Les médicaments pour les enfants et les adolescents, ce n’est pas n’importe comment
Publié dans : Médicaments et situation de vie
17 septembre 2024
Les traitements administrés aux enfants sont spécifiques. Ils comportent des dosages, des posologies, des fréquences d’administration et des formes de médicaments adaptés à leur développement. C’est pourquoi il est important de suivre les recommandations qui concernent tous les âges jusqu’à la fin de l’adolescence.
Quelles formes de médicaments pour un enfant ?
Les formes existantes sont classées en fonction de la voie d’administration du médicament.
Comprimés à avaler entiers | Ils ne doivent pas être donnés en dessous de 6 ans, sauf sur avis explicite du médecin sur l’ordonnance. |
Comprimés à dissoudre dans un liquide | En accord avec les informations données par le médecin sur l’ordonnance, ils peuvent être donnés aux enfants de moins de 6 ans après dissolution. |
Comprimés à sucer | Ils ne doivent pas être donnés en dessous de 6 ans, sauf sur avis explicite du médecin sur l’ordonnance. |
Gélules à avaler entières | Elles ne doivent pas être données en dessous de 6 ans, sauf sur avis explicite du médecin sur l’ordonnance. |
Gélules à ouvrir et dissoudre dans un liquide ou de la nourriture | En accord avec les informations données par le médecin sur l’ordonnance, elles peuvent être données aux enfants de moins de 6 ans après ouverture et dissolution. |
Gouttes ou solutions buvables | En accord avec les informations données par le médecin sur l’ordonnance, elles peuvent être données aux enfants à tous les âges. |
Sirops | En accord avec les informations données par le médecin sur l’ordonnance, ils peuvent être donnés aux enfants à tous les âges. |
Granulés à dissoudre dans un liquide ou de la nourriture | En accord avec les informations données par le médecin sur l’ordonnance, ils peuvent être donnés aux enfants de moins de 6 ans après dissolution. |
Poudre à diluer | En accord avec les informations données par le médecin sur l’ordonnance, elle peut être donnée à tous les âges. |
Lyophilisat (produit résultant d'une déshydratation à basse température et sous vide d'une substance dissoute dans de l'eau) à dissoudre dans un liquide |
En accord avec les informations données par le médecin sur l’ordonnance, ils peuvent être donnés aux enfants de moins de 6 ans après dissolution. |
Lyophilisats à dissoudre en bouche (Lyoc) | Ils ne doivent pas être donnés en dessous de 6 ans, sauf sur avis explicite du médecin sur l’ordonnance. |
Pastilles ou pilules | Elles ne doivent pas être donnés en dessous de 6 ans, sauf sur avis explicite du médecin sur l’ordonnance. |
Il s’agit des médicaments à forme dermique ou transdermique.
Ces médicaments sont administrés par voie cutanée : ils sont à appliquer sur la peau comme les crèmes, pommades, gels, etc.
Le patch, qui se colle sur la peau, est un dispositif transdermique qui permet à la substance du médicament de traverser lentement et régulièrement la peau avant de passer dans le sang (par exemple dans le traitement des verrues).
On distingue plusieurs voies d’administration des médicaments à faire passer à travers les muqueuses :
- la voie perlinguale, qui consiste à laisser fondre le médicament sous la langue, tels que certains comprimés ou solutions (sous forme de poudre notamment) ;
- la voie nasale, ces médicaments sont à mettre dans le nez : solutions, poudre, pommades ;
- la voie pulmonaire, telle que l’inhalation ;
- la voie rectale comme les suppositoires, certains liquides ou mousses spécifiques ;
- la voie vaginale utilisée plus particulièrement par les adolescentes (on trouve ici les ovules, comprimés ou gélules passant par la vaginale) ;
- la voie oculaire concerne les médicaments pour les yeux comme les collyres, pommades, crèmes, solutions de lavage, etc. ;
- la voie auriculaire, ces médicaments sont à mettre dans les oreilles, ou conduit auditif (solutions, pommades, crèmes).
Les médicaments injectables sont administrés par voie intraveineuse, intramusculaire ou sous-cutanée.
