Médicaments et grossesse

Publié dans : Grossesse en bonne santé

Pour la santé de l'enfant et de la mère, la prise de médicaments devrait être évitée au cours de la grossesse, sauf traitement prescrit par un professionnel de santé. Une femme enceinte ne doit pas prendre un médicament de sa propre initiative ni arrêter ou modifier un traitement qui lui a été prescrit sans en avoir préalablement parlé avec son médecin.

La grossesse désigne le processus normal de développement d'un bébé dans les organes génitaux de sa mère. Ce phénomène particulier et transitoire a lieu depuis la conception jusqu'à l'accouchement. Selon le stade de développement de l'enfant, on distingue la période :

  • Embryonnaire, qui correspond aux trois premiers mois de grossesse pendant lesquels l'ébauche de tous ses organes est mise en place.
  • Fœtale. Au cours des six mois suivants, le bébé se développe et ses organes acquièrent leur maturité.

Mieux comprendre le décompte de la durée de la grossesse

La durée moyenne théorique d'une grossesse humaine est de neuf mois, soit trois trimestres. Les professionnels de santé préfèrent parler en :

  • Semaines de grossesse. Afin de se situer dans l'avancement de la grossesse, le date de départ est le jour supposé de fécondation, ce qui correspond à l'âge réel du bébé. Il y a, en tout, 40 semaines de grossesse.
  • Semaines d'. Le décompte se base sur la date supposée des dernières règles. Ces 42 semaines correspondent donc à la durée réelle de l'état de grossesse de la mère (absence de règles et gestation).

La durée de la grossesse peut aussi être mesurée en jours (en moyenne, 273 jours) mais cela n'est pas utilisé dans la pratique.

De nombreux médicaments n'ont aucun effet négatif pendant la grossesse, ni sur la mère, ni sur le bébé. Toutefois, certains peuvent en avoir sur :

  • Le bébé. Ces effets varient selon la période (embryonnaire ou fœtale), et peuvent aussi se manifester sur l'enfant après la naissance.
  • La mère, dont l'organisme peut être fragilisé pendant la grossesse.

 Les effets des médicaments sur le bébé pendant la grossesse

Médicaments tératogènes

La fréquence globale de malformations congénitales majeures sans exposition médicamenteuse est de l'ordre de 2 à 3 % dans la population générale.

Mais certains médicaments augmentent cette fréquence de malformations en raison de leurs effets tératogènes. Les malformations peuvent être visibles avant la naissance car certaines sont détectables sur le fœtus, ou n'être constatées qu'après l'accouchement. Ce risque est maximal durant le 1er trimestre de la grossesse, au moment de la formation des organes.

Certains médicaments à effet tératogène sont à exclure. Par exemple :

  • l'acide valproïque, utilisé dans le traitement de l'épilepsie ;
  • l'acitrétine, médicament utilisé dans le traitement du psoriasis ;
  • l' permettant de traiter certaines formes d'acné sévère ;
  • la thalidomide, qui est un anticancéreux utilisé contre certains cancers de la moelle osseuse.

D'autres médicaments augmentent également le risque de malformation et ne sont utilisés que lorsqu'il n'y a pas d'autre traitement possible.

Pour en savoir plus, consulter l'article Les médicaments dangereux pour la grossesse sur le site du CRAT

Médicaments toxiques pour le fœtus

Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion et les antagonistes de l’angiotensine 2 (traitement de l'hypertension artérielle) ont des effets foetotoxiques dès le début du troisième mois et ne doivent pas être pris lors de la grossesse.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont également porteurs d'effets foetotoxiques : ils peuvent, en début de grossesse augmenter le risque de fausse-couche. Puis, ils peuvent avoir des conséquences sur la formation ou la croissance des organes du fœtus. Le risque est maximal du début du 2e trimestre à la fin de la grossesse. Là aussi, les effets peuvent être observables immédiatement ou après la naissance.

Anti-inflammatoires non stéroïdiens et grossesse : danger

Jusqu'au 5ème mois de grossesse, les anti-inflammatoires ne sont prescrits par un médecin qu'en cas de nécessité absolue et sur une très courte durée.

À partir du 6ème mois de grossesse (24 semaines depuis les dernières règles), la grossesse est une contre-indication absolue à la prise d'anti-inflammatoires non stéroïdiens.

Les AINS sont des médicaments utilisés pour soulager la fièvre, les douleurs, les hémorroïdes, et dans bien d’autres cas.

À partir du début du 6ème mois de grossesse, la prise d’AINS par la femme enceinte peut avoir des conséquences graves voire mortelles, pour le fœtus ou le nouveau-né.

Tous les AINS sont concernés, y compris l’aspirine lorsque la posologie est supérieure ou égale à 500 mg/j, qu’ils soient sur prescription médicale ou non, et qu’ils soient pris par la bouche ou utilisés en application locale (crème, gel…). En effet, le passage dans le sang des AINS après application d’une pommade ou d’un gel contenant un AINS ne doit pas être sous-estimé.

Toute automédication même ponctuelle avec les AINS est contre-indiquée pendant la grossesse. Certains AINS peuvent être délivrés sans ordonnance. Demandez conseil à votre pharmacien avant toute automédication. 

