Quels sont les principaux troubles psychiques chez les jeunes ?
Publié dans : Santé mentale des adolescents et des jeunes adultes
02 juillet 2024
Divers troubles psychiques peuvent apparaître chez l’adolescent et le jeune adulte. Les plus fréquents sont les troubles anxieux, dépressifs, du comportement alimentaire ou addictifs. La schizophrénie est aussi un risque, mais elle est plus rare.
L'anxiété est fréquemment ressentie chez les adolescents. La peur ou l'anxiété passagères sont des réactions normales. Il est en effet courant de ressentir de la peur face à une situation stressante comme un examen, un entretien d'embauche ou tout autre événement clé de sa vie. Tout comme il n'est pas rare d'avoir une réaction excessive ou de se sentir angoissé lorsqu'on se trouve dans une situation perçue comme une menace. Ce type d'anxiété de courte durée est généralement vécue comme une appréhension douloureuse à un danger, qu'il soit précis ou mal identifié.
Lorsque cette anxiété dure de façon excessive, on parle de troubles anxieux. Ces troubles chroniques, s'expriment de façon variable selon les personnes et s'installent sous différentes formes.
L'anxiété généralisée
L'anxiété généralisée se caractérise par un état d'inquiétude constant, difficilement contrôlable et durable. Présente depuis plus de six mois, cette tension se focalise sur au moins deux thèmes essentiels à la vie de chacun, parmi le travail, l'argent, la santé, l'avenir.
La personne en état d'anxiété et de craintes quasi permanent a des inquiétudes disproportionnées par rapport à la réalité des risques. Elle est en état de vigilance extrême vis-à-vis de son entourage et de son environnement.
Cet état est associé à différents symptômes physiques : maux de tête, douleurs musculaires, fatigue, insomnies, sueurs, palpitations, etc.
Le trouble panique
Ce trouble anxieux se traduit par l'association de deux phénomènes :
- une succession d'attaques de panique (ou crises d'angoisse aiguë), c'est à dire, une succession de périodes de peur intense et de malaise. Leur survenue est plus ou moins fréquente et imprévisible ;
- la crainte, par anticipation, d'une nouvelle attaque de panique. Autrement dit, « la peur d'avoir peur ».
Le trouble panique entrave fortement le quotidien de la personne qui y est sujette. Les attaques deviennent pour elle une préoccupation permanente. Elle en vient alors à modifier son comportement habituel.
Ce trouble peut parfois s'accompagner d'agoraphobie (peur des espaces et des lieux publics).
La phobie
La est une peur intense et irraisonnée :
- d'un objet ou d'un élément naturel comme l'obscurité, l'orage, le sang, etc. ;
- d'un animal. Cette peur peut être déclenchée à la vue d'une araignée (arachnophobie), d'un serpent, d'une souris, etc. ;
- d'une situation. Une crainte manifeste d'être en hauteur, d'être enfermé (claustrophobie), de se trouver dans un lieu public (agoraphobie), etc.
Souvent, la personne ayant une en reconnaît le caractère irrationnel. La recherche de l'évitement de ce qui crée ce malaise peut mener la personne à éviter d'en parler, voire même d'y penser.
La phobie sociale
La sociale est une anxiété liée au regard d'autrui, qu'il s'agisse d'une seule personne ou d'un groupe. Elle est présente par anticipation, avant même que la personne soit exposée au regard d'une autre personne. Elle se traduit par :
- une crainte des rapports sociaux ;
- une appréhension des situations de compétition ;
- la peur d'être regardé ou d'agir sous le regard et le jugement d'autrui.
La personne redoute alors de prendre la parole en public, de travailler, d'écrire, etc. sous le regard d'autrui. Elle a peur de rougir (éreutophobie) en public, de trembler, de perdre ses moyens, de ne plus pouvoir s'exprimer, de ne pas être capable d'exécuter les bons gestes, etc.