Hormis les médicaments, les enfants et adolescents peuvent avoir recours pour leur traitement à des dispositifs médicaux adaptés à leur âge. Ils sont très nombreux : masques pour aérosols, pansements, attelles, lunettes, etc. Il faut, comme pour les médicaments, bien lire la notice d’utilisation de ces produits avant toute utilisation, particulièrement chez les enfants.
Être vigilant quand on donne à un enfant un médicament par la bouche
La vigilance la plus importante concerne les médicaments à avaler, notamment les comprimés et les gélules. Sauf mention contraire par le médecin traitant ou dans la notice du médicament, ils ne doivent pas être donnés aux enfants de moins de 6 ans. Cela est dû aux difficultés de déglutition pouvant entraîner une fausse route.
Certaines gélules peuvent être ouvertes pour diluer leur contenu dans une boisson ou un aliment. Mais cela n’est possible que pour les médicaments pour lesquels c’est explicitement décrit dans la notice ou conseillé par le médecin traitant.
Certains médicaments doivent faire l’objet de précautions chez les enfants les plus jeunes, à cause de la présence d’ (alcool benzylique par exemple). Cette information est donnée dans la notice. Il faut alors choisir un médicament équivalent qui ne comporte pas l’excipient en question. Pour cela, il est important de vous rapprocher de votre pharmacien avec le nom du médicament concerné.
Faut-il faire attention tout au long de l’enfance ou seulement à certains âges ?
L’âge est le premier critère qui permet de savoir s’il est possible de donner un médicament à un enfant.
En médecine, l’enfance et l’adolescence vont de la naissance à 17 ans révolus.
Ces 18 années sont divisées en 4 périodes qui correspondent à des étapes importantes du développement de l’organisme :
- nouveau-né : de la naissance (non prématurée) à 27 jours révolus ;
- nourrisson : de 28 jours à 23 mois révolus ;
- enfant : de 24 mois (ou 2 ans) à 11 ans révolus ;
- adolescent : de 12 ans à 17 ans révolus.
Médicament et allaitement
En cas d’allaitement, le médecin traitant s’assure que les médicaments pris par la mère ne présentent pas de risque pour le nourrisson car certains d'entre eux passent dans le lait maternel et agissent directement sur le nourrisson. C’est le cas, par exemple, de certains médicaments contre l’anxiété (anxiolytiques) et des somnifères.
Pourquoi, pour un même médicament, les recommandations peuvent être différentes d’un âge à l’autre ?
Les effets d’un médicament dépendent de la façon dont l’organisme va l’absorber, le transformer et l’éliminer. Les fonctions de l’organisme évoluent avec l’âge et ne sont donc pas les mêmes aux différents stades de développement de l’enfant et de l’adolescent. C’est pourquoi il faut adapter les traitements (dosages, fréquences de prises, etc.) et être vigilant à tous les âges sans exception, depuis la naissance jusqu’à la fin de l’adolescence.
À chacun de ces âges, il peut y avoir des recommandations différentes qu’il faut connaître.
Quelques exemples :
- L’ibuprofène en gouttes buvables est recommandé pour une utilisation pendant 24 heures seulement chez les enfants âgés de moins de 6 mois, alors qu’il peut être utilisé jusqu’à 3 jours chez les enfants et les adolescents de plus de 6 mois.
- Certains anti-inflammatoires non stéroïdiens comme le piroxicam ou le fenoprofène, par exemple, ne peuvent être utilisés qu’à partir de 15 ans.
Dans certains cas, l’organisme de l’enfant peut dégrader et éliminer le médicament plus rapidement qu’un adulte. Pour maintenir l’efficacité du produit, il faut donner à l’enfant des doses proportionnellement plus élevées qu’à l’adulte. Par exemple : pour l’asparaginase, utilisée dans le traitement de certaines leucémies, la dose moyenne recommandée chez l’enfant de moins de 12 mois est supérieure de 50% à celle recommandée chez l’adulte.
Dans d’autres cas, c’est l’utilisation du médicament lui-même qui peut être totalement différente chez l’enfant par rapport à l’adulte. L’anafranil, par exemple, est utilisé comme antidépresseur chez l’adulte, alors qu’il est réservé au traitement de l’énurésie chez l’enfant de plus de 6 ans.
Faut-il faire attention lorsque l’on donne un traitement à un adolescent ?