Les effets des médicaments sur l'enfant après l'accouchement

L'exposition à certains médicaments en fin de grossesse ou pen­dant l'accouchement peut entraîner des effets néonataux, c'est-à-dire observés chez le nouveau-né juste avant et après l'accouchement.

Par exemple, la consommation de somnifères, de tranquillisants (benzodiazépines) ou d'antidépresseurs par la mère en fin de grossesse peut avoir des effets indésirables sur le nourrisson pendant ses premiers jours. En effet, les fonctions d'élimination de son foie et de ses reins ne sont pas encore complètement assurées à la naissance ; les médicaments consommés sont toujours présents dans son organisme et sont alors difficiles à éliminer. C'est le phénomène de . L'élimination totale des médicaments peut prendre quelques jours, voire plusieurs semaines.

D'une manière générale, les médicaments consommés pendant la grossesse, sans qu'aucune période à risque ne soit clairement identifiée, peuvent avoir des effets à distance de la naissance. Par exemple, des troubles du neurodéveloppement (hyperactivité par exemple) ou du comportement peuvent,être diagnostiqués plus tard chez l'enfant.

Les effets des médicaments sur la mère

La grossesse est considérée comme une période à risque chez les femmes ayant une insuffisance rénale chronique. Une exposition à certains médicaments toxiques pour le rein ne doit donc être envisagée qu’avec la plus grande prudence, tels que certains antibiotiques, les traitements anticancéreux, ou le lithium (régulateur de l'humeur) par exemple.

Avant toute prescription de médicament à une femme enceinte, le médecin traitant évalue le bénéfice potentiel, par rapport au risque pour le bébé et pour la mère. D'autant que plusieurs situations justifient la prise de médicaments pendant la grossesse. C'est le cas notamment lorsque la femme enceinte doit suivre un traitement pour :

Les informations de la notice

Toutes les notices de médicaments comportent une information spécifique pour les cas de grossesse et d’allaitement. Elles précisent si le médicament est :

  • contre-indiqué ;
  • déconseillé ;
  • d’utilisation possible.

Il est important de vérifier cette information, même pour des médicaments connus de longues dates et largement utilisés. L’aspirine, par exemple, est un AINS : elle est donc contre-indiquée pendant la grossesse.

Les informations apportées par les pictogrammes

Les laboratoires pharmaceutiques doivent apposer un pictogramme spécifique sur la boîte des médicaments tératogènes ou fœtotoxiques.

Il existe deux modèles de pictogrammes :

  • « Médicament + Grossesse = Danger ». Ces médicaments ne peuvent être administrés à une femme enceinte notamment, sauf s'il n'existe pas d'autres traitements thérapeutiques.
  • « Médicament + Grossesse = Interdit ». Ces médicaments ne peuvent en aucun cas être consommés pendant la grossesse, même s’il n’existe pas d’alternative thérapeutique.

Pictogrammes présents sur le conditionnement extérieur des médicaments à risque 

Pictogramme précisant un risque du médicament en cas de grossesse

Pictogrammes présents sur le conditionnement extérieur des médicaments contre-indiqués

Pictogramme précisant une contre-indication du médicament en cas de grossesse

En cas de désir de grossesse

Il est nécessaire de préparer sa grossesse et d'en parler à son médecin traitant au cours d'une consultation préconceptionnelle, surtout si vous avez une maladie chronique (asthme, diabète, etc.).

En effet, anticiper et prévenir son médecin d’un projet de grossesse permet de revoir chaque traitement en cours et d’étudier s’il doit être arrêté, modifié ou remplacé par une solution compatible (médicamenteuse ou non) avec votre souhait.

Pendant la grossesse

Si vous êtes enceinte, il est important :

  • D'éviter l’automédication. Vous devez consulter votre médecin traitant ou demander conseil à un professionnel de santé avant de prendre tout médicament, y compris ceux vendus sans ordonnance ou à base de plantes. La consommation de compléments alimentaires et de produits tels que les huiles essentielles est aussi vivement déconseillée.
  • De ne pas arrêter ou modifier un traitement en cours, sans avis médical. Cela vaut surtout au moment de la découverte d’une grossesse. Stopper un traitement ou modifier les doses prescrites peut conduire à un risque de voir réapparaître des symptômes, ce qui peut être dangereux pour la femme enceinte et l’enfant à naître. Il est donc nécessaire de consulter son médecin traitant quand vous apprenez votre grossesse. Celui-ci évaluera la nécessité de poursuivre ou non ce traitement et vous informera des alternatives possibles. Si ce traitement est indispensable, votre médecin vous proposera le plus sûr pour vous et votre enfant à naître. Si nécessaire, il vous orientera vers des professionnels de santé spécialisés.
  • D'en informer les professionnels de santé que vous consultez : pharmacien, dentiste, etc.

Informez-vous grâce au podcast de l'Agence nationale de sécurité des médicaments et produits de santé.

 

  • Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Médicaments et grossesse. Site internet : ANSM. Saint-Maurice (France) ; 2024 [consulté le 29 février 2024]
  • Centre de Référence sur les Agents Tératogènes (CRAT). Médicaments et grossesse. Site internet : CRAT. Paris ; 2024 [consulté le 29 février 2024]
  • Laffitte E. Thalidomide : un vieux médicament aux nouvelles indications. Rev Med Suisse. 2005;1
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