Adolescence et phobie sociale
Les manifestations de phobies sociales suivantes sont courantes à l’adolescence :
- la peur d'être atteint d'une difformité physique (dysmorphophobie). Le corps de l'adolescent subissant des changements rapides, cette souligne la crainte du rejet social ;
- la scolaire ;
- l'autophobie ou de la solitude qui se traduit par la crainte de disparaître du regard d’autrui. Elle est souvent associée à des troubles addictifs ou à la dépression ;
- le syndrome de menace dépressive qui correspond à une appréhension, voire une terreur intense, de se sentir envahi par la tristesse, le cafard et les idées suicidaires. Ce ressenti ne dure généralement pas.
Le trouble obsessionnel compulsif (TOC)
Le TOC se manifeste par deux types de symptômes plus ou moins prononcés : les obsessions et les compulsions. Ils peuvent apparaître isolément ou simultanément et ont, dans tous les cas, un lourd retentissement sur le comportement au quotidien.
Les obsessions sont des pensées (idées, images) ou des impulsions (besoins irrésistibles d'accomplir certains actes) envahissantes et récurrentes.
Afin de chasser l'obsession de son esprit ou pour faire diminuer son anxiété, la personne va adopter des comportements et réaliser des actes mentaux répétitifs (ou rituels). Ce sont les compulsions qui prennent une forme particulière, en réponse à l'obsession.
Peur de la contamination par la saleté, les microbes, la maladie ou les excréments | Lavage des mains du corps à répétition, prise de plusieurs douches longues, nettoyage sans fin |
Peur de faire du mal aux autres à cause d'un manque d'attention comme par exemple, de causer un accident de voiture | Rituel de répétition, vérification que rien de terrible n'est arrivé |
Préoccupation excessive avec l'organisation et la symétrie | Disposition d'objets selon un agencement précis, rangement continuel, pliage des vêtements d'une certaine façon |
Crainte d'attraper une maladie grave comme le cancer ou le sida | Mise en place de toutes les mesures pour s'en préserver |
Impulsions, images ou pensées perverses à propos de la sexualité | Besoin de toucher ou de mettre en place une occupation mentale comme compter silencieusement et de manière répétitive |
Souci exagéré portant sur une partie de son corps comme par exemple, le fait que son nez soit déformé, que sa peau soit imparfaite | Vérification répétée dans le miroir |
Peur d'être responsable d'une catastrophe | Vérifications multiples que les portes sont bien verrouillées, que les appareils sont électriques débranchés |
Peur du sacrilège, du blasphème ou de la moralité | Prières ritualisées, chiffres ou mots spéciaux utilisés pour neutraliser la pensée |
Peur de jeter un objet dont on pourrait avoir besoin | Ramassage continuel et entreposage de choses ou de papiers inutiles |
Cette maladie touche principalement des sujets jeunes, voire des enfants. Hommes et femmes sont atteints de façon égale. Dans 65 % des cas, la maladie débute avant l'âge de 25 ans.
La personne qui souffre de TOC a conscience de l'absurdité de ses pensées ou de son comportement qui sont incontrôlables. Elle perd le sens des priorités tout en ayant conscience que ses obsessions proviennent de sa propre activité mentale. Sans aide, elle ne parvient pas à s'arrêter.
Le TOC, très handicapant au quotidien, peut fortement affecter la vie sociale et avoir de graves conséquences sur le travail et ou la fréquentation d'un établissement scolaire. Le repli sur soi peut aggraver l'isolement et la solitude. Dans les cas les plus graves, la dépression peut mener au suicide.
La dépression se caractérise par des perturbations de l'humeur qui se manifestent par de la tristesse et une perte de plaisir. Elle entraîne une vision pessimiste du monde et de soi-même. Elle dure au moins deux semaines et a un retentissement important sur le quotidien. Chez l'adolescent et le jeune, la dépression se manifeste par :
- des troubles des émotions ;
- des problèmes cognitifs et psychomoteurs ;
- de nombreuses plaintes somatiques ;
- des répercussions sur la vie de tous les jours.
