Bien utiliser les médicaments antalgiques contre la douleur
Publié dans : Bien utiliser et recycler les médicaments
14 mars 2022
Les antalgiques sont des médicaments qui diminuent la douleur. Pour les douleurs brèves et dont la cause est identifiée, il est possible d’en obtenir sans ordonnance. Dans les autres cas, votre médecin doit évaluer la douleur pour prescrire l’antalgique qui vous convient.
Un antalgique est un médicament qui atténue ou supprime la douleur sans en traiter la cause.
La douleur repose sur le ressenti de chacun. C’est un signal d’alerte envoyé à partir d’une zone de l’organisme qui subit une agression (coupure, brûlure, etc.) ou un dysfonctionnement (inflammation par exemple). Schématiquement, la transmission du signal se fait ainsi : les nerfs de la zone concernée sont stimulés. Ils transmettent au cerveau un message via d’autres nerfs spécialisés passant par la moelle épinière. L’information reçue à partir de ces nerfs est interprétée par le cerveau comme un message de douleur.
L’action des antalgiques peut empêcher le passage du message de douleur :
- au niveau des nerfs de la zone concernée par l'agression ou le dysfonctionnement ;
- ou au niveau de la moelle épinière ;
- ou directement dans le cerveau.
Les antalgiques sont classés en trois catégories selon le niveau de blocage du message douloureux mais aussi en fonction de leur capacité à bloquer ce signal.
Les antalgiques de niveau I
Ils agissent principalement au niveau des . Ils traitent des douleurs légères à modérées (paracétamol, aspirine, certains anti-inflammatoires non stéroïdiens tels que l’ibuprofène).
Les antalgiques de niveau II
Pour la plupart, ils agissent au niveau de la moelle épinière. Ils peuvent traiter des douleurs modérées à intenses (codéine ou tramadol par exemple).
Les antalgiques de niveau III
Ils agissent au niveau du cerveau et traitent des douleurs intenses ou des douleurs rebelles aux antalgiques de niveau I et II (morphine, fentanyl, oxycodone, etc.)
Les antalgiques de niveau III, comme beaucoup de substances agissant directement au niveau cérébral, peuvent entraîner un phénomène d’accoutumance et de dépendance. Leur utilisation est donc encadrée strictement (ils appartiennent généralement à la classe des stupéfiants).
L‘automédication ne doit concerner que des douleurs très brèves dont la cause est clairement identifiée : brûlure légère, petite blessure, coup de soleil léger, mal de tête ou mal de dos habituels etc.
L’automédication doit privilégier la prise de paracétamol.
Cet antalgique peut être consommé même pendant la grossesse ou l’allaitement.
Sa sécurité d’emploi ne doit cependant pas faire oublier qu'il est contre-indiqué en cas d'allergie au paracétamol ou d'insuffisance hépatique. Vous devez être certain que la prise de cet antalgique n’aura pas de conséquences sur votre organisme.
En effet, le paracétamol n’est pas un produit anodin. En cas de surdosage, il peut entraîner des lésions graves du foie, parfois irréversibles. Il y a risque de surdosage si vous ne respectez pas les règles de bon usage.
Le paracétamol doit être consommé à la plus petite dose et le moins longtemps possible.
Lors de la prise de paracétamol chez l’adulte, il convient de :
- commencer par la dose la plus faible possible (500 mg par prise) ;
- respecter :
- la dose maximale par prise : 1 g par prise maximum,
- l’intervalle entre les prises : au moins 4 à 6 h,
- la dose maximale par jour : ne pas dépasser 3 g /jour, sauf avis contraire du médecin. Chez les adultes de moins de 50 kg, il est impératif de consulter la notice pour connaître la dose maximale recommandée en fonction de son poids ;
- ne pas consommer d’alcool pendant le traitement.
Chez l'enfant, la posologie (dosage et modalité d’administration) du paracétamol est de 60 mg par kilogramme de poids corporel et par jour, à répartir en quatre ou six prises, soit environ 15 mg/kg toutes les six heures ou 10 mg/kg toutes les quatre heures.
Pour les enfants le paracétamol se présente généralement en solution buvable. Il faut éviter la prise de gélules ou de comprimés en dessous de 6 ans.
Même si vous avez déjà pris du paracétamol :
- lisez attentivement la notice. Des cas particuliers existent qui obligent à modifier les doses maximales, chez les personnes âgées par exemple ;
- restez prudent et demandez systématiquement conseil à votre pharmacien. Notamment si vous avez déjà un traitement en cours et que vous envisagez de prendre du paracétamol pour traiter une douleur passagère. Certains médicaments contiennent parfois du paracétamol et il faut éviter un surdosage.
Dans tous les cas, la prise de l’antalgique doit cesser dès que la douleur a disparu. Si elle persiste au bout de 5 jours ou réapparaît malgré la prise d’antalgiques, il est indispensable de ne pas recommencer de traitement et de consulter son médecin traitant.
L’aspirine
L’aspirine est également disponible sans ordonnance. Son utilisation est réservée aux douleurs légères ou modérées.
L’aspirine présente plus de risques d’utilisation que le paracétamol. Il ne faut pas en prendre plus de 5 jours pour le traitement de la douleur, et ne pas dépasser la dose de 3 grammes par jour chez l’adulte, et 60 mg par kg de poids corporel et par jour chez l’enfant.
L’aspirine présente également un risque allergique, et ne doit pas être utilisé chez les personnes asthmatiques ou ayant une maladie avec risque hémorragique (ulcère de l’estomac notamment).
