Comment se déroule une ponction lombaire ?

La ponction lombaire est un acte qui consiste à introduire une fine aiguille entre deux vertèbres du bas du dos, le plus souvent pour prélever du liquide céphalorachidien ou cérébrospinal ou pour injecter un produit. Prescrit pour diagnostiquer ou mais aussi pour soigner certaines maladies, ce geste est réalisé sous anesthésie locale.

Qu’est-ce qu’une ponction lombaire ?

La lombaire (PL) consiste à introduire une très fine aiguille entre les vertèbres lombaires, situées dans la partie basse du dos, selon une méthode totalement stérile. Cet acte permet de prélever du ou liquide cérébrospinal ou d'injecter un produit en vue d'un examen ou d'un traitement. Afin d’éviter toute lésion de la moelle épinière, la lombaire est faite entre les 3e et 4e vertèbres lombaires ou entre les 4e et 5e vertèbres lombaires (voire entre la 5e vertèbre lombaire et la 1ere vertèbre sacrée), zones où la moelle épinière (ou spinale) n'est plus présente.

À quoi sert le liquide céphalorachidien ou liquide cérébrospinal ?

Le ou cérébrospinal permet d’amortir les chocs, en particulier lors des mouvements. Ce liquide stérile (absence de microbes) est translucide comme de l’eau et transporte différents éléments (sodium, potassium, protéines, etc.) Fabriqué au niveau du cerveau, il se renouvelle trois fois par jour et circule autour du cerveau et de la moelle épinière (ou spinale) jusque dans le bas de la colonne vertébrale et entre les trois membranes des méninges (enveloppes entourant le cerveau et la moelle épinière) :

  • la dure-mère (la plus superficielle, en contact avec les os du crâne et du rachis) ;
  • l'arachnoïde (collée à la dure–mère) ;
  • la pie-mère (la plus profonde, en contact avec le système nerveux).

Un espace dit « sous–arachnoïdien » se trouve entre l’arachnoïde et la pie–mère. C’est là qu’est prélevé le liquide cérébrospinal lors d’une lombaire.

Les méninges

Schéma représentant la structure du cerveau, composé des méninges, du cortex, du cervelet et du tronc cérébral (cf. description détaillée ci-après)

Le cerveau humain est composé de nombreux éléments. Il se situe dans la boîte crânienne, qui compose l’os creux du crâne. Les méninges sont les membranes entourant l’ensemble du cerveau et de la moelle épinière.

Le cortex correspond à la majeure partie du cerveau. Il a la forme d’une noix.

Le cervelet est une petite partie du cerveau, marqué par des stries parallèles très proches. Il est situé sous le cortex, derrière le tronc cérébral.

Le tronc cérébral est une partie allongée et verticale du cerveau. Il se trouve sous le cerveau, en avant du cervelet et au-dessus de la moelle épinière.

La moelle épinière est la prolongation du tronc cérébral. Elle est contenue dans la colonne vertébrale.

Dans quels cas prescrit-on une ponction lombaire ?

Le plus souvent, la lombaire permet de mesurer la pression du  ou cérébrospinal et d'en prélever un peu en vue d'une analyse pour diagnostiquer certaines maladies :

  • une maladie infectieuse (ex. : méningite d’origine bactérienne, virale ou parasitaire) ;
  • une tumeur du cerveau ;
  • une (présence de sang dans les méninges) ;
  • une maladie neurologique (ex. : sclérose en plaques) ou neurodégénérative (ex. : maladie d’Alzheimer) ;
  • une inflammation du système nerveux comme le syndrome de Guillain-Barré (atteinte non définitive des , avec faiblesse, voire paralysie, touchant d’abord les membres inférieurs, faisant souvent suite à une infection).

La lombaire peut également être réalisée dans un but thérapeutique, pour :

  • traiter une hydrocéphalie (excès de ) par prélèvement de liquide cérébrospinal excédentaire ;
  • injecter un médicament (antibiotiques, produit anticancéreux, etc.).

Enfin, elle est parfois nécessaire pour injecter un produit de contraste avant une radiographie ou pour effectuer une rachianesthésie (anesthésie de l’ et des membres inférieurs).