Pour évaluer son risque de dépression, utiliser les 10 questions de l’auto-questionnaire ADRS (adolescent depression rating scale).
La dépression est une des maladies psychiques les plus fréquentes. Elle survient à tout âge et elle est plus fréquente chez l'adulte, mais en augmentation chez les jeunes.
Épisodes dépressifs en hausse
Collégiens et lycéens : des épisodes dépressifs plus fréquents
Les résultats d’une enquête nationale (EnCLASS 2022) publiés le 9 avril 2024 révèlent qu’un adolescent sur sept présente de graves risques de dépression.
Les symptômes dépressifs ont été mesurés en 4e et 3e et au lycée. 14 % des collégiens et 15 % des lycéens présentent un risque important de dépression.
Concernant les symptômes déclarés, les 3 principaux sont :
- le manque d’énergie (48 % des collégiens et 53 % des lycéens) ;
- le fait de se sentir découragé (respectivement 38,7 % et 44,6 %) ;
- la difficulté à réfléchir (respectivement 38 % et 42,3 %).
Quel que soit le symptôme, les filles sont systématiquement plus concernées que les garçons. Les écarts les plus importants entre filles et garçons, que ce soit au collège ou au lycée, sont observés pour la tristesse, le fait de ne pas supporter grand-chose et le fait de se sentir découragé.
À noter : 1 fille sur 4 au collège (25,5 %) ou au lycée (23,1 %) déclare avoir déjà eu envie de mourir (contre respectivement 10,5 % et 9,9 % des garçons).
La du risque de dépression était restée stable entre 2014 et 2018. Sur la période 2018-2022, elle a augmenté en passant de 5,2 % à 6,9 % chez les garçons et de 13,4 à 21,4 % chez les filles.
18-24 ans : hausse des épisodes dépressifs
En 2021, le Baromètre santé de Santé publique France a interrogé 24 514 adultes âgés de 18 à 85 ans et a permis de faire les constats suivants :
- 12,5 % des personnes interrogées auraient présenté un épisode de dépression caractérisé.
- Le nombre de personnes ayant présenté un épisode dépressif a augmenté depuis le dernier baromètre de 2017. En 2017, 9,8 % de la population de 18 à 75 ans disaient avoir vécu « un épisode dépressif caractérisé » au cours des douze derniers mois. Ils sont 13,3 % en 2021, quatre ans plus tard. La progression la plus importante a été observée chez les jeunes adultes (18-24 ans), avec une hausse de 9 points entre 2017 (11,7 %) et 2021 (20,8 %).
- Les personnes plus à risque d'épisode dépressif sont les jeunes de 18-24 ans, les femmes, les personnes vivant seules, les familles monoparentales, celles se déclarant pas à l'aise financièrement, au chômage ou celles ayant ressenti un impact négatif de l'épidémie de Covid-19 sur leur moral.
Les troubles des émotions
Ces troubles transparaissent dans une humeur dépressive ou irritable, présente de façon durable, c'est-à-dire tous les jours pendant au moins deux semaines, presque toute la journée et en rupture avec l'état d'avant la dépression. Les signes sont :
- la tristesse, l'abattement ou le découragement envahissant, les pleurs fréquents, la labilité (fragilité) de l'humeur. Le jeune se dit triste ou morose ;
- l'angoisse envahissante ou aggravation de manifestations anxieuses préexistantes ;
- au contraire, une humeur grincheuse, des manifestations revendicatrices, coléreuses, hostiles, agressives ou accusatrices. Le jeune est hyper réactif à la frustration (qu'il ne faut pas confondre avec une simple intolérance à celle d'origine éducative) ou hypersensible au rejet. Il se décrit comme ayant les nerfs « à fleur de peau ».
Parfois, l'humeur dépressive peut paraître intermittente et l'adolescent peut présenter une amélioration transitoire face à certains événements positifs (compliment, relation).
