Comment se déroule un bilan allergologique ?
Publié dans : Déroulement d'une analyse
03 octobre 2023
Le bilan allergique consiste à identifier le ou les allergènes responsables d’une réaction allergique, le plus souvent par des tests cutanés. Il est ensuite possible de limiter son exposition aux allergènes en cause.
L’allergie est une réaction inadaptée de l’organisme lorsqu’il est exposé à une substance étrangère normalement bien tolérée. On appelle cette substance un .
L'allergie immédiate
Lors d'une première exposition à un , l'organisme produit des anticorps particuliers appelés E ( ). Ces dernières vont identifier l' en cause et se fixer sur certaines cellules de défense de l’organisme. Cette période de sensibilisation ne s'accompagne d'aucun symptôme et sa durée est variable.
Ensuite, lors d'un nouveau contact avec l', celui-ci va croiser le chemin des cellules portant ces et les stimuler, entraînant la libération de médiateurs comme l’. Cela provoque une réaction inflammatoire et des symptômes (rhinite, crise d'asthme, vomissements, diarrhée...) vont apparaître en quelques minutes le plus souvent (moins de deux heures) d'où le nom d'allergie immédiate.
L'allergie retardée
Elle peut toucher tout le monde et survient même en l'absence de terrain génétique favorisant l'allergie (absence d'atopie).
Le mécanisme de survenue est différent de celui de l’allergie immédiate : il n'y a pas de production d'anticorps , mais une activation de certaines cellules de défense de l’organisme (les T).
L'allergie retardée cible principalement la peau sur laquelle un eczéma apparaît au contact de l' responsable. On parle alors d'eczéma de contact.
Les symptômes apparaissent de façon retardée environ 48 heures après le contact avec l'.
Pour rechercher les allergènes en cause dans votre allergie, votre médecin commence par vous interroger précisément sur les circonstances de survenue des manifestations allergiques. Cela oriente la suite du bilan.
Votre médecin vous prescrit un bilan allergologique lorsqu’il met en évidence une association forte entre l'exposition à un et la survenue de vos symptômes. Il évoque une possible réaction allergique. Il vous oriente vers un médecin spécialiste (allergologue ou pneumologue) pour essayer d’identifier précisément le ou les allergènes en cause.
Les tests cutanés : les prick tests
Allergènes testés
Les tests cutanés consistent à tester la réaction de la peau au contact d’une toute petite quantité d’ pour savoir si la personne est sensibilisée à certains allergènes. Ils sont rapides et fiables.
Les principaux allergènes testés sont :
- les acariens ;
- les pollens de et d’herbacées (dactyle, phléole...) ;
- les pollens d’arbres (bouleau, noisetier, olivier cyprès...) ;
- les phanères (poils) d'animaux (chat, chien, cheval) ;
- les moisissures ;
- les blattes ;
- les allergènes alimentaires ;
- d'autres allergènes dont le rôle est suggéré par le contexte de vie et l'interrogatoire de la personne supposée allergique.
Chez l'enfant de moins de 3 ans, en plus des tests précédents, sont testés l'arachide, le blanc d'œuf, le poisson et le lait de vache.
Le déroulé du prick test.
Ce test est réalisé sur une zone de peau saine (avant-bras, bras, dos) et à l'aide d'une microlance.
On pose une goutte de plusieurs allergènes sur la peau, et on pique ensuite légèrement la peau au travers de chaque goutte de façon à introduire la substance au niveau de l'épiderme. On fait de même avec des produits témoins de façon à pouvoir comparer les résultats entre allergènes et témoins.
En cas d'allergie, une induration, un gonflement et une rougeur s’accompagnant de démangeaisons apparaissent au bout de quelques minutes au point d'injection de l'.
La lecture du test a lieu après 15 minutes et consiste à mesurer le diamètre de l'induration et de la rougeur. Il compare les réactions entre zones d'injection des allergènes et des témoins.
Le test est considéré comme positif si le diamètre de l'induration est supérieur à 3 mm par rapport au témoin négatif dont le diamètre est nul. Il détermine ainsi les allergènes auxquels la personne est sensible.
Le prick test est en général très bien toléré. Parfois, des réactions locales étendues, une urticaire généralisée, un symptôme d'allergie comme une rhinite, une crise d'asthme sont observés.
Prick test : quelles précautions à prendre avant sa réalisation ?
Certaines situations obligent le report d'un prick test :
- si vous prenez des anti-histaminiques en raison de votre allergie, votre médecin vous demandera d'arrêter ces médicaments quelques jours avant le test ;
- si vous avez une poussée d'eczéma ou un asthme sévère ou instable, le test est contre-indiqué temporairement ;
- de la même façon, la grossesse oblige à différer le test.