Bien se préparer avant une ponction lombaire

Avant tout chose, le médecin qui vous prescrit la lombaire s’assure que vous ne présentez aucune contre–indication à cet examen. Par exemple :

  • une infection de la zone du dos au niveau de laquelle la doit être réalisée ;
  • une hypertension intracrânienne (pression trop élevée du ), due dans certains cas à la présence d’une tumeur cérébrale ou d'une anomalie de forme du cervelet) ;
  • des anomalies de la coagulation secondaires à un traitement anticoagulant, ou liées à un manque de plaquettes (cellules sanguines participant à la coagulation).

De façon générale, si vous suivez un traitement ou présentez une allergie aux anesthésiques locaux, signalez–le à votre médecin. Demandez–lui aussi de bien vous expliquer le déroulement de l’examen.

Par ailleurs, la lombaire s’effectue sans préparation préalable. Il n’est pas nécessaire d’être à jeun. Vous pouvez également prendre vos médicaments, après accord médical.

Si vous êtes anxieux avant la , n'hésitez pas à en parler à votre médecin.

Le déroulement de la ponction lombaire

La lombaire est réalisée à l’hôpital, par un médecin assisté d’une infirmière ou d’une aide–soignante. Elle dure 5 à 10 minutes et comprend plusieurs étapes :

  1. Vous vous déshabillez et revêtez une blouse spécifique, qui dégage votre dos. Si le médecin vous a prescrit un patch anesthésiant, celui–ci est collé sur votre peau, là où sera pratiqué l’acte. Recouvert d’un produit anesthésique, le patch doit rester en place une heure.
  2. Au moment d’effectuer la , l’aide–soignante ou l’infirmière vous aide à vous placer :
    • soit en position assise avec le dos rond, penché vers l’avant, la tête proche des genoux (posée sur un oreiller que vous tenez dans vos bras), jambes pendantes au bord du lit ;
    • soit en position allongée, couché sur le côté en chien de fusil (jambes recroquevillées et tête fléchie vers l’avant, comme un fœtus).
  3. Le médecin, qui porte une blouse et un masque, se lave soigneusement les mains avant d’enfiler ses gants (stériles et à usage unique, comme tout le matériel employé). Votre dos est également désinfecté avec un antiseptique (après retrait du patch, le cas échéant).
  4. En l’absence d’utilisation d’un patch, une anesthésie locale est réalisée, en injectant sous la peau un produit anesthésique.
  5. Avec ses doigts, le médecin repère l’espace où il va pouvoir réaliser la pour prélever un peu de LCR, entre les vertèbres lombaires. Pour faciliter son geste, il vous demande de faire le dos rond autant que possible, rester immobile et respirer normalement.
  6. Il introduit doucement sous votre peau une aiguille fine munie d’un mandrin (tige amovible refermant l’orifice de l’aiguille). Peu à peu, celle-ci traverse les tissus sous-cutanés, les ligaments, la dure-mère et l’arachnoïde, puis elle pénètre dans l’espace sous-arachnoïdien. Le mandrin est alors retiré et le LCR coule au goutte-à-goutte. Il est recueilli successivement dans un tube stérile placé sous l’aiguille.
  7. Le mandarin est remis dans l’aiguille, puis celle-ci est retirée. Le médecin exerce une pression et pose un pansement là où le prélèvement a été effectué.

La ponction lombaire est–elle douloureuse ?

Au cours de l’examen, si l’aiguille a touché, dans l’espace sous arachnoïdien, une émanant de la moelle épinière (zone non insensibilisée par l’anesthésie locale), vous pouvez ressentir comme une décharge électrique, dans une jambe ou les deux. Cette sensation reste passagère et sans conséquence neurologique (pas de paralysie). Si vous êtes concerné, ne bougez pas et signalez–le au médecin : il modifiera l’orientation de l’aiguille si nécessaire.

Les suites de la ponction lombaire

L'analyse du liquide céphalorachidien ou cérébrospinal

Le laboratoire fait des analyses :

  • anatomo-pathologiques (recherche de cellules anormales) ;
  • bactériologiques (recherche de bactéries, virus ou parasites en cas de suspicion de méningite) ;
  • biologiques (ex. : identification d’un syndrome inflammatoire).

Ensuite, votre médecin vous informe des résultats obtenus, très rapidement pour certains (en cas d’infection) ou quelques jours plus tard pour d’autres.

La surveillance après la ponction lombaire

Après la lombaire :

  • si vous devez quitter l'établissement après la lombaire, veillez à être accompagné(e) ;
  • évitez l’activité physique pendant 48 à 72 heures ;
  • en cas de maux de tête, allongez-vous, si cette position vous soulage ;
  • buvez normalement et régulièrement dans les jours suivant la  ;
  • enlevez le pansement après 24 heures. Faites vérifier par votre entourage que le point de ne présente pas d'écoulement et n'est pas entouré d'une zone rouge, enflée et douloureuse.