Les manifestations cognitives et psychomotrices
Des signes dépressifs peuvent aussi être présents lorsque le jeune :
- a des idées envahissantes de dévalorisation, d'impuissance, de désespoir, de culpabilité, d'indignité. Il n'est pas capable d'exprimer ses qualités, il se dit « méchant » ou qu'il « mérite d'être puni ». Il a le sentiment de ne pas être aimé ou d'être rejeté ;
- ne parvient à prendre aucune décision ;
- a des idées suicidaires et de mort récurrentes qui l'envahissent ;
- présente un ralentissement psychomoteur envahissant et durable avec :
- une baisse d'activité et une fatigue fluctuante selon les activités, donnant une apparence de paresse,
- des troubles de la concentration,
- une lenteur au niveau de la pensée ;
- montre, au contraire, une agitation psychomotrice envahissante. Il ne peut rester assis, se déplace tout le temps, tortille ses mains, manipule tout ce qui lui tombe sous la main, voire lance des menaces ou fait des tentatives de fugue.
Les plaintes somatiques
L'adolescent n'exprime pas directement et spontanément ses ressentis mais les présente plutôt indirectement, à travers son comportement ou des signes physiques (somatisations) tels que :
- des maux de tête (céphalées) fréquents ;
- des douleurs abdominales récurrentes ;
- une sensation de malaise ou des malaises à répétition ;
- des troubles du sommeil durables. Ceux-ci peuvent se traduire par des insomnies au moment où le jeune souhaiterait s'endormir, un réveil nocturne ou précoce ou encore de grandes difficultés à se lever le matin, troubles qui entraînent des états de somnolence dans la journée ;
- des troubles des conduites alimentaires particulières comme l'anorexie, l'hyperphagie ou la boulimie ou une fluctuation marquée du poids.
Les répercussions sur les habitudes du jeune
L'humeur dépressive se ressent dans les activités (sport, jeux) pratiquées par le jeune et dans les relations qu'il entretient habituellement. Elle se traduit par une perte de plaisir partielle ou totale, une indifférence affective, un ennui persistant et un manque de motivation, d'intérêt, d'entrain. Les répercussions dans la vie quotidienne sont multiples. Elles se retrouvent dans :
- un désinvestissement scolaire (chute des notes, décrochage scolaire, absentéisme) ;
- un hyper investissement dans certaines activités (internet, réseaux sociaux, jeux vidéo en ligne, sport, scolarité) ;
- un besoin d'effort supplémentaire pour arriver à des performances identiques ;
- un arrêt des activités de loisir jusque-là pratiquées ;
- un isolement qui se traduit par un repli sur soi ou sur certaines activités isolées comme les jeux vidéo ;
- un évitement des relations sociales voire, des comportements négatifs ou d'opposition lorsqu'on les sollicite ;
- des comportements à risque important en rupture avec le fonctionnement de l'adolescent : ivresses pathologiques, comportement sexuel à risque, fugues.
Dépression et trouble bipolaire
La dépression peut marquer l’entrée dans un trouble bipolaire caractérisée par des troubles récurrents de l’humeur. Ce trouble associe des phases dépressives et des phases maniaques. Chez l'adolescent et l'adulte jeune, les phases maniaques correspondent à des épisodes d’excitation anormale associés tantôt à une humeur euphorique, tantôt à de l’irritabilité, de l’agressivité et de la violence.
Entre les deux pôles ou phases, la personne qui souffre de maladie bipolaire, retrouve une humeur stable.
Les troubles des conduites alimentaires (TCA) sont des conduites alimentaires différentes de celles habituellement adoptées par les personnes vivant dans le même environnement. Ces troubles sont importants et durables (plusieurs mois, voire années) et ont des répercussions psychologiques et physiques. Ils coexistent souvent avec la dépression, l’anxiété et/ou l’abus de substances psychoactives.