Test cutané pratiqué dans le dos
Les tests épicutanés ou patch tests ou épidermotests
Les tests épicutanés, appelés patch tests, sont essentiellement utilisés dans l'eczéma de contact.
Le but des patch tests est de reproduire la lésion d'eczéma en appliquant sur la peau une batterie de substances chimiques sélectionnées.
Une batterie standard européenne comportant actuellement 30 allergènes les plus fréquents est, en général, utilisée. Il est possible de tester également les produits utilisés par le malade ou des batteries de tests orientées selon la profession (coiffure, cosmétiques, plastiques, colles, peintures...)
Les allergènes sont appliqués sous pansements sur le dos pendant 48 heures. La peau ne doit pas avoir reçu de crème dermocorticoïde pendant 3 jours. Puis une lecture est faite à 48 heures, parfois à 72 et 96 heures, voire à 7 jours pour certains allergènes.
L'allergologue analyse les résultats qu'il confronte aux données de l'examen clinique pour déterminer si le ou les allergènes identifiés sont vraiment en cause dans l'eczéma de contact.
Les photo-patch tests dans certains cas
Des photo-patch tests couplant les patch tests et une irradiation aux rayons sont parfois réalisés en cas de suspicion d’eczéma de contact photo-induit (l’ ne provoque un eczéma de contact que lorsque la personne est exposée aux rayons UV).
L'intradermoréaction (IDR)
Cette méthode est utilisée pour rechercher les allergies aux venins d'hyménoptères (guêpes, abeilles, frelons et bourdons) ou à certains médicaments en cas de négativité aux prick tests.
L'IDR consiste à injecter sous la peau (avant-bras, dos ou bras) un faible volume du produit. Le produit est injecté toutes les 30 minutes avec une concentration de plus en plus importante. Un témoin négatif est nécessaire
La lecture est faite 20 minutes plus tard. La présence d'une rouge et en relief de 5 millimètres supérieure à la première permet de dire que le test est positif.
Les tests sanguins d'allergie : dosage des IgE spécifiques
Ce test, qui nécessite une prise de sang, est réalisé lorsque les résultats des tests cutanés ne sont pas probants ou lorsque les tests cutanés ne sont pas réalisables.
On effectue un dosage des (anticorps immunoglobuline E) spécifiques à certains allergènes, pour essayer d’identifier les allergènes déclenchant la réaction allergique.
Le test de provocation allergénique
Ce test a pour but de reproduire les symptômes d'allergie après administration de l' suspecté. Il peut s'agir d'un allergène alimentaire, d'un médicament, voire d'un respiratoire.
Ce test, potentiellement dangereux en raison du risque de réaction allergique intense, n'est utilisé que lors de difficultés diagnostiques de l'allergie.
Il est réalisé sous surveillance en milieu hospitalier.
Identifier les allergènes responsables de manifestations d'allergie permet parfois de limiter l'exposition à ces facteurs lorsque l'éviction de l' est possible.
Dans certains cas, une désensibilisation peut vous être proposée. Celle-ci consiste à habituer progressivement votre organisme à la présence de l’ pour qu’il parvienne à le tolérer. Cette tolérance immunitaire à l' est obtenue en vous administrant des doses progressivement croissantes de l'.
Mon espace santé
Mon espace santé, est un service numérique personnel et sécurisé, il permet de retrouver au même endroit toutes vos informations de santé. Vous pouvez compléter vous-même votre profil médical en renseignant vos allergies, vos traitements, vos mesures par exemple.
- Collège des enseignants de pneumologie. Hypersensibilités et Allergies chez l’adulte. ECN 2018. Édition Elsevier Masson. Issy-les-Moulineaux (France)
- Haute Autorité de santé. Pertinence des soins en allergologie et immunologie. Site internet : HAS. Saint-Denis La Plaine (France) ; 2018 [consulté le 26 septembre 2023]
- Raherison-Semjen C, Guilleminault L, Billiart I, Chenivesse C, De Oliveira A, . Izadifar A, « et al ». Mise à jour des recommandations (2021) pour la prise en charge et le suivi des patients asthmatiques adultes sous l’égide de la Société de pneumologie de langue française et de la Société pédiatrique de pneumologie et allergologie. Revue des Maladies Respiratoires. 2022;38:1048—1083
- Chabane H. Allergologie en pratique. EMC - Traité de Médecine Akos 2023;26(3):1-10 [Article 2-0093].
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