Médicaments : moins consommer pour prendre soin de sa santé

En France, près de 8 consultations médicales sur 10 se terminent par une prescription de médicaments (1). C’est plus que dans la majorité des pays européens. Le réflexe d’attendre de son médecin, à l’issue d’une consultation, une prescription de médicaments est bien ancré dans nos habitudes. Pourtant, les Français se disent de plus en plus ouverts à l'idée de consommer moins de médicaments, à condition d'être bien informés et accompagnés.

(1) Étude BVA sur l’usage des médicaments en France et en Europe, réalisée en septembre 2024 auprès de 2 000 personnes âgées de 18 ans et plus.

Si les médicaments permettent de soulager ou de guérir, leur consommation n’est jamais anodine. Utilisés en excès ou sans réelle nécessité, ils peuvent entraîner des risques pour la santé, parfois graves. Plus on prend de médicaments, plus le risque d’être sensible aux interactions médicamenteuses augmente, même s’ils ne sont pas forcément pris au même moment. Les interactions entre médicaments sont à l’origine de plus de 200 000 hospitalisations et de 10 000 décès prématurés par an (1).

Au-delà des effets secondaires les plus connus (troubles digestifs, nausées, vertiges), les médicaments peuvent être à l’origine de nombreux désagréments quotidiens comme de la fatigue persistante, des troubles du sommeil, ou des troubles de l’attention qui peuvent empêcher, par exemple, la conduite de véhicules. Ces problèmes sont particulièrement fréquents chez les personnes âgées, plus vulnérables à ces effets.

Par ailleurs, l’utilisation excessive et inappropriée d’antibiotiques favorise le développement de résistances bactériennes, rendant certaines infections plus difficiles à traiter.

(1) Chaque nouvelle spécialité administrée augmente de 12 à 18 % le risque d’effet indésirable : Questions d’économie de la santé - “La polymédication : définitions, mesures et enjeux - Revue de la littérature et tests de mesure” - Marlène Monégat, Catherine Sermet en collaboration avec Marc Perronnin et Emeline Rococo - N° 204 - Décembre 2014. http://www.irdes.fr/recherche/questions-d-economie-de-lasante/la-polyme…

Contrairement aux idées reçues, un bon traitement ne repose pas forcément sur la prise de médicaments, prescrits sur ordonnance ou en automédication. Pour certaines maladies bénignes, le corps peut guérir sans traitement médicamenteux. Par exemple, dans certaines maladies respiratoires virales courantes comme le rhume ou le mal de gorge, des remèdes simples comme une bonne hydratation et/ou des lavages de nez réguliers suffisent pour soulager les symptômes. Un rhume non compliqué dure en moyenne de 7 à 10 jours, que l’on prenne des médicaments ou non (1).

Il est important de faire confiance à son médecin pour évaluer la situation et proposer une solution adaptée. En fonction de la maladie, de l’âge et de la condition physique du patient, le médecin ou le pharmacien peuvent aussi donner de précieux conseils à appliquer au quotidien ou conseiller des traitements non médicamenteux.

Voici quelques exemples concrets où des solutions non médicamenteuses sont efficaces :

  • les lombalgies : pour les maux de dos, notamment les lombalgies, des solutions comme la kinésithérapie, le yoga, les étirements réguliers ou la marche active sont souvent plus bénéfiques que la prise d'anti-inflammatoires. Le mouvement et l’activité physique jouent un rôle clé dans la guérison ;
  • les troubles du sommeil : de 15 à 20 % de la population française souffre d’insomnies et environ 2,5 millions d’adultes prennent des somnifères. Pourtant, ces médicaments peuvent entraîner une dépendance, affecter les capacités cognitives à long terme et entraîner un risque accru de chutes en particulier chez les personnes de plus de 65 ans. 
    L’activité physique, une bonne hygiène du sommeil (horaire régulier de coucher et de lever, limitation des écrans) ainsi que l’accompagnement psychologique, si besoin, sont des solutions efficaces et durables. Lire l'article « L'activité physique et sportive : un atout essentiel pour le bien-être » ;
  • la dépression : en France, la dépression concerne environ 3 millions de personnes. La de soutien est un traitement de première intention dans les épisodes dépressifs légers, dans lesquels le traitement antidépresseur n’est pas nécessaire. L’activité physique peut apporter aussi une réponse reconnue en amont d’une prise en charge médicamenteuse pour réduire le risque de rechute. Lire l'article « Le traitement de la dépression ».