Les TCA apparaissent souvent chez les adolescents et les jeunes adultes avec une prédominance chez les femmes. Ces troubles sont l’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie boulimique.
L'anorexie mentale
Ce TCA se caractérise par une restriction des apports alimentaires conduisant à une perte importante de poids, associée à une peur intense de prendre du poids.
La personne souffrant d'anorexie mentale a le sentiment d'être toujours en surpoids et cherche à maigrir par tous les moyens. Cela passe notamment par le contrôle des calories de tous les aliments consommés. Elle a une perception perturbée de l'image de son corps et ne reconnaît pas la gravité de sa maigreur.
L'anorexie mentale une maladie relativement rare qui affecte entre 0,9 et 1,5 % des femmes et 0,2 à 0,3 % des hommes. Elle touche en majorité les filles qui représentent au moins 80 % des cas. Les pics d'apparition de la maladie se situent entre 13–14 ans et 16–17 ans. Elle peut être associée à des conduites boulimiques.
La boulimie
Une personne souffre de boulimie lorsqu'elle absorbe de manière compulsive de grandes quantités de nourriture, dans un temps court, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit.
Ces crises de boulimie sont associées à un sentiment de perte de contrôle et sont suivies de comportements compensatoires inappropriés entre les crises tels que :
- vomissements provoqués ;
- utilisation de laxatifs, de ;
- jeûne ;
- exercice physique excessif.
Les personnes boulimiques ont une perte d'estime de soi et ne sont pas en surpoids compte tenu des mesures compensatoires.
Ce TCA touche environ 1,5 % des 11–20 ans et concerne environ trois jeunes filles pour un garçon. La boulimie débute généralement plus tard que l'anorexie mentale, avec un pic de fréquence vers 19–20 ans. La sévérité de la boulimie est variable.
Les spécificités de l'hyperphagie boulimique
On parle d'hyperphagie boulimique lorsque les épisodes récurrents de crises de boulimie ne sont pas associés à des comportements compensatoires (vomissements, utilisation de laxatifs, etc.).
En général, l'hyperphagie boulimique occasionne un surpoids ou une obésité et génère une souffrance psychique.
Elle est plus fréquente (3 à 5 % de la population) que la boulimie et touche presque autant les hommes que les femmes. Elle est plus souvent diagnostiquée à l’âge adulte, mais il existe des formes précoces souvent plus sévères.
Les comportements à risque
De nombreux comportements à risque pour la santé commencent à l'adolescence. Certains peuvent être volontairement provocants (une transgression de l'autorité parentale ou scolaire) voire constituer une infraction à la loi. D'autres peuvent être la traduction d'un manque d'adaptation scolaire ou de difficultés d'intégration sociale. Ils peuvent aussi parfois constituer une stratégie pour faire face à des problèmes de santé mentale.
Chez les jeunes, le risque porte sur :
- l'usage de substances psychoactives : alcool, tabac, cannabis ou autres drogues ;
- la violence dirigée contre soi ou les autres ;
- des conduites dangereuses sur la route ;
- les pratiques sportives à risque ;
- les comportements sexuels non protégés, propices aux maladies et infection sexuellement transmissibles (IST) voire, une grossesse non désirée.
Toutefois, de nombreux comportements à risque ne sont que des passages à l'acte ou des tentatives uniques liées aux circonstances (le jeune agit sous l'influence du groupe ou sous l'emprise de l'alcool et du substances addictives, par exemple). Certains, cependant, peuvent s'installer dans la durée. Ils peuvent alors avoir de graves conséquences sur le bien-être mental et physique du jeune.
L'usage détourné du protoxyde d'azote, une pratique qui n'est pas sans danger
Le protoxyde d' est un gaz stocké dans des cartouches pour siphon à crème fouettée, des aérosols d'air sec ou des bonbonnes utilisées en médecine (anesthésiant) et dans l'industrie.
