Biothérapies
Publié dans : Comprendre les différents médicaments
24 octobre 2024
Les biothérapies sont des traitements utilisant des médicaments biologiques ou biotechnologiques. Ces médicaments sont produits à partir de cellules ou de micro-organismes, et ils ont en général une action plus ciblée que les médicaments conventionnels. Leur utilisation est de plus en plus fréquente. Tout savoir sur les biothérapies et leurs finalités.
Une est un traitement qui se base sur des médicaments biologiques, ou des médicaments biotechnologiques.
Cependant, le terme de est de plus en plus réservé uniquement à l’utilisation des médicaments biotechnologiques. Les médicaments fabriqués sont des molécules (anticorps, vaccins, facteurs de croissance, etc.) : on parle de moléculaire.
Quels sont les différents types de biothérapie ?
La recouvre un champ plus étendu que celui des thérapies moléculaires (fabrication de médicaments). La peut concerner :
- les thérapies géniques : modification des gènes existants ou injection de nouveaux gènes directement dans l’ADN (dans le traitement de certaines maladies génétiques héréditaires comme la myopathie de Duchenne) ;
- les thérapies cellulaires : injections de cellules pour corriger ou restaurer une fonction (c’est le cas notamment pour certaines maladies sanguines génétiques comme la maladie de Fanconi ou pour réparer des lésions de l’œil situées sur la ) ;
- les thérapies tissulaires : utilisation d’un tissu vivant qui est greffé à la place d’un tissu détruit ou défaillant (greffes de peau suite à des brûlures, ou greffes de à la surface de l’œil par exemple).
Un est un médicament qui est directement extrait d’un organisme ou d’un tissu vivant (extraits de thyroïde, de porc ou hormone de croissance humaine par exemple).
Il n’est pas nécessaire que l’organisme source soit animal ou humain : les antibiotiques naturellement fabriqués par certains champignons, sont également des médicaments biologiques. De même, la botulique - qui est un -, est produite et extraite à partir de bactéries (de type Clostridium).
Dans certains cas, ce n’est pas ce qu’il produit mais le micro-organisme entier qui constitue le médicament : le vaccin contre la varicelle, par exemple, est constitué de virus entiers atténués (le virus est présent dans le vaccin, mais sa virulence a été atténuée pour le rendre inoffensif).
Un est un médicament fabriqué par des cellules vivantes (cellules de souris par exemple pour les anticorps monoclonaux), des bactéries ou des levures.
Le patrimoine génétique (aussi appelé l’ADN) de ces organismes est modifié afin de leur faire fabriquer le médicament que l’on souhaite.
Cette modification consiste généralement à insérer dans l’ADN de la cellule ou du micro-organisme le gène qui va lui faire fabriquer le médicament. On insère par exemple le gène de l’ humaine dans l’ADN d’une bactérie pour lui faire fabriquer de l’.
Ces cellules ou micro-organismes sont cultivés dans des bioréacteurs. Un bioréacteur est un milieu fermé, où la température, l’humidité, et les éléments nutritifs sont exactement calibrés et maintenus constants pour que les cellules (ou bactéries ou levures) puissent se développer et s’y multiplier de façon optimale.
Par rapport à un produit biologique naturel, le peut être :
- une réplique exacte du produit biologique naturel : insuline, hormone de croissance ou ;
- une version modifiée pour en augmenter l’efficacité, ou atténuer certains effets indésirables : héparine de bas poids moléculaire (anticoagulant utilisé en cas de caillot sanguin, par exemple dans l'embolie pulmonaire) ;
- une version nouvelle et spécifique : anticorps monoclonaux par exemple.
Les médicaments biotechnologiques, par rapport aux médicaments conventionnels obtenus par la chimie, sont donc plus complexes à fabriquer car ils nécessitent de manipuler et de cultiver des supports vivants. Ce sont donc des médicaments plus onéreux à développer et à fabriquer.
Les anticorps sont des protéines dont le fonctionnement est toujours basé sur le même principe : s’accrocher sur leur cible pour la neutraliser et permettre son élimination.
Qu’est-ce qu’un anticorps naturellement produit par l’organisme humain ?
Les anticorps sont produits par des cellules spécifiques du (les B). Lors de l’activation immunitaire, dans le cadre d’une infection par exemple, les B se multiplient et fabriquent des anticorps ayant pour cible l’agent infectieux.
Les anticorps peuvent avoir une capacité d’action uniquement sur la cible d’origine, ou bien sur plusieurs cibles plus ou moins similaires.
Dans l’organisme, un est un anticorps qui est issu d’un seul clone de B, et qui est spécifique d’une seule cible.
Dans le cas des médicaments biotechnologiques, un est donc un anticorps :
- fabriqué par un clone unique de cellules en culture (cellules de souris) ;
- conçu pour une cible unique bien précise.
