Bien utiliser les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
Publié dans : Bien utiliser et recycler les médicaments
14 mars 2022
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont des médicaments qui permettent de réduire ou de supprimer les symptômes liés à un phénomène inflammatoire. Certains sont disponibles sans ordonnance. Les AINS ne sont cependant pas sans risque et peuvent avoir des effets secondaires.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont des médicaments qui ont en commun quatre propriétés :
- anti-inflammatoire. Ils sont actifs contre l’inflammation ;
- antalgique. Ils agissent contre la douleur ;
- . Ils aident à lutter contre la fièvre ;
- antiagrégant plaquettaire. Ils fluidifient le sang.
Chacune de ces actions est plus ou moins forte selon l’anti-inflammatoire concerné.
Une inflammation est une réaction de l’organisme face à une agression ou un dérèglement : infection, corps étranger, plaie, dérèglement immunitaire, etc. Elle a une fonction de défense et fait partie des réactions « normales » du .
Au niveau de la zone concernée, l’inflammation comporte toujours une association des signes suivants :
- chaleur ;
- rougeur ;
- gonflement (œdème) ;
- douleur.
Si l’inflammation est trop importante ou prolongée, ces symptômes deviennent gênants (notamment la douleur), pouvant même avoir un retentissement sur l’ensemble de l’organisme. Les AINS réduisent l’intensité et la durée de l’inflammation.
Il est à noter qu'il existe d'autres anti-inflammatoires : les anti-inflammatoires stéroïdiens (AIS) qui eux, sont des dérivés de la .
Pendant l’Antiquité, l’écorce du saule était connue pour soigner certaines fièvres. La substance active responsable de cet effet a été isolée au XIXe siècle ; après quelques transformations chimiques, elle a donné naissance à l’aspirine.
Ainsi, l’aspirine a été la première de la famille des AINS. Rapidement ses autres vertus ont été mises en évidence ; l’aspirine n’agit pas seulement contre la fièvre mais aussi contre la douleur et tous les phénomènes inflammatoires.
Au fil du temps, grâce à la recherche de molécules toujours plus efficaces et mieux tolérées, la classe des AINS s’est agrandie. Elle compte aujourd’hui plusieurs dizaines de médicaments couvrant des familles chimiques très différentes : ibuprofène, piroxicam, diclofénac, acide niflumique, etc.
Pour quels symptômes les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont-ils indiqués ?
Les AINS peuvent être pris pour réduire ou supprimer les symptômes liés à un phénomène inflammatoire, principalement dans les maladies suivantes :
- douleurs légères à modérées telles que maux de tête (migraine, céphalées de tension), douleurs dentaires, courbatures, etc. ;
- en rhumatologie, en cas d’arthrose, de rhumatismes (polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante, etc.), de lombalgies, etc. ;
- en traumatologie pour les entorses (cheville, genou...), foulures, tendinites ;
- en gynécologie, lors de règles douloureuses.
Tous les AINS ne sont pas efficaces contre l’ensemble de ces symptômes, ni dans toutes les maladies. Ils ne sont donc pas interchangeables entre eux. Il est important de respecter la prescription et les conseils du pharmacien ou du médecin pour leur utilisation.
Il est important de noter que dans un contexte d’infection (angine, otite, varicelle, toux, rhinopharyngite chez l'enfant ou chez l'adulte, etc.), l’utilisation des AINS (et particulièrement l’ibuprofène et le kétoprofène) doit être évitée en raison du risque de survenue de complications infectieuses graves. Dans ces cas l’utilisation du paracétamol doit être privilégiée pour lutter contre la fièvre ou la douleur.
Les formes des AINS
Selon les médicaments, les AINS sont disponibles sous différentes formes :
- par voie orale, c’est à dire en comprimés à avaler, comprimés à dissoudre, gouttes buvables, granulés à dissoudre, etc. A noter que pour les formes à avaler, ils doivent toujours être pris en même temps qu’un repas, afin de protéger l’estomac. C’est aussi la voie mieux adaptée aux traitements prolongés ;
- par voie rectale (suppositoires) ;
- par voie cutanée. L’application de gels ou pommades à base d’AINS sur la peau peut suffire à soulager les douleurs liées à une entorse bénigne, une contusion, une , une arthrose de petites articulations ;
- par voie injectable. Cette voie est surtout pratiquée quand l’administration orale est impossible, dans un contexte d’urgence ; ou dans des cas particuliers comme le traitement de la douleur postopératoire des crises de colique néphrétique.
Les AINS disponibles sans ordonnance
Certains AINS sont disponibles sans ordonnance et ne sont dans ce cas pas remboursés par l'Assurance Maladie. Ils peuvent être pris pour se soigner seul en automédication.C’est le cas pour :
- l’aspirine ;
- certains dosages d’ibuprofène ;
- et le flurbiprofène dans des dosages spécifiques contre les douleurs en cas de maux de gorge.