Détourné de son usage initial pour ses propriétés euphorisantes, il est appelé « gaz hilarant » ou « proto » et est consommé par les collégiens, lycéens et étudiants. Ce produit bon marché est en vente libre dans les commerces de proximité et sur internet. Le gaz présent dans les cartouches est transféré dans des ballons de baudruche afin d'être inhalé.
Lorsqu'il est expulsé de son conteneur, le protoxyde d' devient un gaz très froid. Son effet est rapide, fugace et euphorisant ; la personne a des rires incontrôlables, ressent des distorsions sensorielles auditives et visuelles et a des modifications de la voix.
Les effets secondaires immédiats fréquents sont des nausées et vomissements, des maux de tête, des crampes abdominales, de la diarrhée, de la somnolence, des vertiges, des acouphènes. Ces effets peuvent toutefois être plus graves et se traduire par une asphyxie par manque d'oxygène, une perte de connaissance, une brûlure par le froid du gaz expulsé, une désorientation, des chutes (liées aux vertiges), une fausse route lors de l'inhalation.
En cas de consommations répétées et à intervalles rapprochés, de sévères troubles cardiaques ou neurologiques (troubles de la mémoire, hallucinations) peuvent survenir. La consommation associée à d'autres produits (alcool, drogues) majore les risques.
Les addictions
Une addiction est une dépendance à une substance ou à une activité, avec des conséquences nuisibles à la santé. La dépendance se caractérise par un désir souvent puissant, voire compulsif, de consommer ou de pratiquer une activité. Cette consommation ou cette pratique entraînent un désinvestissement progressif vis-à-vis des autres activités.
Ainsi, une personne est dépendante lorsqu’elle se retrouve dans l’impossibilité de s’abstenir de consommer ; elle perd le contrôle de l’usage d’une substance ou d’un comportement et ce, malgré la survenue de conséquences négatives sur sa santé et sur sa vie sociale.
Il existe des addictions liées à la consommation de substances psychoactives, tels que :
- le tabac et l'alcool qui sont les plus répandues ;
- le cannabis ;
- les opiacés (héroïne, morphine) ;
- la cocaïne ;
- les poppers ;
- les dérivés de synthèse (la méthamphétamine, par exemple) ;
- certains médicaments (amphétamines, morphine, etc.).
Mais il existe aussi des addictions sans substance ou addictions comportementales en lien avec un comportement irrépressible et incontrôlé vis-à-vis des jeux de hasard et d’argent ainsi que des jeux vidéo.
Évaluer sa dépendance à internet grâce au test IAT en 20 questions, via le site addictauvergne.fr.
L'Usage des écrans par les français en 2021
Le premier Baromètre MILDECA/Harris Interractive souligne la généralisation massive des usages, notamment chez les jeunes.
Les usages quotidiens intensifs de plus de 4 heures par jour sont globalement deux fois plus nombreux chez les 15-24 ans que chez leurs ainés.
8 répondants sur 10 passent plus de temps que prévu sur les écrans et une majorité estime ne pas pouvoir diminuer ou arrêter, notamment pour le jeu, les vidéos et la communication (via les réseaux sociaux) pour les plus jeunes.
Un quart des répondants (et 42 % des 15-24 ans) consomme davantage de confiseries, sodas et snacks pendant leurs activités sur écrans. 10 % consomment plus de tabac et 7 % plus d'alcool.
Pour en savoir plus sur le Baromètre, lire le rapport : Les Français « addicts » à leurs écrans ?
La schizophrénie est une maladie psychique chronique complexe qui se traduit schématiquement par :
- une perception perturbée de la réalité ;
- des manifestations productives (idées délirantes ou hallucinations) et passives (isolement social et relationnel).
Elle est très différente d'une personne malade à l'autre et varie selon la nature et la sévérité des différents symptômes ressentis.
L'adolescence, période critique de vulnérabilité
La schizophrénie toucherait environ 0,7 à 1 % de la population mondiale, et environ 600 000 personnes en France. Elle concerne aussi bien les femmes que les hommes, ces derniers semblant touchés par des formes plus précoces et invalidantes. Elle serait plus fréquente chez les personnes vivant en milieu urbain et celles ayant un parcours d'immigration.