Les 4 catégories d’anticorps monoclonaux
Les noms des anticorps monoclonaux finissent tous par mab (pour Monoclonal AntiBody). On en distingue 4 catégories :
- les anticorps monoclonaux murins dont les noms finissent tous par omab. Ils sont constitués de 100 % d’éléments d’anticorps de souris (blinatumomab par exemple) ;
- les anticorps monoclonaux « chimériques » dont les noms finissent tous par ximab. Ils sont « humanisés » en intégrant environ 60 % d’éléments d’anticorps humains (rituximab par exemple) ;
- anticorps monoclonaux « humanisés » dont les noms finissent tous par zumab. Ils sont humanisés en intégrant 90 % d’éléments d’anticorps humains (tocilizumab par exemple) ;
- anticorps monoclonaux humains dont les noms finissent tous par mumab. Ils sont constitués de 100 % d’éléments d’anticorps humains (golimumab par exemple).
Étant produits à partir de cellules de souris, les anticorps monoclonaux peuvent donc provoquer des allergies chez l’Homme lors de leur utilisation. Un des intérêts de produire des anticorps humanisés est de réduire ce risque d’allergie.
Les anticorps sont des protéines qui sont détruites dans l'estomac. Cela les rendrait donc inefficaces s’ils étaient pris par voie orale. Pour cette raison, tous les anticorps monoclonaux sont administrés par voie injectable.
Les médicaments utilisés en sont de plus en plus nombreux. On en compte plusieurs dizaines et on peut les classer en 3 familles, selon leur mécanisme global d’action.
Biothérapies dont le principe est de renforcer une fonction naturelle insuffisante
- Hormones utilisées pour rééquilibrer une production naturelle insuffisante : (traitement du diabète), hormone de croissance (retard grave de croissance).
- utilisées contre certaines maladies génétiques dans lesquelles l’enzyme naturelle n’est pas suffisamment fabriquée par l’organisme : asfotase (traitement enzymatique substitutif au long cours d’une : l’hypophosphatasie génétique), alglucosidase (traitement enzymatique substitutif à long terme pour une maladie musculaire rare : la maladie de Pompe).
- Facteurs de coagulation utilisés pour restaurer une fonction de coagulation sanguine suffisante, afin d’éviter un risque d’hémorragies : facteur VIIa recombinant dans le traitement de l’hémophilie.
- Facteurs de croissance cellulaire utilisés pour stimuler une production de cellules sanguines insuffisante au niveau de la moelle osseuse : érythropoïétine ou EPO (traitement de certaines formes d’anémie), filgrastim (stimulation de la production par la moelle osseuse de globules blancs).
Biothérapies dont le principe est de corriger une fonction naturelle défaillante
- Nucléotides qui permettent de corriger une anomalie dans la fabrication d’une protéine ou d’une enzyme : nusinersen et eteplirsen (traitement de maladies héréditaires des muscles comme la maladie de Duchenne).
Biothérapies dont le principe est de bloquer une fonction naturelle mal régulée ou nocive
- Anti TNF-alpha qui bloquent un facteur important de l’inflammation (le TNF alpha) pour éviter les effets destructeurs d’une inflammation chronique (sur la intestinale comme dans la maladie de Crohn) : infliximab, etanercept.
- Immunomodulateurs qui bloquent l’activation excessive du pour éviter ses effets nocifs sur certaines structures de l’organisme (psoriasis sur la peau ou polyarthrite rhumatoïde sur les articulations par exemple) : rituximab, tocilizumab.
- Anti-VEGF qui bloquent la formation anormale de nouveaux vaisseaux sanguins sous la rétine (cause de la dégénérescence maculaire liée à l’âge ou DMLA) : sorafenib, aflibercept.
- Inhibiteurs de kinases qui bloquent des voies de communication et d’activation anormales de certaines cellules, notamment les cellules cancéreuses : baricitinib, tofacitinib.
Les médicaments biologiques ou biotechnologiques n’ont pas un statut particulier, ils sont des médicaments comme les autres.
Par contre, suivant leur composition ou leur origine, ils peuvent être soumis à une traçabilité particulière permettant d’identifier toutes les étapes de la vie du médicament, depuis sa fabrication jusqu’à son utilisation finale.
Comme les médicaments traditionnels, certains médicaments de biothérapies peuvent faire l’objet de suivis spécifiques, ou de conditions de prescription restreintes, suivant la maladie concernée ou les effets indésirables potentiels.
Les biosimilaires
Quand le brevet d’un tombe dans le domaine public (après un certain temps d’existence) et qu’il peut alors avoir des génériques, les médicaments identiques qui sont fabriqués ne sont pas appelés des génériques mais des biosimilaires.
Cela permet de souligner qu’ils sont identiques, mais que leur mode de fabrication en fait des médicaments biologiques ou biotechnologiques.
Les biosimilaires peuvent être prescrits d'emblée par le médecin ou venir remplacer le médicament prescrit initialement.
Les médicaments utilisés dans les biothérapies sont en général plus spécifiques que les médicaments classiques, car ils sont conçus pour agir sur une fonction ou une cible très précise.
Pour cette raison, ils ont apporté des avancées dans le traitement de certaines maladies inflammatoires, ou de certains cancers contre lesquels les thérapies conventionnelles (chimiothérapie anti cancéreuse par exemple) avaient une efficacité limitée (certains cancers de la sphère ORL ou du poumon par exemple).