Oui. La modification hormonale importante que subit l’organisme à l’adolescence, lors de la puberté, est également une situation particulière. L’utilisation, à cet âge-là, de médicaments qui peuvent modifier l’équilibre hormonal (cyprotérone, calcipotriol, hydrocortisone, etc.) doit donc être davantage surveillée qu’à des âges où il n’y a pas la même activité hormonale.
Poids et parfois le taille : des critères à prendre en compte avant de donner un médicament à un enfant
En plus de l’âge, il faut également connaître le poids de l’enfant. Le médecin le demande d’ailleurs lors de la consultation et l’inscrit sur l’ordonnance. Le poids est un facteur important, associé à l’âge, pour déterminer le dosage mais aussi la posologie.
Par exemple, la dose de paracétamol est adaptée au poids de l’enfant : un maximum de 60 mg par kilo et par jour, à répartir en 4 ou 6 prises, soit environ 15 mg/kg toutes les 6 heures ou 10 mg/kg toutes les 4 heures.
Certains médicaments anticancéreux nécessitent de connaître l’âge, le poids mais également la taille de l’enfant pour pouvoir calculer sa surface corporelle. C’est un calcul qui est fait par le médecin, pour lui permettre de déterminer la dose à administrer.
Médicaments à prendre avant, pendant, après ou en dehors des repas
Beaucoup de médicaments ont des recommandations à suivre par rapport à la prise de nourriture. Ces recommandations sont liées au médicament lui-même et sont généralement les mêmes chez l’enfant et l’adulte. Elles doivent être respectées scrupuleusement chez l’enfant et l’adolescent, quel que soit l’âge.
Certains sont à prendre à distance des repas, comme le tacrolimus (utilisé contre les rejets de greffes).
D’autres doivent plutôt être pris avec de la nourriture, comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou le valproate dans le traitement de l'épilepsie.
Certains médicaments ne doivent pas être pris avec des aliments particuliers : le fer dans le traitement de l'anémie, sous forme de gouttes buvables pour enfants, ne doit pas être pris en même temps que des produits laitiers.
Enfin, il faut également faire attention aux compléments alimentaires. Certains contiennent des vitamines ou des minéraux (fer ou autres) qui peuvent interagir avec des médicaments.
Faciliter la prise de médicaments pendant les repas
Pour faciliter la prise des médicaments pouvant être pris pendant les repas, il peut être possible de :
- choisir la forme de médicament la plus adaptée : par exemple des gouttes buvables, pour pouvoir les diluer dans le biberon ou une boisson et permettre la prise en même temps que de la nourriture ;
- mélanger le médicament à de la nourriture ou à une boisson ;
- donner un aliment que l’enfant aime juste après la prise du médicament ;
- ouvrir une gélule en 2 et verser son contenu dans de la purée ou de la confiture, uniquement lorsque cela est explicitement décrit comme possible par la notice du médicament, ou par le médecin sur l’ordonnance.
Que faire si mon enfant vomit après la prise d’un médicament par la bouche ?
Voici quelques conseils à suivre pour assurer l'efficacité du traitement :
- si votre enfant régurgite ou vomit dans les 10 minutes qui suivent la prise du médicament, vous pouvez lui redonner la dose complète. Chez les jeunes enfants souffrant de régurgitations dues à un gastro-œsophagien, on peut donner les médicaments liquides en début de repas pour qu’ils soient rapidement absorbés avant un éventuel en fin de repas ;
- s’il vomit plus de 10 minutes après la prise du médicament, demandez l’avis de votre médecin ou de votre pharmacien car chaque médicament n’est pas absorbé à la même vitesse ;
- si votre enfant vomit plusieurs fois après la prise d’un même médicament, parlez-en à votre médecin. Il sera peut-être possible de prendre le médicament sous une autre forme (suppositoire, spray…).
Il faut faire attention chez les enfants et adolescents à tous les types de médicaments, sans exception, qu’ils soient :
- prescrits par le médecin traitant, un médecin spécialiste dont le pédiatre ;
- utilisés en automédication ;
- délivrés par le pharmacien, une infirmière scolaire ou universitaire, un centre de planification familiale pour une contraception d’urgence.
Les points de vigilance pour donner un médicament chez l’enfant et l’adolescent sont nombreux.