La maladie se révèle généralement entre 15 et 25 ans, mais elle débute le plus souvent plus tôt, sous une forme atténuée.
Les symptômes de la schizophrénie
Trois types de symptômes peuvent se manifester de façon chronique ou de façon épisodique.
Ces symptômes sont impressionnants car ils rassemblent hallucinations et délires.
Les hallucinations peuvent aussi être visuelles, olfactives ou tactiles mais sont généralement auditives. La personne entend des voix qui, souvent, la terrorise et lui suggèrent des actions, ou l'insultent.
Les idées délirantes sont présentes dans une grande majorité des cas. La personne se sent persécutée. Elle imagine, par exemple, qu'un passant qui la regarde est là pour l'espionner, elle croit que son téléphone est sur écoute, elle pense que la télévision lui envoie des messages, ou que les autres lisent dans ses pensées. Elle peut aussi être convaincue d'avoir des pouvoirs surnaturels.
Ces symptômes correspondent à un appauvrissement affectif et émotionnel. la personne peut alors avoir diverses réactions :
- elle se met en retrait et s'isole progressivement de son cercle familial, amical et social ;
- elle communique moins, donne des réponses évasives, présente une volonté limitée, prête moins d'intérêt aux choses qui l'entourent et manifeste une émotivité réduite ainsi qu'une inaction, ce qui peut ressembler à une dépression ;
- elle manifeste une perte du plaisir. Elle abandonne progressivement ses activités, ne voit plus personne ;
- elle devient apathique ou perd son énergie. Elle néglige son hygiène et son apparence personnelle, elle n'a plus d'envie et délaisse ses centres d'intérêt, elle reste oisive.
Ces symptômes correspondent à une désorganisation de la pensée, des paroles, des émotions et des comportements corporels.
La cohérence et la logique du discours et des pensées sont perturbées. La personne est moins attentive, présente des difficultés à se concentrer, mémoriser, comprendre ou se faire comprendre.
Elle peut avoir des difficultés à planifier des tâches simples comme faire son travail ou des courses. Ses comportements et sa conduite sont incohérents.
La schizophrénie suit ensuite une évolution fluctuante, avec des symptômes chroniques auxquels se surajoutent parfois des phases aiguës.
Elle peut ensuite se stabiliser avec des symptômes résiduels d'intensité variable selon les personnes et selon la rapidité de mise en route du traitement.
Reconnaître les premiers symptômes de schizophrénie
La schizophrénie peut débuter par un épisode aigu qui n'est malheureusement pas toujours identifié ou pris en charge.
Dans 75 % des cas, la schizophrénie n'est pas une maladie d'apparition brutale et le diagnostic est souvent tardif. Elle débute par des symptômes atténués, souvent peu spécifiques. Les symptômes sont alors moins intenses, mais aussi moins fréquents ou durables.
À ce stade, l'évolution vers la schizophrénie n'est pas inéluctable. En effet, statistiquement : un premier épisode psychotique est vécu par un tiers des personnes concernées, parmi lesquelles un peu plus de la moitié évolue ultérieurement vers une schizophrénie chronique.
Dans l'objectif d'un repérage précoce, toute la difficulté consiste à ne pas banaliser une modification de comportement chez un adolescent, sans s'alerter trop vite. Il faut solliciter une évaluation médicale face à certains signes, tels que :
- un changement de comportement et d'intérêt ;
- un retrait, l'arrêt des activités habituelles ;
- des idées étranges comme le sentiment de télépathie ;
- des idées de persécution ou encore des préoccupations mystiques ou philosophiques marquées ;
- des perceptions altérées, etc.
Le jeune peut aussi avoir l'impression de ne plus réussir à réfléchir de la même façon, ou le sentiment d'avoir une pensée modifiée.