La prise de ces AINS concerne généralement des maladies ponctuelles ou des douleurs légères. Avant l’achat d’un AINS sans ordonnance, demandez conseil à votre pharmacien en lui signalant vos traitements en cours. Il est important de respecter les posologies préconisées pour ce type de médicament.
Si le traitement ne vous soulage pas :
- consultez votre médecin traitant ;
- n’augmentez jamais les doses par votre propre initiative et au-delà des dosages inscrits dans la notice.
Si votre médecin vous a prescrit un AINS pour une situation précise, ne l’utilisez pas par la suite, en automédication. Ne donnez pas non plus ce médicament à une autre personne.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens disponibles uniquement sur ordonnance
D’autres AINS ne sont disponibles qu’avec une prescription médicale et sont généralement remboursés par l’Assurance Maladie.
Comme pour tout traitement :
- signalez à votre médecin tout autre traitement en cours. Ceci permet d’éviter le risque d'interaction médicamenteuse ;
- respectez les doses prescrites par votre médecin, les moments de prises, la durée du traitement. Il est important ne pas interrompre votre traitement même si les symptômes semblent avoir disparu ;
- en cas d’effets secondaires, informez votre médecin ou votre pharmacien ; il vous suggèrera des solutions pour supprimer ou atténuer certains de ces effets.
La prise d’AINS n’est pas toujours sans risque. Certaines restrictions sont à prendre en compte par le médecin lors de sa prescription mais elles sont également à considérer lors de la prise d’AINS en automédication.
Dans tous les cas, avant la prise d’AINS en automédication, il faut se reporter à la notice du médicament et demander conseil à son pharmacien.
Les restrictions et contre-indications des anti-inflammatoires non stéroïdiens selon l'âge
Les AINS sont à éviter chez :
- les enfants âgés de moins de 15 ans, sauf si la notice du médicament mentionne clairement qu’il peut être utilisé chez l’enfant, et dans quelles conditions ;
- les personnes âgées de plus de 65 ans ;
- les femmes qui allaitent.
Par ailleurs, si vous devez conduire, lisez attentivement la notice du médicament que vous prenez ; certains AINS peuvent comporter des restrictions ou une note de vigilance lors de la conduite d’un véhicule. Évitez de prendre ces médicaments si vous devez conduire.
Les AINS sont contre-indiqués chez les femmes enceintes à partir du 6e mois de grossesse. Par ailleurs, il est indispensable de demander l’avis de son médecin ou de son pharmacien avant de prendre des AINS avant le 6e mois de grossesse. De la même façon, si vous prenez régulièrement des AINS et si vous souhaitez une grossesse, parlez-en à votre médecin.
Les contre-indications des anti-inflammatoires non stéroïdiens liées à certaines maladies
La prise d’AINS est contre-indiquée chez les personnes souffrant :
- d'antécédents connus d’allergie aux AINS, même s’il ne s’agit pas de la même ;
- d’ulcère de l'estomac ou du duodénum et maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique) ;
- de problèmes hémorragiques (trouble de la coagulation, etc.) ;
- d’insuffisance hépatique ;
- de maladie rénale chronique ;
- d’insuffisance cardiaque ;
- d’asthme déclenché par un AINS, même s’il ne s’agit pas de la même ;
- de varicelle en raison du risque de complication cutanée infectieuse grave.
S’il y a un risque d’infection ou une infection déclarée (angine, otite, toux, rhinopharyngite chez l'enfant ou l'adulte, etc.), les AINS doivent être évités (particulièrement l’ibuprofène et le kétoprofène). S’il est nécessaire, le traitement doit respecter les règles suivantes et être pris sur avis médical :
- Utiliser l’AINS à la dose minimale efficace.
- Ne pas dépasser 3 jours de traitement contre la fièvre, et 5 jours de traitement contre la douleur.
- Arrêter le traitement dès la disparition des symptômes.
Les contre-indications dues à l'incompatibilité des AINS avec d’autres traitements
Les contre-indications concernent aussi les personnes qui prennent certains traitements. C’est le cas lors de la prise :
- de traitement par anticoagulants (médicaments pour fluidifier le sang) ;
- d'autres AINS ;
- de traitement par héparines (anticoagulant) ;
- de médicaments à base de , utilisés pour traiter les troubles bipolaires et les dépressions sévères ;
- de certains antidépresseurs.
D’autres médicaments peuvent également être incompatibles avec la prise d’AINS. Il est donc important de toujours se référer à la notice du médicament ou de demander conseils à votre pharmacien ou à votre médecin.
Pendant la prise d'AINS, les symptômes suivants peuvent apparaître :
- des troubles digestifs telles que des douleurs ou brûlures, voire un ulcère de l’estomac, des nausées, une diarrhée, etc. ;
- une hypertension artérielle ou des problèmes cardiaques ;
- des éruptions cutanées. Une exposition au soleil avec les gels ou les pommades est risquée ;
- une crise d’asthme ;
- une aggravation ou apparition d’une infection (ORL, pulmonaire, cutanée...) ;
- des vertiges, une somnolence, etc.
Ces effets secondaires doivent vous conduire à arrêter le traitement et à consulter votre médecin.
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