avant d’être jeté dans une poubelle.
Substituts nicotiniques : le bon dosage
Si la dose de nicotine est insuffisante, le sous-dosage en substituts nicotiniques se traduit par des troubles de l’humeur, une irritabilité, une frustration, de l’anxiété, des difficultés de concentration, de la persistance de l’envie de fumer.
Quels sont signes d’un surdosage en nicotine ? Quels sont les risques ?
Un surdosage en nicotine peut survenir très rapidement. Il se traduit par des maux de tête, des nausées et vomissements, une vision trouble, des douleurs abdominales, une diarrhée, des sueurs froides, des tremblements, et parfois une faiblesse générale. À doses élevées, il y a possibilité d’apparition des convulsions peuvent survenir.
Si vous utilisez des substituts nicotiniques et, si un ou plusieurs de ces symptômes apparaissent, il faut immédiatement consulter votre médecin traitant.
En attendant la date de la consultation, vous devez immédiatement :
- retirer immédiatement le ou les patchs ;
- laver puis sécher la peau où étaient appliqués les patchs (le savon ne doit pas être utilisé car il peut augmenter l’absorption de nicotine) ;
- supprimer immédiatement tout apport de nicotine (gommes, spray, cigarettes, etc.).
Important : même après retrait du patch, de la nicotine continue d’être délivrée dans la circulation sanguine pendant plusieurs heures du fait du dépôt de nicotine dans la peau.
Substituts nicotiniques : demander conseil
Même si les substituts nicotiniques sont disponibles en vente libre en pharmacie, il est donc important de consulter son médecin traitant ou son pharmacien avant leur utilisation.
Ils savent donner le cadre nécessaire à une utilisation en toute sécurité de ces médicaments et notamment définir la dose de nicotine initiale, la forme la mieux adaptée (patch, comprimés, etc.) ainsi que le schéma idéal de réduction des doses.
Le remboursement des substituts nicotiniques par l’Assurance Maladie ne peut se faire que sur prescription par un professionnel de santé habilité à en prescrire (médecin, sage-femme, infirmier, masseur-kinésithérapeute, chirurgien-dentiste).
Les autres médicaments pour aider à l'arrêt du tabac
Deux médicaments, de mode d'action différent, sont utilisés.
La varénicline (Champix®)
Ce médicament se présente sous forme de comprimés à prendre 2 fois par jour. Il agit en prenant la place de la nicotine dans le cerveau, ce qui a deux effets :
- une diminution des symptômes de manque ;
- une baisse du plaisir de fumer car la nicotine de la cigarette ne peut plus agir sur le circuit de la récompense.
Pour bénéficier de ce médicament, vous devez fixer une date pour arrêter de fumer et, le traitement par varénicline commence 1 à 2 semaines avant cette date.
Le traitement dure 12 semaines. Si vous avez réussi à arrêter de fumer à la fin des 12 semaines, il est possible de réaliser une cure supplémentaire de traitement de 12 semaines pour maintenir l’abstinence.
Les personnes motivées et qui n’ont pas réussi à arrêter de fumer lors de leur précédent traitement par varénicline ou qui ont rechuté après le traitement peuvent bénéficier d'une nouvelle tentative de avec la varénicline.
En cas de troubles psychologiques avant le démarrage du , le médecin évalue le bénéfice d’un tel traitement. De même, si des symptômes neuropsychiatriques apparaissent pendant le traitement par varénicline, les personnes doivent arrêter de prendre la varénicline immédiatement et consulter un professionnel de santé pour procéder à une réévaluation du traitement.
La varénicline est disponible uniquement avec une ordonnance. Elle est remboursée par l’Assurance Maladie à 65 %.
À noter : la commercialisation de la varénicline est à ce jour suspendue par le laboratoire en raison de la présence d'une impureté dans le médicament.
Le bupropion (Zyban®)
Ce médicament agit directement sur les taux naturels de dopamine, ce qui explique son action contre la nicotine dans l’activation du circuit de la dépendance.
Il se présente sous forme de comprimés, à prendre 2 fois par jour espacés de 8 heures au minimum. Pour éviter le risque d’insomnie dues au médicament, la seconde prise de la journée ne doit pas être faite au moment du coucher.