Les médicaments biologiques ou biotechnologiques ne sont pas plus toxiques et n’ont pas plus d’effets secondaires que les médicaments conventionnels. Ils en ont parfois même moins : une , par exemple, apporte très peu d’effets indésirables attribuables au fait qu’elle est un médicament.
Les anticorps monoclonaux, pour leur part, sont porteurs d’effets secondaires spécifiques liés au fait qu’ils sont fabriqués à partir de cellules de souris. Cela les rend potentiellement allergisants. Ils peuvent entraîner des réactions ou des douleurs au point d’injection, mais aussi des réactions allergiques générales.
Ces effets sont moins fréquents avec les anticorps monoclonaux humanisés.
Enfin, les biothérapies, qui diminuent l'efficacité du , obligent à prendre des précautions tout au long du traitement, comme :
- dépister avant la mise en route du traitement, et régulièrement pendant, des infections de type tuberculose, VIH, hépatites… ;
- vérifier régulièrement l’absence d’infections ponctuelles (grippe par exemple) ;
- vérifier l’absence de cancers ;
- mettre à jour toutes les vaccinations pertinentes, et vacciner contre le virus de la grippe, le pneumocoque et certaines bactéries de la méningite ;
- ne pas vacciner avec les vaccins à base de virus vivants.
Les biothérapies sont particulières à cause du mode de fabrication des médicaments biologiques et biotechnologiques. Mais elles n’ont pas de spécificité vis-à-vis des maladies qu’elles peuvent traiter.
Si les biothérapies étaient, à l’origine, plutôt orientées sur les traitements de maladies chroniques, elles concernent maintenant de plus en plus de maladies :
- asthme sévère ;
- eczéma ;
- migraine ;
- diabète ;
- psoriasis ;
- dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) ;
- Covid-19 ;
- maladie de Crohn ;
- rectocolite hémorragique ;
- retards de croissance, etc.
Les biothérapies ont également fait évoluer la prise en charge et la qualité de vie de maladies invalidantes comme la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante ou le rhumatisme psoriasique (notamment par les anti-TNF Alpha ou les anticorps monoclonaux). Ces maladies causent des douleurs et des handicaps à cause des déformations et des destructions articulaires, qui altèrent de façon importante la qualité de vie. L’objectif permis par ces nouveaux traitements est d’envisager une rémission et de stopper la dégradation des articulations.
Les biothérapies, et plus particulièrement les anticorps monoclonaux, ont fait évoluer le pronostic de certains cancers dans lesquels ils peuvent être utilisés seuls ou en association avec une chimiothérapie classique :
- lymphomes ;
- cancers ORL ;
- cancer du côlon ;
- cancer du sein ;
- cancer de l’ovaire ;
- cancer du rein ;
- cancer du poumon, etc.
Les anticorps monoclonaux permettent de cibler des anomalies de fonctionnement qui se rencontrent uniquement sur les cellules cancéreuses, pour obtenir une meilleure efficacité avec moins d’effets toxiques généraux.
Les médicaments biologiques ou biotechnologiques sont classiquement soumis à une prescription médicale. Selon le cas, elle peut être faite par un médecin spécialiste ou par le médecin traitant.
Indépendamment du type de médicament, des conditions de prescription peuvent exister selon que la maladie traitée nécessite un suivi plus ou moins spécialisé ou régulier :
- Pour l’adalimumab, le canakinumab, l'étanercept, par exemple, la prescription initiale peut être initiée et renouvelée par un médecin spécialiste en établissement, mais aussi en ville.
- Pour le trastuzumab en cancérologie, une prescription par un spécialiste en établissement est toujours obligatoire, et la première administration du médicament doit être faite en établissement.
- Une pour un traitement de diabète de type 2, ou une héparine de bas poids moléculaire pour la prévention d’un risque de peuvent, elles, être prescrites en toutes circonstances directement par le médecin traitant.
- Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm). Modification des conditions de prescription et délivrance de certaines biothérapies utilisées dans le traitement de maladies inflammatoires chroniques en rhumatologie, gastroentérologie, dermatologie, ophtalmologie. Site internet : Ansm. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2020 [consulté le 16 février 2022]
- Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm). Médicaments biosimilaires. Site internet : Ansm. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2021 [consulté le 16 février 2022]
- Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm). COVID-19 : l’accès aux biothérapies d’anticorps monoclonaux contre la Covid-19 est élargi. Site internet : Ansm. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2021 [consulté le 16 février 2022]
- Ministère des Solidarités et de la santé. Traitements par anticorps monoclonaux. Site internet : Ministère des Solidarités et de la santé. Paris ; 2021 [consulté le 16 février 2022]
- Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm). Modification de prescription et de délivrance de certaines biothérapies utilisées dans le traitement de maladies inflammatoires chroniques. Site internet : Ansm. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2024 [consulté le 3 mai 2024]
Cet article fait partie du dossier : Comprendre les différents médicaments
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