L'aspirine ne doit pas être administrée chez l'enfant sans avis médical, en raison du risque de survenue d'une mais grave, le .
La prise d’aspirine doit également être évitée en cas d’infection virale (particulièrement varicelle ou grippe).
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, une alternative possible mais prudente
Certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène, sont également disponibles sans ordonnance pour le traitement des douleurs passagères. Ces médicaments comportent cependant plus de risques d’utilisation que le paracétamol. Ne dépassez pas 5 jours d'automédication lors de la prise d'AINS contre la douleur et 3 jours maximum en cas de fièvre. Si la douleur ou la fièvre ne sont pas passées au delà de cette période, consultez votre médecin traitant.
La prise d’AINS est contre-indiquée chez les personnes souffrant :
- d'antécédents connus d’allergie aux AINS, même s’il ne s’agit pas de la même ;
- d’ulcère de l'estomac ou du duodénum et maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique) ;
- de problèmes hémorragiques ( trouble de la coagulation, etc.) ;
- d’insuffisance hépatique ;
- de maladie rénale chronique ;
- d’insuffisance cardiaque ;
- d’asthme déclenché par un AINS, même s’il ne s’agit pas de la même ;
- de varicelle en raison du risque de complication cutanée infectieuse grave.
S’il y a un risque d’infection ou une infection déclarée (angine, otite, toux, rhinopharyngite chez l'enfant ou chez l'adulte, etc.), les AINS doivent être évités (particulièrement l’ibuprofène et le kétoprofène). S’il est nécessaire, le traitement doit êre pris sur avis médical.
La prise d’AINS est également contre-indiquée à partir du 6ème mois de grossesse.
Des restrictions à la prise d’AINS concernent aussi :
- les femmes qui allaitent ;
- les personnes âgées de plus de 65 ans ;
- et les personnes suivant d’autres traitements.
Si vous êtes dans l’une de ces situations, il est important de demander conseil à votre médecin.
Médicaments sans ordonnance, mais pas en accès libre
Sûrs et efficaces lorsqu’ils sont correctement utilisés, ces médicaments peuvent présenter des risques lors d’une utilisation inadéquate en automédication. C’est pourquoi, depuis le 15 janvier 2020, les médicaments contenant du paracétamol, de l'aspirine et certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (comme l’ibuprofène) ne sont plus en accès libre. Pour obtenir l'un de ces médicaments disponibles sans ordonnance, la personne doit s'adresser au pharmacien.
Il est nécessaire de consulter rapidement votre médecin traitant si :
- la douleur persiste ou revient régulièrement ;
- si la cause de la douleur n’est pas identifiée.
Votre médecin décidera du traitement antalgique en fonction de :
- la cause de la douleur ;
- votre niveau de ressenti de la douleur ;
- l’impact de la douleur sur votre vie quotidienne.
Pour ce faire, votre médecin peut évaluer votre douleur en la mesurant sur une échelle spécifique de la douleur. Cette évaluation peut être renouvelée régulièrement pour juger de l’efficacité du traitement.
En fonction des résultats de ces évaluations, une douleur, même chronique, peut tout à fait être soulagée par un antalgique de niveau I comme le paracétamol ou l’aspirine.
Lors de la consultation, il est important de signaler tout autre traitement en cours à votre médecin traitant afin d’éviter les interactions médicamenteuses avec les antalgiques.
La prise d’antalgiques doit toujours respecter des règles précises.
Antalgiques en automédication
Si vous prenez un médicament de votre propre initiative, lisez attentivement la notice du médicament, et demandez conseil à votre pharmacien en cas de doute.
Respectez les doses et les moments de prises (notamment les doses en fonction de votre âge et du poids).
Apprenez à évaluer votre douleur en prenant comme référence le niveau de la douleur avant la première prise du médicament. Gardez les mêmes critères d’évaluation et mesurez régulièrement les effets de l’antalgique sur votre douleur.
Si le traitement ne soulage pas les douleurs, n’augmentez jamais vous-même les doses au-delà des indications notifiées dans la notice. Consultez votre médecin traitant.
Ne changez pas d’antalgique même s’ils portent le même nom. Il existe des formes dites « retard » de certains médicaments qui ont des effets plus ou moins rapides. Ces médicaments ne sont pas équivalents entre eux.
Ne prenez pas d’antalgiques de niveau II ou III sans avis médical.
N’utilisez pas en automédication ou pour quelqu’un d’autre, un antalgique qui vous a été prescrit par le médecin pour une situation précise.
Antalgiques prescrits sur ordonnance
Signalez tout autre traitement en cours à votre médecin traitant ou à votre pharmacien, avant de prendre un antalgique.
Respectez la durée et les quantités prescrites sur l'ordonnance : les antalgiques et plus particulièrement les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont utilisés à la dose minimale efficace, sur une durée la plus courte possible jusqu'à disparition des douleurs.
En cas d’effets secondaires (constipation et somnolence) avec la morphine et ses dérivés, nausées et vomissements (avec le tramadol, par exemple), informez votre médecin ou votre pharmacien. Il envisagera des solutions pour supprimer ou atténuer certains de ces effets.
La disponibilité des antalgiques et le remboursement par l’Assurance Maladie
Les antalgiques de niveau I (paracétamol, aspirine, ibuprofène, etc.) sont généralement disponibles sans ordonnance.
Les antalgiques de niveau II et III nécessitent une ordonnance.
Les antalgiques sont remboursés par l’Assurance Maladie lorsqu’ils sont prescrits par un médecin.
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