Le traitement doit être commencé avant l’arrêt effectif du tabac (en général une à deux semaines avant).
Un risque de convulsions existe lors de la prise de ce traitement surtout lorsque la personne a déjà convulsé.
En cas de troubles du comportement inquiétants survenant sous traitement, le médicament doit être interrompu et un avis médical est nécessaire.
Le médecin doit évaluer votre motivation à arrêter de fumer avant de commencer le traitement.
La durée normale du traitement est de 7 à 9 semaines, et en absence d'efficacité à la septième 7e semaine, il n'y a pas lieu de poursuivre le traitement par bupropion.
Le bupropion est disponible uniquement avec une ordonnance et il n’est pas remboursé pour l’aide au tabagique.
Les cigarettes électroniques : quelle place dans l'arrêt du tabac et quels risques ?
La cigarette électronique est un générateur d’aérosols dont la forme rappelle celle de la cigarette. Elle délivre de la fumée artificielle aromatisée contenant ou non de la nicotine.
Actuellement, il n’existe pas de preuve scientifique suffisante permettant d’affirmer que la cigarette électronique puisse constituer une aide à l’arrêt de la consommation de tabac. Elle ne doit pas être utilisée durant la grossesse.
Il faut être vigilant à ce qu’elle ne constitue pas une porte d’entrée dans le tabagisme.
Les « puffs », cigarettes électroniques jetables à la mode chez les jeunes : quels dangers ?
Les puffs (« bouffées » en anglais) sont de mini-cigarettes électroniques préremplies et jetables (et non rechargeables comme les cigarettes électroniques usuelles) aux arômes sucrés ou fruités (fraise, banane, goût bonbon, etc.), et aux emballages colorés. Arrivées en 2019 aux États-Unis, disponibles en Europe depuis le courant de l'année 2020 et popularisées en France via les réseaux sociaux tels que TikTok ou Instagram, elles sont désormais à la mode chez les adolescents. Or, vapoter avec des puffs est mauvais pour la santé et l’environnement.
Pourquoi les puffs sont dangereuses pour la santé ?
La plupart des puffs contiennent de la nicotine, substance qui entraîne une forte dépendance.
Selon le taux de nicotine qu’elle contient, une puff correspond en moyenne à 40 cigarettes, et à un prix attractif (aux alentours de 8 euros).
Les jeunes sont particulièrement vulnérables à la nicotine, en raison de ses effets sur le développement de leur cerveau. L’accoutumance à la nicotine risque de conduire les adolescents à se tourner vers l’usage du tabac : c’est une véritable porte d’entrée vers le tabagisme.
Si les conséquences sur la santé de la nicotine sont connues, celles des autres substances inhalées lors du vapotage doivent encore être précisément évaluées.
Bien que certains fabricants nationaux et étrangers respectent la réglementation, d’autres produits, non notifiés aux autorités françaises, sont également accessibles au public sans respect de la réglementation :
- vente sur internet permettant aux adolescents mineurs d’acheter des puffs, alors que la vente aux mineurs de ces produits, comme de tout produit de vapotage, est interdite ;
- forte promotion des puffs sur des réseaux sociaux fréquentés majoritairement par des jeunes (alors que la publicité et la promotion directe ou indirecte sont interdites) ;
- non-respect des taux de nicotine qui peuvent dépasser le taux autorisé (taux inférieur à 20 mg/ml).
Les puffs : un problème écologique
Les puffs doivent être jetées à la déchetterie ou dans les boîtes pour piles usagées ou déchets électroniques. C’est difficile de respecter ces consignes de tri ! Ces vapoteuses jetables sont une nouvelle source massive de déchets.
- Haute Autorité de Santé. tabagique : des outils pour repérer et accompagner les patients. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2019 [consulté le 14 septembre 2022]
- Santé Publique France. Tabac. Site internet : Santé Publique France. Saint Maurice (France) ;2022 [consulté le 14 septembre 2022]
- Haut Conseil de la santé publique. Bénéfices-risques de la cigarette électronique pour la population générale. Avis actualisé du HCSP. Site internet : HCSP. Paris ; 2021 [consulté le 15 septembre 2022]