(1) Les médicaments prescrits dans ces pathologies bégnines n’agissent pas sur la cause de la maladie mais cherchent à soulager les symptômes, retardant parfois l’évacuation naturelle du virus.

Les personnes de plus de 65 ans ou celles atteintes de maladies chroniques prennent souvent plusieurs médicaments par jour, augmentant ainsi le risque d’interactions médicamenteuses. Faire le point régulièrement sur ses traitements avec son médecin permet de s’assurer que chaque médicament est toujours nécessaire et adapté. L’évolution de l’état de santé peut aussi parfois rendre nécessaire de réduire ou d’arrêter certains médicaments sans compromettre l’efficacité globale de votre suivi médical.

Lire l’article « Médicaments après 65 ans : effets indésirables fréquents (iatrogénie) ».

Qu’est-ce que la « déprescription » ?

La déprescription consiste à arrêter progressivement des médicaments devenus inutiles, redondants, ou responsables d’effets indésirables. C’est une pratique de plus en plus encouragée. Elle permet de limiter les effets secondaires et les risques d’interactions médicamenteuses, tout en améliorant la qualité de vie du patient.

En accord avec son patient et les autres professionnels de santé, le médecin peut envisager une déprescription lorsque certaines conditions sont réunies :

  • de nouvelles données sur un médicament : si de nouvelles études montrent que le médicament s’avère moins efficace qu’attendu, ou qu’il présente des risques inconnus lors de l’instauration du traitement, il est conseillé de l’arrêter ;
  • une amélioration de la santé : les changements de mode de vie (alimentation, activité physique) peuvent permettre de réduire ou d'arrêter certains traitements ;
  • une dépendance : en cas de dépendance à un médicament, le médecin accompagne le patient dans un progressif.

En plus de consulter les notices, il est toujours nécessaire et important de préciser les différents médicaments que vous prenez aux professionnels de santé suivants :

  • à votre pharmacien, lorsque vous demandez un conseil sur un autre médicament ;
  • à votre médecin traitant ou tout autre professionnel de la santé, quel que soit le motif de consultation.

Il est aussi nécessaire de signaler à votre médecin traitant ou votre pharmacien tout médicament pris en automédication.

Pour en savoir plus sur l'automédication et les interactions médicamenteuses, lire les articles sur ameli.fr :

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les Français sont de plus en plus ouverts à l'idée de consommer moins de médicaments. Selon une étude récente, 88 % des Français se déclarent satisfaits si leur médecin ne leur prescrit pas de médicaments mais leur explique pourquoi. 87 % préfèrent que leur médecin leur donne des conseils pour soulager leurs symptômes plutôt que de leur prescrire des médicaments. Cela montre une réelle volonté de comprendre les mécanismes de guérison et de privilégier des solutions plus naturelles lorsqu’elles sont appropriées.

En fin de compte, le bon traitement est avant tout celui qui est adapté aux besoins réels du patient au bon moment, en fonction du diagnostic et des recommandations du médecin. Le bon traitement, ce n’est pas forcément un médicament !

« Un bon médecin c'est un médecin qui sait prescrire ce qu'il faut, quand il faut, et qui donc parfois ne prescrit pas ». C’est ainsi que le Dr Corentin Lacroix, dans une vidéo réalisée en partenariat avec l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), présente le médicament non pas comme le traitement mais comme une partie des traitements possibles (avec le repos, l'alimentation, l'exercice, la kinésithérapie, la ...) à prescrire aux patients.

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