Même s'ils ne constituent pas un élément d'alerte pris séparément, l'isolement social et la baisse des résultats scolaires accompagnent souvent les premiers symptômes.
Une intervention précoce et une prise en charge adaptée limitent le risque de transition vers la psychose ou le risque de psychose sévère et l'entrée dans la phase chronique de la maladie. Elle améliore les chances de rémission, permettant au jeune de reprendre ses études, son travail, sa vie.
Il faut comprendre qu'un premier épisode psychotique n'est pas toujours une entrée dans la schizophrénie. En effet, certains jeunes évoluent vers un autre trouble (trouble bipolaire, ou lié à l'usage de substances) et d'autres se rétabliront sans troubles chroniques.
La schizophrénie : une dangerosité surtout contre soi-même
Les patients schizophréniques dangereux pour la société sont une minorité. Seuls de rares cas donnent lieu à des accès de violence au cours d'une crise, et cette agressivité est le plus souvent tournée vers le patient lui-même.
Environ la moitié des patients souffrant de schizophrénie fait au moins une tentative de suicide au cours de sa vie. Entre 10 et 20 % en meurent, surtout dans les premières années.
Les situations de maltraitance peuvent avoir des conséquences sur le bien-être et la santé mentale d’un adolescent ou d’un jeune adulte. Si vous avez une question sur la maltraitance, deux BD peuvent vous aider :
- Téléchargez la BD Maltraitance – Comprendre et arrêter la maltraitance, qui décrit ce qu’est la maltraitance et les moyens pour l’arrêter.
- Téléchargez la BD Maltraitance – Les différentes sortes de maltraitance, qui explique comment détecter les différentes situations de violences ou de maltraitance.
Ces fiches ont été réalisées par l’association CoActis Santé, avec des images et des mots simples. C’est pourquoi elles sont faciles à lire et à comprendre (FALC). Elles peuvent être adaptées selon votre profil (femme, homme, enfant, malentendant…).
- Haute autorité de santé (HAS). Manifestations dépressives à l'adolescence : repérage, diagnostic et prise en charge en soins de premier recours - Recommandation de bonne pratique. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2014 [consulté le 26 mai 2023]
- Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Schizophrénie. Site internet : Inserm. Paris ; 2020 [consulté le 26 mai 2023]
- Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA). L'usage détourné du protoxyde d'. Site internet : MILDECA. Paris ; 2023 [consulté le 26 mai 2023]
- Fondation Pierre Deniker. Santé mentale des adolescents et jeunes adultes. Site internet : Fondation Pierre Deniker. Paris [consulté le 26 mai 2023]
- Votadoro P, Piot MA. Quand les ados ont peur - Peurs phobiques à l'adolescence. Enfances et psy. 2015:65;57-70
- Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Site internet : Inserm. Paris ; 2020 [consulté le 26 mai 2023]
- European Network of Ombudspersons for Children (ENOC). La santé mentale des enfants et des adolescents en Europe - Rapport de synthèse. Site internet : ENOC. Strasbourg (France) ; 2018 [consulté le 25 mai 2023]
- Organisation mondiale de la santé (OMS). Santé mentale des adolescents. Site internet : OMS. Genève (Suisse) ; 2021 [consulté le 25 mai 2023]
- Référentiel de psychiatrie et addictologie. Troubles psychiatriques à tous les âges. ECN 2021. Presse universitaire François Rabelais.
- Léon C et coll. des épisodes dépressifs en France chez les 18-85 ans : résultats du baromètre santé 2021. BEH n°2 du 14 février 2023. Site internet : Santé publique France. Saint-Maurice (France) ; 2023 [consulté le 5 juin 2023]
- Santé publique France. Santé mentale et bien-être des adolescents : publication d’une enquête menée auprès de collégiens et lycéens en France hexagonale. Site internet : Santé publique France : 2024 [consulté le 22 avril 2024]
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Cet article fait partie du dossier : Santé mentale des adolescents et des jeunes adultes