Avant de commencer le traitement pour votre enfant
Prenez le temps d’expliquer la situation de votre enfant ou adolescent (âge, symptômes) à votre pharmacien lors de l’achat d’un médicament à la pharmacie sans ordonnance.
Lisez bien et respectez les consignes que le médecin a notées sur l’ordonnance.
En l’absence d’ordonnance, lisez attentivement la notice, et n’hésitez à demander conseil à votre pharmacie.
Pendant le traitement
Utilisez une forme et un dosage adaptés (gouttes buvables, sirop ou poudre à diluer chez les enfants de moins de 6 ans, par exemple, pour éviter les risques de fausse route liés aux comprimés ou gélules).
Respectez les posologies : autant les posologies maximales pas jour, que les posologies maximales pour une prise.
Respectez les intervalles de prises.
- Si votre enfant va à l’école, il est recommandé, si possible, que les prises aient lieu 2 fois par jour en dehors du temps scolaire. Il est possible d’utiliser les formes à libération prolongée (forme de médicament qui reste plus longtemps active dans le corps), ce qui permet de réduire le nombre de médicaments pris dans la journée.
- Certaines maladies peuvent également nécessiter de faire attention aux moments de prises des médicaments. Le valproate dans le traitement de l’épilepsie par exemple, nécessite de répartir les doses en 2 prises par jour chez l’enfant de moins de 1 an, contre 3 prises par jour chez l’enfant de plus d’un an. Ces données sont importantes, elles sont portées par le médecin sur l’ordonnance, et peuvent toujours être vérifiées auprès de votre pharmacien ou dans la notice du médicament en cas de doute ou d’oubli.
Respectez la durée maximale du traitement.
N’interrompez pas le traitement prescrit, même si votre enfant va mieux.
Après le traitement
Ne réutilisez pas le reste d’un traitement pour un autre enfant même s’il présente les mêmes symptômes. Un médicament est prescrit ou conseillé pour un enfant donné dans une situation précise.
Ne conservez pas chez vous des médicaments, comme les antibiotiques, lorsque la durée de traitement indiquée sur l’ordonnance est terminée : rapportez-les à la pharmacie pour qu’ils soient recyclés.
Si vous donnez un ou plusieurs médicaments prescrits à un enfant ou en automédication, soyez vigilant, même s’il s’agit d’une maladie bénigne.
Expliquez à votre enfant la maladie qu’il présente et le traitement nécessaire. Cela peut favoriser son adhésion au traitement et peut réduire d’éventuelles réticences pour prendre un médicament (si, par exemple, le goût jugé amer d’une solution ou l’odeur jugée déplaisante d’une crème a tendance à le rebuter).
Il est important de surveiller l’évolution de la maladie une fois que le traitement est commencé. Si vous voyez une évolution défavorable ou une absence d’amélioration, votre enfant doit rapidement consulter le médecin traitant.
Si des effets indésirables du traitement surviennent, consultez votre médecin traitant, ou votre pharmacien, pour envisager la poursuite du traitement avec un autre médicament si cela est possible. Il est important de répertorier les effets indésirables pour suivre la sécurité d’utilisation des médicaments, notamment chez les enfants et les adolescents. Vous pouvez déclaré un effet indésirable constaté auprès de l’agence nationale de sécurité du médicament directement sur le site internet de l'Ansm ou vous pouvez demander à votre pharmacien ou votre médecin traitant de réaliser cette déclaration.
Il faut aussi éviter que vos enfants aient accès aux médicaments chez vous : les traitements doivent être inaccessibles, placés en hauteur ou dans un meuble fermé à clé. Vous évitez ainsi les risques d’ingestion accidentelle ou automédication dangereuse.
- Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Médicaments en pédiatrie (enfants et adolescents). Site internet : Ansm. Saint Maurice (France) ; 2022 [consulté le 20 mai 2022]
- Ministère des Solidarités et de la santé. Les médicaments pédiatriques. Site internet : Ministère des Solidarités et de la santé. Paris ; 2022 [consulté le 20 mai 2022]
- Institut national du cancer, Les cancers de l’enfant. Site internet : Inca ; 2016 [consulté le 20 mai 2022]
- Association Sparadrap. Les médicaments pour mon enfant. Site internet : association sparadrap. Paris ; 2020 [consulté le 20 mai 2022]
Cet article fait partie du dossier : Médicaments et situation de vie