Effets secondaires et complications de la ponction lombaire

Des douleurs lombaires de courte durée surviennent seulement dans près d’un tiers des cas.

Des céphalées post-PL ou syndrome post– lombaire peuvent apparaître en général 24 à 48 heures après l’acte. Les douleurs surviennent le plus souvent des deux côtés de la tête, au niveau du front et de l’occiput (arrière de la tête). Elles augmentent en position debout et s’atténuent lorsque la personne s’allonge. Parfois, elles s’accompagnent de :

La personne n'a pas de fièvre.Temporaires, ces maux de tête disparaissent en 2 à 4 jours. Le syndrome post- lombaire est prévenu par l'utilisation d'aiguilles spécifiques.

Un écoulement de ou cérébrospinal par le point de ou une inflammation autour du point de surviennent parfois.

Enfin, très exceptionnellement, des complications plus sévères sont observées : 

  • un abcès épidural (se développant entre la dure–mère et les vertèbres) ;
  • une infection du avec fièvre, frissons et maux de tête ;
  • une hémorragie dans le canal lombaire (espace formé par la superposition des trous situés au centre des vertèbres, contenant la moelle épinière).
    Ces complications surviennent plutôt chez des personnes présentant un diabète ou des troubles de la coagulation.

Devant l'un de ces symptômes anormaux, consultez en urgence.

Qui est plus sujet au syndrome post-ponction lombaire ?

Ces complications surviennent plus souvent en présence de certains facteurs :

  • le sexe féminin ;
  • le jeune âge (20 à 40 ans) ;
  • l’existence d'épisodes de céphalées avant la lombaire.

Le traitement du syndrome post-ponction lombaire

Les maux de tête sont attribués à une petite fuite de (ou cérébrospinal) dans l’espace sous–arachnoïdien, à partir de l’orifice créé dans la dure–mère et l’arachnoïde lors de la lombaire. Ils sont moins fréquents lorsque le médecin utilise une aiguille très fine et à pointe arrondie, dite atraumatique.

Leur traitement repose sur la prise de médicaments antidouleur (antalgiques comme le paracétamol).

Si les maux de tête persistent plus de 24 heures et ne sont pas atténués par les antalgiques, il peut être envisagé de reboucher le petit trou créé dans les méninges. La technique employée est appelée « blood–patch épidural ». Elle consiste à injecter dans l'espace épidural lombaire 10 à 20 ml du sang du patient. Ce sang va coaguler au niveau du point de et colmater la brèche. Cette technique du patch peut également utiliser des produits synthétiques (colloïdes ou gélatines).

Ce geste est réalisé dans un bloc opératoire, par un médecin anesthésiste.

Après l'acte, une surveillance et un repos strict en position couchée sont nécessaires.

Ponction lombaire chez le nourrisson et chez l'enfant

Une lombaire peut être indispensable, par exemple pour le diagnostic d'une méningite.

Le positionnement de l'enfant, l'anesthésie locale et le matériel utilisé sont adaptés à son âge.

Après la PL, le repos strict couché n'est pas indispensable.

Le syndrome post-PL est prévenu par l'utilisation d'aiguilles spécifiques et lorsqu'il existe, il bénéficie avant tout d'un traitement antalgique.

Comprendre avec des images et des mots simples

Vous pouvez lire la bande dessinée La ponction lombaire sur le site santebd.org. La BD décrit de manière simple le déroulement d’une lombaire.

Ce document a été réalisé par l’association CoActis Santé avec des personnes en situation de handicap. Il contient des images et des mots simples. C’est pourquoi il est facile à lire et à comprendre (FALC).

  • Haute Autorité de santé. Prévention et prise en charge des effets indésirables pouvant survenir après une lombaire. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2019 [consulté le 9 février 2024]
  • National Health service. Lumbar puncture. Site internet : NHS. Londres ; 2023 [consulté le 9 février 2024]
  • Centre Hospitalier de l'Université de Montréal. Fiche d’information sur la lombaire. Site internet : CHUM. Montréal (Canada) ; 2024 [consulté le 9 février 2024]
  • Roy PM, Bouhours G. Prévention et traitement du syndrome post– lombaire. Médecine thérapeutique. 2004;10(4):224–8
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